22 janvier 2024

Fonds de dotation nantais : sévir, oui, mais à bon escient

Le préfet de Loire-Atlantique sévit : le 19 décembre dernier, il a suspendu pour six mois l’activité du fonds « CONFLUENT RECHERCHE SANTÉ INNOVATION EN RÉGION (CORSAIR) » pour n’avoir pas déposé à la préfecture ni publié au Journal officiel ses rapports d'activité et ses comptes annuels 2017, 2018, 2019, 2020 et 2021.

Les préfets sont chargés de la surveillance des fonds de dotation tels Corsair. Ils ne montrent pas forcément une grande vigilance. En 2021, il n’a pas eu de réaction officielle devant les comptes du Fonds de dotation pour le développement culturel, créé par la Ville de Nantes, publié pourtant avec trois mois de retard. La situation paraissait pourtant désespérée : au 30 juin 2020, le Fonds avait 30 euros en caisse et 344 394 euros de dettes. « La convention de continuité d’exploitation est maintenue pour les 12 prochains en raison des actions engagées par la direction », assurait néanmoins le commissaire aux comptes.


Crédibilité : à peu près zéro. L’année suivante, le Fonds ne publiait pas ses comptes. Le 18 janvier 2022, il était placé en liquidation judiciaire. Cerise sur le gâteau : il avait été victime de détournements dans l’affaire de la SEM La Folle Journée, mais ni le commissaire aux comptes ni le préfet ne s’en étaient aperçus.

Il est donc bon que le préfet montre sa vigilance. Il serait meilleur qu’elle soit bien dirigée. Le fonds Corsair avait publié tous ses comptes en retard le 23 novembre dernier. Le préfet a dû annuler sa suspension le 16 janvier.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/corsair/

Corsair joue un tour au préfet de Loire-Atlantique

19 janvier 2024

Pont Anne-de-Bretagne (3) : Approximative imprévoyance de Nantes Métropole

Madame Rolland avait promis (bis)
De faire circuler les taxis (bis)
Mais le coup a manqué
Grâce à nos cantonniers !
Dansons la car/bagnole, vive le son, vive le son
Dansons la car/bagnole, vive le son des bouchons !

L’élargissement du pont Anne-de-Bretagne va être un désastre pour la circulation à Nantes. Nantes Métropole avait annoncé que tous les modes de circulation (piétons, deux roues, automobiles, navigation) seraient maintenus pendant toute l’année que dureraient les travaux. Elle a passé contrat avec des entreprises de BTP dans cette perspective. Puis soudain, le 23 novembre, elle s'avise que ça n’est pas possible à cause de canalisations à remplacer sous le boulevard Léon-Bureau : il va falloir y couper la circulation !


Ce qui soulève au moins cinq questions :

  • Faut-il une année entière de travaux pour remplacer des tuyaux ?
  • Pourquoi n’a-t-on pas découvert ces tuyaux en étudiant les nouvelles lignes de tram ?
  • Pourquoi les tuyaux réclameraient-ils plus de coupures que les lignes de tram ?
  • Pourquoi ne pourrait-on se débrouiller comme ailleurs pour maintenir ou dévier la circulation pendant un remplacement de tuyaux ?
  • Pourquoi ne pas réclamer aux entreprises qui vont changer les tuyaux sur la terre ferme d’être aussi efficaces que celles qui vont construire le pont ?

Voir l’article complet (mais pas les réponses), sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/pont-anne-de-bretagne-4/

Nantes Métropole a perdu la clé des tuyaux

09 janvier 2024

Pont Anne-de-Bretagne (2) : Bienheureuse imprévoyance de Nantes Métropole

Le pont Anne-de-Bretagne devait rester ouvert à la circulation automobile pendant les travaux d’élargissement. Et puis non, finalement, il sera fermé. Nantes Métropole revient sur sa promesse après avoir subitement découvert qu’il faudra aussi réaliser des travaux sur le boulevard Léon-Bureau !

