26 mars 2024

Discréditer à la fois la concertation et l’écologie ? Nantes Métropole l’a fait

Avez-vous participé à la concertation sur le « pôle d’écologie urbaine », fin 2023 ? Si oui, vous êtes une rare exception ! L’opération de Nantes Métropole a été un échec magistral : elle a suscité 31 contributions et rassemblé 28 participants pour la réunion de clôture, soit moins d'un habitant sur 25.000. Le sujet est pourtant capital : ce « pôle » à 366 millions d'euros sera un immense ensemble de tri et d’incinération des déchets situé sur la prairie de Mauves  cinq kilomètres en amont, l'équivalent pour les ordures du CHU pour la santé. Il centralisera à Nantes les déchets d’un vaste territoire allant de Redon à Fontenay-le-Comte. Bonjour les camions !

Les Nantais se désintéresseraient donc de leur cadre de vie ? La concertation sur les lignes de tramway, fin 2020, avait pourtant suscité 1.748 observations, avis ou commentaires, soit 56 fois plus que pour le pôle d’écologie urbaine. Puis on est tombé à 646 contributions et commentaires lors du « grand débat sur la fabrique de la ville », au printemps 2023. En vérité, les « débats citoyens » de Johanna Rolland ne font plus illusion : ils présentent sous l’habillage de la concertation des décisions déjà arrêtées.

Document Nantes Métropole

Les « garants » de la Commission nationale du débat public (CNDP) l’ont bien noté à propos du pôle d’écologie urbaine. Pour son volet principal, la concertation était « assez peu attrayante pour les participants qui ont mentionné un projet "bouclé" ». Et pour les autres volets, elle ne l’était pas davantage, car ils étaient « trop peu définis » ! Un coup trop long, un coup trop court…

La conclusion la plus frappante de cette « concertation » n’est pas de Johanna Rolland. Elle n’est pas non plus d’un Nantais. Rapportée par la CNDP, elle est d’un Rom habitant l’immense bidonville de la prairie de Mauves : « C’est de l’écologie alors ce n’est pas la peine de discuter, il faut partir ! »

Voir article complet sur Nantes Plus :

http://nantesplus.org/dialogue-citoyen-2/

Futur pôle d’écologie urbaine de Nantes :
le dialogue citoyen à la poubelle

23 mars 2024

Avant son départ en retraite, Jean Blaise enguirlandé par Johanna Rolland

Jean Blaise a décidément joué le coup de trop. Le voici entré dans son dernier mois d’activité à la tête du Voyage à Nantes. Du moins si sa mémoire n’a pas flanché depuis son annonce de l’an dernier : il prendra sa retraite à 72 ans ‑ or il aura 73 ans le 15 avril. Il lui reste moins de trente jours pour rendre les clés.

Lui parti, les langues se délieront. Ça commence déjà, et au plus haut niveau ! La semaine dernière, sur Télénantes, Johanna Rolland a fait cette déclaration plutôt embarrassée (une unique phrase de 104 mots) à propos des décorations de Noël :

« Bien sûr que nous allons garder le Voyage à Nantes en hiver, bien sûr que nous allons garder la créativité nantaise, le pari de l’art, le pari de la culture, mais nous allons aussi, c’est la commande que j’ai passée à mes équipes, avoir à nouveau une part de décorations plus traditionnelles, plus lumineuses, parce que autant je refuse de donner le moindre crédit à celles et ceux qui ont voulu instrumentaliser les polémiques, autant j’ai entendu cette aspiration des Nantaises et des Nantais, et on va le faire en complémentarité absolument, mais j’y tiens, c’est Gildas Salaün qui sera chargé de cette mission »

Ceux qui « ont voulu instrumentaliser les polémiques » étaient d’équerre avec les « aspirations des Nantaises et des Nantais », en somme. La maire de Nantes n'est sourde que d'une oreille. Mais l’important n’est pas là. L’important, c’est les « décorations plus traditionnelles ». Télénantes ne s’y trompe pas et titre sur son site web :  « J. Rolland annonce le retour des guirlandes de Noël ».

