21 mai 2013

Le bateau-lavoir du quai Ceineray : une propreté peut-être douteuse

Comme on l’a dit, on a peine à croire que la buvette en forme de bateau-lavoir en cours d’installation sur le quai Ceineray, devant la Chambre des comptes de Bretagne, puisse y rester longtemps. Pourtant, un appel à projet lancé par la ville de Nantes afin de trouver un exploitant confirme que « le bateau lavoir et les aménagements végétaux sur le bassin et les quais [ont] vocation à rester plusieurs années ». Contrairement à celui de 2009, l'établissement comportera d’ailleurs un bloc sanitaire permanent, relié aux réseaux publics.
La buvette pendant les Fêtes de l'Erdre
2009. Son aspect sera sûrement moins
glorieux à la fin de l'hiver.

La période d’exploitation expressément prévue court jusqu’à la fin septembre. Le reste de l’année, la guinguette se présentera comme un baraquement délaissé. Une excellente cible pour les tags et l’affichage sauvage, bien en vue juste au pied de la préfecture !

La ville mettra son bateau-lavoir à la disposition de l’exploitant « sous la forme juridique d’une autorisation d’occupation temporaire (AOT) du domaine public, d’une durée de 6,5 mois au titre de 2013, renouvelable par année civile, pour une durée maximale de 4,5 ans au total ». La buvette devrait donc rester en place jusqu’en décembre 2017. Mais son régime en fait un OVNI juridique, car l’AOT porte ici sur la construction et non sur le domaine public lui-même. Après la construction pérenne sans permis de construire, voilà un deuxième sujet de réflexion pour les juristes nantais.

19 mai 2013

Pérenne et le pot aux roses sur le quai Ceineray

« Au chapitre nouveau mobilier urbain qui restera après l’été, un bateau-lavoir transformé en bar sera installé bassin Ceineray », lisait-on dans Presse Océan mercredi dernier, après la présentation par Jean Blaise du Voyage à Nantes version 2013. Excès d’enthousiasme de Stéphane Pajot et Philippe Corbou, auteurs de l’article ? Non, car Ouest France a entendu la même chose : le bateau-lavoir « ne devrait plus quitter les lieux ».

Un léger scepticisme s’impose. Si la construction (car ce « bateau-lavoir transformé » est en réalité une construction nouvelle imitant la forme d’un bateau) est destinée à rester là après la manifestation estivale, il lui faut un permis de construire. Celui-ci doit être immédiatement affiché sur place et le rester jusqu’à la fin des travaux. À ce jour, rien.

La buvette façon bateau-lavoir
reposera sur ces blocs de ciment
Situé juste devant la Chambre des comptes de Bretagne, le nouvel édifice supposerait en outre une autorisation préalable de l’architecte des bâtiments de France. On doute qu’une telle autorisation soit envisageable, tant la buvette déparera la vue sur le bâtiment de Jean-Baptiste Ceineray depuis le quai de Versailles. (On se demande d’ailleurs pourquoi elle n’a pas été installée au même endroit que lors de la précédente édition des jardins de l’Erdre, devant le bâtiment moderne de la préfecture.)

Il est peu probable donc que ce bateau-là soit plus « pérenne » que ceux de Fabrice Hyber, œuvre « pérenne » du Voyage à Nantes 2012 qui aurait dû orner le canal Saint-Félix jusqu’à la fin des temps mais qui a fait naufrage dès la mi-août l’an dernier. Adieu veau, VAN, cochons, couvées !

Extrait du programme officiel du VAN 2012

17 mai 2013

Demain on voyagera gratis

Nantes Tourisme, alias Le Voyage à Nantes, vient de publier un beau dossier de presse en l’honneur de la saison 2013. Sa couverture s’orne de la citation suivante : « Le voyage pour moi ce n’est pas arriver, c’est partir. C’est la saveur de la journée qui s’ouvre, c’est l’imprévu de la prochaine escale, c’est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c’est demain, éternellement demain. »

Le choix est contestable. Le Voyage à Nantes, on l’espère, ce n’est ni arriver, ni partir. C’est venir dans la cité des ducs de Bretagne. Et si possible y passer un peu de temps. Ce texte en faveur d’une errance jamais assouvie est l’inverse d’une politique touristique !

