27 mars 2015

Jeunes patrons pour l’Arbre aux hérons

Ils sont gentils, les membres de la Jeune Chambre économique de Nantes-Métropole Sud-Loire, et c’est évidemment une grande qualité. Ils veulent organiser un financement participatif au profit du projet de l’Arbre aux hérons pour le compte des Machines de l’île.

  • Déjà, la démarche est originale, car la nature du projet n’entre dans aucune des catégories qui font le plus souvent l’objet de financements participatifs. Chez le leader français Ulule, le podium est occupé par les catégories Film et vidéo, Musique, Solidaire & citoyen. L’Arbre aux hérons relèverait des Autres projets, catégorie fourre-tout qui ne vient qu’en quinzième et dernière position.
  • C’est aussi une démarche ambitieuse. D'abord parce que les Autres projets d'Ulule sont de loin la catégorie où les projets échouent le plus souvent : le taux de succès ne dépasse pas 37 % contre 70 % pour les projets de films, de musique et de BD. Ensuite parce que l’Arbre aux hérons coûterait 35 millions d’euros. Créé en 2010, Ulule a recueilli à ce jour 28.560.974 euros pour financer 7.934 projets. L’Arbre aux hérons à lui seul réclamerait donc plus que la totalité des sommes récoltées depuis l’origine par Ulule.
  • C’est enfin une démarche citoyenne car l’Arbre aux hérons appartiendrait aux Machines de l’île, qui elles-mêmes appartiennent à la société Le Voyage à Nantes, qui elle-même appartient principalement à Nantes Métropole c’est-à-dire à nous autres citoyens ‑ nous autres citoyens, sur qui François Delarozière et Pierre Orefice comptaient jusqu’à présent pour financer leur création via nos impôts. Tout contribuable ne peut qu’être reconnaissant à la Jeune Chambre économique de vouloir le débarrasser de son fardeau fiscal.
Répondant à un sondage de Presse Océan, pas moins de 1.030 personnes se sont déclarées prêtes à participer au financement. On espère qu’elles ne ressemblent pas au financeur moyen d’Ulule, dont la contribution s’élève à 50 euros, car dans ce cas la somme rassemblée n’atteindrait que 51.500 euros : c’est coquet, mais ça n’est même pas 0,15 % du montant nécessaire. En revanche, que chaque volontaire apporte 33.980,58 euros, et l’Arbre aux hérons est payé.

« Le projet de l'Arbre aux hérons donnera un rayonnement national et international important pour la ville de Nantes », écrit la JCE sur sa page Facebook ad hoc. « A l'image du musée Guggenhein qui a permis à la ville de Bilbao d'accélérer son développement. » Désolé, mais la place est déjà prise : le « rayonnement national et international » est déjà assuré par le Grand éléphant et la Galerie des machines. En tout cas, c’est officiellement pour cela que Nantes Métropole a décidé leur création en 2004, sur la proposition de Jean-MarcAyrault, qui se référait explicitement au Guggenheim. Avec l’Arbre aux hérons, donc, Nantes ferait deux fois mieux que Bilbao, ce qui ne fait que souligner davantage l’ambition de la JCE.

Celle-ci, comme son E l’indique, pense économie. « S’attacher à ce que cela coûte sans penser à ce que cela peut rapporter serait une erreur », déclarait l’un de ses responsables à Ouest France à propos de l’Arbre. Et réciproquement, est-on tenté de dire ! Mais puisque les membres de la JCE sont des acteurs actifs de l’économie et non de doux rêveurs, ils ont bien entendu établi un compte d’exploitation prévisionnel de l’Arbre aux hérons. Et là, sincèrement, on demande à voir.

Bilbao a quand même un petit avantage sur Les Machines :
pas de pannes, pas de vulnérabilité aux intempéries

10 commentaires:

  1. Pour info, les voyages en éléphant ne sont annulés que lorsque les rafales de vents dépassent 50 km/h. Sur les horaires d'ouvertures des Machines, cela arrive à peu près 4 fois par an. Les mêmes bourrasques peuvent entrainer la mise hors service de certains éléments du troisième étage du Carrousel des Mondes Marins : depuis son ouverture en 2012, le cas s'est présenté 5 fois. Jamais, depuis son ouverture en 2007, la Galerie des Machines n'a été fermée pour des problèmes de météo.
    Votre blog est hilarant. Continuez...

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  2. Merci pour ces précisions, qui réactivent quand même de petits mystères.
    1) Les voyages en Eléphant sont annulés, dites-vous, quand les rafales de vent dépassent 50 km/h, et il en va de même pour certains éléments du Carrousel. Puisque les fermetures sont commandées par une même force du vent, elles devraient se produire simultanément. Comment se fait-il alors que le cas se présente en moyenne quatre fois par an pour l'Eléphant mais deux fois seulement pour le Carrousel ?
    2) Vous évoquez "certains éléments du troisième étage du Carrousel", mais Les Machines elles-mêmes indiquent sur leur site que "en cas de fortes pluies ou de vents soufflant à plus de 50 km/h, le Carrousel ferme". Les Machines mégoteraient-elles avec la sécurité en ne fermant que certains éléments et non la totalité du site ?
    3) Les rafales de vent supérieures à 50 km/h se produisent à Nantes bien plus de quatre jours par an. C'est arrivé neuf fois au cours du seul mois de février 2015 et trois fois en mars 2015, par exemple. Même en été, cela n'est pas rare : cinq fois en juillet-août 2014, avec même des rafales à plus de 70 km/h le 10 août. Comment se fait-il que les Machines ne ferment pas plus souvent ?
    J'avoue que je n'ai pas les réponses à ces questions, qui mériteraient peut-être examen. Car si les services de sécurité ont estimé qu'il fallait fermer au-delà de 50 km/h, il y a un problème ! Cela dit, on peut aussi voir les choses sous un jour optimiste : puisque Les Machines n'ont jamais subi d'accident d'origine météorologique, la barre des 50 km/h est probablement fixée trop bas.