Le voyage en taxe foncière

Le mois dernier, en présentant le « bilan » du Voyage en hiver, Jean Blaise assurait : « On ne fera jamais dans le traditionnel, on ne reviendra pas aux guirlandes d’avant ». Le voilà donc désavoué de la manière la plus sèche et la plus explicite par la maire de Nantes !

Celle-ci insiste même lourdement : « c’est Gildas Salaün qui sera chargé de cette mission » ‑ Gildas Salaün, quinzième adjoint de Nantes Métropole, et non pas Le Voyage à Nantes qui avait la main jusqu’à présent. Jean Blaise n’est pas seulement désavoué, il est en quelque sorte rétrogradé. Le Voyage en hiver II, dernière initiative de sa carrière nantaise, est un échec de plus.


« Bien sûr que nous allons garder le Voyage à Nantes en hiver », ajoute néanmoins Johanna Rolland. Eh oui, « bien sûr » : Jean Blaise a signé des contrats pour cinq ans ! Pas moyen d’y échapper. On aura les guirlandes ET les installations. Ceinture et bretelles, ce serait fort bien si tout ça était gratuit, mais ça ne l’est pas. Avant 2022, les décorations traditionnelles coûtaient 600 000 euros par an, selon Fabrice Roussel, vice-président de Nantes Métropole. Le Voyage en hiver aurait coûté 760 000 euros en 2022 et 1,1 million d’euros en 2023. Comptons donc sur quelque chose comme 1,7 million d’euros pour décembre 2024 ! Pas grave, il suffira d’augmenter encore la taxe foncière…

16 mars 2024

Les confettis du carnaval de Nantes, aussi dangereux que des bulletins de vote pour Johanna Rolland ?

Il nous reste un pochon de confettis dans un tiroir ? Hâtons-nous de les utiliser aujourd’hui : il n’est pas sûr qu’ils aient encore cours l’an prochain.

Annoncée voici une dizaine de jours, l’interdiction des confettis pour le carnaval des enfants, ce 16 mars sur le site des Chantiers a été bien vite abandonnée. Pascal Praud, père Fouettard de la municipalité nantaise, n’a même pas eu le temps de s’en emparer sur CNews !


N’empêche que la décision avait été prise et publiée. Paul Billaudeau, toujours dévoué, prétend en assumer seul la responsabilité : « une mauvaise appréciation de ma part »… La veille pourtant, sa plus proche collaboratrice avait vendu la mèche : « En concertation avec le VAN, nous avons préféré renoncer aux confettis » (Presse Océan, 5 mars 2024). Après Noël sans guirlandes, le carnaval sans confettis : décidément, Le Voyage à Nantes n’en loupe pas une !

Les confettis polluent ? Ils sont éminemment biodégradables ! On peut encore en voir sur les trottoirs des mois après ? Ils rappellent toute l’année un moment de fête ! Il est vrai qu’ils dénoncent du même coup un manque d’efficacité du nettoyage municipal… On peut leur trouver bien des défauts, mais leur vrai péché originel est pédagogique : dès l’enfance, ils apprennent aux spectateurs à se comporter en acteurs de la fête. On commence par jeter des confettis et on finit bénévole au  Hellfest ou au Puy du Fou !

Affaire de fric

Lointain héritier des bacchanales et des lupercales, le carnaval a toujours été un temps d’indiscipline, voire de mauvais esprit. Homme de contrôle étroit, Jean-Marc Ayrault préférait les spectacles payés par la municipalité, et donc limités dans leur capacité d’insolence. En 2011, sous un prétexte financier, il a sauté sur la première occasion d'absorber le carnaval dans une économie marchande administrée.

