30 janvier 2025

Nantes en marche vers la ville post-sexiste

Nantes Métropole recherche en ce moment un prestataire chargé de rédiger ses « rapports annuels d’activité égalité ». « Ses » rapports, car la loi, c’est ballot, lui en impose deux  : un « rapport sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes » (loi du 4 août 2014, article 61) et un « rapport relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » (loi du 12 mars 2012, article 51).

Les données chiffrées sont normalement disponibles dans les comptes des grandes collectivités. Néanmoins, la rédaction des rapports réclame un certain talent : il faut savoir raconter des histoires.


Pas de gaffe, hein ! La loi de 2014 porte sur l’égalité « réelle » entre les femmes et les hommes. Mais le réel nantais de la ville « non sexiste », selon la promesse faite par Johanna Rolland en 2014, pose un petit problème. La moitié des dirigeants mentionnés sur l’organigramme officiel en 2015 étaient des femmes. Aujourd’hui, les femmes trustent à peu près 60 % de l’organigramme actuel.

Globalement, 67,8 % des 4 116 agents municipaux de la ville de Nantes en 2023, étaient femmes : plus des deux tiers ! La proportion atteint même 74,5 %, près des trois quarts, pour les postes de catégorie A, les plus élevés. 

Parti comme c’est, il serait sans doute plus facile de se débarrasser des hommes résiduels que de chercher à rétablir une égalité artificielle…

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/johanna-rolland-3/

Johanna Rolland aurait besoin d’hommes incompétents

24 janvier 2025

Paquebots 1913-1942 au musée d’arts : Sophie Lévy embarque en première classe

    À un an près, l’exposition du musée d’arts de Nantes Paquebots 1913-1942 – Une esthétique transatlantique aurait pris un caractère tout différent. Si la date de début avait été fixée à 1912 au lieu de 1913, son « esthétique transatlantique » était pliée puisque le naufrage du Titanic a inspiré une foultitude d’œuvres : romans, films, poésies, comédie musicale, BD, peintures, pièces d’orfèvrerie et d’horlogerie, sculptures et même un spectacle de Royal de Luxe, La Géante du Titanic et le scaphandrier (2009).

Résolument glorieuse et optimiste, l’exposition ignore jusqu’au naufrage du RMS Lancastria, qui date pourtant du 17 juin 1940. Une tragédie bien de chez nous, dans l’estuaire de la Loire, avec un bilan humain autrement plus lourd que celui du Titanic. L’« esthétique transatlantique » des habitants du pays de Retz a été irrémédiablement marquée par les cadavres retrouvés sur leurs plages pendant des semaines.


De minces prétextes sont allégués pour justifier l’insoucieuse fourchette 1913-1942. Ça se gâte quand même un peu vers la fin : comme le Normandie est très présent dans les salles du musée, à différents titres (photos, dessins de René-Yves Creston, objets du quotidien…), il était difficile de dissimuler son triste sort de 1942, à une époque ou d’ailleurs il n’était plus un paquebot et ne s’appelait plus Normandie).

Le Voyage à Nantes ne s’arrêtera pas au premier iceberg

Accusera-t-on les commissaires de l’exposition, Sophie Lévy et Géraldine Lefebvre, directrice du Musée d’art moderne André Malraux (MuMA) du Havre, d’avoir travesti la vérité ? Disons plutôt qu’elles ne l’ont regardée qu’avec l’œil de passagers de première classe sur un paquebot arrivé à bon port. Après tout, le musée d’arts est un musée d’arts, pas un musée historique.

On croirait même que Sophie Lévy avait pressenti sa nomination à la tête du Voyage à Nantes : pour attirer le public, et c’est ce qu’on lui demande, il faut po-si-ti-ver, quitte à raconter des histoires. Et, au fil des expositions, elle le fait avec beaucoup plus d’élégance que Jean Blaise, qui a souvent pédalé dans la choucroute. L’exposition est visible au musée d’arts jusqu’au 23 février.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/paquebots/

Paquebots 1913-1942 au musée d’arts de Nantes : la commandante quitte le navire avec les honneurs

20 janvier 2025

Johanna Rolland fait vœux de tout bois

Sur les panneaux d’affichage commercial comme dans nos boîtes aux lettres, Johanna Rolland nous souhaite une « Bonne année 2025 », illustrée d’une photo du château des ducs de Bretagne encadré de verdure. Elle prend soin de préciser la localisation GPS du point de vue (47°12’53.526 N – 1°32’58.11 O) : chacun peut vérifier que le château est bien là. Quant à la verdure, évidemment, elle est beaucoup moins flatteuse en cette saison qu’en pleine floraison printanière.

