05 octobre 2015

Mais qu’allaient-ils faire dans cette Maker Faire ? (2) Un risque de confusion des genres

Que François Delarozière et Pierre Orefice soient allés vanter à New York les prestations de leurs associations respectives, La Machine et Manaus, c’est leur affaire : ils ont quelque chose à vendre, ils font le nécessaire pour le vendre, bravo.

Qu’ils l’aient fait en brandissant l’étendard des Machines de l’île pourrait être un peu plus gênant. Certes, Les Machines sont la réalisation-phare de La Machine, et il est habituel qu’un fournisseur mette en avant ses meilleurs clients. Tout autre est le cas de Manaus : son animateur est aussi le directeur salarié des Machines, équipement touristique de la ville de Nantes. Mettre sa fonction publique au service d’un intérêt privé est un grand pas vers la confusion des genres.

Faut-il classer sous la même enseigne l’annonce par MM. Delarozière et Orefice de l’organisation en juillet 2016 d’une MakerCon et d’une Maker Faire à Stéréolux et aux nefs de l’île ? Interviewés par Emmanuel Vautier (Presse Océan du 21 septembre 2015), ils y voyaient « une reconnaissance internationale du travail réalisé à Nantes ». Mais il y a quelque chose de pas clair dans cette af-Faire. 

Maker Media, Inc., éditeur du magazine de bricolage Make: et organisateur de la Maker Faire est une société commerciale. Les organisateurs d’une Mini Maker Faire hors des États-Unis doivent obtenir une licence auprès d’elle. Et cela fonctionne assez bien : il y a eu 116 Mini Maker Faire dans le monde en 2014, et bien davantage en 2015. En mai 2015, la Maker Faire Paris a rencontré un beau succès avec 35.000 visiteurs.

Comme la Maker Faire américaine, elle a été organisée par une société commerciale. Il s'agit en l'occurrence d'Avro Tech, alias LeFabShop, qui a obtenu la licence Maker Faire pour la France entière et a vendu la Maker Faire Paris « clé en main » à la Foire de Paris. Et son intention était clairement d’en faire autant à Nantes, « en collaboration avec Les Machines de l’île », disait l’un de ses dirigeants en mai dernier, ce que confirmait Pierre Orefice, présent à la Maker Faire Paris. Le mois précédent, déjà, ce dernier avait aussi participé à la Maker Faire de Saint-Malo, également organisée par la société Avro Tech (dont l’auteur du tweet ci-dessous est le président).


N’est-il pas troublant que Les Machines de l’île collaborent à l’organisation d’une Maker Faire nantaise après que leurs co-créateurs soient allés présenter leurs prestations personnelles à la Maker Faire de New York ? Quoi qu’il en soit, en fait de « reconnaissance internationale », on se situe en réalité dans une pure démarche commerciale. Et il n’est pas certain que Pierre Orefice se soit montré très perspicace en se rapprochant d’Avro Tech : plombée par près de 500.000 euros de pertes au cours de son premier exercice, cette société créée en 2013 a été mise en règlement judiciaire par le tribunal de commerce de Saint-Malo le 15 septembre dernier. 

8 commentaires:

  1. Rollande Jobarde6 octobre 2015 à 10:02

    le mélange des genres, tel que décrit par vos soins, entre intérêts privés et publics devraient alerter les responsables de NM, peut-être pas les élus dont il ne faut pas attendre une action qui pourrait "salir" le projet, mais des services juridiques. L'administration devrait jouer son rôle et se saisir du dossier. L'opposition nantaise étant incapable de travailler ses dossiers est bien incapable de comprendre son intérêt à dénoncer les abus de biens publics et les prises illégales d'intérêt.

    Les jeux financiers à la marge de Delarozière et Oréfice méritent, comme vous l'avez démontré depuis les montages de société plus que douteux dès la mise en place des structures, de nécessaires corrections. Qui osera soulever le problème à NM? Qu'est-ce qui tétanise les politiques? Pourquoi les journalistes détournent pudiquement les yeux alors que GOleaks investit sur l'anonymat...

    Vous levez le voile sur un ensemble de faits que vous semblez le seul à remarquer, pourtant votre démonstration est étayée. Quand l'heure des comptes sonnera, les politiques ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas. Mais à confondre culture et tourisme pour imputer le budget à NM, les responsables ont montré la voie du "j'embrouille" le contribuable.

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  2. Nantes est un peu dans la situation de la fameuse grenouille qui, incapable de distinguer à quel moment il faudrait sauter hors de la casserole, se laisse cuire à petit feu. A force de tolérances et de copinages entre personnes qui dirigent la ville depuis un quart de siècle, on finit par courir des risques de dérive. Je ne dis pas que MM. Delarozière et Orefice abusent de leur fonction, mais il est clair qu'ils pourraient s'ils le voulaient. Témoin, le projet d'Arbre aux hérons : ils ont toujours annoncé qu'il coûterait 35 millions d'euros. Mais comme sa construction ne serait pas soumise à appel d'offres en raison de son caractère artistique, il s'agit en pratique du prix que M. Orefice, patron des Machines de l'île, serait disposé à payer à son fournisseur M. Delarozière, patron de La Machine.
    Il peut quand même exister des garde-fous : la préfecture avait rejeté le caractère "artistique" du coffrage béton du Carrousel des mondes marins et exigé un appel d'offres.

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  3. Cette semaine sur TéléNantes, J.R nous a promis une réponse ferme et définitive dans quelques petites semaines quant à la construction de cet arbre aux hérons... Je n'ai pas la prétention d'avoir telle ou telle capacité à décrypter ou décoder les visages mais face à la (légère) insistance de la journaliste à obtenir une réponse, l'on peut parier que le projet ne verra jamais le jour...

    La mise est à 35 milions d'euros. Faites vos jeux, rien ne va plus.

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  4. Mais selon l'expression que notre hôte Sven affectionne particulièrement, je me mets le doigt dans l'oeil... Il est vrai que j'ai une chance sur deux de me planter...

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  5. Je ne comprends pas comment il se fait qu'aucun collectif de citoyens ne s'attaque aux dérives et gaspillages financiers de la municipalité et de la métropole nantaise. Au vu et au su de tous ces copinages et favoritisme, il y aurait pourtant quelque chose à faire. Le plus incroyable est le silence assourdissant de la droite nantaise. De là, à penser qu'il y a collusion entre tous les acteurs politiques de la vie locale...

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    1. Il y aurait tant à dire sur ces copinages honteusement coûteux financés sur le dos des citoyens. Comment les subventions publiques peuvent-elles être aussi facilement attribuées à des structures parfois inutiles... sauf à nourrir grassement le dirigeant...copain du politique qui l'a placé là...

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  6. @Anonyme précédent

    La réponse est sûrement dans votre interrogation...

    Pour ma part, j'attends depuis déjà de nombreuses semaines une explication de ce silence auprès de l'opposition nantaise à défaut d'espérer une condamnation de ces insupportables copinages...

    Laurence Garnier avait pourtant évoqué la non réalisation de ce projet débile qu'est l'arbre aux hérons en provoquant aimablement Oréfice et Delarozière lors de sa campagne électorale municipale mais nous étions en campagne électorale municipale...

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  7. Et qui paye donc la venu des 2 dirigeants de la MakerFaire à Nantes le 23 octobre prochain ? http://www.meetup.com/fr/Maker-Faire-Nantes/events/225942690/?a=socialmedia

    Néanmoins le programme reste intéressant : Atelier de soudure !

    @f

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