30 décembre 2015

Ayrault erre

« Serai-je président de l’Assemblée nationale ? », se demande Jean-Marc Ayrault à la rubrique « octobre », dans le cahier Frap 2015 publié ce matin par Presse Océan. Le dessinateur et le député ont à présent leur réponse : c’est non. En comptant que Claude Bartolone libérerait la place, Jean-Marc Ayrault a misé sur le mauvais cheval.

Pareil quand il a déposé avec un autre député un amendement sur la CSG, dézingué hier par le Conseil constitutionnel. Ce qui fait un peu désordre pour un ancien Premier ministre… qui au surplus aurait bien aimé siéger au Conseil constitutionnel, à en croire Le Canard enchaîné.

Et quand, dimanche, Jean-Marc Ayrault a pris position contre la déchéance de nationalité pour les terroristes bi-nationaux, il fallait bien s’y attendre : selon un sondage dévoilé lundi, 86 % des Français sont pour. Quand ça veut pas, ça veut pas.

Comment se fait-il qu’un ex-maire de Nantes au jugement naguère réputé aussi sûr soit si régulièrement à côté de la plaque désormais ? Eh ! bien, si l’on reconsidérait ses réalisations d’autrefois à tête reposée, sans le secours de la puissante dircom’ de Nantes Métropole, n’en viendrait-on pas à se dire que, du musée des Beaux-arts à l’aménagement de l’île de Nantes en passant par Estuaire et Le Voyage à Nantes, son jugement n’était peut-être pas si sûr que ça en réalité ? Et quand on songe aux dossiers laissés en suspens, l’Ayraultport de Notre-Dame-des-Landes ou le nouveau CHU, ça ne rassure pas.

17 décembre 2015

Lobbying pour NDDL (20) : demain, la faute à Retailleau ?

« L’action se passe dans les Pays de la Loire, c’est-à-dire nulle part »
Sven Jelure, d’après Alfred Jarry, Ubu roi

JupitAir France rend-il fous ceux qu’ils veut perdre ? Le projet de NDDL a inspiré à Jacques Auxiette les gestes les plus grotesques de son mandat de président de région. Bruno Retailleau semble prêt à assumer pleinement la succession. Quelle mouche l’a donc piqué pour que son premier geste présidentiel soit de réclamer le début des travaux ?

Sa profession de foi pour le second tour des élections régionales avançait 21 propositions. « L’évacuation immédiate de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes » ne venait qu’en dix-neuvième position. La construction d’un nouvel aéroport n’y figurait pas*. Il y avait dans le lot des mesures autrement plus urgentes et aux avantages plus évidents : la relance de l’apprentissage (numéro un de la liste), le patriotisme économique régional, la fin du matraquage fiscal…

Surtout, se poser d’emblée en champion de la construction d’un nouvel aéroport pourrait s’avérer désastreux pour une carrière politique. Déjà, il n’y a pas si longtemps, l’appellation « Ayraultport » était une banderille piquée sur un premier ministre en perdition. Bientôt, ce sera pire. L’électorat commence à s’inquiéter massivement du réchauffement climatique. Deux ou trois catastrophes naturelles apportées par El Niño cet hiver et la cause sera entendue : un constructeur d’aéroport sera un ennemi du genre humain.

Plus prosaïquement, si le projet se réalise, ses conséquences seront imputées à celui dont le nom sera attaché au projet d’aéroport. Les pertubations routières occasionnées par les travaux ? L’augmentation de la fiscalité locale ? Les manifestations violentes des zadistes ? C’est la faute à Retailleau ! Et s’il y a des morts, MM. Hollande, Valls et Cazeneuve seront bien aise de rester en seconde ligne.

Les avantages futurs de l’aéroport feraient-ils oublier ces désagréments ? On peut en douter. Les taxes d’aéroport plus lourdes pour les passagers ? Les déménagements imposés aux agents aéroportuaires ? Le coût de l’entretien de Nantes Atlantique conservé pour Airbus ? C’est la faute à Retailleau !

Bruno Retailleau sait tout cela, bien sûr. Pour limiter ses risques personnels, il aurait pu commander une étude ouverte réalisée publiquement par des prestataires indépendants afin d’administrer la preuve qu’un nouvel aéroport reste nécessaire aujourd’hui. Faut-il que les enjeux occultes de l’aéroport soient lourds pour qu’il ait préféré reprendre à son compte le flambeau de Jacques Auxiette.
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* Ce qu'on est tenté d'expliquer ainsi : les sondages d'avant régionales montraient que les électeurs étaient majoritairement hostiles aux zadistes tout en étant défavorables au projet d'aéroport.

11 décembre 2015

Lobbying pour NDDL (19) : s’il est cynique, qui Vinci nique-t-il ?

Vinci a donc abandonné in extremis, hier, au palais de justice de Nantes, la procédure d’expulsion engagée contre plusieurs habitants et agriculteurs installés sur la zone du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les dirigeants du groupe (ou plutôt de sa filiale AGO) sont humains, après tout. Leur avocat a invoqué un « souci d’humanité » : qui oserait mettre ses semblables à la rue à quelques jours de Noël ? 