Comme les prospectus distribués en boîtes aux lettres ont presque disparu (et avec eux des distributeurs comme Adrexo), un beau bristol 14x21, ça se remarque. L'abandon des prospectus, c’était pour épargner des arbres : réciproquement, on se demande combien Johanna Rolland en a fait couper pour nous souhaiter une bonne année. Ce qui ne l’empêche pas de proclamer : « La nature gagne du terrain. Demain n’attend pas. »

Demain n’attend pas ? Tiens, Johanna Rolland ressort son slogan de 2023, comme si 365+366 = 731 jours plus tard, demain, c’était encore demain, qui attend toujours. Elle ne promet d’ailleurs rien, sinon que demain, c’est pour bientôt. Elle ne peut même pas annoncer que demain on rasera gratuit, sauf pour ce qui est de raser des arbres, bien sûr. À « Demain n’attend pas »(1), Johanna Rolland adjoignait naguère « Inventons un autre futur ». Elle a sans doute renoncé à l’invention et/ou au futur.


À la place, elle a opté pour : « La nature gagne du terrain ». C’est très bien, notez, mais il est étonnant qu’elle ait dû attendre l’avant dernière année de son second mandat pour découvrir son état de grâce écologique. Ce souci semble être devenu pour elle une obsession : sa priorité n’est pas Nantes et les Nantais mais la nature. Elle fait vœux de tout bois et bois de tout feu. On ratiboise tous les arbres du boulevard Léon-Bureau pour assurer la desserte du CHU voulu par Jean-Marc Ayrault ? Ah ! mais on va en faire du compost pour les jardins publics, du petit bois pour les chaufferies municipales, du bois d’œuvre pour fabriquer des objets utiles. Comme le cercueil des ambitions municipales, par exemple ?

Johanna Rolland dit avoir doublé ses objectifs de « renaturation ». Ce qui est en même temps l’aveu d’une dénaturation antérieure – et qui donc a géré Nantes ces trente-cinq derniers années ? Sont en cours, par exemple, de « nouvelles plantations sur la promenade nantaise de la gare à la Loire ». Le superbe pavement de granit posé voici une dizaine d’années quai Flesselles et quai du Port-Maillard vient d’être défoncé ici et là au profit de chiches plantations.

Mouchoir de poche

De la gare à la Loire, on parle d’une superficie d’environ 5 hectares, soit 50 000 mètres carrés. On va officiellement y retrouver 390 m² de pleine terre ! La nouvelle place du Commerce comporte à elle seule, selon Nantes Métropole, 3 400 m² d’espaces végétalisés. La pleine terre retrouvée en cassant le granit sera donc neuf fois moins vaste que les espaces verts de la place du Commerce, qui déjà paraissent plutôt pauvrets.

Sur ces 390 m², on plantera, assure Nantes Métropole, 21 arbres, 1 600 vivaces et 1 700 bulbes de lys, glaïeuls et narcisses. Au total, 3 321 plantations, contre officiellement « plus de 30 000 plantations » sur la place du Commerce. Les arbres annoncés sont des copalmes de Formose et des virgiliers à bois jaune. Un arbre chinois, un arbre américain, pas de jaloux. Mais si le copalme peut atteindre 20 à 30 mètres de haut, le virgilier ne dépasse pas 8 à 10 mètres à pleine maturité : on est plus dans le registre de l’arbuste. Quant aux 1 700 bulbes, ils peuvent occuper, en fonction des plantes concernées (entre cinquante à cent bulbes au m² pour les narcisses et neuf à douze pour les lys), une centaine de mètres carrés.


C’est ridicule au regard du coût des travaux. Mais on dirait que, quoi qu’il en coûte, comme eût dit Emmanuel Macron, Johanna Rolland est prête à toutes les dépenses pour pouvoir dire qu’elle a planté.

Pourquoi une telle frénésie végétalisatrice ? Le Landerneau politique parle beaucoup de conspirations ourdies par LFI et les Écologistes dans les villes de province pour voler leur fauteuil aux maires socialistes. À la tête d’une agglomération qui a élu deux députés LFI et une écolo contre deux socialistes, Johanna Rolland, censément n° 2 d’un Parti socialiste qu’elle a contribué à rétrécir en dirigeant la campagne présidentielle d’Anne Hidalgo en 2022, est forcément dans ses petits souliers. Elle pourrait bien tâcher de les remplacer par des gros sabots en bois de copalme ou de virgilier.

