30 décembre 2011

Grande grue, petit manège ?

Souvent, on met en valeur la masse d’un monument par une référence visuelle plus modeste, par exemple la taille humaine. Sur l'île de Nantes, on construit le Manège des mondes marins près de la grue Titan jaune. Ce n'est probablement pas une bonne idée.

Comparer du grand à du très grand risque de rapetisser les deux termes de la comparaison. Voici à peu près ce que représentera la masse du Manège par rapport à celle de la grue. Le manège ne paraît pas si grand que cela. Et la grue devient moins colossale.

Ce manque de soin apporté à la mise en scène générale contribue à donner l'impression que le site des chantiers évolue au petit bonheur la chance.

22 décembre 2011

Le Voyage à Nantes reporté à 2014 ? Chi va piano va sano !

Résumons-nous :
  • Le Mémorial devrait ouvrir ses portes le 24 mars 2012. Mais, on l’a dit ici, il aurait déjà dû les ouvrir à de nombreuses reprises. Tant que ça n’est pas fait, il vaudrait mieux ne pas compter dessus.
  • Le Carrousel des mondes marins devrait commencer à tourner le 14 juillet 2012. Ce calendrier paraît déjà un peu tendu, car il s’agit d’un bâtiment hors normes. Tout pépin imprévu ou toute objection de la commission de sécurité pourrait se traduire par des semaines de retard.
  • Le Musée des Beaux-arts rouvrira au mieux au printemps 2014 compte tenu de l’échec du premier avis de marché.
  • Le Musée Dobrée ne rouvrira pas avant 2015 et le recours déposé par des riverains contre le permis de construire risque de retarder encore l’échéance.  
  • Le réaménagement de la place du Bouffay et de ses environs ne sera pas achevé avant 2014 (les travaux rue Léon-Maitre sont prévus pour mai 2013 et ceux du miroir d’eau devant le château devraient durer 26 mois après l’attribution du marché, qui n’interviendra pas avant plusieurs semaines). 
  • L’îlot Boucherie 2/Orléans ne sera achevé qu’en 2014.
Conclusion : organiser Le Voyage à Nantes à l’été 2012 est un pari imprudent. On va y investir des sommes énormes avec le risque de décevoir les visiteurs. On aurait toutes les peines du monde à les faire revenir ensuite. Pire : un afflux d'appréciations négatives sur TripAdvisor et autres sites d’évaluation touristique compromettrait les perspectives futures de Nantes.

Il serait bien plus raisonnable de reporter la manifestation à 2014, voire 2015, afin de présenter aux touristes une offre complète et achevée. Et cela ne devrait pas être trop difficile, puisque apparemment rien n’est vraiment bouclé !

D'ailleurs, qu'est-ce que deux années supplémentaires pour une municipalité qui est en place depuis plus de vingt ans ?

19 décembre 2011

Les Machines de l’île aiment le mauvais temps

Avec quinze jours d’avance, Pierre Orefice a fait pour Stéphane Pajot (Presse Océan du 17 décembre) le bilan de la fréquentation des Machines en 2011 : 252.000 visiteurs pour la galerie, 56.000 pour l’éléphant (soit au total 308.000 personnes). Il le rapproche de celui de 2007 : 192.200 visiteurs. Belle progression. Sauf que les Machines n’ont fonctionné que pendant six mois en 2007 !

Comparé à celui l’an dernier, le bilan n’est pas aussi glorieux. En 2010, les Machines avaient accueilli 283.211 visiteurs. La progression d’une année sur l’autre, 8,75 %, est conforme à l’évolution générale des sites touristiques dans le département, favorisée par les intempéries.

Le progrès global dissimule des évolutions en dents de scie. « Nous faisons + 29,88 % de fréquentation [en plus] depuis le 1er juillet, par rapport à la même période l'an dernier », déclarait le patron des Machines à Philippe Gambert dans Ouest France du 23 juillet. « Soit 31.114 personnes contre 23.956 pour la même période en 2010. » Interrogé le 19 septembre par Guillaume Lecaplain sur le site Nantes-Actu, le même assurait : « En juillet, on fait 14 % de visiteurs en plus. » En rapprochant ces deux déclarations, et sachant que les Machines ont accueilli 41.354 visiteurs en juillet 2010, toujours selon leur directeur (Presse Océan du 17 août 2010), on peut établir le petit tableau ci-dessous :
En somme, les visiteurs affluent quand il fait mauvais et fuient quand il fait beau !