Cette hypothèse n’est pas la seule possible. Ni la plus plausible. « La volte-face est incroyable », admet franchement Yan Gauchard, dans Presse Océan. Depuis des années, les décisions de justice favorables sont un axe de communication majeur des partisans du projet d’aéroport. Pourquoi renoncer à une nouvelle victoire quasiment assurée, qui leur aurait permis de dire une fois de plus : « Voyez, la loi est avec nous » ? Et puis, comme l’a fait observer le vice-président du TGI, la procédure était prévisible depuis longtemps : pourquoi avoir attendu le dernier moment pour y renoncer ? Aurait-on soudain découvert le 10 décembre que Noël se fêtait le 25 ?

Cette considération calendaire en appelle évidemment une autre : le second tour des élections régionales a lieu le 13. Une décision d’expulsion aurait eu un effet désastreux pour la liste menée par Christophe Clergeau, déjà pas très sûre du bon report des voix écolos après une fusion cafouilleuse. Et si au surplus le prononcé du jugement avait provoqué des incidents, c’était pire : il ne restait qu’à choisir entre réprimer énergiquement, et perdre encore plus d’électeurs verts, ou tolérer des incidents, et mobiliser encore plus les électeurs de droite…

Vinci a donc retiré une sacrée épine du pied aux socialistes. Mais pourquoi donc ? A priori, il aurait tout intérêt à ce que la liste de droite soit élue. Bruno Retailleau est tout aussi favorable que Christophe Clergeau au projet d’aéroport, mais lui, au moins, ne serait pas plombé par des alliés écolos prompts à jouer les cailloux dans la chaussure de chantier. Compte tenu de la prime majoritaire, les verts n’auraient plus que quelques élus dans une assemblée régionale de droite.

Pour que Vinci cherche à sauver Christophe Clergeau, il faudrait que les socialistes lui aient accordé des gages sérieux. Lesquels ? Les paris sont ouverts. Il se peut que Vinci ait sincèrement voulu jouer les père Noël envers les zadistes, oui. Mais il se pourrait aussi que sa sagesse lui vaille un joli cadeau dans son petit soulier.

10 décembre 2015

Lobbying pour NDDL (18) : la nuit des aéroports vivants

« Si je veux enterrer un problème, je crée une commission », disait, paraît-il, Clemenceau. C’est en substance la voie choisie par Christophe Clergeau et Sophie Bringuy, têtes de liste du PS et d’EELV pour les élections régionales.

Le véritable enjeu de leurs discussions, on le subodore, était la répartition des postes. Mais comment se débarrasser de Notre-Dame-des-Landes ? En créant une commission. Ou plutôt en recréant une commission, puisqu’il a déjà existé une « commission de dialogue » qui n’a rien donné. C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs plats de lentilles

L’étude à effectuer visera « la recherche du consensus entre les partisans du projet de Notre-Dame-des-Landes et de ceux de l’optimisation de Nantes-Atlantique », dit le communiqué officiel de Mme Bringuy et de M. Clergeau. Ça ne mange pas de pain : on peut très bien être partisan à la fois de la création d’un nouvel aéroport ET de l’optimisation de l’aéroport existant, dont personne n’envisage la fermeture, Airbus oblige. Dire qu’il a fallu une nuit entière de négociations pour en arriver là…

La voie était donc libre pour aéroportiser en rond. On se demande alors pourquoi Christophe Clergeau a cru devoir proclamer que ses nouveaux colistiers s’étaient fait rouler dans la farine. « Les écologistes n’ont pas obtenu de moratoire ni sur les travaux ni sur l’expulsion des opposants », a-t-il souligné (Presse Océan du 8 décembre). Autant inviter tout de suite les adversaires de NDDL à voter pour la liste du Front national, seule protagoniste du deuxième tour à s’opposer encore au projet de Vinci !

Certes, la nuit de négociation avait été longue et les résultats du premier tour avaient de quoi susciter quelque fébrilité. Mais pour diriger une région, un peu de sang-froid ne serait-il pas indiqué ?

Sourires roses, sourires verts ou sourires jaunes ? (extrait du site de M. Clergeau)

08 décembre 2015

Quand les hérons partent en vrille

Pierre Orefice tente de s’accrocher aux branches. Johanna Rolland a dit non à l’Arbre aux hérons ? Il continue à faire campagne par l’intermédiaire de Presse Océan. On peut y voir une persévérance qui force l’admiration… ou une obstination qui dépasse les bornes.

« Il n’y a pas d’autre avenir en dehors de ce projet », assure-t-il. Autrement dit, sans Arbre aux hérons, on ferme boutique. Pourtant, en tant que directeur général salarié des Machines de l'île, il est payé pour mettre en œuvre la politique définie par le conseil d'administration de la SPL Le Voyage à Nantes – qui appartient essentiellement à Nantes Métropole. Il lui incombe de faire fonctionner cet équipement, pas de décider de son avenir.

Dans n’importe quelle entreprise sérieuse, un DG qui mettrait ainsi publiquement en doute l’avenir de son activité serait aussitôt limogé par son PDG et son conseil d'administration ! On va bien voir si Le Voyage à Nantes est une entreprise sérieuse…

Au passage, Pierre Orefice annonce des festivités en juillet 2016 « pour les 10 ans de La Machine ». Il y a un os, là. La Machine est une association de droit privé, principal fournisseur des Machines de l’île certes, mais juste un fournisseur quand même. Ce n’est pas à Pierre Orefice d’organiser ses festivités d’anniversaire. Et puis, la création de cette association (dont le siège se trouve en Haute-Garonne !) remonte à 1999 : un peu tard pour fêter ses 10 ans.

