Tout était parfaitement organisé : il y avait de la glace*, une tronçonneuse et des sculpteurs, et même quelques spectateurs. Sauf qu'il y avait aussi pas mal de degrés en trop : à Nantes, il arrive qu'il ne gèle pas à pierre fendre aux premiers jours de l'hiver. Nous sommes en climat océanique, quelle surprise ! Résultat : le premier des éléphanteaux de Noël aux Nefs était mort-né. L'éléphante a perdu les eaux avant terme. Cependant, tous les espoirs restent permis pour le 3e et dernier éléphanteau, il pourrait être sauvé par les masses d'air venues de Sibérie qu'annonce la météo.
* Quoique... une tonne, ça impressionne sur le papier, mais au milieu des Nefs, c'est plutôt riquiqui.
Nantes et déconnantes : Comment la capitale historique de la Bretagne est en train de gâcher ses meilleurs atouts. Un regard non conformiste - voire franchement satirique - sur Nantes en ce début du 21ème siècle. Reproduction autorisée sous réserve de citation de la source, avec lien actif vers l'URL, pour chaque article cité.
24 décembre 2008
16 décembre 2008
Cette obscure clarté
« Il y aura une ambiance incroyable » annonce M. Orefice dans Presse Océan de ce matin à propos de Noël aux nefs. On y prié d’y croire puisque l’animation ne commence que le 23 décembre. Seuls les incroyants attendront d’avoir vu pour croire à cet incroyable. Un acte de foi est d’autant plus indispensable qu’on parviendra à l’incroyable avec des bouts de chandelle, littéralement. « On a prévu de baliser le parcours avec 500 boîtes de conserve contenant une bougie », dit encore M. Orefice. Cinq cents bougies pour obtenir l’incroyable, ça n’est plus des bougies, c’est des cierges miraculeux.
Hélas, le patron des Machines précise aussi : « Ce sont des lampes réalisées au Maroc. » Tiens, n’a-t-on vraiment pas pu trouver à Nantes des travailleurs assez qualifiés pour placer des bougies dans des boîtes de conserve ? Sans doute la main-d’œuvre est-elle moins chère au Maghreb, mais sur un contrat aussi colossal que 500 bougies dans 500 boîtes de conserve, n’est-ce pas une économie… de bouts de chandelle ? Qui au surplus risque d’être largement absorbée par les frais de transport ? Et puis, les bougies, c’est écolo, c’est bien, mais le kérosène consommé pour les amener en France l’est moins. Qu’y aura-t-il de plus incroyable, l’ambiance ou le gaspillage ?
De l'incroyable, on saute pourtant au réel sans transition : l’éclairage aux bougies « fait réellement penser aux abysses » assure encore M. Orefice, qu’on ne savait pas si familier des grandes profondeurs. À moins qu’il n’ait visité la remarquable exposition Abysses organisée jusqu’en mai dernier par le Muséum d’histoire naturelle de Paris, qui jouait fort bien elle aussi de l'obscurité et des lumières bleutées. Cette exposition avait été subventionnée par le groupe Total. On espère qu’il a aussi participé au financement des bougies en conserve. Peut-être en fournissant le kérosène, justement ?
Hélas, le patron des Machines précise aussi : « Ce sont des lampes réalisées au Maroc. » Tiens, n’a-t-on vraiment pas pu trouver à Nantes des travailleurs assez qualifiés pour placer des bougies dans des boîtes de conserve ? Sans doute la main-d’œuvre est-elle moins chère au Maghreb, mais sur un contrat aussi colossal que 500 bougies dans 500 boîtes de conserve, n’est-ce pas une économie… de bouts de chandelle ? Qui au surplus risque d’être largement absorbée par les frais de transport ? Et puis, les bougies, c’est écolo, c’est bien, mais le kérosène consommé pour les amener en France l’est moins. Qu’y aura-t-il de plus incroyable, l’ambiance ou le gaspillage ?
De l'incroyable, on saute pourtant au réel sans transition : l’éclairage aux bougies « fait réellement penser aux abysses » assure encore M. Orefice, qu’on ne savait pas si familier des grandes profondeurs. À moins qu’il n’ait visité la remarquable exposition Abysses organisée jusqu’en mai dernier par le Muséum d’histoire naturelle de Paris, qui jouait fort bien elle aussi de l'obscurité et des lumières bleutées. Cette exposition avait été subventionnée par le groupe Total. On espère qu’il a aussi participé au financement des bougies en conserve. Peut-être en fournissant le kérosène, justement ?
08 décembre 2008
Quand il entend le mot culture, il sort son réverbère
Décidément, les communicants de la municipalité nantaise n’ont pas beaucoup de chance avec Le Monde. Fin octobre, l’air de pas y toucher, le quotidien de l’establishment avait commenté l’urbanisme de l’île de Nantes avec force moqueries distinguées. À présent, c’est M. Blaise qui a droit à un article à double lecture (Le Monde du 3 décembre), louangeur par devant, légèrement sarcastique par derrière.