Depuis lors, sous la houlette de Paul Billaudeau, un proche de Jean-Marc Ayrault, l’association NEMO est payée pour organiser le carnaval. L’an dernier (juin 2022-juin 2023), elle a reçu 452 000 euros de subventions d’exploitation. Ce n’est pas si énorme, même si c’est +35,5 % d’une année sur l’autre : Royal de Luxe en a touché presque deux fois plus sans faire grand chose, et quand il donne un spectacle à Nantes (« donne » est une façon de parler), on le lui achète en sus des subventions. Mais l’avantage de NEMO est d’assurer le ruissellement des fonds publics vers les carnavaliers en sous-subventionnant deux douzaines d’associations locales.

Les carnavals « qui marchent bien », de Rio de Janeiro à Binche ou à Dunkerque, se distinguent par l’implication du public, avec les risques que cela comporte en cas de fossé entre le public et les pouvoirs locaux. Jean-Marc Ayrault a loupé le coche, Johanna Rolland risque de passer dessous. Les Nantais ne demandent qu’à participer à l’esprit du carnaval, on l’a bien vu à l’ambiance du carnaval de nuit. Raison de plus pour que Johanna Rolland s’en méfie. Les confettis de cet après-midi seront comme autant de bulletins de vote.

11 mars 2024

Nantes Métropole se sent engagée à faire un bout d’Arbre aux Hérons (merci qui ?)

Le Grand Héron rouille depuis deux ans à côté des Machines de l’île. Nantes Métropole, qui en est propriétaire, veut mieux connaître son état. Elle a publié un avis de marché portant sur un diagnostic dit « Diaghéron ». L’association La Machine qui a construit l’engin, va-t-elle y répondre ? Non, répond François Delarozière cité par Stéphane Pajot dans Presse Océan (1er mars), on a déjà fait le point il y a un an « et tiré la sonnette d’alarme en disant qu’il fallait absolument faire quelque chose car les bois se dégradaient ».

Ainsi, ces bois posés début 2022 étaient déjà esquintés début 2023. Pour rappel, l’idée initiale était d’installer cet engin au sommet d’un Arbre aux Hérons. C’était soleil, pluie et vent en permanence, à 35 mètres de haut. L’Éléphant des Machines de l’île, lui, se promène au ras du sol environ 1 600 heures par an. Pendant 80 % de son temps, il est à l’abri sous les Nefs.

Dans l’Arbre aux Hérons, le Héron devait être environné d’autres machines. On imagine qu’elles aussi auraient exigé des réparations tous les ans. Inévitablement, cette attraction aurait été un gouffre financier. Nantes Métropole a la chance de le découvrir sans l’avoir réalisée.

Elle persiste néanmoins, quoique à une échelle rétrécie : elle compte réparer le Héron et même l’exploiter ! Fabrice Roussel, vice-président de Nantes Métropole, cité lui aussi par Stéphane Pajot, déclare noblement : « Ce que nous voulons et nous nous y sommes engagés par rapport aux mécènes, c’est le mettre en exploitation comme le Grand Éléphant à partir de 2025 ». Il pratique l’engagement à géométrie variable, car l’engagement moral pris envers les mécènes, c’était la construction de l’Arbre aux Hérons ! C’est pour cela qu’ils ont donné leurs sous et que Nantes Métropole les a empochés !

Yann Trichard, patron de la CCI, assurait que cet Arbre « sera[it] à Nantes ce qu’est la tour Eiffel à Paris » (sic). Croit-on qu'une tour Eiffel réduite à sa flèche et à ses antennes aurait beaucoup de succès ? Mesdames et Messieurs Intermarché, Crédit Mutuel, Brémond, ETPO, Harmonie mutuelle, Bati-Nantes, Charier, Groupe DV, Idéa Industries, La Fraiseraie, Pépinières du Val d’Erdre et autres mécènes de l’Arbre aux Hérons, désirez-vous vraiment voir votre nom accolé à un gros Meccano rapidement dégradé entre deux rénovations annuelles ?

Voir article complet sur Nantes Plus :

http://nantesplus.org/grand-heron/

L’Arbre aux Hérons, un projet zombie qui poursuit les Nantais