Alors, la langue du DG aurait-elle fourché ? Voulait-il parler du dixième anniversaire des Machines de l’île ? Cela pourrait être révélateur d’une confusion entre La Machine et Les Machines, entre intérêts privés et fonds publics. Et ce serait révélateur en tout cas d’une confusion de dates : Les Machines de l’île ont été inaugurées le 30 juin 2007 : cela va faire neuf ans et pas dix ! 

À droite, La Machine, à gauche Les Machines de l’île, entre les deux, une certaine confusion ?

05 décembre 2015

Tentative d'achat de votes à Nantes

Oui, c'était un vrai paquet de biscuits tentateurs qui était déposé tout à l'heure sur la rambarde de la Loire, à l'entrée de la passerelle Victor-Schoelcher... Mais les électeurs mangent-ils de ce biscuit-là ?


26 novembre 2015

Oreficia delaroziera, témoin de l'extinction des espèces

La mise au rancart de l'Arbre aux hérons afflige François Delarozière et Pierre Orefice. C'est leur faute aussi. Ils ont mis la charrue avant les (b)œufs en tentant d'imposer leur projet créatif sans avoir bordé ses conditions de réalisation et d'exploitation. François Delarozière encore, ça se comprend : emporté par l'enthousiasme du créateur et par l'intérêt commercial de son association, La Machine, il n'avait aucune raison de se demander qui allait payer – pourvu que quelqu'un paie. Il en va autrement de Pierre Orefice, directeur salarié des Machines de l'île, propriété des collectivités locales via Le Voyage à Nantes : il aurait dû, lui, éviter de confondre ses deux casquettes.

Pour l'avenir, les deux compères se sont enfermés eux-mêmes dans une seringue infernale. Ils ont trop proclamé que les Machines n'avaient pas d'avenir sans l'Arbre aux hérons, et ils ont imprudemment fait de la Galerie une préfiguration de l'Arbre qui n'a plus lieu d'être désormais. À présent, de deux choses l'une : soit les Machines disparaissent, soit ils ont dit n'importe quoi.

Ils traîneront aussi un  boulet plus lourd : sourds aux avertissements, ils ont obligé Johanna Rolland à jouer les mère Fouettard en assumant publiquement une décision raisonnable mais impopulaire. Si encore ils avaient fait profil bas, la question aurait pu se régler discrètement entre gens de bonne compagnie. Mais en cherchant à passer en force, ils ont exposé inutilement Madame le maire de Nantes.

Celle-ci s'est montrée indulgente jusqu'à présent. En prétextant une absence de terrain disponible, elle a évité de pointer les faiblesses du projet et ses perspectives d'exploitation exécrables. Il est vrai que cela la dispensait aussi de rappeler l'inconséquence dont Jean-Marc Ayrault a fait preuve en imposant en 2004 un projet mal calibré et géré dans des conditions à faire frémir*. Mais si Johanna Rolland a un peu de mémoire, voilà MM. Delarozière et Orefice marqués à l'encre rouge pour longtemps.

Ce qui ne leur fait peut-être ni chaud ni froid : le premier a déjà un canot de sauvetage à Toulouse et le second, sexagénaire, pourra bientôt faire valoir ses droits à la retraite.
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* Pêle-mêle : les Machines de l'île ont été financées comme un équipement touristique mais excipent de leur caractère artistique pour échapper à la législation des marchés publics, leur directeur salarié bénéficie aussi de droits d'auteur – tout comme le dirigeant de leur principal fournisseur, leurs déficits d'exploitation sont supportés  par la communauté urbaine alors qu'elles sont en droit gérées à ses propres risques par une SPL, elles ont toujours été déficitaires alors que leur exploitation devait être équilibrée après 2009, etc.

08 novembre 2015

Non, non, non, non, saint héron n’est pas mort car il branche encore

« On a la conviction que si le projet n'est pas inscrit au prochain mandat, c'est-à-dire en 2014, il ne se fera pas », déclarait Pierre Orefice à Frédéric Brenon, de 20 Minutes, il y a deux ans et demi, à propos du projet de l’Arbre aux hérons. « C’est 2019 ou jamais », insistait le patron des Machines de l’île, compte tenu des cinq ans qu’aurait duré le chantier. À l’heure qu’il est, donc, c’est fichu.

Fichu... à moins bien sûr que Pierre Orefice n’ait parlé à tort et à travers. C’est apparemment ce qu’espère la Jeune chambre économique Sud Loire. Elle redit de temps en temps, sur Facebook et dans la presse, son espoir de voir le projet se réaliser quand même. Sans craindre l’acharnement thérapeutique, elle voudrait le tirer du coma en lui apportant sur un plateau le financement que Nantes Métropole, instruite par l'expérience des Machines de l'île, ne semble pas décidée à lui accorder. Deux sources sont envisagées :
  • un crowdfunding qui ferait appel à de généreux donateurs
  • le parrainage des 22 branches et des 40 bancs de l’Arbre
On a déjà évoqué le crowdfunding ici : inutile de se bercer d’illusions sur ses perspectives. Le record absolu, et de loin, des financements participatifs rassemblés via le leader français et européen Ulule est inférieur à 0,7 millions d’euros, soit 2 % de ce qu’il faudrait à l’Arbre aux hérons. Or ce record a fait intervenir près de 12.000 contributeurs alors que la page Facebook du projet nantais a recueilli, au 6 novembre, 723 mentions « j’aime » (qui au surplus ne sont nullement des promesses de financement).