Dans toute intervention de Pierre Orefice, les connaisseurs attendent comme une gourmandise le chiffre loufoque. « Le site était calibré pour 180.000 personnes », dit-il cette fois, oubliant apparemment qu’il a lui-même annoncé plusieurs fois, en 2007, viser 200.000 visiteurs par an. C’était même l’objectif officiel de la délégation de service public initiale !

18 décembre 2011

Touristes à Nantes : (3) Le tout vaudrait-il moins que la partie ?

Grâce à l’ouverture du Manège des Mondes Marins, dit Pierre Orefice, Les Machines de l’île comptent sur 450.000 visiteurs l’an prochain, contre 300.000 programmés cette année (+ 50 %).

En juillet-août 2011, les Machines ont reçu 103.500 visiteurs, dont 68 % extérieurs à l’agglomération nantaise. Pour être en ligne avec leur objectif, il leur en faudrait 51.750 de plus en juillet-août 2012 ; à proportion identique, 35.190 de ces visiteurs viendraient d’ailleurs. Comme le Manège n’ouvrira qu’à la mi-juillet, on retiendra seulement les trois quarts de ce chiffre, soit 26.392 nouveaux visiteurs venus de l’extérieur. C'est le seuil minimum à partir duquel on pourra parler de succès.

De son côté, on l’a vu hier, Le Voyage à Nantes crierait victoire à partir de 20.000 touristes en plus dans l’agglomération nantaise en juillet-août 2012. C'est-à-dire que pour l'équipe de Jean Blaise, la saison serait un succès même si l'ouverture du Manège manquait son objectif de 24 % et si toutes les autres attractions labellisées Voyage à Nantes n'attiraient pas un seul touriste de plus en 2012 ! Faut-il parler de prudence, d’incohérence ou de manigance ?

17 décembre 2011

Touristes à Nantes : (2) Un objectif modeste pour Le Voyage à nantes

On en sait plus sur l’objectif des manifestations organisées l’an prochain sous l’appellation Le Voyage à Nantes. Les participants au 3ème conseil des acteurs du tourisme, lundi dernier, en ont eu la primeur : « le succès de l’événement se placerait entre 10 et 20 % de fréquentation supplémentaire (excursionnistes et touristes) à Nantes, soit 20 à 40 000 personnes supplémentaires sur les mois de juillet et août ».

Comme on l’a vu hier, l’objectif indiqué est calculé à partir des résultats d’une étude locale commanditée par l’équipe de Jean Blaise. D’après cette étude, les visiteurs sont bien moins nombreux qu’on ne l’aurait cru. Il ne sera donc pas nécessaire d’en attirer beaucoup en plus pour proclamer « le succès de l’événement ». Dès le 20.000ème, on pourra crier victoire.

Vingt mille visiteurs supplémentaires attirés par une manifestation à 13 millions d’euros de budget, sans même inclure Estuaire, soit 650 euros investis par tête : en voilà du tourisme de luxe ! Cela ne représenterait qu'un progrès de 1 % par rapport à la fréquentation touristique (plus de 2 millions) revendiquée par Nantes Métropole en 2007*. Et le succès proclamé serait en même temps un aveu d'échec pour une autre opération importante. La suite demain.
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* « On estime que 2 millions de visiteurs passent au moins une journée à Nantes », confirmait Jean-Marc Devanne, directeur de l'Office de tourisme de Nantes Métropole, interrogé par Frédéric Testu dans Presse Océan du 14 mai 2009.

16 décembre 2011

Touristes à Nantes : (1) Et divisez par l'âge du capitaine

Le Voyage à Nantes a présenté lors du 3ème conseil des acteurs du tourisme, lundi dernier, les résultats d’une étude aux objectifs multiples. L'un de ceux-ci était d’estimer le nombre de touristes ayant fréquenté Nantes pendant l’été 2011.