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  3. "Mystères mystères", ce mot revient souvent sur ce blog... Il y a beaucoup de mystères, effectivement, pour le blogueur qui ne fait pas l'effort de se documenter (ou qui se documente uniquement pour étayer sa thèse). Il est bien normal que sur leur site, les Machines se laissent une marge de manœuvre. Ensuite les horaires des voyages en éléphant et du Carrousel ne sont pas les mêmes (le Carrousel, en outre, a deux modes de fonctionnement : "forain" et découverte" - dans le dernier, les gens ne montent pas forcément sur les éléments du manège). Pour le reste, renseigne toi, Pépé, tu auras tes réponses.

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  4. Vous rendez plus opaques encore ces mystères dont vous préféreriez ne pas entendre parler.
    1) En effet, les horaires de l'Elephant et du Carrousel ne sont pas exactement identiques. Aujourd'hui, par exemple, le Carrousel était accessible de 14h00 à 19h00 et l'Elephant de 14h15 à 18h45. C'est-à-dire que l'amplitude horaire du Carrousel est supérieure à celle de l'Elephant. Il est donc d'autant plus anormal que le premier soit moins souvent affecté par les événements météorologiques que le second, alors que la limite fixée (grand frais) est la même pour les deux.
    2) Vous faites erreur quand vous dites que "sur leur site, les Machines se laissent une marge de manoeuvre". C'est tout le contraire. Les Machines indiquent : "En cas de fortes pluies ou de vents soufflant à plus de 50 km/h, le Carrousel ferme". Il n'est pas question de différencier le mode forain et le mode découverte. 50 km/h = fermeture, c'est clair !

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  5. 1 : Non, le dernier voyage en éléphant était à 18h et se terminait 18h30.
    2 :Il n'est pas anormal que l'éléphant soit plus affecté par les événements météorologiques que le carrousel, puisque le voyage en éléphant dure 30 min, le tour de manège : 3 min. (Principe de précaution, etc.).
    Réfléchis encore, Pépé, tu vas finir par comprendre...

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  6. 1) 18h30, soit, supposons que le dernier voyageur a été évacué à peine l'Elephant arrivé. Ce quart d'heure en moins ne fait qu'accentuer ce que je disais : l'Eléphant fonctionne moins longtemps que le Carrousel et il n'y a donc aucune raison pour qu'il éprouve davantage d'intempéries.
    2) La règle de sécurité porte sur la vitesse du vent et non la durée des rafales. Que ce soit pendant 30 min ou 3 min, 50 km/h, c'est toujours 50 km/h. De nous deux, je ne suis clairement pas celui qui a besoin de réfléchir encore !

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  7. Il y a environ 1 an, lors d'une exposition à la Cale des Créateurs j'ai découvert, dans un coin, le graffiti suivant : "ceux qui trouvent que le carrousel est trop cher, faites une croix" et il y avait une dizaine de croix !!! ça m'a bien fait rire, mon seul regret est de ne pas avoir fait de photo !

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  8. y-a-il un pilote dans l'Arbre aux Hérons qui ne soit pas du Voyage à Nantes mais à la gouvernance de la Métropole.
    Mme Rolland est-elle en mesure de réaliser un choix sans contrainte, si tant est qu'elle ait une idée personnelle sur la question.

    Pierre Oréfice et François Delarozière useront de tous les moyens pour obtenir ce financement. Le chantage économique et politique peut fonctionner devant des décideurs indécis.Et les élus tergivèseront devant ce choix qui engage les finances mais aussi le développement d'un projet acté par JMA.

    La prudence n'est pas bonne conseillère quand elle sert à maintenir un statu quo qui ne satisfait personne.

    Le courage de dire non aux affidés de l'ancien municipe, c'est cela aussi le courage politique

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  9. Que Pierre Orefice et François Delarozière en fassent un max pour obtenir la création de l'Arbre, cela me paraît entièrement normal, leur passion de créateur s'exprime. C'est aussi leur intérêt matériel, évidemment, mais cet aspect est probablement secondaire. N'est-il pas d'ailleurs secondaire en tous points ? Je veux dire, 35 millions d'euros, c'est beaucoup d'argent, mais ça n'est qu'un tiers de ce qu'a coûté le Guggenheim à Bilbao. (Il est vrai qu'il faudrait probablement rajouter 1 ou 2 millions de subventions de fonctionnement par an, comme c'est déjà le cas pour Les Machines existantes, ce qui peut faire beaucoup à la longue.) En revanche, on ne peut éluder deux questions :
    1) Ne pourrait-on faire beaucoup mieux avec le même budget ?
    2) Et surtout, souhaite-t-on attacher pour un demi-siècle l'image de la ville à des attractions foraines, si spectaculaires et si populaires fussent-elles ?
    Je crois sincèrement que Jean-Marc Ayrault s'est complètement fourvoyé sur l'ensemble du dossier île de Nantes, mais que la situation de Johanna Rolland n'est pas facile, parce que le poids de l'existant... parce que l'opinion publique... parce que les affidés... C'est à ce genre de dossier qu'on verra de quelle trempe elle est vraiment !

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  10. Jobarde Rollande30 mars 2015 à 18:34

    Les institutions culturelles et sportives contribuent à la "servitude oisive des villes". Sénèque

    Le conseiller de Néron n'a pas fait d'émules à la Métropole, il fait des mules. C'est plus forain!

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