Reste le parrainage : 62 panneaux publicitaires à commercialiser. La formule n’est pas une nouveauté. À New York, Central Park a mis en place en 1986 le programme « Adopt a Bench ». Sur les 9.000 bancs du parc, 4.100 ont trouvé preneur, à 10.000 dollars pièce. À supposer que la JCE trouve des parrains pour tous les bancs de l’Arbre et que chacun d’eux accepte de payer aussi cher que pour un banc de Central Park (défense de ricaner), la recette plafonnerait aux alentours de 370.000 euros, soit un peu plus de 1 % du budget nécessaire. Et l’on remarquera qu’il a fallu 29 ans à Central Park pour placer moins de la moitié de ses bancs…

Les branches pourraient-elles se vendre plus cher ? Rien n'est moins sûr*. Et allez donc trouver 22 entreprises (hormis les habituels SAMOA et autres pseudopodes municipaux) qui soient prêtes à dépenser beaucoup d’argent pour y accrocher leur nom… Et puis, la transformation de l’Arbre en panneau publicitaire géant pourrait soulever d’intéressantes questions : Est-ce vraiment l’image qu’on souhaite donner de Nantes ? La ville exonérerait-elle les annonceurs de sa taxe locale sur les publicités extérieures (TLPE) ? Comment éviter que l’Arbre ne fasse la promotion des chaînes de fast-food à tous les étages ? Etc.

Des questions qui ne perturbent probablement pas la JCE mais qui promettent de jolis débats municipaux en cas de résurrection du projet. Et l'on entend, dans les champs, s'enc... les éléphants !
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* Les Machines de l'île avaient pour l'Arbre aux hérons un objectif de fréquentation d'environ 400.000 visiteurs/an, soit en langage publicitaire 400.000 ODV (occasions de voir). Le CPM (coût pour mille) de la publicité extérieure est généralement inférieur à 1 euro. Un panneau publicitaire sur une branche de l'Arbre pourrait donc valoir peut-être 400 euros par an ; à ce prix, les 22 panneaux couvriraient en dix ans 0,25 % du coût du projet.

06 novembre 2015

Lobbying pour NDDL (17) : L’aéroport ? Quel aéroport ?

Le sujet, c’est les zadistes, pas l’aéroport. L’aéroport, les politiques ne connaissent pas, ou seulement de nom. Témoin ce que disait hier Christophe Clergeau, chef de file des candidats socialistes à l’élection régionale du mois prochain : l’aéroport « ne doit pas être placé au cœur des élections régionales. […] Tout ramener à NDDL, c’est priver les citoyens du débat auquel ils ont droit sur l’avenir de leur région, et sur l’orientation de ses politiques publiques ».

L’élément de langage transparaît clairement : surtout, ne parlons pas de NDDL. De quoi parler alors ? De « l’état de droit » ! Cette expression très langue-de-bois est omniprésente. « l’État de Droit pourrait bientôt être enfin de retour à Notre Dame des Landes », déclare ainsi Bruno Retailleau, homologue de Christophe Clergeau côté droite. « La France est un État de droit, il est inacceptable et inimaginable qu'une minorité d'individus ultra-violents puisse empêcher l'application des décisions de justice et aller contre l'intérêt général », assurait Manuel Valls avant-hier à l’Assemblée nationale.

(À vrai dire, si l’État n’est pas capable de rétablir cet « état de droit » quand cinquante gens du voyage bloquent une portion d’autoroute, on est curieux de savoir comment il se débrouillerait face à des bataillons de zadistes embusqués sur des centaines d’hectares.)

Sur son site web, alors que la campagne électorale bat son plein, Christophe Clergeau n’a plus mentionné Notre-Dame-des-Landes depuis plus de quatre mois – et c’était déjà pour dire qu’il ne fallait pas en parler.

Tous ces responsables politiques ont en main des sondages d’opinion. S’ils ne parlent pas du projet d’aéroport, c’est que le public n’en veut pas. Se déclarer en faveur du projet d’aéroport pourrait leur coûter cher électoralement. Naïvement, Christophe Clergeau le confirme « en creux », assurant que les dirigeants d’EELV sont venus à NDDL avant hier « pour se refaire à bon compte une santé politique » ‑ autrement dit, être contre l’aéroport, ça rapporte des voix.

En revanche, comme les électeurs n’aiment pas trop les fauteurs de trouble, être contre les zadistes, c’est porteur. C’est à présent le leitmotiv des politiques, à droite comme à gauche, toute leur communication tourne autour de « l’état de droit ». L’aéroport n’est plus qu’un accessoire de l’anti-zadisme. On l’aura en prime de la dézadification. Comme si le moyen le plus efficace de se débarrasser des zadistes n’était pas de renoncer au projet d’aéroport !


03 novembre 2015

Jacques Auxiette voyage encore pour la région

« L’action se passe dans les Pays de la Loire, c’est-à-dire nulle part »
Sven Jelure, d’après Alfred Jarry, Ubu roi

Jacques Auxiette a sacrifié une partie des vacances de la Toussaint pour se rendre dans le Sud tunisien afin de « faire le point sur la coopération entre notre Région et la province de Gafsa », écrit-il sur son blog.