Si ce souci documentaire est louable, la méthode employée laisse perplexe : les calculs ont été effectués d’après une enquête auprès de 1.624 promeneurs, moyennant un redressement calculé « à partir de la fréquentation des principaux sites touristiques qui font l’objet d’un suivi mensuel ». On attend avec curiosité l’avis des statisticiens sur cette démarche inédite, élaborée par un cabinet nantais plus familier du « quali » que du « quanti ». Et l’on se demande pourquoi on n’a pas consulté plutôt l’Observatoire régional du tourisme, qui dispose déjà de statistiques détaillées.

En juillet-août 2011, indique l’étude, l’agglomération nantaise aurait vu passer 200.000 visiteurs résidant et travaillant hors de ses vingt-quatre communes, dont 36.500 étrangers. Un chiffre étonnamment bas. « En 2007, plus de 2 millions de touristes ont été accueillis », lisait-on ainsi dans le n°17 de Nantes Métropole (septembre-octobre 2008). Quatre ans plus tard, pendant les deux mois d’été, on n’aurait pas dépassé un dixième de ce chiffre ? Cela concorde mal avec les relevés de la DGCIS et de l’Insee.

L’un des autres objectifs de l’étude est de fournir des « bases pour estimer l’impact sur la fréquentation et les retombées économiques de l’événement 'Le Voyage à Nantes' à l’été 2012 ». Et là, coup de chance, ce résultat désastreux va faciliter le travail de l’équipe de Jean Blaise. On y reviendra demain.

15 décembre 2011

L’université bretonne victime de l’idéologie ligérienne

Parfois, les échecs font réfléchir. Un peu. Dans un entretien avec Jean-Damien Fresneau publié par Presse Océan, Christophe Clergeau, chargé de l’économie au conseil régional des Pays de la Loire, propose de constituer une « université armoricaine » avec l’Université de Rennes. Cette idée lumineuse lui est venue après l’échec de la candidature régionale à l’appel d’offres Initiative d’excellence (Idex).

« Cet appel à projets désavantage une proposition fondée sur un réseau universitaire qui présente l’originalité d’associer les établissements universitaires des deux régions Pays de la Loire et Bretagne », note-t-il. Il est bien temps de s’en apercevoir : pour avoir tenté de bricoler un dossier birégional, et s’être entêtés à la session de rattrapage, les Pays de Loire n’ont rien eu et ont entraîné la Bretagne dans le naufrage.

L’université armoricaine telle que la rêve à présent M. Clergeau aurait-elle mieux fait ? Il préconise une organisation fédérale avec « une stratégie unique et une autonomie totale des universités dans l’application de cette stratégie ». Au mieux, une usine à gaz. Au pire quelque chose comme les critères de Maastricht : une règle unique que chacun viole à sa manière.

Une Université de Bretagne réunie, héritière de celle de François II, aurait une autre allure et une vraie visibilité internationale. La région des Pays de la Loire est un handicap pour toute la Bretagne et pas seulement pour Nantes.

14 décembre 2011

Le Carrousel à mi-chemin

Le permis de construire du Carrousel des mondes marins a été délivré le 13 mai dernier. L’attraction doit être inaugurée le 14 juillet prochain. Nous voilà à mi-chemin entre ces deux dates : sept mois se sont écoulés, il en reste sept pour finir les travaux.

Où en est-on ? Le béton du manège est achevé, celui de La Déferlante, nécessaire à son exploitation, est commencé. L’axe du carrousel est en place. Restent les charpentes et bardages bois, les menuiseries intérieures et extérieures, la serrurerie, l’isolation, l’étanchéité, la couverture, les échelles d’accès aux terrasses, les garde-corps, l’électricité, la plomberie, le chauffage, la ventilation, l’installation des panneaux photovoltaïques, la mécanique et la mise en place des animaux marins. Le Carrousel sera ensuite soumis aux contrôles de sécurité obligatoires. Puis il pourra ouvrir ses portes.

