En arrêt pour travaux, l’Éléphant de l’île de Nantes va être équipé d’un moteur
hybride. Il fonctionnera au thermique et à l’électrique. Ce sera
« le
premier pachyderme mécanique éco-responsable »,
se
rengorgent Les Machines de l’île.
Dans une motorisation hybride standard, le moteur électrique
fonctionne seul quand les besoins d’énergie sont faibles (typiquement, à petite
vitesse) ou en appoint du moteur thermique pour répondre à un besoin ponctuel
(typiquement, pour accélérer ou monter une côte). Ses batteries sont rechargées
par le moteur thermique en vitesse de croisière ou par récupération d’énergie
cinétique au freinage ou en descente. Une motorisation hybride est donc
intéressante lorsque les terrains et les vitesses sont divers.
L’Éléphant va-t-il désormais galoper à hybride abattue à
travers l’esplanade des Chantiers ? Ou se cabrer à la manière du
cheval-dragon ? Cramponnez-vous là-haut, ça va secouer ! En dehors de ces hypothèses, s'il continue à
fonctionner à toute petite vitesse stabilisée, sans côte à monter ou à
descendre, un moteur hybride ne lui sera pas d'une grande utilité. Ses besoins en
énergie demeureront identiques. Il consommera moins (quoique certainement pas
les
« dix fois moins » annoncées
par Pierre Orefice) parce que
son moteur diesel sera plus efficient, un point c’est tout.
Un moteur en retard d’une génération ?
Reste quand même un unique avantage : doté d’un moteur
hybride, l’Éléphant pourra fonctionner à l’électricité, donc en silence, sur
certaines parties de son parcours, en particulier sous les Nefs. Ce ne sera pas
du luxe ? Si quand même, pour plusieurs raisons :
- Le nouveau moteur diesel de 140 ch devrait déjà être moins bruyant que son prédécesseur de 420 cv.
- Le ronronnement de l’Éléphant, contrairement au prix
des billets, n'est pas souvent critiqué par les visiteurs. Pour certains même, il participe au spectacle. « Sympathique, bruyant, des enfants partout... », écrit l'un d'eux,
- Le barrissement de l’Éléphant est plus bruyant que son moteur ; pourtant, il est douteux qu’on y renonce.
- Surtout, le bruit pourrait être largement réduit par un capot
insonorisant (camouflé par exemple en éléphanteau suivant sa mère).
Cette dernière disposition était d’ailleurs possible dès le début, en 2007. Pourquoi la réduction du bruit est-elle soudain devenue un objectif si impérieux qu’on lui consacre des centaines de milliers d’euros ?
Pour faire moderne ? La Toyota Prius, hybride elle aussi, est née dix ans
avant l’Éléphant, en 1997 ! (Accessoirement, on note que son silence n’est
pas seulement une affaire de moteur : Toyota a soigné l’insonorisation.)
Mais à présent, tous les grands constructeurs automobiles lancent des modèles
100 % électriques. Au niveau mondial, Google enregistre quatre fois plus
de recherches sur « electric car » que sur « hybrid
car ». En choisissant un diesel en 2007, Les Machines de l’île avaient
un temps de retard. Et en choisissant un hybride en
2017 ?
À Ergué-Gaberic, près de Quimper, BlueSolutions, filiale du
groupe Bolloré, construit aujourd’hui le BlueTram, tramway électrique sans rails
ni caténaires capable de parcourir 2 km sur une seule recharge de 20 secondes.
Deux kilomètres : plus qu’il n’en faudrait à l’Éléphant pour une tournée complète
des Nefs aux Nefs. Si l’on tenait à changer de moteur, voilà pour le coup une
solution qui aurait fait moderne.