Depuis hier soir, la presse locale et nationale titre sur le
vol de 6 kilos de nitrate de potassium commis à la faculté de médecine de
Nantes. Or le vol a été constaté le 4 août ! Plus de trois semaines pour
révéler cette information… explosive ? C’est probablement qu’on aurait
préféré la cacher mais qu’elle a fini par fuiter ! Le secret a été à peine
mieux gardé que le produit chimique.
Le nitrate de potassium, alias salpêtre, est une matière
explosive et comburante utilisée dans la fabrication d’explosifs. Depuis le
Moyen-âge, il entre dans la composition de la poudre à canon. Pas besoin de
haute technologie : la bombe islamiste du marathon de Boston, en 2013,
était une simple cocotte-minute remplie de nitrate de potassium, de charbon de
bois, de soufre et de clous.
La fac de médecine devra s’interroger sur son organisation,
puisque un produit dangereux y était stocké apparemment sans grandes
précautions. Mais il y a plus urgent. Savoir que ce précurseur d’explosifs se
balade dans la nature à la veille des fêtes de l’Erdre doit évidemment
provoquer des tempêtes sous les crânes du côté de l’hôtel de ville, de la
préfecture et du commissariat central.
Faut-il maintenir les fêtes de l’Erdre ? À vrai dire,
la question aurait dû être posée depuis longtemps. Ni le cadre ni
l’organisation des festivités ne sont propices à une sécurisation efficace.
Oh ! les agents de sécurité ne manquent pas, ils suffisent tout à fait à
perturber la circulation du public. Quant à le protéger vraiment, on ne peut se
retenir d’un léger doute. Déjà, en voyant défiler les installations destinées à
la restauration, on se dit qu’une cocotte-minute en plus ou en moins…
Le bassin Ceineray le 11 août : les jardins flottants ont été retirés plus de quinze jours avant l'installation des scènes sur l'eau. A quoi bon ? |
Ce n’est pourtant pas que les Rendez-vous de l’Erdre soient
organisés dans la précipitation. Au contraire, le travail est accompli avec un
sens étonnant de l’anticipation. Trois semaines à l’avance, on met
soigneusement de côté les jardins flottants du bassin Ceineray, ainsi rendu à
son dépouillement originel bien avant le départ des touristes. Pourquoi tant de hâte,
alors que les scènes ne seront installées sur l’eau que bien plus tard ? Mystère municipal… tout comme le budget que représente ces
festivités, toutes simples à l’origine et qui en trente ans sont devenues un
monstre disparate.
Une fête juste avant la rentrée scolaire, c’est une idée
sympathique. Mais le barouf frénétique qui s’est imposé autour de l’Erdre ces
dernières années ne connote pas une distraction familiale paisible. La crainte des
cocottes-minutes n’arrangera rien. Johanna Rolland devrait en profiter pour
remettre en question un concept qui a dépassé ses limites.