17 juillet 2025

La culture, handicap de la nature à Nantes ?

 Le texte ci-dessous reprend un commentaire apporté au billet "Fini la culture, la nature c'est maintenant". Merci à son auteur, VertCocu, pour sa mise en perspective de la vocation « verte » de Nantes.

Il ne faut pas blâmer Johanna Rolland des manquements de Jean-Marc Ayrault.

Même du haut de mon adolescence, à la fin du siècle dernier, je remarquais que Nantes accordait au « vert » une place plus importante qu'ailleurs. Particulièrement en comparaison de ses « sœurs » Rennes et Bordeaux – et même de sa « cousine » Angers, qui a pourtant récupéré tout ce qui tourne autour de l'horticulture officielle au détriment de Nantes. Et triche avec son Lac de Maine.

Par « vert », j'entends un tilleul isolé et des carrés d'herbes de ci, de là. Pas forcément les parcs et squares, même si dans ces catégories, Nantes est tout à fait remarquable également.

L'épiphanie nantaise a eu lieu en 2006 quand Nicolas Hulot a fait un chantage écolo aux politiques, qui ont bien remarqué que cela plaisait aux citoyens. Jean-Marc Ayrault s'est rendu compte qu'artificialiser le moindre bout de pelouse pour faire plaisir à la CCI n'était peut-être pas si sage. Et il mettra beaucoup d'énergie, comme à son habitude, pour faire de Nantes la « capitale verte de l'Europe » en 2013.

Depuis, la municipalité est vigilante sur la question, sans malheureusement être innovante. Elle avait pris beaucoup trop de retard et n'est sauvée que par sa géographie de cours d'eau. Mais on peut tout de même regretter que, dans le sillage du tramway, même si l'écologie n'était pas forcémenten ligne de mire, Nantes ne soit pas devenue, toute proportion gardée, l'équivalent de Copenhague. Ou à défaut Strasbourg.

Elle a préféré se prendre pour Bilbao. Ce qui est d'autant plus imbécile que Jean-Marc Ayrault avait pourtant été mandaté par le Parti socialiste pour accompagner la disparition du caractère industriel de Nantes. Prendre le contre-pied en reincorporant du "naturel" n'était pas inimaginable dans les années 90.

À la décharge du Maugeois, Nantes est aussi la ville qui a comblé ses cours d'eau. Sous la pression de sa soi-disante élite, appâtée, comme tout bon chien de Pavlov, par la manne financière de l'Etat pour les travaux. On aura connu une quasi-répétition autour d'un aéroport.

Mais comme il est systématiquement impossible de dédouaner le professeur d'allemand (là encore, illusion d'une autre époque, déjà dans les années 80, les Allemands ne juraient que par l'anglais et délaissaient le français), on se souvient que dans les années 90, il y avait encore possibilité de décombler quelque peu. Volonté et idées citoyennes ne manquaient pas. L'argent sans doute. Mais on pourrait être curieux de savoir combien cela aurait réellement coûté au regard de l'argent jeté par les fenêtres dans le culturel qui, comme le disait un Nantais fameux « est à la Culture ce que le naturel est à la Nature, une pâle copie ».

Tenez. Apparemment, le dernier Royal de luxe, proposé dans ce qui ressemble à une certaine indifférence sorti d'une campagne d'affichage, ne ferait pas l'unanimité d'après la presse locale. (Lu aux devantures des tabacs.) Les temps changent. Comme toujours. Mais bien tard.

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