À un mois de la fin de son mandat de président de région, ce « point » était-il vraiment indispensable ? L’accord de coopération a été renouvelé pour trois ans en février dernier : à moins que la région ne signe les yeux fermés, un « point » avait été fait à ce moment-là. Sinon, pourquoi Jacques Auxiette aurait-il sacrifié une partie des vacances d’hiver, du 15 au 20 février, pour se rendre au gouvernorat de Gafsa ?

Il avait déjà sacrifié une partie des vacances de la Toussaint 2012 pour se rendre sur place afin de signer l’accord initial le 7 novembre 2012. Un accord qu’il avait préparé au cours d’une semaine entière de visite en Tunisie du 12 au 18 mars 2012. Ce qui prouve la permanence de son esprit de sacrifice. Un esprit largement partagé d’ailleurs, puisqu’il était à chaque fois accompagné d’une copieuse délégation régionale.

« Je suis persuadé que l’avenir de la Tunisie s’écrit notamment à Gafsa ! », s’exclamait le président de région en février. L’avenir de la Tunisie, peut-être, mais le passé de Jacques Auxiette (ex-coopérant dans ce pays), sûrement. 

01 novembre 2015

Lobbying pour NDDL (16) : débroussaillage et/ou enfumage ?

L’État, via la DREAL, a donc lancé un appel d’offres portant sur des « travaux de débroussaillage, de rétablissements d'accès et de clôtures de la desserte routière de l'aéroport du grand ouest à Nantes » (sic).

Le vrai événement n’est pas dans cet appel d’offres. Comme son titre l’indique, il ne porte que sur des travaux préparatoires et périphériques : élagage, coupe d’arbres, destruction et construction de clôtures, griffage des sols dans les zones favorables au campagnol amphibie (la grande vedette de Notre-Dame-des-Landes), pose de panneaux de signalisation, etc. Ce qui est coupé est coupé, certes. Mais ce qui est construit… ne l’est pas forcément pour longtemps.

Le candidat retenu devrait par exemple construire des kilomètres de clôtures herbagères, définies comme « 4 rangs de fil de fer ronce n°16 classe C fixés sur des poteaux en châtaignier écorcés et traités distants de 3 mètres ». Vu l’ambiance locale, une bonne partie du travail risque d’être à refaire chaque jour, à moins de mettre un CRS derrière chaque poteau ! Aucun chef d’entreprise raisonnable ne s’aventurerait à présenter une offre dans ces conditions. Reste à voir qui voudra se signaler publiquement comme pas raisonnable.

On imagine mal que la DREAL n’ait pas été consciente du problème. Pourtant, elle ne dit pas comment le travail réalisé serait protégé. On peut donc douter du sérieux de cet appel d’offres. Qui n’indique pas de date de réalisation… Conclusion : comme dit François de Rugy, « cette annonce s’apparente à des gesticulations ».

Des gesticulations même pas très visibles, d’ailleurs. Publié au BOAMP le 26 octobre, l’appel d’offres est d’abord passé inaperçu des partisans comme des adversaires du projet d’aéroport. Cette absence de remous n’était-elle pas une bonne affaire pour un pouvoir amateur de coups en douce ? Apparemment non : la préfecture de Loire-Atlantique a tenu à agiter le grelot en publiant un communiqué le 30. Cette fois, elle a obtenu les réactions attendues. Toute la presse, locale et nationale, jusqu’au journal télévisé de TF1, a enfin relayé le message : l’État va agir ! (Peut-être…)

À quelle stratégie de communication cette mousse médiatique obéit-elle ? Différentes hypothèses sont envisageables. On ne s’embêtera pas à les décortiquer ici, mais aucune ne paraît très glorieuse !

21 octobre 2015

Miroir d’eau z’alouettes : (3) Feydeau et faits divers

L’avenir du miroir d’eau nantais paraît inéluctablement écrit : à deux pas du Bouffay, il sera l’exutoire naturel des pochards et de leurs prédateurs à la sortie des bars de nuit.

Plus d’un habitant du Bouffay ou de l'île Feydeau s’en réjouira. Les « débordements à répétition » décrits par Mathieu Gibet dans Presse Océan samedi dernier trouveront à s’épancher un peu à l’écart des lieux habités. Urine, vomi et flaques de sang seront dilués par l’eau du miroir. Mais, si l’on veut que celui-ci demeure un endroit où emmener enfants et touristes dans la journée, un coûteux nettoyage quotidien des espaces verts environnants s’imposera pour éliminer étrons, seringues et autres éclats de verre.

La mairie de Nantes ne pourra pas dire qu’elle ne savait pas. Le miroir d’eau de Bordeaux attire les touristes le jour mais une toute autre faune la nuit. « Presque victime de son succès, ce récent "monument bordelais" fait face quotidiennement à de nombreuses incivilités et comportements irresponsables », déplore la ville sur son site web. « Très fréquents, les rassemblements festifs à même le miroir laissent souvent un triste spectacle. Pourtant, des bacs à déchets sont installés de part et d’autre du miroir d’eau et un arrêté municipal interdit formellement l’usage de contenants en verre dans ce secteur des quais. Une signalétique spécifique le souligne et la police verbalise toute personne en possession de bouteille en verre à cet endroit. Malgré ces appels répétés, les services de la municipalité restent confrontés chaque jour aux trop fréquents bris volontaires de contenants en verre sur le site du miroir. »

Nantes a voulu imiter Bordeaux en créant son miroir d’eau ? Elle l’imitera jusqu’au bout. 

