30 décembre 2011

Grande grue, petit manège ?

Souvent, on met en valeur la masse d’un monument par une référence visuelle plus modeste, par exemple la taille humaine. Sur l'île de Nantes, on construit le Manège des mondes marins près de la grue Titan jaune. Ce n'est probablement pas une bonne idée.

Comparer du grand à du très grand risque de rapetisser les deux termes de la comparaison. Voici à peu près ce que représentera la masse du Manège par rapport à celle de la grue. Le manège ne paraît pas si grand que cela. Et la grue devient moins colossale.

Ce manque de soin apporté à la mise en scène générale contribue à donner l'impression que le site des chantiers évolue au petit bonheur la chance.

22 décembre 2011

Le Voyage à Nantes reporté à 2014 ? Chi va piano va sano !

Résumons-nous :
  • Le Mémorial devrait ouvrir ses portes le 24 mars 2012. Mais, on l’a dit ici, il aurait déjà dû les ouvrir à de nombreuses reprises. Tant que ça n’est pas fait, il vaudrait mieux ne pas compter dessus.
  • Le Carrousel des mondes marins devrait commencer à tourner le 14 juillet 2012. Ce calendrier paraît déjà un peu tendu, car il s’agit d’un bâtiment hors normes. Tout pépin imprévu ou toute objection de la commission de sécurité pourrait se traduire par des semaines de retard.
  • Le Musée des Beaux-arts rouvrira au mieux au printemps 2014 compte tenu de l’échec du premier avis de marché.
  • Le Musée Dobrée ne rouvrira pas avant 2015 et le recours déposé par des riverains contre le permis de construire risque de retarder encore l’échéance.  
  • Le réaménagement de la place du Bouffay et de ses environs ne sera pas achevé avant 2014 (les travaux rue Léon-Maitre sont prévus pour mai 2013 et ceux du miroir d’eau devant le château devraient durer 26 mois après l’attribution du marché, qui n’interviendra pas avant plusieurs semaines). 
  • L’îlot Boucherie 2/Orléans ne sera achevé qu’en 2014.
Conclusion : organiser Le Voyage à Nantes à l’été 2012 est un pari imprudent. On va y investir des sommes énormes avec le risque de décevoir les visiteurs. On aurait toutes les peines du monde à les faire revenir ensuite. Pire : un afflux d'appréciations négatives sur TripAdvisor et autres sites d’évaluation touristique compromettrait les perspectives futures de Nantes.

Il serait bien plus raisonnable de reporter la manifestation à 2014, voire 2015, afin de présenter aux touristes une offre complète et achevée. Et cela ne devrait pas être trop difficile, puisque apparemment rien n’est vraiment bouclé !

D'ailleurs, qu'est-ce que deux années supplémentaires pour une municipalité qui est en place depuis plus de vingt ans ?

19 décembre 2011

Les Machines de l’île aiment le mauvais temps

Avec quinze jours d’avance, Pierre Orefice a fait pour Stéphane Pajot (Presse Océan du 17 décembre) le bilan de la fréquentation des Machines en 2011 : 252.000 visiteurs pour la galerie, 56.000 pour l’éléphant (soit au total 308.000 personnes). Il le rapproche de celui de 2007 : 192.200 visiteurs. Belle progression. Sauf que les Machines n’ont fonctionné que pendant six mois en 2007 !

Comparé à celui l’an dernier, le bilan n’est pas aussi glorieux. En 2010, les Machines avaient accueilli 283.211 visiteurs. La progression d’une année sur l’autre, 8,75 %, est conforme à l’évolution générale des sites touristiques dans le département, favorisée par les intempéries.

Le progrès global dissimule des évolutions en dents de scie. « Nous faisons + 29,88 % de fréquentation [en plus] depuis le 1er juillet, par rapport à la même période l'an dernier », déclarait le patron des Machines à Philippe Gambert dans Ouest France du 23 juillet. « Soit 31.114 personnes contre 23.956 pour la même période en 2010. » Interrogé le 19 septembre par Guillaume Lecaplain sur le site Nantes-Actu, le même assurait : « En juillet, on fait 14 % de visiteurs en plus. » En rapprochant ces deux déclarations, et sachant que les Machines ont accueilli 41.354 visiteurs en juillet 2010, toujours selon leur directeur (Presse Océan du 17 août 2010), on peut établir le petit tableau ci-dessous :
En somme, les visiteurs affluent quand il fait mauvais et fuient quand il fait beau !

Dans toute intervention de Pierre Orefice, les connaisseurs attendent comme une gourmandise le chiffre loufoque. « Le site était calibré pour 180.000 personnes », dit-il cette fois, oubliant apparemment qu’il a lui-même annoncé plusieurs fois, en 2007, viser 200.000 visiteurs par an. C’était même l’objectif officiel de la délégation de service public initiale !

18 décembre 2011

Touristes à Nantes : (3) Le tout vaudrait-il moins que la partie ?

Grâce à l’ouverture du Manège des Mondes Marins, dit Pierre Orefice, Les Machines de l’île comptent sur 450.000 visiteurs l’an prochain, contre 300.000 programmés cette année (+ 50 %).

En juillet-août 2011, les Machines ont reçu 103.500 visiteurs, dont 68 % extérieurs à l’agglomération nantaise. Pour être en ligne avec leur objectif, il leur en faudrait 51.750 de plus en juillet-août 2012 ; à proportion identique, 35.190 de ces visiteurs viendraient d’ailleurs. Comme le Manège n’ouvrira qu’à la mi-juillet, on retiendra seulement les trois quarts de ce chiffre, soit 26.392 nouveaux visiteurs venus de l’extérieur. C'est le seuil minimum à partir duquel on pourra parler de succès.

De son côté, on l’a vu hier, Le Voyage à Nantes crierait victoire à partir de 20.000 touristes en plus dans l’agglomération nantaise en juillet-août 2012. C'est-à-dire que pour l'équipe de Jean Blaise, la saison serait un succès même si l'ouverture du Manège manquait son objectif de 24 % et si toutes les autres attractions labellisées Voyage à Nantes n'attiraient pas un seul touriste de plus en 2012 ! Faut-il parler de prudence, d’incohérence ou de manigance ?

17 décembre 2011

Touristes à Nantes : (2) Un objectif modeste pour Le Voyage à nantes

On en sait plus sur l’objectif des manifestations organisées l’an prochain sous l’appellation Le Voyage à Nantes. Les participants au 3ème conseil des acteurs du tourisme, lundi dernier, en ont eu la primeur : « le succès de l’événement se placerait entre 10 et 20 % de fréquentation supplémentaire (excursionnistes et touristes) à Nantes, soit 20 à 40 000 personnes supplémentaires sur les mois de juillet et août ».

Comme on l’a vu hier, l’objectif indiqué est calculé à partir des résultats d’une étude locale commanditée par l’équipe de Jean Blaise. D’après cette étude, les visiteurs sont bien moins nombreux qu’on ne l’aurait cru. Il ne sera donc pas nécessaire d’en attirer beaucoup en plus pour proclamer « le succès de l’événement ». Dès le 20.000ème, on pourra crier victoire.

Vingt mille visiteurs supplémentaires attirés par une manifestation à 13 millions d’euros de budget, sans même inclure Estuaire, soit 650 euros investis par tête : en voilà du tourisme de luxe ! Cela ne représenterait qu'un progrès de 1 % par rapport à la fréquentation touristique (plus de 2 millions) revendiquée par Nantes Métropole en 2007*. Et le succès proclamé serait en même temps un aveu d'échec pour une autre opération importante. La suite demain.
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* « On estime que 2 millions de visiteurs passent au moins une journée à Nantes », confirmait Jean-Marc Devanne, directeur de l'Office de tourisme de Nantes Métropole, interrogé par Frédéric Testu dans Presse Océan du 14 mai 2009.

