Dans le n° 202 du magazine municipal Nantes Passion, Ophélie Lemarié fait le point sur le « projet » de la ville pour « améliorer sa visibilité et son attractivité en Europe et dans le monde ». Il paraît que Nantes n’attire pas assez les étrangers. Pourtant, elle réussit très bien quand elle veut. Elle est ainsi devenue pour les Roms de Roumanie une « véritable destination de tourisme urbain », comme dirait Jean-Marc Devanne, ex patron de l’office de tourisme.
Nantes s’est donc dotée d’un conseil consultatif à l’attractivité internationale. Celui-ci voudrait faire de Nantes une marque commerciale qui « refléterait les différences, les valeurs et les traits de caractère qui fondent l’identité du territoire ». En spécialiste du marketing, Philippe Audic, président de ce conseil, sait bien que pour développer une marque solide, il faut exploiter les éléments d’image existants. Le concept qui tient la corde, toujours selon Nantes Passion, serait « La Loire, l’Estuaire et l’Océan ; une longue tradition d’audace, un esprit d’aventure et d’innovation ».
Une longue tradition, dites-vous ? La vraie vocation du Mémorial de l’esclavage s’éclaire soudain ! On avait cru qu’il serait un haut lieu de la repentance désignant Nantes à l’opprobre international. On découvre qu’il sera en fait un hommage aux négociants, marins et armateurs nantais.
Car enfin, quelle innovation commerciale que le commerce triangulaire (vendre à l’Afrique les produits manufacturés de l’Europe, à l’Amérique les produits humains de l’Afrique, à l’Europe les produits agricoles de l’Amérique) ! Que d’esprit d’aventure chez les marins qui s’engageaient dans un tel périple via la Loire, l’estuaire et l’océan ! Que d’audace chez les armateurs qui s’asseyaient sur les droits de l’homme !
On comprend mieux, du coup, pourquoi les 2.000 plaques apposées sur l'esplanade du Mémorial mettront en valeur les expéditions négrières et non les esclaves eux-mêmes. Voilà de quoi attirer vers la ville une élite internationale d’entrepreneurs, de chercheurs et de créateurs. La marque nantaise est vraiment bien partie.
Nantes et déconnantes : Comment la capitale historique de la Bretagne est en train de gâcher ses meilleurs atouts. Un regard non conformiste - voire franchement satirique - sur Nantes en ce début du 21ème siècle. Reproduction autorisée sous réserve de citation de la source, avec lien actif vers l'URL, pour chaque article cité.
18 avril 2010
12 avril 2010
Nantes victime des Ghostbusters ?
On l'aimait bien, dans le fond. Hélas, voici peu, il a disparu. Le fantôme de Sainte-Croix n'est plus là. Oh ! personne sans doute n'a jamais vu une oeuvre d'art dans cette mosaïque à la Pacman. C'était juste un clin d'oeil impertinent dans une ville sous contrôle où toute apparence de fantaisie doit être en réalité labellisée, industrialisée et subventionnée.
Adieu donc petit fantôme. Heureusement, il en reste au moins une dizaine d'autres à travers la ville. Le plus fameux de tous étant assurément celui du nouveau Palais de justice, encore plus impertinent que celui de Sainte-Croix dans sa tenue rayée de bagnard. Tant que celui-là nous reste, tout espoir de fantaisie n'est pas perdu.
Adieu donc petit fantôme. Heureusement, il en reste au moins une dizaine d'autres à travers la ville. Le plus fameux de tous étant assurément celui du nouveau Palais de justice, encore plus impertinent que celui de Sainte-Croix dans sa tenue rayée de bagnard. Tant que celui-là nous reste, tout espoir de fantaisie n'est pas perdu.
10 avril 2010
Gaz à effet de serre volante
Il paraît que ce n'est pas bien de se moquer de la serre volante. Elle est vraiment verte, dit-on, car elle est "autonome en énergie". Si l'on entend par là qu'elle est capable de générer assez d'électricité pour faire fonctionner ses deux ou trois lampadaires, d'accord. Pour ce qui est d'extraire, de traiter, de façonner le métal dont elle est faite, on est déjà plus sceptique. Quant à ses déplacements, désolé, ils se font comme pour tout le monde à grandes lampées de fioul ou de kérozène et non au jus de carotte.
Justement, la serre vient de partir pour Taïwan. C'est sympa pour elle et pour ses accompagnateurs. On espère juste qu'elle a bien étudié son plan de vol. On se souvient que l'an dernier, quand elle avait rejoint Toulouse pour le Festival des savoirs La Novela, elle prétendait "venir jeter l'ancre en territoire gascon". Toulouse en Gascogne ? Pourquoi pas Nantes en Pays de la Loire, tant qu'on y est ? Et Taïwan en Chine, au risque d'un incident diplomatique ? Toujours est-il que le voyage aura encore coûté bonbon en émissions de CO2.
La construction de François Delarozière a incontestablement fait progresser l'art de la jardinière de balcon. Mais son bilan carbone est forcément désastreux.
Justement, la serre vient de partir pour Taïwan. C'est sympa pour elle et pour ses accompagnateurs. On espère juste qu'elle a bien étudié son plan de vol. On se souvient que l'an dernier, quand elle avait rejoint Toulouse pour le Festival des savoirs La Novela, elle prétendait "venir jeter l'ancre en territoire gascon". Toulouse en Gascogne ? Pourquoi pas Nantes en Pays de la Loire, tant qu'on y est ? Et Taïwan en Chine, au risque d'un incident diplomatique ? Toujours est-il que le voyage aura encore coûté bonbon en émissions de CO2.
La construction de François Delarozière a incontestablement fait progresser l'art de la jardinière de balcon. Mais son bilan carbone est forcément désastreux.
03 avril 2010
Toilettes sèches, toilettes moches
On se demande si les toilettes sèches installées place Royale par Nantes Métropole sont destinées à montrer ce qu'il faut faire ou ce qu'il ne faut pas faire. Rarement l'expression « un goût de chiottes » a été si bien illustrée.
Quand les serres voleront, qui sera chef d’escadrille ?
Nantes Métropole vient de réussir un joli poisson d’avril en installant place Royale la serre volante de François Delarozière recyclée en hymne à l’écologie. Tout le monde ou presque a donné dans le panneau !
Pourtant, la communauté urbaine avait appuyé le clin d’œil en situant son canular sur l’emplacement le plus minéral du centre de Nantes, où ne subsistent depuis son réaménagement que de malheureuses traces végétales périphériques (faites le sondage : au moins la moitié des Nantais interrogés n’ont même pas remarqué leur présence).
Quel que soit son charme propre, la serre volante n’a rien à voir avec l’écologie. Prétendre illustrer avec cet édifice de métal et de plastique chargé de plantes en pot le thème d’une métropole « naturellement riche en nature » relève d’un second degré pas de très bon goût. Tout comme la culture, la nature vue par les édiles nantais n'est au fond que du toc, du simple pastiche.
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