Consternation des « gros » contributeurs du projet
Kickstarter Arbre aux Hérons / The Herons’ Tree à la lecture d’
Ouest
France la semaine dernière. Interrogée par Stéphanie Lambert, Karine
Daniel, directrice du Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons, révélait que
leurs récompenses n’arriveront pas avant septembre.
Ils
devaient initialement les recevoir « entre mai et juillet 2018 ».
Pour expliquer le retard des récompenses
« numériques » ‑ affiches et certificats de copartage transmis via
internet sous forme de fichier – les animateurs de la campagne avaient avancé
une excuse légèrement vaseuse : les certificats devant être numérotés et
personnalisés, il fallait disposer de tous les noms avant de les établir. Comme
s’ils ne savaient pas ajouter un nom à un fichier existant…
Bien entendu, l’excuse ne vaut pas pour les récompenses
« matérielles »* ‑ affiches, croquis, casquettes ou sacs en coton.
Karine Daniel invoque à présent le risque de retours postaux : beaucoup de
destinataires pourraient être partis en vacances ces jours-ci. Ce qui aurait
été une raison de plus pour envoyer les récompenses à la date prévue,
« entre mai et juillet », non ? Tout était annoncé de longue
date, il suffisait de faire rouler… Et qu’on ne vienne pas invoquer le nombre
élevé de donateurs : il y en a eu 5.511 alors que
Pierre
Orefice en espérait 10.000.
Kickstarter,
ça a eu payé
Au fait, ces récompenses, quel en est le prix ? Aux
373.525 euros officiellement récoltés, « il faut soustraire 80 000 à
100 000 € de frais », assure Ouest France. Entre 21 et 27 %, donc. En effet, la production
et l’envoi des récompenses ont un coût. « N'oubliez pas que les fonds
engagés par les contributeurs pour couvrir les frais de livraison sont comptés
dans votre objectif de financement », rappelle Kickstarter aux porteurs de
projet.
Un contributeur qui voulait faire un don de 50 euros, par
exemple, devait payer 7 euros en plus pour l’envoi de ses récompenses. Et la somme
inscrite dans la masse des dons était de 57 euros… Cela concerne quand même
2.211 contributeurs, soit un montant total d’au moins 15.477 euros. Pour les
donateurs de 100 euros et plus, l’envoi postal d’un croquis imprimé était
facturé 9 euros, soit au moins 696 x 9 = 6.264 euros**.
À ces 15.477+6.264 = 21.741 euros de frais d’envoi (qui
ramènent le montant réel des dons à 351.784 euros), il faut ajouter plusieurs
autres postes de dépense :
- une quote-part du salaire de la directrice du Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons. Il n’a pas été publié, mais quand le recrutement a été lancé, l’ordre de grandeur envisagé pouvait dépasser 60.000 euros par an
- l’impression
des affiches et croquis, et éventuellement celui de leur dédicace par les
créateurs de l’Arbre,
- la
confection des casquettes et sacs en coton,
- les prestations
assurées par Troopers Agency (qu’elles soient facturées en direct par
le prestataire ou refacturées par Nantes Métropole, qui ne peut
subventionner un fonds de dotation),
- les
gravures sur les bancs des Machines de l’île promises aux contributeurs à
1.000 euros. Or il ne s’agit pas de graver de simples plaques en plastique
puis de les coller sur des bancs. La campagne Kickstarter est tout à fait
claire à cet égard : les noms seront gravés sur les bancs, ce
qui revient beaucoup plus cher.
Tout ça paraît déjà beaucoup ? Attendez voir ! Les
récompenses futures à provisionner représentent un morceau encore plus
difficile à avaler. On y reviendra.
_____________
* Sauf pour les donateurs de 500 ou 1.000 euros, récompensés
par des croquis personnalisés et numérotés de 1 à 250 – ce qui confirme qu’on
avait vu large puisque 125 dons seulement ont été reçusdans cette catégorie.
**
Le montant réel est probablement supérieur, les frais
étant plus élevés pour certains contributeurs habitant à l’étranger
les glorieuses perspectives de L’Arbre aux Hérons