Sven Jelure

(1) « Demain n’attend pas » est une marque déposée en 2020 par Mme Delphine Darmon dans les classes 38 (forums en ligne, émissions télévisées, etc.) et 41 (éducation, divertissement, éditions, etc.).

05 janvier 2025

Les Machines de l’île vouées à la privatisation ?

Jean Blaise n’a pas eu un mot pour les Machines de l’île dans son entretien d’adieu donné à Presse Océan juste avant Noël. Elles sont pourtant, avec le château des ducs de Bretagne, l’une des deux grandes sources de chiffre d’affaires de la SPL Le Voyage à Nantes (mais aussi sa principale source de déficit). Son désintérêt contribue à expliquer la dérive de cet équipement avec lequel Jean-Marc Ayrault aurait voulu faire de Nantes une destination touristique internationale.

Les Machines de l’île ont été conçues au tout début du siècle ; les esquisses ont été déposées chez un notaire le 31 janvier 2002. Vingt-trois ans plus tard, où en est-on ? En 2004, Nantes Métropole passe une commande portant sur l’Éléphant, les premiers éléments de l’Arbre aux Hérons (alors dénommé l’Arbre aux Oiseaux), les premiers éléments du Carrousel des mondes marins  et la Galerie des Machines. Trois ans plus tard, les Machines de l’île ouvrent au public ; le Carrousel suit en 2012. Depuis douze ans, le seul événement majeur a été l’abandon de l’Arbre aux Hérons, sans rien pour le remplacer. Où sont l’imagination et la créativité dont se targuaient Le Voyage à Nantes et son patron ?

Les pannes fréquentes du Grand Eléphant contribuent
à plomber les comptes des Machines de l'île

Les résultats réels des Machines de l’île ont toujours été un peu mystérieux à cause de chiffres bidonnés (voir par exemple les articles sur le bilan 2014). Cette mauvaise habitude a pu contaminer Nantes Métropole. Selon son rapport annuel 2023, « 745 740 visiteurs ont été accueillis [aux Machines] en 2023, soit + 22 % par rapport à 2022 et + 5 % par rapport à 2019 ». Un calcul simple permet donc de déterminer que les Machines ont accueilli 611 262 visiteurs en 2022 et 710 229 en 2019. Erreur ! Selon son rapport annuel 2022, « 677 826 visiteurs payants ont été accueillis en 2022 » ! Quant à 2019, le rapport de la DSP des Machines de l’île pour 2019 précise de son côté que « la fréquentation totale des Machines de l’île en 2019 s’est élevée à 738 579 visiteurs ». On ne s’embêtera pas à déterminer lesquels de ces chiffres sont faux, mais l’erreur de calcul aboutit à embellir le résultat affiché pour 2023.

Les Machines de l’île aux mains du secteur privé ?

Une chose est certaine en tout cas : la situation financière des Machines est très mauvaise. Hélène Madec, à leur tête, et Sophie Lévy, à la direction du Voyage à Nantes, vont avoir beaucoup à faire. À moins qu’elles ne se débarrassent de cet héritage de Jean-Marc Ayrault ? Nantes Métropole a mis en ordre l’an dernier le contrat qui la lie à Pierre Orefice et François Delarozière. Elle a relevé le pourcentage qui leur est versé sur les recettes de billetterie (plafonné à 23 700 euros par an et par personne, il augmentera selon l’indice des prix). Mais elle a aussi veillé à introduire la clause suivante :

Nantes Métropole pourra librement rétrocéder à tout tiers de son choix et notamment à un délégataire chargé de l'exploitation des Équipements, tout ou partie de ses droits et obligations tels que définis par le présent contrat, et notamment accorder toute licence d'exploitation de tout ou partie de ces droits à tout tiers de son choix, et ce, dans les limites et conditions définies par le présent contrat.

Cette disposition couvre aujourd’hui la délégation de service public (DSP) au nom de laquelle le Voyage à Nantes exploite les Machines. Mais ladite DSP s’achève à fin 2025. Le secteur privé mettra-t-il la main sur les Machines en 2026 ?

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/les-machines-de-lile-peuvent-elles-sauver-leur-peau/

Les Machines de l’île peuvent-elles sauver leur peau ?

