09 novembre 2011

IDEX : le boulet ligérien

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a publié lundi la liste des cinq projets repêchés dans le cadre de l’appel d’offres « Initiatives d’excellence » (Idex). Une opération qui doit aboutir à distribuer 7,7 milliards d’euros à quelques « pôles pluridisciplinaires d'excellence d'enseignement supérieur et de recherche de rang mondial » (ouf !).

Au premier tour, avaient déjà été retenus des projets de Grenoble, Lyon-Saint-Étienne, Toulouse et Paris. Au second, les élus sont localisés à Paris (trois projets), à Aix-Marseille et en Lorraine. Tout l’Ouest de la France est donc ignoré, et la Bretagne en particulier.

« Il semble que les projets retenus se concentrent sur une grande ville », note Guy Cathelineau, président de Rennes I, cité par Gaspard Norrito dans Ouest France. Ce n’était pas le choix des régions Bretagne et Pays de la Loire. Elles avaient tenté d’assembler un projet commun réunissant leurs deux pôles de recherche et d’enseignement supérieur, UEB et L’UNAM, un animal étrange étalé sur plus de 300 km entre Brest et Le Mans.

Les projets non retenus seront informés avant le 15 novembre des raisons de leur échec. Les porteurs du projet ligéro-breton oseront-ils les exposer publiquement ? Les paris sont ouverts. Quatre critères principaux devaient présider au choix du jury :
  • Excellence en matière de recherche ;
  • Excellence en matière de formation et capacité à innover ;
  • Intensité des partenariats avec l'environnement socio-économique et au niveau international ;
  • Capacité de la gouvernance à mettre en œuvre efficacement la stratégie du projet : objectifs et trajectoire, politique des ressources humaines, allocation des moyens. 
 Les universités de Nantes, de Rennes et de Brest n’ont rien à se reprocher, au moins concernant les deux premiers critères. Ce qui pèche, c’est clairement le quatrième. Même la région des Pays de la Loire s'en est aperçue. « La gouvernance du projet est en train d'être repensée », reconnaissait-elle après le premier essai infructueux, début 2011. « Dans le projet initial, les deux PRES L’UNAM et UEB […] devaient assurer le pilotage. La nouvelle version devrait être plus ramassée pour plus d'équilibre et de réactivité. »

En clair : L’UNAM a plombé le projet. La région des Pays de la Loire est un handicap pour toute la Bretagne et pas seulement pour Nantes.

8 commentaires:

  1. Je ne sais pas qui plombe qui et s’il est bon d’entrer dans ce genre d’opposition. Par contre, c’est au principe même d’Idex qu’il faut s’opposer. Favoriser quelques régions « d’excellence » au détriment des autres que l’on va encore plus paupériser. Voilà à quoi aboutit le régionalisme dans l’Europe des régions.

    RépondreSupprimer
  2. Il est vrai que la logique de mise en concurrence des territoires s'oppose à ce que l'on appelait autrefois "l'aménagement du territoire". On mesurera sans doute pus tard les dégâts de cette concurrence quand elle devient une idéologie.
    Par ailleurs, il faut être honnête et accepter l'idée que l'Université de Nantes est peu attractive. A force de comparer cette Ville à des homologues qui boxent dans d'autres catégories, on finit par y croire.
    La grenouille peut vivre sa vie sans devenir boeuf...

    RépondreSupprimer
  3. Je ne crois pas que l'université de Nantes soit globalement faible. Au contraire, elle possède de grands atouts avec ses écoles d'ingénieurs et de gestion, dans plusieurs disciplines médicales, dans certaines disciplines scientifiques, etc. Mais à vouloir présenter un PRES incluant trop de canards boiteux, la région va dans le mur. Alors qu'une université de Bretagne réunissant les meilleurs établissements de Nantes, Rennes et Brest aurait pu présenter un dossier bien plus fort et homogène.
    Par ailleurs, les IDEX répondent à une logique de rayonnement international et non d'aménagement du territoire. Là aussi, j'ai l'impression que les responsables du dossier à la région ont misé à côté de la plaque.