19 octobre 2015

Miroir d’eau z’alouettes : (2) mouillie bordelaise

Pourquoi construire un « miroir d’eau » à Nantes ? Parce que Bordeaux en avait déjà un. Inauguré en 2006, il a été parfaitement exploité par la direction de la communication de la ville. Elle en a fait habilement un point fort du prestige et de la politique touristique de la métropole girondine. Le miroir d’eau est ainsi devenu l’image de Bordeaux la plus souvent mise en ligne sur les réseaux sociaux (qui sont généralement moutonniers…), ce qu’elle s’est empressée de souligner, provoquant ainsi un accroissement des mises en ligne ! Un peu de jobardise, un peu d’ignorance, et l’on pouvait prendre le miroir d’eau bordelais pour une première mondiale, oubliant le Taj Mahal ou Azay-le-Rideau.

Jean-Marc Ayrault, qui avait toujours ignoré la Loire, s’est montré plus sensible à l’eau façon Alain Juppé. Nantes possédait bien une avenue du Miroir d’eau sur la rive gauche de l’Erdre, du côté du port Garnier, mais ce passage tristounet bordé de garages ne pouvait rivaliser avec l’atout bordelais. Pour avoir tout d’une grande, Nantes devait posséder son miroir d’eau !

Hélas, d’autres maires suiveurs ont tenu le même raisonnement au même moment. « À se demander si ces surfaces ne sont pas devenues un tic aquatique de l’aménagement », notait Marie-Douce Albert dans Le Moniteur. Et comme Jean-Marc Ayrault n’a jamais été un rapide, Montpellier, Nice, Niort et quelques autres nous sont passés devant, si bien qu’un miroir d’eau est aujourd’hui une affligeante banalité.

Pis : il a quelque chose d’un peu humiliant. La notoriété du miroir d’eau de Bordeaux est telle que tous ses successeurs lui sont systématiquement comparés. Et jamais à leur avantage : aucun n’est aussi beau, aucun n’est aussi vaste (il est deux fois et demie plus grand que celui de Nantes).

Même sur le terrain financier, la comparaison est favorable à Bordeaux. Le miroir d’eau nantais a coûté (pour l’instant) 3,3 millions d’euros pour 1.300 m2. « En comparaison, le miroir d'eau de Bordeaux de 2.700 m2 est revenu à 6,5 millions d'euros environ », indiquait Philippe Gambert dans Ouest France en juin 2013. Un rapide calcul mental, et l’on se dit que le miroir bordelais, avec 2.400 euros du m2, bat d’un cheveu celui de Nantes, à plus de 2.500 euros du m2. Et l’on se plante, puisque le premier mesure en réalité 3.450 m2 et non 2.700, ce qui met le mètre carré à moins de 1.900 euros.


17 octobre 2015

Miroir d’eau z’alouettes : (1) tremper un orteil dans la com’

La communication de Nantes Métropole fonctionne mieux que la tuyauterie du miroir d’eau. L’inauguration de celui-ci, le 5 septembre, a attiré un vaste public sensibilisé par une campagne de relations publiques exécutée avec plus d’efficacité que les travaux eux-mêmes. Une campagne qui n’a pas reculé devant les poncifs, du genre « le miroir d’eau évoque la Loire qui coulait à cet endroit ». Miracle ! on peut marcher sur les eaux avec cette Loire de 2 cm de profondeur sans courant ni marées ! En voilà une affaire : vu la pluviométrie nantaise, des flaques de ce genre, on en dispose au moins cinquante jours par an, et dans toute la ville encore !

Ce nouveau miroir, en jouira-t-on même cinquante jours par an ? Pour l’instant, il est à sec plus souvent qu’à son tour. On dirait bien qu’il a été inauguré avec précipitation, avant qu’il ne soit vraiment terminé, histoire de pouvoir dire que les délais ont été tenus et, surtout, d’épater le peuple souverain. À attendre davantage, on risquait le ridicule : à quoi bon ouvrir une pataugeoire en novembre ? Déjà qu’on avait raté la saison touristique…

L’inauguration a donc été un succès. Mais le jeu en valait-il la chandelle ? Le miroir d’eau nous a coûté 3,3 millions d’euros :
Vu des remparts du château, le miroir d'eau n'a rien de très
remarquable. Il faut beaucoup d'imagination pour y voir une
évocation de la Loire.
la moitié d’une piscine olympique. Tout ça pour ça ? L’essentiel de la facture est sous la dalle avec une cathédrale souterraine, des pompes, des ordinateurs et 1.300 mètres de canalisations – ce qui laisse présager un coût de fonctionnement pas négligeable. En surface, en revanche, le résultat fait un peu riquiqui.

Au fond, le bassin rond de l’ancien square Élisa-Mercœur, moitié moins grand, était à peine moins spectaculaire – et si l’on veut du grand, on a ce qu’il faut avec les bassins du Tripode, 3.500 m² à eux deux contre 1.300 pour le miroir d’eau. Même les reflets du château sont un peu ratés à cause du dallage en losange qui trouble les images. Mais Nantes Métropole se contemple dans son miroir magique comme la reine marâtre des frères Grimm :
‑ Miroir d’eau, dis-moi que je suis la plus belle !
et le miroir de répondre par la voix de la direction de la communication :
‑ En cherchant à la ronde dans le vaste monde, on ne trouve pas plus belle que toi. 
 Quel talent !