29 décembre 2024

Nantes Métropole complice du flou artistico-comptable de l’École des Beaux-arts

 La Chambre régionale des comptes avait consacré un rapport très critique à l’École des beaux-arts de Nantes-Saint-Nazaire (EBANSN) en 2019. Revenue à la charge cette année, elle constate dans un « audit flash » qu’il y a encore beaucoup à redire. Cas emblématique : l’école versait à son personnel une « prime de service public » irrégulière. Quand son conseil d’administration l’a su, en octobre 2019, il a aussitôt décidé… de continuer. Avant de se défiler dare-dare en février 2024 quand le nouveau contrôle a été ouvert !


Le montant versé irrégulièrement dépasse 800 000 euros. Mais il y a plus cher : incapable de supporter le coût de construction de ses nouveaux locaux de Nantes et Saint-Nazaire, l’école a refilé le bébé aux collectivités locales. Nantes Métropole s’est engagée à rembourser 17 millions d’euros. Allons, allons, il n’a pas été nécessaire de torturer sauvagement les élus métropolitains pour obtenir leur accord : c’est l’EBANSN qui a été auditée, mais les critiques s’adressent tout autant à la Métropole !

Le président de l’EBANSN est un élu de la Ville de Nantes, son adjoint à la culture. Sera-t-il mis sur la touche comme son prédécesseur David Martineau en 2019 ? On parierait plutôt que Johanna Rolland va regarder ailleurs pour éviter de chercher des crosses au Parti communiste.

Voir article complet dans Nantes Plus :

https://nantesplus.org/lecole-des-beaux-arts/

L’École des Beaux-arts se fait flasher, Nantes Métropole aussi

08 décembre 2024

Jean Blaise retraité : acompte sur critiques à venir

Jean Blaise part en retraite à la fin du mois. C’était un personnage important de ce blog puisqu’il est au moins cité dans 166 des 1 131 articles parus ici depuis 2008, soit près de 7 %. Une dizaine d’entre eux lui sont même consacrés. Si les louanges officielles ne vous suffisent pas, vous pourrez vous référer par exemple à cette série parue en 2014 :

1. C’est le requiem pour Jean Blaise
2. Jean Blaise, culturel ou politique ?
3. Se réchauffer à la flamme des Allumées
4. Fin de cycle
5. Il y a quelque chose de pourri au royaume de Jean-Marc
6. Aveu tardif

2014, c’était la fin de sa période flamboyante. C'était aussi l'élection municipale. Une déclaration de Johanna Rolland a fait croire qu'elle allait changer de politique culturelle, et des langues ont commencé à se délier. Puis Jean Blaise a sauvé sa place et les langues se sont reliées et ralliées. Puis la routine s’est installée. On est entré davantage dans le registre du comique de répétition.

Jean Blaise a toujours été, comme on dit, un « bon client », jamais avare d’affirmations péremptoires, de prétentions acrobatiques et de vérités alternatives. Le plus étonnant n’est pas qu’il soit tant critiqué ici ; c’est qu’il le soit si peu ailleurs.

Flagornerie ? Pas forcément. Pour les éloges, il suffisait de citer. Dès l’époque d’Estuaire, Jean Blaise n’a pas lésiné sur l’autopromotion. Pour les critiques, il n’aurait pas été nécessaire de gratter beaucoup. En particulier lors de la présentation de résultats faux, improbables ou invérifiables, éventuellement retouchés a posteriori en fonction des besoins ultérieurs, comme en 2012. Pour qu’un échec soit reconnu, il fallait qu’il soit patent, et même ainsi Jean Blaise trouvait éventuellement des boucs émissaires, comme Hécate en 2017.

La bonne presse

La presse a su modérer ses commentaires après la parution en 2011 d’un rapport de la Chambre régionale des comptes qui aurait pu lui coûter sa carrière. Il lui est néanmoins arrivé de le critiquer, par exemple à propos de son travail au Havre pour le compte d’Édouard Philippe à un moment où il aurait plutôt dû préparer la réouverture du musée d’arts, ou à propos de l’échec du Voyage en Hiver. Frap, dans Presse Océan, lui a consacré un certain nombre de caricatures vachardes et bien senties.


Et si l’irrégulomadaire satirique nantais La Lettre à Lulu se montre discret (les moteurs de recherche ne repèrent dans ses pages qu’une douzaine de mentions, anodines pour la plupart, en plus de vingt ans et 129 numéros), le média autonome Contre-Attaque a émis quelques critiques virulentes, tandis que le site d’investigation Mediacités publiait plusieurs enquêtes fouillées qui ont dû faire tousser du côté de la rue Crucy, par exemple à propos des résultats financiers de la SPL Le Voyage à Nantes.