16 décembre 2011

Touristes à Nantes : (1) Et divisez par l'âge du capitaine

Le Voyage à Nantes a présenté lors du 3ème conseil des acteurs du tourisme, lundi dernier, les résultats d’une étude aux objectifs multiples. L'un de ceux-ci était d’estimer le nombre de touristes ayant fréquenté Nantes pendant l’été 2011.

Si ce souci documentaire est louable, la méthode employée laisse perplexe : les calculs ont été effectués d’après une enquête auprès de 1.624 promeneurs, moyennant un redressement calculé « à partir de la fréquentation des principaux sites touristiques qui font l’objet d’un suivi mensuel ». On attend avec curiosité l’avis des statisticiens sur cette démarche inédite, élaborée par un cabinet nantais plus familier du « quali » que du « quanti ». Et l’on se demande pourquoi on n’a pas consulté plutôt l’Observatoire régional du tourisme, qui dispose déjà de statistiques détaillées.

En juillet-août 2011, indique l’étude, l’agglomération nantaise aurait vu passer 200.000 visiteurs résidant et travaillant hors de ses vingt-quatre communes, dont 36.500 étrangers. Un chiffre étonnamment bas. « En 2007, plus de 2 millions de touristes ont été accueillis », lisait-on ainsi dans le n°17 de Nantes Métropole (septembre-octobre 2008). Quatre ans plus tard, pendant les deux mois d’été, on n’aurait pas dépassé un dixième de ce chiffre ? Cela concorde mal avec les relevés de la DGCIS et de l’Insee.

L’un des autres objectifs de l’étude est de fournir des « bases pour estimer l’impact sur la fréquentation et les retombées économiques de l’événement 'Le Voyage à Nantes' à l’été 2012 ». Et là, coup de chance, ce résultat désastreux va faciliter le travail de l’équipe de Jean Blaise. On y reviendra demain.

15 décembre 2011

L’université bretonne victime de l’idéologie ligérienne

Parfois, les échecs font réfléchir. Un peu. Dans un entretien avec Jean-Damien Fresneau publié par Presse Océan, Christophe Clergeau, chargé de l’économie au conseil régional des Pays de la Loire, propose de constituer une « université armoricaine » avec l’Université de Rennes. Cette idée lumineuse lui est venue après l’échec de la candidature régionale à l’appel d’offres Initiative d’excellence (Idex).

« Cet appel à projets désavantage une proposition fondée sur un réseau universitaire qui présente l’originalité d’associer les établissements universitaires des deux régions Pays de la Loire et Bretagne », note-t-il. Il est bien temps de s’en apercevoir : pour avoir tenté de bricoler un dossier birégional, et s’être entêtés à la session de rattrapage, les Pays de Loire n’ont rien eu et ont entraîné la Bretagne dans le naufrage.

L’université armoricaine telle que la rêve à présent M. Clergeau aurait-elle mieux fait ? Il préconise une organisation fédérale avec « une stratégie unique et une autonomie totale des universités dans l’application de cette stratégie ». Au mieux, une usine à gaz. Au pire quelque chose comme les critères de Maastricht : une règle unique que chacun viole à sa manière.

Une Université de Bretagne réunie, héritière de celle de François II, aurait une autre allure et une vraie visibilité internationale. La région des Pays de la Loire est un handicap pour toute la Bretagne et pas seulement pour Nantes.

14 décembre 2011

Le Carrousel à mi-chemin

Le permis de construire du Carrousel des mondes marins a été délivré le 13 mai dernier. L’attraction doit être inaugurée le 14 juillet prochain. Nous voilà à mi-chemin entre ces deux dates : sept mois se sont écoulés, il en reste sept pour finir les travaux.

Où en est-on ? Le béton du manège est achevé, celui de La Déferlante, nécessaire à son exploitation, est commencé. L’axe du carrousel est en place. Restent les charpentes et bardages bois, les menuiseries intérieures et extérieures, la serrurerie, l’isolation, l’étanchéité, la couverture, les échelles d’accès aux terrasses, les garde-corps, l’électricité, la plomberie, le chauffage, la ventilation, l’installation des panneaux photovoltaïques, la mécanique et la mise en place des animaux marins. Le Carrousel sera ensuite soumis aux contrôles de sécurité obligatoires. Puis il pourra ouvrir ses portes.

C’est presque fait.

12 décembre 2011

Un Manège à géométrie variable

Moins angoissante que celle de l’avenir de la zone euro, la question intrigue quand même les observateurs : Quelle sera la hauteur du Manège des mondes marins ?

On l’a noté ici, si Pierre Orefice avait annoncé à Daniel Morvan (Ouest France du 22 juin 2010) qu’il serait « haut de 27 mètres », l’avis de marché officiel publié début 2011 décrivait un « ouvrage circulaire d’une vingtaine de mètres de diamètre ».

On dispose à présent d’informations plus précises, si l'on peut dire. Le permis de construire s'est tardivement décidé à indiquer la hauteur de la construction, soit 22 mètres :


Mais le panneau de chantier détaillé dressé à trois pas de là évoque une hauteur de 23 mètres :


Un peu plus loin, un autre panneau fixé sur la palissade du chantier hausse le Manège jusqu’à 25 mètres :

Tandis que le croquis dressé de sa blanche main par François Delarozière et reproduit sur les deux panneaux précédents annonce précisément 20,7 mètres à la pointe de la vigie :
Résumons : 20 m, 20,7 m, 22 m, 23 m, 25 m, 27 m, soit quand même 35 % d'écart entre les deux chiffres extrêmes... Aucun doute, la marée se fait sentir jusqu’à Nantes.

11 décembre 2011

Les Luxés

La catapulte à pianos de Royal de Luxe a repris du service samedi cours Saint-Pierre. La manifestation n’a attiré que quelques centaines de spectateurs et de toute évidence le cœur n’y était pas vraiment.

La machine date de plus de quinze ans. Les esprits ont évolué depuis Peplum ou Le Grand répertoire. Aujourd’hui, écrabouiller un piano désaccordé fait moins rire. On se demande plutôt comment le recycler. La Villa Déchets est davantage dans l’air du temps que la catapulte. Peut-être aussi éprouve-t-on plus de respect pour le travail du facteur, des accordeurs, des musiciens qui ont donné à l’instrument le meilleur d’eux-mêmes. Avec les pianos, en somme, c’est Mozart qu’on assassine.

Royal de Luxe a tendance à se répéter. Cela ne prête pas trop à conséquence pour les Géants, qu’on aime toujours revoir. La catapulte d'hier, en revanche, rappelle un peu le sketch de la valise dans Les Bronzés.

Le Voyage à Nantes : la verticale du flou ?

« Pour capter le touriste, Jean Blaise prend le pari que la ville de Jules Verne a de la ressource », écrit Hélène Hamon dans le magazine en ligne Fragil. « Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, la Fabrique, les Beaux Arts, les touristes n’auront apparemment que l’embarras du choix pour visiter. » Cet embarras sera toutefois très simplifié en 2012 : le musée des Beaux-arts ne rouvrira pas avant le printemps 2014 et La Fabrique n’est pas un lieu voué aux visites, hormis une salle d’exposition en haut du bâtiment A.

Reste le Mémorial. Le touriste désireux de déchiffrer en totalité les textes gravés sur les fameuses plaques de verre pourra y passer la journée. Mais comme il s’agit de textes publics qu’il pourrait lire chez lui dans son fauteuil, on peut douter que cette perspective passionne les foules. Décidément, le Voyage à Nantes est mal parti.

« On fait le pari que cette idée de voyage peut donner un plus à Nantes, et que les gens auront de quoi faire en venant ici », insiste néanmoins Jean Blaise. Un pari à 13 millions d’euros d’argent public, quand même ! Joue-t-on cela à pile ou face ? Le projet du Voyage à Nantes ne semble pas beaucoup mieux ficelé que celui de Willy Wolf. Qui aura la charité de retenir Jean Blaise avant le plongeon ?