16 octobre 2015

Bolopoly (30) : like it or not, la SoNantes avance à tout petits pas

Ce jeudi, Nantes Métropole, le Crédit municipal et le Réseau des collectivités territoriales avaient invité une trentaine de monnaies locales à une rencontre au Solilab. Puisqu’on les avait fait venir, il a bien fallu leur dire où en était notre monnaie locale à nous, la SoNantes. Et avouer, comme on le notait ici la semaine dernière, que les adhérents ne se bousculent pas au portillon.

Sur Télénantes, Ange Leduc, boucher au Bouffay, considère que la SoNantes « démarre doucement, doucement » après « un engouement tout au début ». Jacques Stern, patron du Crédit municipal, affiche néamoins un large sourire. Mais son propos est plus modeste : « Sur Facebook, on est à un peu plus de 1.000 like, alors, c'est pas beaucoup, mais nos amis de Toulouse qui ont démarré il y a trois ans, trois ans et demi, ils en ont trois mille, alors bon, si on arrive à 1.000 en six mois c'est pas si mal. »

Le Sol violette toulousain a en réalité recueilli près de quatre mille like (exactement 3.796 à cette heure) sur sa page Facebook. Mais il s’agit d’une affaire associative dont les moyens techniques et financiers sont bien inférieurs à ceux de la SoNantes. Et puis, les like de Facebook sont-ils un indicateur si pertinent ? Pas vraiment, puisque le nombre réel de comptes en SoNantes est inférieur de moitié ! « Environ 500 comptes ont été ouverts », assure Frédéric Brenon dans 20 Minutes, citant le Crédit municipal : 380 comptes de particulier et 120 comptes d’entreprise. (En réalité, l’annuaire du site SoNantes ne recense que 115 « entreprises », dont une proportion non négligeable de pseudopodes municipaux.) Il est plus facile de « liker » que d’agir…

La page SoNantes comptait 1.000 like à la mi-septembre ; elle en compte 1.046 à la mi-octobre. À ce train-là, et si la proportion d’un compte pour deux like se maintient, combien faudra-t-il de temps pour atteindre l’objectif officiel de 13.000 comptes (10.000 particuliers + 3.000 entreprises) ? À peu près vingt-deux ans. C’est vraiment du long terme !

09 octobre 2015

Bolopoly (29) : Radeau de secours pour la monnaie locale nantaise

Pour faire démarrer en flèche sa monnaie locale, SoNao avait prévu des « bons plans » ‑ des avantages offerts aux clients qui paient en SoNantes plutôt qu’en euros. Seulement neuf des 112 adhérents ont saisi l’occasion. Les SoNantais bénéficient ainsi d’une réduction de 5 % sur une coloration des cheveux à La Popotte végétale, adhérent du réseau Les Cuisiniers du cheveu, ou d’un prix de 5 euros… enfin, 5 SoNantes, pour une fiole de e-liquide à La Vape de l’île.

De toute évidence, la popotte et la vapote ne suffisent pas. On va donc tenter un autre genre de promotion en faveur de la monnaie « complémentaire » nantaise. SoNao et le Crédit municipal s’allient à la compagnie de théâtre La Tribouille pour quatre représentations d’une pièce de théâtre, du 13 au 16 octobre, au Solilab, à la pointe de l’île de Nantes. Son titre : Le Radeau de la monnaie.

Le radeau de la monnaie ? La SoNantes en serait-elle déjà là ? En réalité, bien que l’affiche indique « création », ce radeau flotte entre deux eaux depuis un bout de temps déjà. Œuvre d’un philosophe socialiste propulsé conseiller référendaire à la Cour des comptes du temps du gouvernement Jospin (la politique n’a pas que des inconvénients), la pièce avait déjà été représentée en 2007.

« À la Tribouille, on ne doit rien piger à l'économie de marché... », assure la compagnie. Mais elle apprend. Lors de la répartition de subventions aux troupes de théâtre nantaises par le conseil municipal de Nantes, en mars dernier, elle a été la mieux servie des 23 bénéficiaires. 

07 octobre 2015

Bolopoly (28) : Les adhérents ne se bousculent pas au portillon de la SoNantes

Les promoteurs de la SoNantes avaient pour objectif de signer 3.000 entreprises adhérentes en trois ans – dont 150 dès la fin avril 2015*. Dans ce genre d’affaire, on annonce en général des chiffres très inférieurs à ceux qu’on devrait raisonnablement réaliser, histoire de pouvoir se targuer ensuite d’un succès colossal.

De fait, pour une initiative portée par Nantes Métropole, la ville de Nantes, le Crédit Municipal de Nantes, la Chambre des métiers et de l’artisanat de Loire-Atlantique, la Chambre de commerce et d’industrie Nantes Saint-Nazaire et la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS) dans une ville qui compte 25.000 établissements économiques, viser un score de 0,6 % d’adhérents pour commencer était plutôt mesquin.

Où en est-on au bout de six mois ? À 112 adhérents !

