Finalement, les cieux sont avec le Voyage à Nantes : vu
le temps maussade, la fermeture du toboggan du château des ducs de Bretagne ne
nuit pas. On n’a pas plus envie de se mouiller les fesses que de se les brûler.
Il reste cependant possible d’aller admirer la signalisation du toboggan, une
sorte d’œuvre en soi.
J’ai déjà
signalé la formule surréaliste de la pancarte plantée au bord des
douves : « le toboggan
écrit de nouvelles histoires dont les protagonistes sont le patrimoine,
l’architecture et l’usager ». Reprise à l’identique sur les sites de la ville
de Nantes, du château des ducs
de Bretagne, d’AMZ
Nantes et de divers blogs, elle contribue à la gloire
littéraire du Voyage à Nantes.
En revanche, le Voyage à Nantes confirme, comme on l’a
maintes fois exposé, qu’il est fâché avec les chiffres et n’hésite pas à
bidonner quelque peu. On lit ceci : « Le public s’engage dans le vide, découvre un
point de vue unique à 12 mètres du sol […]. Une glisse vers l’inconnu, 50
mètres plus loin ».
Alors bien sûr, Jean Blaise n’est pas Pythagore, une légère confusion entre
l’hypoténuse et la distance au sol n’est pas bien grave. En revanche, pour
glisser sur 50 mètres, il faudrait que le toboggan se prolonge sous la
passerelle du château. Sa pente ne dépasserait pas 14 % : pas de quoi
échauffer un fond de pantalon. En réalité, la partie « glisse » du
toboggan mesure moins d’une trentaine de mètres.
La description du
toboggan qui figure sur le site
web du Voyage à Nantes est identique à un détail près. Elle se termine
ainsi : « Une glisse vers l’inconnu, 50 mètres plus bas ».
Oui, « plus bas » et non « plus loin ». Ce
plus bas recreusé au fond des douves ferait du « Paysage glissé » le
plus grand toboggan du monde, loin devant ceux du Beach Park de Fortaleza au
Brésil (41 mètres) ou de PortAventura en Catalogne (31 m).
La signalisation du toboggan ne se borne pas à la pancarte.
Sous la voûte d’entrée figure une vaste vue panoramique du château. Il faut
sans doute compter plusieurs centaines d’euros pour la réalisation de ce grand
panneau plastifié. Or il n’est clairement destiné à durer que les deux mois du
Voyage à Nantes puisque l’entrée du toboggan y est indiquée*. À moins qu’on ne
veuille en faire une « œuvre pérenne » à jamais agrippée au
rempart ? Ce qui économiserait au moins les frais de démontage.
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* Pour être juste, un bon grattage devrait pouvoir faire disparaître cette mention surajoutée.