19 avril 2012

Visite au Mémorial de l’abolition de l’esclavage (2) : la Loire derrière le mur

Moins raté que la surface, le sous-sol du Mémorial ne répond quand même pas à la question : Mais où sont donc passés les 8 millions d’euros des Nantais ? Si l’intérieur du monument présente une homogénéité qui fait défaut à l’extérieur, il reste assez pauvre. Ne serait-ce que parce que le site choisi lui a irrémédiablement imposé une présentation longitudinale.

Les vastes pans inclinés en verre exploitent habilement cet espace étriqué. Pourtant, ils sont moins impressionnants dans la réalité qu’en théorie : comme leur fraction extérieure n’est visible qu’au niveau de l’escalier d’accès, leur aspect n'est pas aussi monumental qu’espéré. Leur couleur bise est peu attrayante mais les textes inscrits en noir y sont bien lisibles. On dirait des Kindle ou des Kobo géants.

Hormis un maigre espace pédagogique aux teintes rouges et noires, c’est tout ce que le Mémorial donne à voir. Dans un monument aménagé sous le quai de la Fosse, on aurait pu espérer une vue imprenable sur la Loire. À l’origine, d’ailleurs, il devait être inondable les jours de grande marée ; l’idée vendue par les concepteurs n’a pas été concrétisée.

Cette réintroduction du fleuve dans la ville aurait été spectaculaire et chargée de symboles : comment mieux rappeler que les navires négriers n’arrivaient pas tous à bon port ? Mais point d’écoutilles ou de baies façon Nautilus : il faut monter une marche pour apercevoir le fleuve derrière un mur de béton. La Loire aurait pu faire corps avec le monument ; elle ne fait que décor.

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