05 novembre 2024

En matière de théâtre, Nantes ne mélange pas la ville et la banlieue

La Ville de Nantes aligne un élu adjoint à la culture, un conseiller municipal délégué au spectacle vivant, une directrice générale adjointe Culture et arts dans la ville, une directrice de l’accompagnement des projets et des réseaux artistiques et une chargée de mission Théâtre et livre. Elle connaît donc bien les milieux du théâtre, pensera-t-on. D’ailleurs, elle lui verse des subventions considérables et ne le fait sûrement pas au petit bonheur la chance, n’est-ce pas ?

Eh bien, ce n’est pas si sûr. Le théâtre n’est cité, juste cité, qu’une seule fois dans les 116 pages du Rapport d’activité 2023 de la Ville de Nantes. Et celle-ci, apprend-on avec stupeur, a besoin d’un prestataire pour réaliser « un diagnostic théâtre sur la Ville de Nantes ».

L’étonnement grandit quand on constate que cet énoncé est à prendre au pied de la lettre : le diagnostic porte bel et bien sur « l’écosystème du théâtre à Nantes », à l’exclusion de ce qui se passe dans les communes périphériques : adieu Piano’cktail, Soufflerie, Capellia, etc. Comme si leurs activités théâtrales ne retentissaient pas du tout sur un microcosme nantais bien calfeutré et renfermé sur lui-même. 

Ce qui se conçoit mal s’énonce malaisément : pour trouver son diagnostiqueur, la Ville de Nantes a publié non pas un avis de marché mais deux ! Entre le premier et le deuxième, la procédure ouverte s’est transformée en procédure non concurrentielle, qui permettra de choisir un fournisseur plus librement. Le site des avis de marchés électroniques de la ville a fait mine de rien : le deuxième avis a été discrètement substitué au premier, si bien qu’un avis daté du 30 octobre paraît avoir été publié le… 28 octobre. Il faut consulter le BOAMP pour constater le subterfuge.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/au-dela-des-limites-de-la-commune-de-nantes-votre-billet-de-theatre-nest-plus-valable/

Au-delà des limites de la commune de Nantes, votre billet de théâtre n’est plus valable

01 novembre 2024

La malédiction de Thomas Dobrée pèse-t-elle sur le musée Dobrée ?

En temps de Halloween, la question s’impose : la malédiction a-t-elle cessé de poursuivre le musée Dobrée ? Il vient de rouvrir avec succès, ce qui ne garantit pas l’avenir. « Ann Dianaf a rog ac'hanoun » (l’inconnu me dévore), dit la devise tragique inscrite au fronton du manoir Dobrée.

Thomas Dobrée (1810-1895) a légué sa propriété et ses vastes collections au département de Loire-Inférieure, qui les a acceptées, et avec elles quelques conditions très raisonnables. Certaines d’entre elles ne sont plus respectées. Le fantôme de Dobrée se vengerait-il ?

Le musée départemental Dobrée a subi ces dernières années toute une série d’avanies. La plus spectaculaire date de 2018. Fermé depuis huit ans, ce musée qui avait conservé son personnel et n’avait presque rien d’autre à faire que de conserver ses collections s’est quand même fait voler le reliquaire d’Anne de Bretagne ! Le trésor a été retrouvé avant d’être fondu, grâce à la police et à la protection de sainte Anne, sans doute, mais pas du tout grâce au musée.


Cet épisode spectaculaire a un peu occulté les déconvenues immobilières du département. Toute une série de projets de rénovation du musée ont été avancés depuis les années 1990. Quand un conseil départemental de gauche est élu en 2004, il met à la poubelle celui qui vient d’être mis au point par la droite. Après six ans de tergiversations, il retient un projet de Dominique Perrault, architecte à la mode encensé par Jean-Marc Ayrault. Un projet tellement parfait que le permis de construire, attaqué par Nantes Patrimoine, est annulé en 2012 à cause de plusieurs irrégularités. Il faudra encore douze ans pour inaugurer un musée rénové !

Au passage, le projet Perrault imposait la destruction du bâtiment Voltaire construit par le département dans les années 1970. À cause de malfaçons, il était jugé irrécupérable. Résultat : il est encore là. L’erreur de diagnostic aurait pu coûter très cher ! Malgré l’économie réalisée, la rénovation a quand même coûté deux fois plus cher que le département ne l’avait prévu en 2010.

La valse des conservateurs

Plusieurs conservateurs ont été pris dans la tourmente. En 2010, le département limoge le très respecté Jacques Santrot, conservateur du musée depuis 1985. Il lui faut plusieurs mois pour désigner un remplaçant… qui se défile au dernier moment devant l’état du projet. Il faut encore plus de temps pour trouver un remplaçant du remplaçant, qui ne reste que sept mois. On nomme alors une directrice par intérim, puis une autre, qui sera finalement titularisée.

Un musée tout beau, tout rénové, une directrice stable… Dobrée serait-il sorti de sa séquence maudite ? Pas sûr du tout. La chambre régionale des comptes a publié voici quelques jours un rapport d’observations définitives (ROD) sur le département de Loire-Atlantique qui dénonce « un cumul d’anomalies sur un lot du musée Dobrée ». La routine, quoi.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/halloween/

Spécial Halloween : la malédiction mystérieuse
du musée Dobrée