Le bilan réel de Jean Blaise reste à écrire : Son action a-t-elle comme annoncé inscrit Nantes sur la carte culturelle internationale ? Que reste-t-il réellement des Allumées ? À quel point les « œuvres pérennes » du Voyage à Nantes ont-elle enrichi la ville ? Que va-t-on faire des Humans de Breuning ? Les opérations estivales ont-elles créé une attente dans le public ? Le déficit financier de 2023 est-il un accident passager ? Les Machines de l’île peuvent-elles se relancer sans Arbre aux Hérons ? La « promotion culinaire » façon VAN s’adresse-t-elle au bon public ? La justice risque-t-elle de débusquer d’autres Station Nuage ? Etc. Sophie Lévy n'a probablement accepté la succession que sous bénéfice d’inventaire.

Voir biographie résumée dans Nantes Plus :

ttps://nantesplus.org/bluff-et-blaise-sont-dans-un-bateau-derniers-coups-de-rames-avant-la-retraite/

Bluff et Blaise sont dans un bateau : derniers coups de rame avant la retraite

05 décembre 2024

La Tour Bretagne mérite-t-elle tant de respect ?


À Singapour, l’an dernier, on a déconstruit la tour AXA – 235 mètres de haut, cinquante-deux étages construits en 1986 – pour pouvoir réutiliser le terrain. Rien de tel à Nantes, où le Groupe Giboire vient de présenter un projet de transformation de la plus modeste Tour Bretagne – 144 mètres de haut.

« Sa forme d’origine sera conservée dans le respect de son histoire et son esprit », promet l’un de ses architectes. Il ferait beau voir qu’une tour fût transformée au point de ne pas conserver sa forme d’origine, celle d'une tour ! Quant à son histoire et son esprit, en revanche, faut-il vraiment respecter ceux d’un immeuble aussi fertile en problèmes, de l’échec financier initial à la découverte d’amiante en passant par une flopée de suicides ?

Mais n’anticipons pas : le Groupe Giboire n’a pas toujours tenu ses promesses à Nantes. Qu’en attendre cette fois-ci ? Il compte commencer par construire un nouveau bâtiment à la place du parking privé et de la rampe d’accès de la place Bretagne, afin d’y installer un hôtel. Là, plus question de conserver la forme d’origine et de respecter l’histoire et l’esprit (ni la lourde réglementation d’un immeuble de grande hauteur). La Tour elle-même viendra ensuite. Parviendra-t-on à récupérer le premier étage comme Elon Musk le fait avec ses fusées ? D’ici-là, il passera beaucoup d’eau sous les ponts de l’Arche-Sèche !

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/la-tour-bretagne-encore-dans-les-nuages/

La Tour Bretagne encore dans les nuages

01 décembre 2024

La culture, c’est comme la confiture : trop sucré, ça écœure

 « L’action se passe dans les Pays de la Loire, c’est-à-dire nulle part. »
Sven Jelure, d’après Alfred Jarry, Ubu Roi

Parmi les critiques les plus véhéments de la réduction des subventions régionales aux activités culturelles, il y en a qui, voici deux ans, reprochaient à la Région une subvention de 200.000 euros attribuée à Puy du Fou Films pour Vaincre ou mourir. Ah ! Parce que ce n’était pas de la culture, Vaincre ou mourir, bien qu’il fût tourné par de vrais acteurs et de vrais techniciens, et projeté dans de vrais cinémas devant de vrais spectateurs ? Tout le monde ne peut pas en dire autant parmi les dizaines de films soutenus chaque année par la Région !

Mmmm… y aurait-il un peu d’esprit partisan dans ce deux poids deux mesures ? Ça n’aurait rien d’étonnant : dès leurs débuts, les Pays de la Loire ont fait de la culture un instrument politique. Cette région artificielle a constamment tenté de s’acheter une identité à l’aide d’opérations culturelles, à commencer par le désastreux Fontevraud Centre Culturel de l’Ouest.

Certains acteurs culturels parviennent à se faire subventionner tout à la fois par une commune, par un département, par la région, par l’État (DRAC) et par un nombre quelconque d’institutions spécialisées, avec à la clé, à chaque fois, des sollicitations, des dépôts de dossier, des votes en comité restreint et en session plénière, des procès-verbaux, des contrôles de légalité et des signatures de conventions qui n’oublient pas d’exiger des remerciements publics à chacun des donateurs. Le seul qu’on ne remercie jamais, c’est le contribuable, bien que ces générosités acheminées via de multiples apparatchiks proviennent intégralement de sa poche.

