16 mars 2024

Les confettis du carnaval de Nantes, aussi dangereux que des bulletins de vote pour Johanna Rolland ?

Il nous reste un pochon de confettis dans un tiroir ? Hâtons-nous de les utiliser aujourd’hui : il n’est pas sûr qu’ils aient encore cours l’an prochain.

Annoncée voici une dizaine de jours, l’interdiction des confettis pour le carnaval des enfants, ce 16 mars sur le site des Chantiers a été bien vite abandonnée. Pascal Praud, père Fouettard de la municipalité nantaise, n’a même pas eu le temps de s’en emparer sur CNews !


N’empêche que la décision avait été prise et publiée. Paul Billaudeau, toujours dévoué, prétend en assumer seul la responsabilité : « une mauvaise appréciation de ma part »… La veille pourtant, sa plus proche collaboratrice avait vendu la mèche : « En concertation avec le VAN, nous avons préféré renoncer aux confettis » (Presse Océan, 5 mars 2024). Après Noël sans guirlandes, le carnaval sans confettis : décidément, Le Voyage à Nantes n’en loupe pas une !

Les confettis polluent ? Ils sont éminemment biodégradables ! On peut encore en voir sur les trottoirs des mois après ? Ils rappellent toute l’année un moment de fête ! Il est vrai qu’ils dénoncent du même coup un manque d’efficacité du nettoyage municipal… On peut leur trouver bien des défauts, mais leur vrai péché originel est pédagogique : dès l’enfance, ils apprennent aux spectateurs à se comporter en acteurs de la fête. On commence par jeter des confettis et on finit bénévole au  Hellfest ou au Puy du Fou !

Affaire de fric

Lointain héritier des bacchanales et des lupercales, le carnaval a toujours été un temps d’indiscipline, voire de mauvais esprit. Homme de contrôle étroit, Jean-Marc Ayrault préférait les spectacles payés par la municipalité, et donc limités dans leur capacité d’insolence. En 2011, sous un prétexte financier, il a sauté sur la première occasion d'absorber le carnaval dans une économie marchande administrée.

Depuis lors, sous la houlette de Paul Billaudeau, un proche de Jean-Marc Ayrault, l’association NEMO est payée pour organiser le carnaval. L’an dernier (juin 2022-juin 2023), elle a reçu 452 000 euros de subventions d’exploitation. Ce n’est pas si énorme, même si c’est +35,5 % d’une année sur l’autre : Royal de Luxe en a touché presque deux fois plus sans faire grand chose, et quand il donne un spectacle à Nantes (« donne » est une façon de parler), on le lui achète en sus des subventions. Mais l’avantage de NEMO est d’assurer le ruissellement des fonds publics vers les carnavaliers en sous-subventionnant deux douzaines d’associations locales.

Les carnavals « qui marchent bien », de Rio de Janeiro à Binche ou à Dunkerque, se distinguent par l’implication du public, avec les risques que cela comporte en cas de fossé entre le public et les pouvoirs locaux. Jean-Marc Ayrault a loupé le coche, Johanna Rolland risque de passer dessous. Les Nantais ne demandent qu’à participer à l’esprit du carnaval, on l’a bien vu à l’ambiance du carnaval de nuit. Raison de plus pour que Johanna Rolland s’en méfie. Les confettis de cet après-midi seront comme autant de bulletins de vote.

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