C’est presque fait.

12 décembre 2011

Un Manège à géométrie variable

Moins angoissante que celle de l’avenir de la zone euro, la question intrigue quand même les observateurs : Quelle sera la hauteur du Manège des mondes marins ?

On l’a noté ici, si Pierre Orefice avait annoncé à Daniel Morvan (Ouest France du 22 juin 2010) qu’il serait « haut de 27 mètres », l’avis de marché officiel publié début 2011 décrivait un « ouvrage circulaire d’une vingtaine de mètres de diamètre ».

On dispose à présent d’informations plus précises, si l'on peut dire. Le permis de construire s'est tardivement décidé à indiquer la hauteur de la construction, soit 22 mètres :


Mais le panneau de chantier détaillé dressé à trois pas de là évoque une hauteur de 23 mètres :


Un peu plus loin, un autre panneau fixé sur la palissade du chantier hausse le Manège jusqu’à 25 mètres :

Tandis que le croquis dressé de sa blanche main par François Delarozière et reproduit sur les deux panneaux précédents annonce précisément 20,7 mètres à la pointe de la vigie :
Résumons : 20 m, 20,7 m, 22 m, 23 m, 25 m, 27 m, soit quand même 35 % d'écart entre les deux chiffres extrêmes... Aucun doute, la marée se fait sentir jusqu’à Nantes.

11 décembre 2011

Les Luxés

La catapulte à pianos de Royal de Luxe a repris du service samedi cours Saint-Pierre. La manifestation n’a attiré que quelques centaines de spectateurs et de toute évidence le cœur n’y était pas vraiment.

La machine date de plus de quinze ans. Les esprits ont évolué depuis Peplum ou Le Grand répertoire. Aujourd’hui, écrabouiller un piano désaccordé fait moins rire. On se demande plutôt comment le recycler. La Villa Déchets est davantage dans l’air du temps que la catapulte. Peut-être aussi éprouve-t-on plus de respect pour le travail du facteur, des accordeurs, des musiciens qui ont donné à l’instrument le meilleur d’eux-mêmes. Avec les pianos, en somme, c’est Mozart qu’on assassine.

Royal de Luxe a tendance à se répéter. Cela ne prête pas trop à conséquence pour les Géants, qu’on aime toujours revoir. La catapulte d'hier, en revanche, rappelle un peu le sketch de la valise dans Les Bronzés.

Le Voyage à Nantes : la verticale du flou ?

« Pour capter le touriste, Jean Blaise prend le pari que la ville de Jules Verne a de la ressource », écrit Hélène Hamon dans le magazine en ligne Fragil. « Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, la Fabrique, les Beaux Arts, les touristes n’auront apparemment que l’embarras du choix pour visiter. » Cet embarras sera toutefois très simplifié en 2012 : le musée des Beaux-arts ne rouvrira pas avant le printemps 2014 et La Fabrique n’est pas un lieu voué aux visites, hormis une salle d’exposition en haut du bâtiment A.

Reste le Mémorial. Le touriste désireux de déchiffrer en totalité les textes gravés sur les fameuses plaques de verre pourra y passer la journée. Mais comme il s’agit de textes publics qu’il pourrait lire chez lui dans son fauteuil, on peut douter que cette perspective passionne les foules. Décidément, le Voyage à Nantes est mal parti.

« On fait le pari que cette idée de voyage peut donner un plus à Nantes, et que les gens auront de quoi faire en venant ici », insiste néanmoins Jean Blaise. Un pari à 13 millions d’euros d’argent public, quand même ! Joue-t-on cela à pile ou face ? Le projet du Voyage à Nantes ne semble pas beaucoup mieux ficelé que celui de Willy Wolf. Qui aura la charité de retenir Jean Blaise avant le plongeon ?