09 décembre 2011

Nantes, la belle endormie ? (6) Encore des somnolences diurnes

La pseudo-belle endormie nantaise n’en finit pas de se réveiller, même si Bordeaux tient toujours la corde. Voici quelques épisodes de somnolence enregistrés ces derniers jours.
  • « Quand la belle endormie se réveille ! » s’exclame le site Enfants en famille en annonçant le Carnaval de Nantes 2012.
  • Un autre site web, The Créateurs, évoque « Une balade estivale dans la belle endormie » à propos d’un film lauréat du prix SFR Jeunes talents sur le thème « Votre vision de Nantes et des environs ».
  • Tryskel, contributeur du forum Liens utiles, salue Jean-Marc Heyrault [sic], car « les nantais l’aiment bien (c’est son 3ème mandat), ils le créditent d’avoir réveillé Nantes la ‘Belle Endormie’ qui végétait un peu [...]. »
  • …Et le gagnant du jour est Marie-Cécile Gessant, maire de Sautron qui, tout en critiquant vertement le coût exorbitant des futurs lampadaires de la place Graslin, déclare : « Jean-Marc Ayrault a su réveiller la belle endormie ». Jean-Pascal Hamida, qui rapporte ses propos dans Presse Océan de ce matin, explique qu’il s’agit du « surnom de Nantes il y a 30 ans ».
Eh ! non : en réalité, c’est un qualificatif appliqué rétroactivement dans les années 1990 à la ville d’avant 1989. Une légende fabriquée, façon encyclopédie soviétique ! Pour en savoir plus :
Nantes, la belle endormie ?

De bon (in)augure

« Le mémorial à l’abolition de l’esclavage sera inauguré au final le 24 mars », indique Ouest France suite à une annonce de Jean-Marc Ayrault. Une inauguration, en général, c'est un début. À Nantes, c’est un « final » ! « À l’origine, ce lieu de mémoire devait être inauguré le 1er décembre », ajoute le quotidien*. « À l’origine »,  c’est-à-dire quand ?
  • Quand la ville de Nantes a décidé d’ériger un monument commémoratif de l’esclavage, en 1998 ? Personne n’aurait pu imaginer alors qu’on en parlerait encore au futur treize ans plus tard.
  • Ou bien quand le conseil municipal a choisi le projet de Bonder et Wodiczko, en 2003 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré fin 2006.
  • Ou bien lors du lancement des premiers appels d’offres, en juillet 2006 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré en 2009.
  • Ou bien lors de la pose de la première pierre, en février 2010 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré à l’été 2011.
  • Ou bien la première fois qu’une date d’inauguration précise a été mentionnée, début 2011 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré le 21 octobre 2011 à l’occasion de la Convention nationale des avocats.
  • Ou bien la première fois qu’une date d’inauguration a été annoncée officiellement par les pouvoirs publics, en mai 2011 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré le 1er décembre 2011. Les petits fours étaient commandés.
 Finalement, ce sera le 24 mars 2012. Cette fois, c’est sûr.
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* Tout comme la mairie de Nantes, dont le site web indique que l’inauguration était « initialement prévue jeudi 1er décembre 2011 ».

08 décembre 2011

HAB c…rie

Mais qui donc choisit les noms des structures touristiques nantaises ? Le Voyage à Nantes, on l'a dit, est une appellation qui annonce des déceptions. L’équipe de Jean Blaise vient de faire encore plus fort en rebaptisant « HAB galerie » son espace d’exposition du Hangar à bananes.

HAB est là pour « Hangar à bananes ». Mais ce clin d’œil nanto-nantais échappera au touriste international. Pour ce dernier, ardemment sollicité par Le Voyage à Nantes, HAB galerie rime plutôt avec HAB theory.

Cette théorie avancée par Hugh Auchincloss Brown (HAB) a acquis une grande notoriété dans le monde anglophone avec la publication en 1976 de The HAB Theory, roman-catastrophe du célèbre écrivain américain Allan W. Eckert, disparu voici quelques mois. Selon HAB, l’accumulation des glaces aux pôles déséquilibrerait progressivement la Terre jusqu’à ce qu’elle bascule. Ce cataclysme surviendrait tous les 4.500 à 7.000 ans. Il expliquerait la disparition soudaine des grandes civilisations. Et il y a 7.000 ans qu’il ne s’est pas produit…

C’est gai.

Est-ce pour conjurer le sort que la première exposition organisée à la HAB galerie est intitulée « Le réel est inadmissible, dʼailleurs il nʼexiste pas » ?

05 décembre 2011

Nantes et la Loire (4) : Poule au sec mais poule mouillée quand même

« La mairie de Nantes passe à l’acte » : belle ouverture d’un article de Rémi Certain dans Presse Océan ce matin. S’agissant d’une municipalité élue en mars 1989, il était bien temps en effet ! Foin de mauvais esprit pourtant : l’acte en question, la pose de barrières anti-Loire le long du quai de la Fosse et du quai Ernest-Renaud, a été fulgurant puisqu’il fait suite à des noyades survenues les 3 et 4 décembre. Les 3 et 4 décembre 2010, certes, mais qu’est-ce qu’une année pour une cité qui se passait de cet équipement depuis quelque chose comme quatre mille ans ?

Le passage à l’acte se borne pour l’instant à une décision de principe ; les barrières ne seront là qu’à l’été 2012. Les imprudents sont priés de patienter. Cependant, six mois pour exécuter la décision, cela paraît rapide quand il a fallu un an pour la prendre.

Les barrières feront 1,10 m de haut. Appelons cela une demi-mesure : 1,10 m, c’est trop facile à franchir. Pour éviter tout risque, un mur de 2 m surmonté de barbelés eût été plus efficace. Et plus encore un comblement définitif, parachevant l’œuvre des années 1930.

Bien sûr, les noyades sont des drames, on comprend l’émotion des familles. Mais isoler la ville de son fleuve est une décision aux implications culturelles colossales. Comme on l’a déjà noté ici l’an dernier avec un triptyque ligérien (La crue et la cuite, Les anneaux de la mé-Loire, Le tirailleur sénégalais du pont Anne de Bretagne), la municipalité nantaise avait vis-à-vis de la Loire une attitude de poule qui a trouvé un couteau. Elle a finalement fait son choix : un couteau, c’est dangereux, au placard le couteau !

04 décembre 2011

On n’en peut plus d’attendre Estuaire

« Estuaire ne commencera vraiment qu’en 2011 », disait Jean Blaise dans le numéro 15 de Place publique. Puisque l’année va se terminer, il serait grand temps de commencer. Alors, voici une proposition honnête. M. Blaise, vous vous réjouissiez que 4,4 millions d’euros, sur les 7,3 millions du budget d’Estuaire 2007*, « retournent directement dans l’économie locale ». Vous pouvez faire mieux : confiez moi seulement la moitié de cette somme, et je vous fais un Estuaire 2012 où, en plus, la rémunération de l’artiste – moi-même – restera sur place.