Le maintien de la circulation n’était ni un fantasme, ni une simple éventualité, ni une promesse en l’air du site Nantes Métropole. Publié en octobre 2020, l’avis de marché portant sur la construction du pont impose expressément un « maintien de la circulation en phase chantier (sur et sous le pont pour tous les flux) ». Le marché public est signé le 29 septembre 2022. En décembre 2022, un nouvel avis de marché portant sur la coordination en matière de sécurité et de protection de la santé insiste : « Il est précisé qu’il est impératif que la circulation pour tous les modes dans les sens Nord- Sud et Sud-Nord soit maintenue pendant toute la durée du chantier sauf coupure exceptionnelle et ponctuelle. »

Et voilà que cet impératif n’est même plus un conditionnel : fermé le pont sera.

Mais ce changement d’avis ne risque-t-il pas d’ouvrir, par-dessus le marché (public), une insécurité juridique ? Une fois le contrat signé, l’une de ses conditions essentielles est abandonnée.


Le sujet est sensible. « Les clauses omises de manière inexplicables dans le cahier des charges ou les documents qui l’accompagnent (cahier des clauses administratives générales, notamment), peuvent être des éléments de preuve pour l’infraction de favoritisme », souligne l’OCDE dans un document sur La lutte contre la fraude et la corruption dans les marchés publics. En ajoutant, pour que les choses soient claires : « Lorsque ces clauses de pénalité existent, la connivence entre le décideur et l’entreprise se manifeste par leur non-application. De même, si des prestations indispensables au bon fonctionnement du projet ont été omises dans le cahier des charges de manière inexpliquée et que l’on constate l’absence de contentieux ou de recours contre les auteurs de ces fautes professionnelles (maître d’ouvrage, architecte, bureau d’étude…), l’enquêteur doit légitimement soupçonner l’existence d’une ou de plusieurs infractions pénales. »

Heureusement, par le fait de Léon-Bureau, le maintien de la circulation ne fait plus partie des « prestations indispensables ». Ainsi, tout risque d’omission, de pénalité ou de contentieux le concernant est écarté. 

Oui mais, si l’on avait su avant l’attribution du marché que la condition de maintien de la circulation ne serait finalement pas appliquée, un gros soupçon planerait. Mis au courant de ce rebondissement majeur à venir, l’un des trois candidats aurait pu proposer un prix moins élevé et obtenir le marché à coup sûr…

Heureusement (bis), on ne s’est aperçu de la nécessité d’effectuer des travaux boulevard Léon-Bureau qu’une fois tous les marchés attribués. Ouf ! Tout soupçon de connivence est donc écarté. D’ailleurs, pour mieux lever le moindre doute, Nantes Métropole a sûrement négocié avec le groupement retenu une baisse de prix tenant compte de cette nouveauté.

Voir article complet sur Nantes Plus : 

http://nantesplus.org/pont-anne-de-bretagne-3/

Johanna Rolland danse le moonwalk sur le pont Anne-de-Bretagne

 

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03 janvier 2024

Avant l’heure des Praud, c’est pas l’heure… mais ça viendra

Pascal Praud, candidat à la mairie de Nantes en 2026 ? Dans Presse Océan, ce 3 janvier, Dominique Bloyet développe cette hypothèse mais explique en même temps pourquoi elle n’est pas crédible. Un canular, donc, étalé sur cinq colonnes à la Une ? Peut-être pas totalement. Les grands rapaces attendent leur heure en surveillant du coin de l’œil l’animal qui commence à boiter.

Voici trente ans, Jean-Marc Ayrault avait pu asseoir sa réputation d’homme politique grâce à la qualité de vie nantaise. Il avait en outre rafraîchi le vernis « culturel » de la ville avec Royal de Luxe, les Machines de l’île et Jean Blaise. La situation de Nantes s’est sérieusement dégradée depuis lors. Les proches de Johanna Rolland déplorent un « Nantes bashing » mais l’emploi d’un anglicisme ne change rien à la réalité : le problème n’est pas que Pascal Praud ou d’autres disent du mal de la ville, c’est qu’il y ait du mal à en dire. Les règlements de compte dans les quartiers, les agressions en ville et les cambriolages en périphérie ne sont pas une poussière qu’on puisse cacher sous le tapis.