09 décembre 2011

Nantes, la belle endormie ? (6) Encore des somnolences diurnes

La pseudo-belle endormie nantaise n’en finit pas de se réveiller, même si Bordeaux tient toujours la corde. Voici quelques épisodes de somnolence enregistrés ces derniers jours.
  • « Quand la belle endormie se réveille ! » s’exclame le site Enfants en famille en annonçant le Carnaval de Nantes 2012.
  • Un autre site web, The Créateurs, évoque « Une balade estivale dans la belle endormie » à propos d’un film lauréat du prix SFR Jeunes talents sur le thème « Votre vision de Nantes et des environs ».
  • Tryskel, contributeur du forum Liens utiles, salue Jean-Marc Heyrault [sic], car « les nantais l’aiment bien (c’est son 3ème mandat), ils le créditent d’avoir réveillé Nantes la ‘Belle Endormie’ qui végétait un peu [...]. »
  • …Et le gagnant du jour est Marie-Cécile Gessant, maire de Sautron qui, tout en critiquant vertement le coût exorbitant des futurs lampadaires de la place Graslin, déclare : « Jean-Marc Ayrault a su réveiller la belle endormie ». Jean-Pascal Hamida, qui rapporte ses propos dans Presse Océan de ce matin, explique qu’il s’agit du « surnom de Nantes il y a 30 ans ».
Eh ! non : en réalité, c’est un qualificatif appliqué rétroactivement dans les années 1990 à la ville d’avant 1989. Une légende fabriquée, façon encyclopédie soviétique ! Pour en savoir plus :
Nantes, la belle endormie ?

De bon (in)augure

« Le mémorial à l’abolition de l’esclavage sera inauguré au final le 24 mars », indique Ouest France suite à une annonce de Jean-Marc Ayrault. Une inauguration, en général, c'est un début. À Nantes, c’est un « final » ! « À l’origine, ce lieu de mémoire devait être inauguré le 1er décembre », ajoute le quotidien*. « À l’origine »,  c’est-à-dire quand ?
  • Quand la ville de Nantes a décidé d’ériger un monument commémoratif de l’esclavage, en 1998 ? Personne n’aurait pu imaginer alors qu’on en parlerait encore au futur treize ans plus tard.
  • Ou bien quand le conseil municipal a choisi le projet de Bonder et Wodiczko, en 2003 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré fin 2006.
  • Ou bien lors du lancement des premiers appels d’offres, en juillet 2006 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré en 2009.
  • Ou bien lors de la pose de la première pierre, en février 2010 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré à l’été 2011.
  • Ou bien la première fois qu’une date d’inauguration précise a été mentionnée, début 2011 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré le 21 octobre 2011 à l’occasion de la Convention nationale des avocats.
  • Ou bien la première fois qu’une date d’inauguration a été annoncée officiellement par les pouvoirs publics, en mai 2011 ? Le lieu de mémoire devait alors être inauguré le 1er décembre 2011. Les petits fours étaient commandés.
 Finalement, ce sera le 24 mars 2012. Cette fois, c’est sûr.
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* Tout comme la mairie de Nantes, dont le site web indique que l’inauguration était « initialement prévue jeudi 1er décembre 2011 ».

08 décembre 2011

HAB c…rie

Mais qui donc choisit les noms des structures touristiques nantaises ? Le Voyage à Nantes, on l'a dit, est une appellation qui annonce des déceptions. L’équipe de Jean Blaise vient de faire encore plus fort en rebaptisant « HAB galerie » son espace d’exposition du Hangar à bananes.

HAB est là pour « Hangar à bananes ». Mais ce clin d’œil nanto-nantais échappera au touriste international. Pour ce dernier, ardemment sollicité par Le Voyage à Nantes, HAB galerie rime plutôt avec HAB theory.

Cette théorie avancée par Hugh Auchincloss Brown (HAB) a acquis une grande notoriété dans le monde anglophone avec la publication en 1976 de The HAB Theory, roman-catastrophe du célèbre écrivain américain Allan W. Eckert, disparu voici quelques mois. Selon HAB, l’accumulation des glaces aux pôles déséquilibrerait progressivement la Terre jusqu’à ce qu’elle bascule. Ce cataclysme surviendrait tous les 4.500 à 7.000 ans. Il expliquerait la disparition soudaine des grandes civilisations. Et il y a 7.000 ans qu’il ne s’est pas produit…

C’est gai.