Vous voulez un échantillon des œuvres ? En voici trois – trois seulement, car je n’ai que 5 minutes à leur consacrer, mais vous en trouverez d’autres dans mon post du 5 juin 2009. On notera que ces œuvres estuariennes réjouissent deux sens à la fois : l’œil, mais aussi l’ouïe, le goût ou l’odorat.
  • Cucuniculture : 2.012 petits lapins en chocolat fournis par un grand pâtissier nantais (appel du pied à MM. Gilbert Debotté, Jacques Chauvelon, Vincent Guerlais et confrères) sont alignés en file indienne le long du canal de La Martinière. C’est une œuvre évolutive, avec la participation des visiteurs, en fonction de leur gourmandise. Et une œuvre semi-pérenne : longtemps, on trouvera du chocolat fondu entre les pavés. Si le budget le permet, on pourra porter le nombre de petits lapins à 2.684, soit le numéro du département multiplié par l’âge du capitaine Blaise l’an prochain.
  • Barre-bac : sur le quai du Pellerin, 2,012 tonnes de carcasses d’animaux morts, provenant d’élevages locaux via un équarrisseur local, forment une pyramide qu’on doit contourner pour accéder aux cales. La création n’est pas dans l’installation mais dans sa décomposition progressive, support d’une réflexion sur la condition humaine (« Hélas ! Pauvre Yorick ! »). C’est une aussi une œuvre semi-pérenne : même quand le dernier rat aura rongé les dernières chairs et le dernier chien errant volé le dernier fémur, l’odeur imprégnera longtemps les lieux, pour la plus grande fierté des Pellerinais.
  • Éole & Heol : à Paimbœuf sont installées une éolienne et une série de capteurs solaires, alimentant deux puissants sound systems. Le premier, qui fonctionne jour et nuit en fonction du vent, diffuse en continu l’album Night and Day de Joe Jackson. L’autre, qui fonctionne le jour en fonction du soleil, diffuse en diurne le Dies Irae de Berlioz. Comme les sons portent loin sur l’eau, on entend les haut-parleurs jusqu’à Saint-Nazaire et Nantes, en tendant l’oreille : en voilà bien, de l’Estuaire ! Tout cela réjouit tant les Paimblotins que l’installation est placée sur une barge au milieu de la Loire, plutôt que sur les quais du port, pour éviter leurs débordements d'affection. Cette œuvre est non seulement pérenne mais durable puisqu’elle utilise des énergies renouvelables. Ça compense largement Notre-Dame-des-Landes.
Hélas, M. Blaise, je sais déjà ce que vous allez me répondre : contrairement à la meute de loups ou aux oiseaux musiciens d’Estuaire 2009, ce ne sont pas des œuvres d’art car il leur manque l’intention artistique. Avec l’art, c’est l’intention qui compte. Cette intention-là sait même compter jusqu’à des six et sept chiffres en euros.
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* En réalité 8,8 millions d'euros, a révélé la Chambre régionale des comptes dans un récent rapport.

02 décembre 2011

Du Mémorial au tribunal

D’un côté de la Loire, le palais de justice attend toujours qu’on lui change ses baies vitrées brisées par une main anonyme voici près d’un an.
De l’autre côté de la Loire, les lames de verre inutilisables s’entassent tristement sur le site du Mémorial à l’abolition de l’esclavage.

Qu’attend-on pour boucher les trous de l’un avec les rebuts de l’autre ?

01 décembre 2011

Cycliste à Nantes : (4) la traîtrise du Connétable

Le cours Olivier de Clisson, qui tranche en deux l’île Feydeau, paraît tout simple : les voitures d’un côté, le tramway de l’autre, les piétons de chaque côté. Et les cyclistes ? Quand on aborde le cours par le Nord, c’est clair : une belle piste cyclable à double sens longe les rails du tram. Son entrée, sur le rond-point qui forme l’extrémité nord du cours, est clairement signalée par un panneau et un marquage au sol.

Ensuite, plus rien. Rien ne signale la piste au cycliste qui vient du Sud. Pire, rien ne la signale au piéton innocent, qui voit des cyclistes débouler sur « son » trottoir.

Et pour le cycliste qui vient du Nord, la fin de piste est énigmatique. Elle s’achève sur un feu tricolore*. Où aller ensuite ? Tout droit, dans la continuité du cours, vers le boulevard Jean-Monnet, toujours le long des rails du tram, pourrait-on croire. Erreur ! Un panneau réserve l’endroit aux piétons**.

Le cycliste n’a donc d’autre choix que de tourner à gauche ou à droite sur le boulevard Jean-Philippot. Mais s’il choisit la droite, il doit franchir les rails de tramway qu’il longeait. Or le feu de la piste cyclable passe au vert (à l’orange clignotant, en réalité, vous ne pourrez pas dire qu'on ne vous a pas prévenu) précisément quand le tramway arrive, face à lui, comme ici, ou dans son dos. Tant pis pour l’étourdi.
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 * Muni d’un bouton d’appel sur lequel on lit : « Piétons, appuyez » !
** Rectificatif : comme le fait remarquer Colibri dans un commentaire de ce post, le panneau indique une aire piétonne, or l'article R431-9 du code de la route dispose que "les conducteurs de cycles peuvent circuler sur les aires piétonnes, sauf dispositions différentes prises par l'autorité investie du pouvoir de police, à la condition de conserver l'allure du pas et de ne pas occasionner de gêne aux piétons".

25 novembre 2011

Un tramway nommé farcir

Les bobos ont découvert la gastronomie sur le tard et mettent les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Après la création d’un service de promotion culinaire au Lieu Unique, Jean-Luc Courcoult veut transformer une rame de tramway en restaurant. Pourquoi un restaurant et pas un bureau de poste, un salon de coiffure, une crémerie ? Royal de Luxe avait été plus audacieux avec Cargo 92 : il avait aménagé une rue entière dans la coque du Melquiadès.

Ce recyclage local d’une idée vieille de près d’un siècle et demi (le premier wagon-restaurant a ouvert en 1868) fait un peu pauvre. S’il veut faire preuve de créativité, Courcoult ferait mieux de transformer un restaurant en tramway.

On se demande aussi quel genre de cuisine on pourrait servir dans un tram. Certes, les bons cuisiniers font des miracles en peu d’espace, mais comme le trajet Beaujoire-François-Mitterrand ne demande pas plus d’une demi-heure, l’établissement serait fatalement dans le registre du fast-food.

C’est encore trop pour les syndicats de la TAN, qui trouvent qu’on manque déjà de rames de tram. Courcoult va devoir servir les plats dans un busway. Si ça ne marche pas, il pourra toujours devenir livreur de pizzas.

24 novembre 2011

Le Carrousel avance, mais la Déferlante est lente

La construction du Carrousel des Mondes marins avance à toute allure, se réjouit unanimement la presse. C’est vrai, DLE est une entreprise sérieuse. MM. et Mmes Christian Chunet, Elton Guembethé, Jean-Pierre Drouaud, Grégory Noël et autres bâtisseurs immortalisés sur les palissades du chantier font du bon travail.

Mais le manège n’est pas tout : où est donc La Déferlante ? Pour l’instant, on n’en voit pas grand chose. Ce bâtiment complémentaire du Carrousel serait-il en retard ? Voilà qui serait fâcheux. Car, Le Voyage à Nantes l’a écrit en toutes lettres dans ses appels d’offres, ces locaux sont « nécessaires à l'exploitation du carrousel ».

Il ne servirait donc à rien d’achever le Carrousel dans les temps si l’indispensable Déferlante n’était pas là pour permettre son exploitation.

23 novembre 2011

Pub Graslin

La municipalité nantaise s’apprête à chasser les automobiles de la place Graslin. Mais elle y introduit la publicité. Sous prétexte de Royal de Luxe, elle accorde le centre de la place à un livre publié par une maison d’édition commerciale. Au tarif des panneaux d’affichage dans l’avant-Noël, l’emplacement peut valoir des milliers d’euros. En cette saison d’impôts locaux, on espère qu’Actes Sud aura versé son écot au budget de la ville de Nantes.

17 novembre 2011

Mémorial au Mémorial

Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) est l’une des universités les plus prestigieuses du monde. Krzysztof Wodiczko, concepteur du Mémorial à l’abolition de l’esclavage, y est professeur « émérite » au sein du département d'arts graphiques.

Le trombinoscope de l’université détaille son œuvre, laquelle comprend un « Memorial to the Abolition of Slavery, Nantes France, […] to be opened in 2009 ». Un Mémorial qui ouvrira en 2009… Qui osera leur expliquer la réalité de la situation ?