    RépondreSupprimer
  4. Les idex suivent une logique..... peu documentée, sinon par un flot de mots dans le style de ce que dénoncent à la fois Jean Blaise et l'auteur de ce blog, dans un article voisin. Le ministère demande de faire remonter les bonnes idées d'en bas, puis dévoile les critères ensuite.

    Qui parmi les commentateurs a effectivement lu le document IDEX2 ?

    Je ne suis pas d'accord avec l'opposition entre mise en concurrence des territoire et aménagement du territoire. L'affirmer, c'est argumenter qu'il n'y a que deux politiques : la guerre de tous contre tous, et un saupoudrage insensé, donc mieux vaut la guerre de tous contre tous, there is no alternative. Aucun document de vision clair, concret n'a jamais été diffusé par le gouvernement, sinon des bla bla. ON aurait pu être d'accord, ou pas d'accord.
    Doit-on rappeler que ce qu'il adviendrait des sites non-Idex n'a JAMAIS été clairement décrit par le ministère, alors qu'il coupe les vivres ? Sur les choses qui n'étaient pas à vocation interplanétaires, Pécresse n'avait aucun avis - c'est très versaillais, comme comportement.

    Qui parmi les auteur et commentateurs a effectivement lu le document Idex2 soumis ?

    Je ne comprends pas exactement à quoi correspond la dernière phrase du commentaire de Sven Jelure : quel périmètre thématique et d'institutions aurait dû être proposé ? Quels sont exactement les canards boiteux du PRES qui ont été inclus dans cette Idex2 ?

    Par ailleurs, vous faites références auX écoles d'ingénieurs de l'université de Nantes (il n'y en a qu'une, Polytech) et à ses écoles de gestion (il n'y en a pas, à moins qu'on appelle l'IAE une "école de gestion").

    RépondreSupprimer
  5. La conclusion de l'article est un peu malheureuse. On la prend comme une introduction, qui justifie tout un "raisonnement".

    PS : mon arbre généalogique est tregorrois depuis plusieurs siècles, de paysan en paysan en ouvrier agricole.

    RépondreSupprimer
  6. Ma conclusion sur la nocivité des Pays de Loire est en effet assez elliptique, mais vous aurez sûrement compris le raisonnement implicite : la "gouvernance", si importante dans l'appel à projets Idex, est presque nécessairement moins forte si deux régions s'en mêlent.
    Il me semble que la logique des Idex n'est pas de tuer les uns au profit des autres : il s'agit de distribuer les milliards du grand emprunt afin d'aider quelques pôles à accéder à un niveau supérieur. L'appel à projets n'était pas très explicite mais la recommandation pour la soumission des projets l'était davantage.
    Le projet IC Ouest, au moins dans sa première version, couvrait expressément l'ensemble des sites universitaires des deux régions, y compris Laval, Le Mans, Lorient, etc., ce qui allait à l'encontre des principes posés ("périmètre d'excellence" surtout). En mentionnant les écoles d'ingénieurs et de gestion, je pensais aussi aux établissements de statut non universitaire. Certes, c'est un abus de langage sur le plan administratif, mais du point de vue de l'attractivité internationale, peu importe qu'Audencia ou Centrale, par exemple, dépendent ou non du MESR, ces établissements participent au prestige de "l'université de Nantes", au sens fonctionnel de pôle d'enseignement supérieur.

    RépondreSupprimer
  7. Quelques mois de recul.
    Il semble aujourd'hui que tout le monde admette que la gouvernance de cet ex futur IC Ouest était le maillon faible. Un rapport du Ceser région Bretagne (de mars 2012) indique clairement que ce type de candidatures (multi campus) ayant abouti était le fait de campus qui avaient fusionnées AVANT le dépot de candidature.
    Il est clair que les deux capitales bretonnes se trouvant dans deux régions administratives différentes, chacune se sera associée avec des campus de sa région (UEB vs UNAM).
    Le découpage administratif actuel est clairement un frein au développement de tout l'ouest de la France.

    RépondreSupprimer
  8. Merci pour cet avis. La situation me paraît d'autant plus consternante que, apparemment, beaucoup de gens étaient parfaitement conscients que l'IC Ouest allait au casse-pipe. Que d'opportunités gâchées et de bonnes volontées gaspillées pour tenter de sauver la fiction ligérienne.

    RépondreSupprimer