On espère qu'il a été choisi par un stagiaire et n’a pas été relu par Jean Blaise et son équipe de pros. Ce qui expliquerait aussi pourquoi il est signé… Roman Dorgelès ! La culture à Nantes, c’est demain, éternellement demain.

16 mai 2013

Grrrand succès du Voyage à Nantes (9) : bientôt l’heure des vrais comptes

Le Voyage à Nantes raccourcit son nom et allonge son parcours. Il signe à présent « Le Voyage » et déploie sa peinture verte sur 15 km. Il a attendu la mi-mai pour dévoiler un programme des festivités estivales que même les éternels ravis auront du mal à trouver enthousiasmant.

Mais on attend encore qu’il précise le bilan du VAN 2012. Les chiffres glorieux présentés en octobre dernier sont repris un peu partout comme parole d’évangile. Ils sont pourtant suspects puisque calculés à l’aide d’une méthode bricolée qui avait donné des résultats complètement faux l’année d’avant.

Sur un point cependant, le dossier de presse « Fréquentation estivale 2012 » du VAN a loyalement signalé que ses chiffres étaient provisoires : les résultats de fréquentation complets en hébergement marchand « ne seront connus qu’au mois de mars/avril 2013 avec les données de la taxe de séjour 2012 ».
Nous voilà à la mi-mai, et Le Voyage à Nantes n’a pas encore publié les vrais chiffres connus depuis mars/avril…

On devrait néanmoins en savoir plus dans quelques semaines. Le VAN bénéficie d’une délégation de service public de Nantes Métropole pour la gestion et la mise en œuvre de sa politique touristique. L’article 1411 du Code général des collectivités territoriales lui impose d’établir chaque année avant le 1er juin un rapport sur ses comptes et sa qualité de service. Le rapport doit être « mis à l’ordre du jour de la plus prochaine réunion de l’assemblée délibérante », c’est-à-dire du conseil communautaire de juillet prochain. Par comparaison avec les chiffres du rapport 2011 (qui portent par exemple sur le nombre de personnes accueillies par l’office de tourisme, le nombre d’appels traités, le nombre de nuitées vendues, etc.), on pourra se faire une idée de la fiabilité des chiffres présentés en octobre dernier.

15 mai 2013

Delarozière : on dirait le Sud

Toulouse connaît en ce moment quelques remous dont on ne parle guère à Nantes. Pourtant, ils nous concernent directement. Leur cause : la construction dans le quartier de Montaudran d’un Conservatoire des Machines destiné à abriter les machines scéniques de François Delarozière. Des appels d'offres ont déjà été publiés par Toulouse Métropole.

Des associations s’émeuvent : ce colossal bâtiment de 7.000 m2 et de 20 m de haut écrasera de sa masse le site historique de l’Aéropostale. À titre de référence pas innocente, les Nefs de l’île de Nantes mesurent un peu plus de 9.000 m2 et 26 m de haut – or elles étaient destinées à abriter la construction de navires entiers. Le budget prévu est de 11 millions d'euros. Il indique l’importance du projet. Il signifie aussi que les inquiétudes exprimées à Nantes à l’été 2011 quant à un prochain départ de François Delarozière pour Toulouse étaient justifiées. « Il est fort probable que je vienne vivre au moins quelques années à Toulouse », confirme l'intéressé dans une vidéo mise en ligne par Toulouse Métropole.
François Delarozière -- extrait de la
vidéo visible sur le site
de Toulouse Métropole

Ce qui pourrait éclairer d’un jour nouveau son forcing actuel en faveur de la réalisation de l’Arbre aux hérons : le budget serait plus difficile à décrocher une fois qu’il aurait officiellement lâché Nantes !

D’autant plus que le Conservatoire des Machines n’est pas le seul projet toulousain qui implique François Delarozière. Ce dernier a conclu avec Toulouse Métropole un contrat portant sur la réalisation d’un Minotaure géant qui défilera en ville lors de la « Novela » de l’automne 2013. Là encore, le projet fait scandale : Toulouse apportera 2,5 millions sur les 2,8 millions d’euros du budget total, mais l’association La Machine restera propriétaire de l’engin. À Toulouse comme à Nantes, Delarozière s’avère un homme d’affaires efficace !