16 novembre 2011

Cycliste à Nantes : (3) Les aventuriers de l’Arche-sèche, le retour

On a vu hier comment se présente la rue de l’Arche-sèche depuis la place du Cirque. Qu’en est-il dans l’autre sens, depuis la place Royale ? La signalisation est claire : elle est interdite à tout véhicule sans exception. Vous pensiez que la circulation des cyclistes à contresens était autorisée, comme indiqué à l’entrée de la rue place du Cirque ? Vous aviez tort.

Du moins, vous aviez tort pendant cinquante mètres. Avant de passer sous la rue de Feltre, la rue de l’Arche-sèche devient tout à coup autorisée aux cyclistes, comme on le voit ci-dessous sous le panneau de sens interdit. On ne sait d’où viennent lesdits cyclistes, puisqu’aucune voie de circulation ne leur permet d'arriver là. Ce sont sans doute des piétons qui tenaient leur vélo à la main. On peut toujours rêver.

Au sol, un unique marquage paraît mis là pour amorcer le mouvement. Quelques mètres plus loin, sous le pont, la voie se resserre. Croiser une automobile devient risqué. Mais pas de piste cyclable, plus rien qui protège l’audacieux. Il lui faut vivre dangereusement pendant vingt mètres. S’il parvient au pied du marché de Feltre, il est sauvé : la rue s’élargit, et maintenant qu’elle est moins indispensable, une piste cyclable apparaît. Du moins jusqu’au prochain rétrécissement, sous la rue des Deux-ponts.

15 novembre 2011

Cycliste à Nantes : (2) Les aventuriers de l’Arche-sèche

Au volant de votre automobile, vous quittez le cours des 50 otages place du Cirque pour emprunter la rue de l’Arche-sèche. Vous franchissez les rails du tramway après vous être assuré qu’aucune rame n’approchait, vous veillez à la priorité des véhicules sortant du parking Bretagne sur votre droite et vous surveillez les piétons qui traversent en tous sens cet espace au statut incertain.

Vous avez 3 secondes pour repérer l’information qui pourrait sauver la vie à l’un de vos concitoyens. Vite !

Dans un paysage aussi complexe, il faut un œil d'aigle pour noter que la circulation des cyclistes à contresens est autorisée. Et comme la rue est en courbe vers la gauche, si vous n’avez pas vu le petit panneau, pourquoi verriez-vous davantage le cycliste qui arrive face à vous, fort de son bon droit ?

11 novembre 2011

Blaise et le jargon

Jean Blaise vient de publier chez Lulu.com une nouvelle édition de son Dictionnaire du jargon d’entreprise, jargon qu’il qualifie de « discours de tartuffe par excellence que le ridicule ne tue pas ».

Vous voulez dire des expressions du genre « politique culturelle exemplaire », « concrétiser la destination », « atouts-phares d’attractivité » et autres « levier de développement » ?

Mais non, voyons, ça c’est du jargon touristico-municipal. Il ne faut pas confondre ! De même qu’il ne faut pas confondre les Jean Blaise : celui du dictionnaire est un jeune cadre qui n’a rien à voir avec celui à qui vous avez peut-être pensé.

10 novembre 2011

Le Mémorial de l’esclavage, victime de l’amateurisme ou d’une malédiction vaudoue ?

D’accord, c’est tirer sur une ambulance. Mais quand même, le feuilleton du Mémorial à l’abolition de l’esclavage devient grotesque. Hier matin encore, sur les sites web officiels de Nantes Métropole, de Nantes Tourisme et de la mairie de Nantes, l’inauguration en grande pompe du monument était annoncée pour le 1er décembre.

Ce n’était déjà pas brillant, comme le montre le calendrier ci-dessous. Mais voici que tout à coup, trois semaines pile avant la date bruyamment claironnée, on arrête tout !

Les lames de verre qui formaient le cœur du projet sont, paraît-il, inutilisables. Leur réalisation, pour la bagatelle de 1.141.490 euros hors taxes, soit 24.815 euros par lame, avait été confiée à une entreprise italienne, qui apparemment l'avait sous-traitée auprès d’une entreprise espagnole, laquelle aurait gâché le travail.

La mise à jour du calendrier du mémorial publiée ici le 17 mai n’est plus valable. En voici donc une nouvelle :
  • 1998 : Le conseil municipal de Nantes décide d'ériger un monument à l'abolition de l'esclavage.
  • 2000 : Un comité de pilotage rédige un cahier des charges et présélectionne des artistes.
  • 2003 : Le projet de Krzysztof Wodiczko est retenu par le conseil municipal.
  • 2004 : Wodiczko vient à Nantes régler les détails du projet qui doit être achevé fin 2006.
  • 2005 : Nantes Métropole adopte le programme de réalisation.
  • 2006 : Lancement d'appels d'offres (BOAMP du 8 juillet).
  • 2007 : Rien n'est encore fait, mais Nantes Métropole vote une augmentation du budget (conseil du 9 mars).
  • 2008 : Rien n'est encore fait, mais Nantes Métropole demande une réduction du budget. Appel d'offres infructueux.
  • 2009 : Lancement d’un nouvel avis de marché (BOAMP du 11 mars 2009).
  • 2010 : Début du chantier en février, pose de la première pierre le 10 mai pour ouverture à l’été 2011 (l’avis de marché prévoyait 18 mois de travaux à compte de la date d’attribution, le 8 janvier 2010).
  • 2011 : L’inauguration est repoussée au 21 octobre, au cours de la Convention nationale des avocats organisée à Nantes. Suite à un « retard technique » [sic], l’inauguration du monument est à nouveau repoussée au 1er décembre. Suite à des « malfaçons » elle est repoussée à une date indéterminée.
  • 2012 : Tous les espoirs sont permis.

Poisson d’Avril et Fiteau !

On a commencé à rénover la maison Avril et Fiteau, à côté du nouveau palais de justice. L’achèvement des travaux est prévu pour la mi-2012. Il était temps. Son propriétaire, Promogim, avait annoncé en 2008 qu’elle serait prochainement « rénovée et remise en état ».

La Société d’aménagement de la métropole Ouest-Atlantique (Samoa), pour sa part, avait promis une complète réhabilitation en 2010. Apparemment, elle n’a pas mis le retard à profit pour se documenter sérieusement sur ce logement de fonction du directeur d’une usine chimique voisine. « C'est une maison de style Directoire, bâtiment en structure de bois à surélévation centrale au niveau du faîtage, et une cheminée en briques cerclée d'anneaux de fer », lit-on encore sur son site consacré à l’île de Nantes.

Sur la version en anglais du site, c’est même toute la maison qui est en bois (« made of wood »), à en croire la Samoa.

09 novembre 2011

IDEX : le boulet ligérien

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a publié lundi la liste des cinq projets repêchés dans le cadre de l’appel d’offres « Initiatives d’excellence » (Idex). Une opération qui doit aboutir à distribuer 7,7 milliards d’euros à quelques « pôles pluridisciplinaires d'excellence d'enseignement supérieur et de recherche de rang mondial » (ouf !).

Au premier tour, avaient déjà été retenus des projets de Grenoble, Lyon-Saint-Étienne, Toulouse et Paris. Au second, les élus sont localisés à Paris (trois projets), à Aix-Marseille et en Lorraine. Tout l’Ouest de la France est donc ignoré, et la Bretagne en particulier.

« Il semble que les projets retenus se concentrent sur une grande ville », note Guy Cathelineau, président de Rennes I, cité par Gaspard Norrito dans Ouest France. Ce n’était pas le choix des régions Bretagne et Pays de la Loire. Elles avaient tenté d’assembler un projet commun réunissant leurs deux pôles de recherche et d’enseignement supérieur, UEB et L’UNAM, un animal étrange étalé sur plus de 300 km entre Brest et Le Mans.