Déjà, le titre « Jean Blaise, l’allumeur de la vie culturelle nantaise » suscite une douce hilarité. Par devant, l'allusion aux Allumées est transparente. Par derrière, on songe inévitablement à l’allumeur de réverbères du Petit Prince. Sans cesse, il allume et il éteint parce que c’est la culture, bonjour. La culture, bonsoir. En tout cas, il n’y a rien à comprendre, la culture, c’est la culture. (D’accord, Saint-Exupéry écrit « consigne » et non « culture », mais la transposition s’impose d’elle-même. Ou peut-être que c’est là qu’on signe, bonsoir.)
L’incipit de l’article n’est pas mal non plus dans le genre sous-entendu malicieux : « L’histoire commence comme une débâcle ». Sans nul doute, l’auteur de l’article sait pertinemment qu’une débâcle désigne le chaos d’une rivière qui se dégèle, et qu’à Nantes, quand on accole le nom Blaise au mot débâcle, c'est qu'on parle d'Estuaire 2007. Mais non, non, non, qu’allez-vous chercher là, Le Monde évoque en réalité un projet avorté en 1982 à cause de l’échec de la gauche aux municipales. Avec une petite dénonciation au passage : « Le soir des élections, raconte Jean Blaise, on est entrés en résistance ». Ainsi, le responsable culturel n’était pas un démocrate respectueux du choix du peuple et du contrat passé avec la collectivité mais un militant politique intolérant ? Officiel, c'est Le Monde qui l'a dit !
M. Blaise, explique Le Monde, trouve alors refuge à Saint-Herblain auprès de M. Ayrault. Et en 1989, quand celui-ci est élu à Nantes, « il emmène Jean Blaise dans ses bagages ». Le grand homme ravalé au rang de nécessaire de culture, voilà qui a dû faire rire jaune du côté du Lieu Unique !
Le Lieu Unique, justement : Le Monde n'allait pas louper ça. Un coup de maître, écrit-il : « À deux pas de la gare et en plein centre-ville, on y trouve un restaurant, un bar, une librairie, une crèche et même un hammam ». Un bar en centre-ville, admirable ! Assurément, si M. Blaise avait ouvert une supérette ou un sex-shop, ce n’était plus simplement un coup de maître, c'était un coup de génie !
Non, les efforts de relations publiques de la mairie de Nantes en direction du Monde ne sont pas un bon investissement...
Déjà, le titre « Jean Blaise, l’allumeur de la vie culturelle nantaise » suscite une douce hilarité. Par devant, l'allusion aux Allumées est transparente. Par derrière, on songe inévitablement à l’allumeur de réverbères du Petit Prince. Sans cesse, il allume et il éteint parce que c’est la culture, bonjour. La culture, bonsoir. En tout cas, il n’y a rien à comprendre, la culture, c’est la culture. (D’accord, Saint-Exupéry écrit « consigne » et non « culture », mais la transposition s’impose d’elle-même. Ou peut-être que c’est là qu’on signe, bonsoir.)
L’incipit de l’article n’est pas mal non plus dans le genre sous-entendu malicieux : « L’histoire commence comme une débâcle ». Sans nul doute, l’auteur de l’article sait pertinemment qu’une débâcle désigne le chaos d’une rivière qui se dégèle, et qu’à Nantes, quand on accole le nom Blaise au mot débâcle, c'est qu'on parle d'Estuaire 2007. Mais non, non, non, qu’allez-vous chercher là, Le Monde évoque en réalité un projet avorté en 1982 à cause de l’échec de la gauche aux municipales. Avec une petite dénonciation au passage : « Le soir des élections, raconte Jean Blaise, on est entrés en résistance ». Ainsi, le responsable culturel n’était pas un démocrate respectueux du choix du peuple et du contrat passé avec la collectivité mais un militant politique intolérant ? Officiel, c'est Le Monde qui l'a dit !
M. Blaise, explique Le Monde, trouve alors refuge à Saint-Herblain auprès de M. Ayrault. Et en 1989, quand celui-ci est élu à Nantes, « il emmène Jean Blaise dans ses bagages ». Le grand homme ravalé au rang de nécessaire de culture, voilà qui a dû faire rire jaune du côté du Lieu Unique !
Le Lieu Unique, justement : Le Monde n'allait pas louper ça. Un coup de maître, écrit-il : « À deux pas de la gare et en plein centre-ville, on y trouve un restaurant, un bar, une librairie, une crèche et même un hammam ». Un bar en centre-ville, admirable ! Assurément, si M. Blaise avait ouvert une supérette ou un sex-shop, ce n’était plus simplement un coup de maître, c'était un coup de génie !
Non, les efforts de relations publiques de la mairie de Nantes en direction du Monde ne sont pas un bon investissement...
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