Qu’est-ce donc que cette histoire de Creative Factory ?
Le Cluster Quartier de la création a changé de marque, assurait Presse Océan
voici quelques jours. Ce nouveau nom aurait été sélectionné « à
l’unanimité du jury » à l’issue d’un « concours de création »
remporté par l’agence Nouvelle Vague.
Ce n’est pas une bonne nouvelle. Le nom Quartier de la
création est utilisé depuis au moins 2009. « Le Quartier de la création
symbolise un nouvel axe de développement pour la métropole nantaise et toute la
région des Pays de la Loire, au carrefour de la culture, des technologies et de
l’économie », proclamait
alors la ville de Nantes. On n’aurait pas besoin de changer de nom si l’« axe
de développement » avait tenu ses promesses. La réalisation du
quartier lui-même a commencé en 2011. Et son image serait à refaire au bout de
six ans ? Quel gâchis ! (À vrai dire, on s’en doutait un peu…)
En réalité, cette Creative Factory n’est pas si nouvelle. Depuis 2014, la Samoa (donc le Quartier de la création), une société d’expertise comptable, un cabinet d’avocats, une firme de conseil en innovation et Atlanpole, « technopole du bassin économique de la région Nantes
Atlantique », ont lancé un « accélérateur de projets »
à l’intention des jeunes pousses, intitulé
justement « Creative Factory ». De cette époque date la
création par la Samoa du site web http://www.creativefactory.info/.
La « saison 3 » de cette opération a été lancée au mois de
mars.
Nantaise aussi, cette autre Creative Factory n'est pas celle qu'on croit... |
Presse Océan persiste néanmoins à voir en Creative Factory une « nouvelle
marque » qui « adopte une dimension internationale par l’usage
de l’anglais ». Ah ! ça, en effet, la dimension internationale ne
fait aucun doute : les Creative Factory abondent à travers le monde.
Occurrences nantaises mises à part, une recherche Google sur « Creative
Factory » trouve environ 687.000 résultats. Autrement dit, la
visibilité d’une telle marque est à peu près nulle.
Paradoxalement, les
Creative Factory semblent spécialement nombreux en France, où le nom est porté, seul ou en combinaison, par une agence de publicité lilloise,
un graphiste niçois, un forum de création de
scrap digital, etc. En revanche, The
Creative Factory à Paris, un conseil en communication, a fait l’objet
d’une liquidation judiciaire voici deux ans. Le plus cocasse est que parmi ces Creative Factory qui ne
sont pas notre quartier de la création figure une association créée l’an dernier à Nantes
pour « partager des pratiques professionnelles et managériales entre
dirigeants et salariés ».
Pour compléter le tableau, on notera que diverses marques
contenant l’expression Creative Factory ont été déposées à l’INPI, mais aucune
par Nantes ou par la Samoa. Le « nouvel axe de développement pour la
métropole nantaise et toute la région des Pays de la Loire » n’est
même pas propriétaire de son nom.