Les projets non retenus seront informés avant le 15 novembre des raisons de leur échec. Les porteurs du projet ligéro-breton oseront-ils les exposer publiquement ? Les paris sont ouverts. Quatre critères principaux devaient présider au choix du jury :
  • Excellence en matière de recherche ;
  • Excellence en matière de formation et capacité à innover ;
  • Intensité des partenariats avec l'environnement socio-économique et au niveau international ;
  • Capacité de la gouvernance à mettre en œuvre efficacement la stratégie du projet : objectifs et trajectoire, politique des ressources humaines, allocation des moyens. 
 Les universités de Nantes, de Rennes et de Brest n’ont rien à se reprocher, au moins concernant les deux premiers critères. Ce qui pèche, c’est clairement le quatrième. Même la région des Pays de la Loire s'en est aperçue. « La gouvernance du projet est en train d'être repensée », reconnaissait-elle après le premier essai infructueux, début 2011. « Dans le projet initial, les deux PRES L’UNAM et UEB […] devaient assurer le pilotage. La nouvelle version devrait être plus ramassée pour plus d'équilibre et de réactivité. »

En clair : L’UNAM a plombé le projet. La région des Pays de la Loire est un handicap pour toute la Bretagne et pas seulement pour Nantes.

Extermine les brigands jusqu’au dernier

Reynald Secher présentait hier au Bretagne son dernier livre, Vendée, du génocide au mémoricide (éditions du Cerf). Il a expliqué pourquoi, à son avis, les événements de 1794 en Vendée étaient un génocide au sens du droit international, et comment la République, qui n’en était sans doute pas trop fière, avait ensuite tenté de camoufler les faits – ce qu’il appelle le « mémoricide ».

Les documents d’époque dénichés par l’historien aux Archives nationales et reproduits dans son livre sont accablants. Parmi eux figure une lettre du 18 pluviose an II (6 février 1794) adressée par Lazare Carnot au général Turreau, concepteur des « colonnes infernales ». Au nom du Comité de salut public, Carnot y valide le plan du général et précise : « Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir ».

L’avenue Carnot est l’une des plus importantes de Nantes. Quoi ? À une époque si prompte aux repentances, on honorerait, sur les lieux mêmes, un homme qui a couvert des massacres massifs de civils ? Qu’on se rassure : cette avenue Carnot-là honore le président de la république Sadi Carnot, assassiné en 1894. C’était le petit-fils de Lazare Carnot, mais on n’est pas responsable des crimes de ses ancêtres, n’est-ce pas ?

Il y a bien eu jadis une rue Carnot du côté de Saint-Donatien. Elle a disparu depuis longtemps. Il est vrai que Carnot n’avait que faire de cet honneur : son corps repose au Panthéon depuis 1889. Merci grand-père !

08 novembre 2011

Nantes, la belle endormie ? (5) Une anesthésie qui laisse des traces

Dans toute bonne école de com’, on enseigne que les messages négatifs sont périlleux. Si l’on dit « Nantes n’est plus une belle endormie », certains comprendront inévitablement que Nantes est une belle endormie. Ça n’a pas loupé. Voici quelques exemples récents :
  •  « Nantes, surnommée la Belle endormie, est une très belle ville à visiter sans modération » -- Sixt (loueur de voiture), communiqué du 19 août 2011.  
  • « L'image de Nantes 'la belle endormie', en prend un gros coup » -- Hugues Frioux, président d’une association de commerçants nantais, à propos du meurtre de Laëtitia Perrais, dans Le Journal des entreprises, 4 avril 2011.  
  • « Nantes, la belle endormie qui rève d'une gare moderne, comme celle de Rennes (10 ans après) » -- un participant au forum du Web des cheminots, 19 octobre 2010. 
  • « Et ça a commencé par un premier retour dans ma ville de cœur, Nantes, belle endormie, Venise de l’Ouest » -- Yllwngg, auteur du Da Yllwngg Blog, 30 mai 2011.  
  • « Toutes saisons confondues 'La belle endormie' fourmille, essaime et récolte son nectar artistique à point nommé » -- Idîle, magazine de Nantes et sa région, 12 octobre 2011.  
  • « Pour The Cash Stevens, l’opportunité de jouer a changé et ils sont conscients de la baisse de représentation qu’il peut y avoir aujourd’hui quand il y a 20 ans on pouvait encore jouer à loisir dans les bars de Nantes. Nantes qu’ils appellent ‘La belle endormie’. » -- Media-web, site web d’informations régionales, 30 août 2011.  
  • « Régine Vix vit à Nantes dans cette ville dite la belle endormie aux contrastes et lumières tous les jours renouvelés. » -- Zee-art, site web de critique artistique, 4 novembre 2011.
« La belle endormie » figure aussi, au présent, à propos de Nantes dans des sources d’informations plus générales comme la « Liste de périphrases » du site web Écholalie ou la « Liste de périphrases désignant des villes » de Wikipédia.

Ainsi, la ville est plus souvent considérée comme assoupie aujourd'hui qu'à l'époque mythique où l'on dit qu'elle l'a été ! Ceux qui ont lancé la fable de la belle endormie ont finalement causé du tort à l'image de Nantes.

07 novembre 2011

Nantes, la belle endormie ? (4) Il faut que je me rappelle bien que j’ai dormi

Le narrateur de La Recherche du temps perdu a une vieille tante qui prétend ne jamais dormir. Mais de la chambre voisine, il l’entend dire au réveil : « Il faut que je me rappelle bien que je n’ai pas dormi ». Nantes, au contraire, doit se rappeler qu’elle est supposée avoir dormi. « La belle endormie » est un thème récurrent dans la communication de Jean-Marc Ayrault.

« Lorsqu'on parle de Nantes, on ne dit plus la belle endormie », affirmait le maire de Nantes au cours de la campagne municipale de 1995, selon Les Échos du 18 mai 1995.  On dirait que l’image est restée calée dans son rétroviseur. « Comme un premier de la classe fier d'exhiber sa copie impeccable, Jean-Marc Ayrault, 58 ans, aime à rappeler que, il y a vingt ans, Nantes était surnommée 'la belle endormie' », écrivait à son tour Le Journal du dimanche en 2008. « Il y a vingt ans, avec la fermeture des chantiers navals, Nantes était une ‘belle endormie’ » proclamait-il lui-même devant la World Investment Conference en 2009.

Les subordonnés et les thuriféraires du maire ont embouché jusqu'à nos jours la même trompette passéiste. Comme signalé ici, Le Voyage à Nantes vient de faire diffuser un communiqué intitulé « Nantes, de la Belle endormie à la Belle éveillée ». On peut toujours lire sur le site web de Nantes Métropole une déclaration de la majorité communautaire qui sacrifie au cliché.

Deux livres ont même consacré celui-ci : Nantes. De la belle endormie au nouvel Eden de l'Ouest(1) et un récent opus intitulé Nantes, la belle éveillée(2), mais dont le prière d’insérer annonçait : « De l’image de 'la Belle endormie' qui lui collait à la peau dans les années 1980, Nantes a, de l'avis de tous aujourd'hui, des allures de 'Belle éveillée' ». Largement reprise dans la presse et sur le web malgré sa syntaxe lamentable, cette phrase a ravivé la fable de la Belle endormie. Elle est pourtant inexacte puisque l'image « rétroactive » de la belle endormie ne date que des années 1990.
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(1) Isabelle Garat, Patrick Pottier, Thierry Guineberteau, Valérie Jousseaume, François Madoré, Nantes. De la belle endormie au nouvel Eden de l'Ouest, Anthropos, 2005.
(2) Dominique Sagot-Duvauroux, Gérôme Guibert, Magali Grandet, Stéphane Pajot, Nantes, la belle éveillée, Éditions de l’Attribut, 2010.

05 novembre 2011

Nantes, la belle endormie ? (3) De la belle assommée à la belle hypnotisée

« Nantes, la belle endormie », on l’a vu hier, est une invention ex post facto. Décrit-elle néanmoins une réalité d’avant 1989 ?