La crise actuelle devrait être l’occasion de s’interroger sur la logique absurde du système subventionnel, coûteux en temps, en énergie et en argent, et suspect de financer l’entregent (voire le copinage) plus que le talent et le travail. Pour la culture, la région est davantage un problème qu’une solution.

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https://nantesplus.org/tempete-sur-la-culture-dans-les-pays-de-la-loire-le-cocotier-secoue/

Tempête sur la culture dans les Pays de la Loire : le cocotier secoué

17 novembre 2024

Pour écouter Paul Ladmirault, compositeur nantais aujourd’hui dédaigné par la Ville de Nantes

La Folle Journée a proposé quelques occasions d’écouter les œuvres du compositeur Paul Ladmirault. Ceux qui les ont loupées bénéficieront de sessions de rattrapage à Nantes, ce 17 novembre à 16h00 à Sainte-Croix et le 24 novembre à 16h00 à Notre-Dame-de-Bon-Port.

Musicien brillant dès l’enfance, Paul Ladmirault (1877-1944) a délibérément renoncé à une carrière parisienne pour enseigner la musique au conservatoire de Nantes, sa ville natale. Il est l’auteur d’une œuvre considérable, connue notamment dans le monde anglo-saxon pour ses références arthuriennes. La municipalité nantaise a donné son nom à une place importante du centre de Nantes en 1950.


Et la municipalité d’aujourd’hui ? Elle sait qu’il existe une place Paul-Émile Ladmirault, c’est à peu près tout. Elle multiplie les hommages envers un génie qui a quitté Nantes pour écrire à Amiens mais ignore un génie qui est revenu à Nantes pour y composer.

On a peine à croire à un tel niveau d’inculture. Et  en effet, cet ostracisme pourrait avoir aussi une raison politique. Pour Paul Ladmirault, Nantes était bretonne, naturellement. Membre des Seizh Breur, le grand mouvement artistique breton de l’entre-deux-guerres, il ne dissimulait pas un sentiment indépendantiste. Ce qui n’a pas de conséquence sur une œuvre musicale ? Tiens, écoutez-le donc !

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/pourquoi-les-maires-de-nantes-ignorent-ils-paul-ladmirault-au-21e-siecle/

Pourquoi les maires de Nantes ignorent-ils Paul Ladmirault au 21e siècle ?

05 novembre 2024

En matière de théâtre, Nantes ne mélange pas la ville et la banlieue

La Ville de Nantes aligne un élu adjoint à la culture, un conseiller municipal délégué au spectacle vivant, une directrice générale adjointe Culture et arts dans la ville, une directrice de l’accompagnement des projets et des réseaux artistiques et une chargée de mission Théâtre et livre. Elle connaît donc bien les milieux du théâtre, pensera-t-on. D’ailleurs, elle lui verse des subventions considérables et ne le fait sûrement pas au petit bonheur la chance, n’est-ce pas ?

Eh bien, ce n’est pas si sûr. Le théâtre n’est cité, juste cité, qu’une seule fois dans les 116 pages du Rapport d’activité 2023 de la Ville de Nantes. Et celle-ci, apprend-on avec stupeur, a besoin d’un prestataire pour réaliser « un diagnostic théâtre sur la Ville de Nantes ».

L’étonnement grandit quand on constate que cet énoncé est à prendre au pied de la lettre : le diagnostic porte bel et bien sur « l’écosystème du théâtre à Nantes », à l’exclusion de ce qui se passe dans les communes périphériques : adieu Piano’cktail, Soufflerie, Capellia, etc. Comme si leurs activités théâtrales ne retentissaient pas du tout sur un microcosme nantais bien calfeutré et renfermé sur lui-même. 

Ce qui se conçoit mal s’énonce malaisément : pour trouver son diagnostiqueur, la Ville de Nantes a publié non pas un avis de marché mais deux ! Entre le premier et le deuxième, la procédure ouverte s’est transformée en procédure non concurrentielle, qui permettra de choisir un fournisseur plus librement. Le site des avis de marchés électroniques de la ville a fait mine de rien : le deuxième avis a été discrètement substitué au premier, si bien qu’un avis daté du 30 octobre paraît avoir été publié le… 28 octobre. Il faut consulter le BOAMP pour constater le subterfuge.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/au-dela-des-limites-de-la-commune-de-nantes-votre-billet-de-theatre-nest-plus-valable/

Au-delà des limites de la commune de Nantes, votre billet de théâtre n’est plus valable