08 juin 2017

Médusant, le musée d’arts : (5) milles abords !*

Le musée d’arts de Nantes en jette. Du moins sa partie principale, qui attire tous les regards. Ce qui va être inauguré le 23 juin 2017, c’est avant tout le bâtiment construit par Clément-Marie Josso en 1900. Le reste, dirait-on, n’est qu’accessoires.

Mais certains de ces accessoires dérangent. À commencer par les quatre énormes poteaux plantés sur le trottoir. Allez donc essayer de faire un selfie sur fond de musée : vous n’y échapperez pas. Leur hauteur est peut-être conforme aux ambitions du musée, qui y hissera ses bannières. En revanche, elle n’est pas proportionnée au site : la rue Clemenceau n’est pas la place Rouge. À vouloir la déguiser en « parvis », on ne fait que souligner sa relative étroitesse.

Secondés par de multiples potelets (décidément une addiction nantaise), ces mâts imposent leur verticalité, contrastant avec les lignes horizontales des marches et des corniches du musée. Mais ce parti-pris linéaire est aussitôt contesté par le pavage en zigzag du parvis, dont la légitimité esthétique ne saute pas aux yeux ; là encore, on a confondu la rue Clemenceau avec une vaste esplanade. Ni horizontalité, ni verticalité, ni zigzags cependant dans le mobilier urbain face au musée : les corsets d’arbre alignés comme à la parade face au musée cultivent la courbe. Et sont emmanchés sans souci de cohérence dans des grilles d’arbre mariant le rond et le carré, choisies apparemment dans la gamme « Les Désaxées » de Sineu Graff

Question couleurs, l’harmonie ne règne pas davantage. Rien d'étonnant, d’ailleurs : depuis l’ère Ayrault, les choix de mobiliers urbains sont partis dans tous les sens, sans souci d’unité ni même d’esthétique générale. Le « vert nantais » était jadis de rigueur dans le secteur protégé. Aujourd’hui, les couleurs semblent régies par le petit-bonheur-la-chance. Autour du musée, le beige des poteaux n’est déjà pas vraiment en harmonie avec le bronze des rampes d’escalier. Et il a fallu qu’en plus on les flanque de potelets inox et de corsets d’arbres noirs !

À l’extrémité du musée côté rue Élie-Delaunay, cependant, on a conservé une partie de l’ancienne grille. Jadis peinte en vert nantais, elle a été repeinte en gris. Un gris plus foncé que celui de l’abribus voisin. Et pas en en cohérence, bien sûr, avec les potelets inox qui balisent le passage pour piétons côté ouest. Ni avec ceux qui le balisent côté est : ceux-là sont d'un beau vert nantais. Comme le sont, plus ou moins, les grilles du jardin des plantes, au bout de la rue. Et pendant ce temps-là, celles du lycée Clemenceau, juste en face, ont pris une teinte scarabée…
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* Je sais bien que « mille » ne prend pas de « s », mais la marque du pluriel souligne la diversité, je trouve. Puisque Nantes l’emploie fautivement dans « musée d’arts », pourquoi n’aurais-je pas le droit d’en faire autant ? Et les tintinophiles apprécieront.

4 commentaires:

  1. Me ne dites pas que vous avez la nostalgie de l'ancienne entrée...voyez les progrès
    même si vous avez toujours plaisir à rajouter " peut mieux faire "
    Amitiés
    alain

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  2. Ai-je dit ça ? Non, je ne critique même pas les boîtes en verre imposées par les impératifs d'accessibilité. Mais je trouve effarant que, dans une opération d'une telle ampleur et d'un tel coût, les détails de présentation aient été à ce point négligés. Des mobiliers urbains adaptés aux lieux et cohérents entre eux n'auraient probablement pas demandé plus d'efforts ni plus d'argent.

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  3. @Sven,

    Récemment, je me suis étonné de votre indifférence face à l'installation des cubes de béton dégueux sur les rives de l'Erdre. Installation qui aurait, je l'espérais, mérité d'être décortiquée par vos soins. Le budget de 20 000 € est peut-être petits bras à côté de ceux communément évoqués dans votre blog !?

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  4. Merci, votre revendication m'honore. Mais tout n'a-t-il pas déjà été dit sur ces objets artistiques, ai-je la moindre légitimité pour en rajouter ? Et quand bien même ce serait le cas, hélas, je manque de temps.

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