La période n’était pas rose pour l’économie et le monde du travail nantais. Les chantiers navals, l’une des principales industries de référence locales depuis des siècles, avaient fermé en 1987. La biscuiterie et la conserverie cédaient du terrain. La BN avait quitté la ville et LU n’allait pas tarder à suivre, Amieux avait disparu, Cassegrain était croqué par Bonduelle… La ville était un peu groggy – pas endormie, plutôt assommée.

L’université de Nantes, en revanche, était en plein essor. Ses effectifs étudiants avaient presque doublé en une dizaine d’années. Les divertissement offerts étaient en retard sur cet afflux démographique. Les étudiants, qui de tout temps ont reproché leur tranquillité aux villes de province, n’avaient pas d’exutoire suffisant à leur vitalité. Quand on vit la nuit, le monde alentour paraît assoupi.

L’expansion universitaire avait aussi multiplié les « nouveaux instruits », comme il y a des nouveaux riches, souvent coupés de leurs racines culturelles populaires mais incapables d’accéder proprio motu à une culture élitiste pratiquée dans le secret des salons. Une fois leurs études terminées, ils pouvaient ressentir un certain engourdissement.

Avec le temps, l’économie nantaise allait se trouver de nouvelles lignes de force (l’une d’elles étant la ligne de TGV)*, l’offre de divertissement allait s’adapter à la demande étudiante, les plus toniques des nouveaux instruits allaient accéder à une culture autonome. La municipalité Ayrault n’y était pour rien. Peut-être n'était-elle même pas la mieux placée pour favoriser la revitalisation de l’économie, le jeu du marché et les pratiques culturelles individuelles. Elle a bénéficié après 1989 d’un mouvement dont elle n’a pas été le moteur.

Cependant, avec de grandes opérations événementielles comme les Allumées, elle a aussi apporté quelque chose de nouveau dans la ville, une culture « bling bling » qui fascine les nouveaux instruits comme une Rolex un nouveau riche. Mais appeler « réveil » cet effet hypnotique relève de l’antiphrase !
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* Dans un article du 20 avril 2000, LSA attribuait le « réveil de la belle endormie » au moins en partie à son dynamisme commercial, notamment à la création de plusieurs hypermarchés Leclerc par Michel Payraudeau et Robert Fourage.

04 novembre 2011

Nantes, la belle endormie ? (2) Chronologie d’une nuit blanche

Nantes, donc, aurait été une belle endormie. Depuis quand ?

Sans pousser très loin les recherches dans la littérature, on trouve qualifiées de « belle endormie » Bordeaux en 1969, Aix-en-Provence en 1981, Marseille en 1982, Hyères en 1891 ou Riom en 1890(1). On serait bien en peine de remonter aussi loin pour Nantes.

« La belle endormie se retrouve libérée le 12 août 1944 », titrait un jour Ouest France. Mais c’était en 2006 ! Même carambolage chronologique voici quelques semaines dans le dossier de presse d’Urban Textiles. « André Breton se laissait surprendre par la beauté de ‘La Belle Endormie' dans son ouvrage Nadja », y assure Albert Magister, directeur artistique de l’exposition photographique. On aura beau lire et relire le livre, paru en 1928, l’expression n’y figure pas.

En réalité, la presse n’a commencé à utiliser le cliché de la « belle endormie » à propos de Nantes que dans les années 1990. Le credo de Jean-Marc Ayrault est de « réveiller Nantes, ‘la belle endormie’ » assurait L’Express en octobre 1992, à côté d’un encadré intitulé « Comment faire parler d’une ‘Belle endormie’ ? » (réponse : en multipliant les spectacles). Le réveil n’était donc pas opéré à l’époque.

En 2004, en revanche, Le Point écrivait que « La grande ville industrieuse et marchande du début du siècle,[…] qui s'était doucement assoupie au fil des ans, laissant filer son activité économique vers l'aval du fleuve, s'est peu à peu réveillée. » Ce que confirmait Ouest France en titrant, le 4 août 2007 : « Nantes n’est plus la belle endormie ». La même année, pourtant, dans le n° 2 de Place publique, référence forcément sérieuse puisque subventionnée par Nantes Métropole, le géographe Jean Renard fixait la « date reconnue du réveil de 'la belle endormie' » à… 1977.

Le thème de la belle endormie, on l’a noté, est régulièrement brandi par les oppositions municipales contre les équipes en place. Dans le cas de Nantes, il n’a été utilisé que rétroactivement. On n'a fait de Nantes une belle endormie que pour prétendre l'avoir réveillée !
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 (1) Jean Claude Guillebaud et Pierre Veilletet, Chaban-Delmas ou l'Art d'être heureux en politique, B. Grasset, 1969 ; Franck Baille, Les petits maîtres d'Aix à la Belle Epoque, P. Roubaud 1981 ; Jean-Marie Homet, Astronomie et astronomes en Provence, 1680-1730, Édisud, 1982 ; Stephen Liégeard, La Côte d’Azur, Librairies-imprimeries réunies, 1891 ; Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, 1890.

29 octobre 2011

Nantes, la belle endormie ? (1) Perdue dans la foule des dormeuses

Nantes, nous répète-t-on, a eu été une belle endormie. Fort heureusement, un prince charmant l’a réveillée. « À partir de 1989, une majorité de gauche et de progrès réveilla Nantes, la belle endormie », lit-on ainsi sur le site web de Nantes Métropole*. Le Voyage à Nantes, on l’a vu avant-hier, a suivi. Ce conte de fées, que même certaines grandes personnes gobent, n’est pas original.

Il est même très classique de présenter sa ville comme une belle endormie quand on est dans l’opposition municipale et comme une belle réveillée une fois qu’on a conquis la mairie. Vingt minutes de recherche sur le web suffisent pour répertorier des belles endormies par dizaines.

En tête vient sans conteste Bordeaux, et non Nantes. Dès 1969, Jean Claude Guillebaud et Pierre Veilletet utilisaient l’expression dans Chaban-Delmas ou l'Art d'être heureux en politique (Bernard Grasset). Elle a été sans cesse reprise depuis lors, y compris pour évoquer un réveil depuis l’élection d’Alain Juppé à la mairie.

À quelque distance suivent avec une belle régularité Aix-en-Provence, Metz, Reims, Arras (« surnommée depuis plusieurs siècles 'La Belle Endormie’ », assure le site web du département du Pas-de-Calais), Rouen et Nantes, qui n’est donc pas trop loin de la tête de course.

Derrière, on trouve plus épisodiquement Aire-sur-la-Lys, Alençon, Angers, Angoulème, Arcachon, Auxerre, Avranches, Baccarat, Bar-le-Duc, Beaucaire, Bergerac, Bergues, Besançon, Béthune, Béziers, Bois Guillaume, Boulogne-Billancourt, Brest, Brouage, Caen, Chalon-sur-Saône, Chartres, Châteaulin, Chaville, Chennevières, Clermont-Ferrand, Clisson, Colmar, Compiègne, Crépy, Croix, Dignes-les-Bains, Dijon, Dole, Escalles, Fontainebleau, Grasse, Gray, Hesdin, Lamorlaye, Landerneau, La Rochelle, Lembeye, Le Touquet, Lille, Luisant, Lyon, Mandelieu-La Napoule, Marseille, Martigues, Menton, Mont-de-Marsan, Montauban, Montélimar, Montpellier, Morlaix, Moulins, Nancy, Neuilly-sur-Seine, Nice, Nîmes, Obernai, Offwiller, Orthez, Pau, Perpignan, Port-Vendres, Pougues-les-Eaux, Quimper, Riom, Romagnat, Roubaix, Royan, Saint-Amand-les-Eaux, Saint-Lizier, Sallanches, Sarlat, Saumur, Senlis, Sierck-les-Bains, Strasbourg, Toulouse, Tourcoing, Tours, Troyes, Uzès, Vannes, Verneuil-sur-Seine, Villecresnes, Vitré, Viviers, Wissembourg et même Paris. Et bien d’autres encore, certainement.

