19 juin 2015

Waterloo municipal au passage Pommeraye

Hier, c’était le 75ème anniversaire de l’appel du 18 juin. Une cérémonie a eu lieu comme chaque année devant la statue du général de Gaulle fleurie d’abondance place du Pont-Morand. Mais un anniversaire, c’est tous les ans. Hier, c’était aussi le deuxième centenaire de la bataille de Waterloo, et là, c'est moins souvent. « Il faut pas louper ça », comme on dit chez Carglass. Or la grande fiesta municipale d’hier n’avait pas lieu cours Cambronne mais passage Pommeraye.

Comment ça, Waterloo est une défaite ? C’est faux, on l’a tous lu dans Les Misérables : « L’homme qui a gagné la bataille de Waterloo, c’est Cambronne ». Ha ! Un général nantais couronné de lauriers par un écrivain à moitié nantais (Sophie Trébuchet, la mère de Victor Hugo, était nantaise), ça ne se néglige pas.

Et quand bien même Waterloo serait une défaite, qu’est ce que ça fait ? Une ville qui dépense tant d’argent, de soin, de temps et de salive pour rappeler qu’elle a pratiqué la traite négrière n’en est pas à ça près !

L’inauguration du passage Pommeraye rénové aurait bien pu être avancée ou reculée de quelques jours. Le passage n’aurait été ni plus ni moins fini la semaine prochaine que la semaine dernière. Il y a quelque chose de crapoteux dans le choix d’une date qui aurait dû être consacrée à une autre célébration.

Cambronne a été vengé. Comme un Waterloo morne plaine, les discours du passage Pommeraye ont été d’une platitude absolue. On n’y a rien entendu des envolées créatives espérées en un lieu si inspirant. Johanna Rolland a été spécialement insipide dans son tailleur-pantalon recyclé du Dîner en Blanc de Paris. Certes, le buffet était pourvu à profusion d’excellents zakouskis fournis en voisine par La Passagère. Mais on n’y trouvait pas un verre de muscadet. M… alors !

4 commentaires:

  1. Rolande Jobarde23 juin 2015 à 16:56

    Avez-vous perçu chez Johanna Rolland un brin de sapidité aussi infime soit-il? L'insignifiance constitue un atout chez les apparatchiks, la banalité offre la garantie d'une ambition prescrite par le mentor.

    La consultation des communiqués de presse de NM en sont la meilleure preuve. Un communiqué de presse en date du 23 juin, à propos du succès de Royal de Luxe, mentionne sans rire : "Cette fête totalement gratuite...". La phraséologie de ce communiqué est quasi celle qu'emploie un laboratoire pharmaceutique pour démontrer l’innocuité des prothèses mammaires.

    Nantais encore un effort, bientôt on rase gratis, on vous raconte pas de salades, c'est de la mâche en sachet prête à consommer.

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  2. Merci pour cet excellent résumé ! Les milieux politiques n'ont jamais eu le culte de la vérité, mais voilà bien ce que je trouve de plus déprimant et de plus choquant chez l'establishment nantais depuis un quart de siècle, ce mépris envers les faits -- pire, cette indifférence envers les faits devenus quantité négligeable par rapport au récit.

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  3. Des zakouskis en plein passage Pommeraye ? Tartinés de caviar ou de malossol ? Et cela sans Muscadet ? M..de alors, quel désastre, il y en a qui ont du se retourner dans leur tombe. Et que dire de l'absence du "gâteau nantais" ? Il y a du mépris jusque dans les spécialités régionales. Je replonge pour ne rien voir...

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  4. Rolande Jobarde25 juin 2015 à 08:54

    Sven, je vous cite : "cette indifférence envers les faits devenus quantité négligeable par rapport au récit."
    Voilà posé clairement les termes du "gap" entre le discours politique et l'écoute citoyenne. Depuis que la communication s'est ingénieusement substituée à l'information, les faits même divers n'ont d'intérêt que par l'histoire qu'ils permettent de raconter. Si les anglo-saxons ont forgé le concept de storytelling, on peut penser que cette forme de récit enrichissait le traitement factuel qui est de mise dans cette culture.

    Depuis le storytelling a été abâtardi par les politiques, les pays de culture hellénique (démocratie) ont transformé l’odyssée en roman de gare.

    "Quand les hommes ne peuvent plus changer les choses, ils changent les mots." jean-Jaurès

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