Et à propos, on s’interroge sur la réaction de Royal de Luxe : après le Père Noël de Coca Cola, le Minotaure géant de Toulouse aura-t-il droit à un procès pour plagiat ?

06 mai 2013

À la recherche du pain perdu

Curieuse banderole place du Port-Communeau, face à la préfecture :

ICI VOTRE FUTURE BOULANGERIE D’ANTAN
OUVERTURE LE 15 MAI 2013

Antan, dit le dictionnaire de l’Académie française, vient de la locution adverbiale latine ante annum, « il y a un an », et signifie par extension « autrefois ». On espère que le pain au futur antérieur sera quand même frais.


P.S. Ce n’est pas la photo qui est de travers, c’est l’immeuble.

04 mai 2013

Nantes, capitale verte : (6) Danteken Pis

François Delarozière est un plasticien de grand talent et, semble-t-il, un businessman avisé, mais un scénariste contestable doublé d’un acteur calamiteux. Le pitch de l’Aéroflorale tel qu’il l’a présenté à Bruxelles avant-hier est complètement raté. On peut s’en rendre compte grâce à une vidéo de Presse Océan réalisée par Virginie Meillerais, disponible sur YouTube. Cette plate imitation d’un point de presse de la Nasa relève du canular foireux, du bidonnage même pas bidonnant.


Certes, l’Aéroflorale est un spectacle, une fiction. Mais le traitement choisi n’est pas en phase avec la mission du label Green Capital, censé distinguer des réalisations exemplaires et non des simulacres. Les dignes fonctionnaires de la Commission européenne qui l’ont décerné pourront venir en voisins contempler ce pastiche d’expédition scientifique vouée à l’étude du chicon et du chou de Bruxelles, et s’interroger sur la pertinence de leur choix...

L’exemplarité n’est pas nécessairement lugubre. Mais pour écrire cette histoire de serre volante, il aurait fallu la poésie d’un Cyrano de Bergerac, l’enthousiasme scientiste d’un Jules Verne ou l’humour d’un Alphonse Allais ; pour la dire il aurait fallu la faconde d’un Depardieu, la préciosité d’un Luchini ou l’ironie d’un Poelverde. Comme le montre la vidéo, le discours bruxellois tombe à plat. Le public ne rit que lorsque le commandant FD, affublé d’une combinaison vaguement aéronautique, s’emmêle dans ses dates ; le clown est plutôt triste.

François Delarozière n’aurait pas dû sortir de son domaine d’excellence. Mais la responsabilité principale incombe à Nantes Métropole qui n’a pas su cadrer son prestataire. À quoi bon avoir fourni tant d’efforts en vue d'obtenir le label Green Capital si c’est pour le galvauder dans ce gag affligeant ?

L’intégrale de Nantes, capitale verte :

02 mai 2013

Nantes, capitale verte : (5) histoire belge ou histoire turque ?

L’Aéroflorale stationne à Bruxelles à partir d’aujourd’hui pour vanter les mérites écologiques  de Nantes. La nouvelle passionne d’ailleurs plus la presse nantaise que les médias belges. L’engin, nous dit-on, sera ensuite à Turin du 16 au 19 mai, puis à Hambourg du 22 au 25 août, et de retour à Nantes en septembre.

Tiens, tiens, on croyait qu’il devait aussi aller à Istanbul ? « L'Aéroflorale fera escale à Bruxelles, Hambourg, Turin et Istanbul », lit-on encore à cette heure sur le site Nantes GreenCapital. En revanche, la page ad hoc du site a été blanchie ce matin* et ne fait plus mention de villes à visiter. En français, du moins, car la même page en anglais indique ceci :
On note que le premier paragraphe mentionne « quatre villes »… et que le second n’en énumère plus que trois ! Istanbul semble donc bien être passée à la trappe.

Or, on l’a dit ici il y a deux mois, l’incroyable convention passée entre Nantes Métropole et l’association La Machine exige que l’Aéroflorale visite quatre villes sous l’étiquette Nantes Green Capital. Toute ville manquante serait facturée 67.740 euros HT au contribuable métropolitain. La question se pose donc : que va nous coûter le non-voyage à Istanbul ?
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* Une page modifiée a été mise en ligne en milieu de journée. Désormais, elle n'annonce plus que trois visites, confirmant implicitement qu'Istanbul n'est plus au programme.