Encore ne s’agit-il là que des villes françaises : il faudrait y ajouter Alger, Bratislava, Yamoussoukro, Venise, Rome, Joffreville, Sofia, Saint-Louis du Sénégal, Luang Prabang, Berlin, Tanger, Dellys, Le Caire, Tabarka, Milan, Portofinno, Azemmour, Bergen, Alcantara, Bruges, Florence, Rabat, Istanbul, Trinidad, Tournai, Savannah, Genève, Meknès, Ratisbonne, Belém, Crans Montana, etc.

Qualifier une ville de « belle endormie » relève donc soit du nombrilisme, si l’on ignore les autres, soit du cliché absolu, dans le cas contraire. Nantes Métropole et Le Voyage à Nantes sont dans quel cas ?
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* Cette description est faite par le groupe socialiste, radical, républicain et démocrate, majoritaire au conseil communautaire, non par la communauté urbaine ès qualités.

28 octobre 2011

Nantes, la belle hallucinée (2) : une stratégie insuffisante

Le Voyage à Nantes, on l’a dit hier, considère que le passé lointain est nul et en fait d'autant plus volontiers table rase. Occultée, en particulier, la capitale de la Bretagne ducale. La ville, semble-t-il, n'est née pour de bon qu'à l'arrivée de Jean Blaise, et doit fonder son projet touristique sur le « socle constitué par vingt ans de politiques culturelles innovantes ».

Quelles politiques ? Le manifeste publié sur un site de communiqués de presse invoque trois « événements de retentissement international » : Folle journée, Royal de luxe et Estuaire. La Folle journée, c’est cinq jours par an au mois de février. Royal de luxe, c’est quelques heures de spectacle tous les deux ans. Estuaire, c’est un mois et demi tous les deux ou trois ans. Il y a là de quoi alimenter un bon gros dossier de presse, mais espère-t-on faire vivre un écosystème touristique, douze mois par an, sur des coups événementiels ?

Et puis, la Folle journée est organisée depuis 1995, Royal de luxe est à Nantes depuis 1990 et la première édition d’Estuaire date de 2007 : si ces « événements de retentissement international » devaient attirer dans la ville les étrangers par millions, ça se saurait déjà. En réalité, le « retentissement international » de la Folle journée et de Royal de luxe est assuré surtout par l’exportation du concept de l’une et des spectacles de l’autre. Quant à celui d’Estuaire, on l’a déjà dit , il est minuscule.

Le Voyage à Nantes s’apprête à miser de gros budgets publicitaires sur un concept fumeux assené à force d'incantations, sans le moindre début de démonstration. Il satisfera sans doute quelques egos, mais il n’a aucune chance de rentabiliser l’argent des Nantais.

27 octobre 2011

Nantes, la belle hallucinée (1) : une posture suffisante

Voici quelques jours, le site web CP de Voyage, qui héberge des communiqués de presse sur le voyage, a publié un curieux texte intitulé « Nantes de la belle endormie* à la belle éveillée ». Ce communiqué a été rédigé, ou du moins suscité, par Le Voyage à Nantes.

« Dans la plupart des cas, Nantes n’a pas d’image au-delà des frontières », affirme-t-il d’emblée. C’est apparemment justifié puisque « Nantes se trouve dépourvue d’un patrimoine d’exception ». Bien entendu, ces affirmations sans nuances sont excessives.

Pourquoi cet auto-dénigrement ? Pour mieux s’auto-glorifier, bien sûr. Nantes, dit le communiqué, « se distingue […] par une politique culturelle exemplaire qui depuis 20 ans n’a de cesse de la caractériser ». Et comme l’un des principaux protagonistes de cette « politique culturelle exemplaire » se trouve être le patron du Voyage à Nantes, la boucle est vite bouclée. « C’est, conclut le communiqué, sur ce socle constitué par 20 ans de politiques culturelles innovantes que repose le projet du Voyage à Nantes : proposer une offre culturelle singulière qui positionne Nantes comme destination enviée de ville d’art et de culture tant à l’échelle nationale qu’internationale. »

On est épaté par tant de suffisance : faut-il être aveuglé par la contemplation de sa propre image pour en faire le « socle » du marketing touristique d’une grande ville ? Et plus encore par tant d’inconséquence, car cette stratégie nombriliste met en jeu des millions d’euros d’argent public. On y reviendra demain.
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* On s'interrogera bientôt sur cette appellation non contrôlée.

26 octobre 2011

Au bon accueil

La municipalité de Nantes a confié les clés de La Fabrique à l’association SONGO. Lors du conseil municipal du 7 octobre elle lui a voté « pour financer l’acquisition d’un meuble d’accueil pour le hall du bâtiment A » une subvention de… 54.000 euros. À ce prix-là, La Fabrique n’achète sûrement pas ses meubles d’accueil chez IKEA.

25 octobre 2011

Le Pressoir a largué les amarres

C’est le genre de nouvelle qui vous gâche la semaine : Le Pressoir a déserté le quai Turenne au profit d’une crêperie. On n’a rien contre une nouvelle crêperie, bien sûr. C'est juste que la disparition du restaurant est un coup dur. On y servait, assaisonnée d’un délicieux accent américain, une cuisine inventive et subtile, maritime et terroitée, où les croustillants de pied de cochon voisinaient avec les poêlées de cèpes, la terrine de queue de bœuf au foie gras avec les rougets et les ormeaux. Et la carte des vins valait plus qu’un détour.

Malgré la simplicité du cadre, un dîner à deux pouvait aisément s’achever sur une addition à trois chiffres. Mais il la méritait.

Tout guide des restaurants est condamné à devenir obsolète sitôt qu’achevé. On ne reprochera donc pas à l’opuscule du Voyage à Nantes de répertorier encore le Pressoir. Mais puisque l’Office de tourisme a un bureau à 100 mètres du 11 quai Turenne, il aurait au moins pu mettre à jour son guide en ligne.

22 octobre 2011

Le Voyage à Nantes se fait connaître dans les Vosges

Ainsi que le fait remarquer obligeamment un lecteur de ce blog, le clip du Voyage à Nantes réalisé par Gaétan Chataigner vient d’obtenir le prix de la meilleure réalisation au Festival international du film touristique (FIFT). Bravo. C’est un pas vers la notoriété internationale.

Pas un très grand pas, tout de même. Comme ne le disent ni Ouest France ni Presse Océan dans leurs articles consacrés à l’événement, le FIFT est une manifestation de relations publiques organisée par les offices de tourisme de Saverne (12.000 habitants) et de Kaysersberg (3.000 habitants). Conformément aux lois du genre, on y échange la moutarde et le séné : des pros de la promo touristique s’y congratulent entre eux.

Si estimable soit-il, il est loin d’être unique. Il ne fait même pas partie du Comité international des festivals du film touristique (CIFFT), qui rassemble une quinzaine de manifestations de prestige du monde entier.

La quatrième édition du Festival, cette année, était ouverte à trois catégories de films : films de promotion touristique, films publicitaires à vocation touristique, films tourisme durable. Dans chaque catégorie, quatre prix devaient être décernés : Licorne d’or, prix de la meilleure réalisation, prix du meilleur scénario et prix du public. Ce qui faisait quand même douze prix prévus au total : pas mal pour vingt-six organismes de promotion touristique participants, dont quatre ou cinq étrangers, qui présentaient cinquante-quatre films au total.

En réalité, six prix seulement ont été décernés. Cela laissait quand même à chaque organisme présent près d’une chance sur quatre d’en obtenir un. Berry Province, qui avait saturé le terrain avec neuf films en compétition (un sixième du total !) a ainsi obtenu un prix du meilleur scénario pour l’ensemble de son œuvre.