Est-ce pour conjurer le sort que la première exposition organisée à la HAB galerie est intitulée « Le réel est inadmissible, dʼailleurs il nʼexiste pas » ?

05 décembre 2011

Nantes et la Loire (4) : Poule au sec mais poule mouillée quand même

« La mairie de Nantes passe à l’acte » : belle ouverture d’un article de Rémi Certain dans Presse Océan ce matin. S’agissant d’une municipalité élue en mars 1989, il était bien temps en effet ! Foin de mauvais esprit pourtant : l’acte en question, la pose de barrières anti-Loire le long du quai de la Fosse et du quai Ernest-Renaud, a été fulgurant puisqu’il fait suite à des noyades survenues les 3 et 4 décembre. Les 3 et 4 décembre 2010, certes, mais qu’est-ce qu’une année pour une cité qui se passait de cet équipement depuis quelque chose comme quatre mille ans ?

Le passage à l’acte se borne pour l’instant à une décision de principe ; les barrières ne seront là qu’à l’été 2012. Les imprudents sont priés de patienter. Cependant, six mois pour exécuter la décision, cela paraît rapide quand il a fallu un an pour la prendre.

Les barrières feront 1,10 m de haut. Appelons cela une demi-mesure : 1,10 m, c’est trop facile à franchir. Pour éviter tout risque, un mur de 2 m surmonté de barbelés eût été plus efficace. Et plus encore un comblement définitif, parachevant l’œuvre des années 1930.

Bien sûr, les noyades sont des drames, on comprend l’émotion des familles. Mais isoler la ville de son fleuve est une décision aux implications culturelles colossales. Comme on l’a déjà noté ici l’an dernier avec un triptyque ligérien (La crue et la cuite, Les anneaux de la mé-Loire, Le tirailleur sénégalais du pont Anne de Bretagne), la municipalité nantaise avait vis-à-vis de la Loire une attitude de poule qui a trouvé un couteau. Elle a finalement fait son choix : un couteau, c’est dangereux, au placard le couteau !

04 décembre 2011

On n’en peut plus d’attendre Estuaire

« Estuaire ne commencera vraiment qu’en 2011 », disait Jean Blaise dans le numéro 15 de Place publique. Puisque l’année va se terminer, il serait grand temps de commencer. Alors, voici une proposition honnête. M. Blaise, vous vous réjouissiez que 4,4 millions d’euros, sur les 7,3 millions du budget d’Estuaire 2007*, « retournent directement dans l’économie locale ». Vous pouvez faire mieux : confiez moi seulement la moitié de cette somme, et je vous fais un Estuaire 2012 où, en plus, la rémunération de l’artiste – moi-même – restera sur place.