Johanna Rolland n’y est pas pour grand chose ? Elle a du moins un héritage à assumer. Jean-Marc Ayrault a délibérément favorisé l’installation de populations déshéritées venues de Roumanie. C’était d’un grand cœur, mais ça n’a pas bien fonctionné. Il a fallu lancer une MOUS pour essayer de rattraper le coup, puis une étude pour savoir pourquoi la MOUS patinait. Il serait vain de le nier, l’effet de cette politique pèse encore sur la rubrique des faits divers. Alors que la délinquance augmentait, à Nantes comme ailleurs, au début de ce siècle, Jean-Marc Ayrault refusait d’installer un système de vidéoprotection (sauf bizarrement au Mémorial de l’abolition de l’esclavage, quasi désert mais télésurveillé, lui, comme les bijoux de la couronne). Et s’il a accepté de créer une police municipale, elle n’est pas exactement partie du bon pied. Johanna Rolland a hérité en 2014 d’une pente vilainement savonnée. Parviendra-t-elle à la remonter avant les municipales de 2026 ? On ne parierait pas trop là-dessus.

Mesdames 1,7 %

Quant au volet culturel, il est à bout de souffle. Et pas seulement à cause des détournements de la Folle Journée ou des dérives du Carrousel des fonds marins. Chacun a pu voir cet été que Royal de Luxe n’est plus ce qu’il était. Avec l’abandon de l’Arbre aux Hérons après un feuilleton grotesque, les Machines de l’île ont cessé de se renouveler, or un parc d’attractions qui ne propose pas de nouveautés périclite. « Il n’y a pas d’autre avenir en dehors de ce projet », assurait d’ailleurs Pierre Orefice lui-même en 2015. De son côté, Le Voyage à Nantes, tenu à bout de bras par les finances métropolitaines, n’a pas atteint l’objectif affiché par Jean Blaise : faire entrer Nantes « dans le top 5 des destinations françaises ». On ne se l’avoue pas encore par ici, mais une fois Jean Blaise parti, les thuriféraires n’auront plus grand chose à dire, les langues se délieront ! La promesse d’un Vernoscope ou d’une Cité des imaginaires ne suffira pas à redorer le blason de la Métropole avant 2026. Le temps presse pour trouver la grande idée et il est trop tard à présent pour confier le projet à une entreprise spécialiste des parcs d’attraction : cela apparaîtrait comme un aveu d’impuissance.

Pour couronner le tout, Johanna Rolland s’est tiré une balle dans le pied en acceptant de diriger la campagne d’Anne Hidalgo lors de l’élection présidentielle de 2022. Résultat : 1,7 % des suffrages. Un désastre pour la candidate socialiste comme pour son bras droit, accusée d'amateurisme, de manque de leadership et d'inefficacité. Elle y a laissé beaucoup de son prestige de grande féodale. Le Parti socialiste ne lui en tient pas rigueur : il a fait d’elle l’un de ses deux premiers secrétaires délégués. Mais la faveur du P.S., aujourd’hui, est-elle un atout ou bien un handicap supplémentaire ?

Tout cela est sur la place publique. Pour tous les ambitieux de France et de Navarre, le message est clair : il va y avoir une belle place à prendre à Nantes. Foulques Chombart de Lauwe pourrait devoir faire face à forte concurrence ! D’ailleurs, le nom de Pascal Praud n’aurait-il pas été lancé sur la place publique comme une sorte de contre-feu, pour brouiller les pistes ? « Vous voyez, il y en aurait plein d’autres… alors pourquoi s’embêter à sortir du business as usual, du match Johanna Rolland versus Laurence Garnier, dont au moins on connaît le résultat ? »

 Illustration : copie d’écran partielle de Cnews, 3 janvier 2024