Vous voulez un échantillon des œuvres ? En voici trois – trois seulement, car je n’ai que 5 minutes à leur consacrer, mais vous en trouverez d’autres dans mon post du 5 juin 2009. On notera que ces œuvres estuariennes réjouissent deux sens à la fois : l’œil, mais aussi l’ouïe, le goût ou l’odorat.
  • Cucuniculture : 2.012 petits lapins en chocolat fournis par un grand pâtissier nantais (appel du pied à MM. Gilbert Debotté, Jacques Chauvelon, Vincent Guerlais et confrères) sont alignés en file indienne le long du canal de La Martinière. C’est une œuvre évolutive, avec la participation des visiteurs, en fonction de leur gourmandise. Et une œuvre semi-pérenne : longtemps, on trouvera du chocolat fondu entre les pavés. Si le budget le permet, on pourra porter le nombre de petits lapins à 2.684, soit le numéro du département multiplié par l’âge du capitaine Blaise l’an prochain.
  • Barre-bac : sur le quai du Pellerin, 2,012 tonnes de carcasses d’animaux morts, provenant d’élevages locaux via un équarrisseur local, forment une pyramide qu’on doit contourner pour accéder aux cales. La création n’est pas dans l’installation mais dans sa décomposition progressive, support d’une réflexion sur la condition humaine (« Hélas ! Pauvre Yorick ! »). C’est une aussi une œuvre semi-pérenne : même quand le dernier rat aura rongé les dernières chairs et le dernier chien errant volé le dernier fémur, l’odeur imprégnera longtemps les lieux, pour la plus grande fierté des Pellerinais.
  • Éole & Heol : à Paimbœuf sont installées une éolienne et une série de capteurs solaires, alimentant deux puissants sound systems. Le premier, qui fonctionne jour et nuit en fonction du vent, diffuse en continu l’album Night and Day de Joe Jackson. L’autre, qui fonctionne le jour en fonction du soleil, diffuse en diurne le Dies Irae de Berlioz. Comme les sons portent loin sur l’eau, on entend les haut-parleurs jusqu’à Saint-Nazaire et Nantes, en tendant l’oreille : en voilà bien, de l’Estuaire ! Tout cela réjouit tant les Paimblotins que l’installation est placée sur une barge au milieu de la Loire, plutôt que sur les quais du port, pour éviter leurs débordements d'affection. Cette œuvre est non seulement pérenne mais durable puisqu’elle utilise des énergies renouvelables. Ça compense largement Notre-Dame-des-Landes.
Hélas, M. Blaise, je sais déjà ce que vous allez me répondre : contrairement à la meute de loups ou aux oiseaux musiciens d’Estuaire 2009, ce ne sont pas des œuvres d’art car il leur manque l’intention artistique. Avec l’art, c’est l’intention qui compte. Cette intention-là sait même compter jusqu’à des six et sept chiffres en euros.
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* En réalité 8,8 millions d'euros, a révélé la Chambre régionale des comptes dans un récent rapport.

02 décembre 2011

Du Mémorial au tribunal

D’un côté de la Loire, le palais de justice attend toujours qu’on lui change ses baies vitrées brisées par une main anonyme voici près d’un an.
De l’autre côté de la Loire, les lames de verre inutilisables s’entassent tristement sur le site du Mémorial à l’abolition de l’esclavage.

Qu’attend-on pour boucher les trous de l’un avec les rebuts de l’autre ?

01 décembre 2011

Cycliste à Nantes : (4) la traîtrise du Connétable

Le cours Olivier de Clisson, qui tranche en deux l’île Feydeau, paraît tout simple : les voitures d’un côté, le tramway de l’autre, les piétons de chaque côté. Et les cyclistes ? Quand on aborde le cours par le Nord, c’est clair : une belle piste cyclable à double sens longe les rails du tram. Son entrée, sur le rond-point qui forme l’extrémité nord du cours, est clairement signalée par un panneau et un marquage au sol.

Ensuite, plus rien. Rien ne signale la piste au cycliste qui vient du Sud. Pire, rien ne la signale au piéton innocent, qui voit des cyclistes débouler sur « son » trottoir.

Et pour le cycliste qui vient du Nord, la fin de piste est énigmatique. Elle s’achève sur un feu tricolore*. Où aller ensuite ? Tout droit, dans la continuité du cours, vers le boulevard Jean-Monnet, toujours le long des rails du tram, pourrait-on croire. Erreur ! Un panneau réserve l’endroit aux piétons**.

Le cycliste n’a donc d’autre choix que de tourner à gauche ou à droite sur le boulevard Jean-Philippot. Mais s’il choisit la droite, il doit franchir les rails de tramway qu’il longeait. Or le feu de la piste cyclable passe au vert (à l’orange clignotant, en réalité, vous ne pourrez pas dire qu'on ne vous a pas prévenu) précisément quand le tramway arrive, face à lui, comme ici, ou dans son dos. Tant pis pour l’étourdi.
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 * Muni d’un bouton d’appel sur lequel on lit : « Piétons, appuyez » !
** Rectificatif : comme le fait remarquer Colibri dans un commentaire de ce post, le panneau indique une aire piétonne, or l'article R431-9 du code de la route dispose que "les conducteurs de cycles peuvent circuler sur les aires piétonnes, sauf dispositions différentes prises par l'autorité investie du pouvoir de police, à la condition de conserver l'allure du pas et de ne pas occasionner de gêne aux piétons".