Et cette grande famille a des côtés tuyau-de-poèle. SoNao, créée par le Crédit municipal (avec une enveloppe de 2 millions d’euros) pour gérer la SoNantes en fait partie. Et aussi sa petite sœur La SoNantaise, association destinée à faire de l’animation autour de la monnaie locale. On se demande bien pourquoi puisqu'elles n'ont rien à vendre.

Pas moins de trois enseignes de la SPL Le Voyage à Nantes ‑ Les Machines de l’île, le château des ducs de Bretagne, Nantes Tourisme ‑ sont aussi du nombre. Et puis différentes organisations subventionnées ou obligées des collectivités locales sous une forme ou sous une autre comme la CRESS, la SEMMIN, l’Institut Kervégan, ADT, le CCO, Plein centre, Le Nid, L’Absence… Des fournisseurs, aussi, comme l’agence de communication Scopic, qui a pour clients la ville de Nantes, Nantes Métropole, la région, l’ORPAN, la SAMOA, et… la SoNantes elle-même.

Ainsi, quand la municipalité nantaise dit que le coût de la SoNantes se borne aux 2 millions d’euros investis par le Crédit municipal dans SoNao, il convient d’ajouter à ce budget un paquet appréciable de cotisations payées en dernière analyse par les Nantais mais qui ne leur apportent rien – en bref, du gaspillage.
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* Cet objectif de 150 entreprises à fin avril était déjà en baisse par rapport aux espérances antérieures qui étaient, d'après Pascal Bolo cité par Les Echos, de démarrer avec 250 à 300 entreprises adhérentes.

(Modifié le 16 octobre 2016)

05 octobre 2015

Mais qu’allaient-ils faire dans cette Maker Faire ? (2) Un risque de confusion des genres

Que François Delarozière et Pierre Orefice soient allés vanter à New York les prestations de leurs associations respectives, La Machine et Manaus, c’est leur affaire : ils ont quelque chose à vendre, ils font le nécessaire pour le vendre, bravo.

Qu’ils l’aient fait en brandissant l’étendard des Machines de l’île pourrait être un peu plus gênant. Certes, Les Machines sont la réalisation-phare de La Machine, et il est habituel qu’un fournisseur mette en avant ses meilleurs clients. Tout autre est le cas de Manaus : son animateur est aussi le directeur salarié des Machines, équipement touristique de la ville de Nantes. Mettre sa fonction publique au service d’un intérêt privé est un grand pas vers la confusion des genres.

Faut-il classer sous la même enseigne l’annonce par MM. Delarozière et Orefice de l’organisation en juillet 2016 d’une MakerCon et d’une Maker Faire à Stéréolux et aux nefs de l’île ? Interviewés par Emmanuel Vautier (Presse Océan du 21 septembre 2015), ils y voyaient « une reconnaissance internationale du travail réalisé à Nantes ». Mais il y a quelque chose de pas clair dans cette af-Faire. 

Maker Media, Inc., éditeur du magazine de bricolage Make: et organisateur de la Maker Faire est une société commerciale. Les organisateurs d’une Mini Maker Faire hors des États-Unis doivent obtenir une licence auprès d’elle. Et cela fonctionne assez bien : il y a eu 116 Mini Maker Faire dans le monde en 2014, et bien davantage en 2015. En mai 2015, la Maker Faire Paris a rencontré un beau succès avec 35.000 visiteurs.

Comme la Maker Faire américaine, elle a été organisée par une société commerciale. Il s'agit en l'occurrence d'Avro Tech, alias LeFabShop, qui a obtenu la licence Maker Faire pour la France entière et a vendu la Maker Faire Paris « clé en main » à la Foire de Paris. Et son intention était clairement d’en faire autant à Nantes, « en collaboration avec Les Machines de l’île », disait l’un de ses dirigeants en mai dernier, ce que confirmait Pierre Orefice, présent à la Maker Faire Paris. Le mois précédent, déjà, ce dernier avait aussi participé à la Maker Faire de Saint-Malo, également organisée par la société Avro Tech (dont l’auteur du tweet ci-dessous est le président).


N’est-il pas troublant que Les Machines de l’île collaborent à l’organisation d’une Maker Faire nantaise après que leurs co-créateurs soient allés présenter leurs prestations personnelles à la Maker Faire de New York ? Quoi qu’il en soit, en fait de « reconnaissance internationale », on se situe en réalité dans une pure démarche commerciale. Et il n’est pas certain que Pierre Orefice se soit montré très perspicace en se rapprochant d’Avro Tech : plombée par près de 500.000 euros de pertes au cours de son premier exercice, cette société créée en 2013 a été mise en règlement judiciaire par le tribunal de commerce de Saint-Malo le 15 septembre dernier. 

03 octobre 2015

Mais qu’allaient-ils faire dans cette Maker Faire ? (1) Les créateurs des Machines de l’île à New York

Pierre Orefice et François Delarozière sont allés à New York voici quelques jours. « Nous allons participer à la ‘’Maker conférence’’ durant une semaine », ont-ils déclaré à Emmanuel Vautier (Presse Océan du 21 septembre). « L’événement réunit près de 80 000 personnes. » Cette déclaration confond deux manifestations connexes, la Maker Faire et la conférence MakerCon, mais ce n’est pas grave : les créateurs des Machines de l’île ont participé aux deux.

La Maker Faire est à l’origine une foire-exposition créée en 2006 par la société Maker Media, éditrice du magazine de bricolage Make:. Au fil des années, elle a pris de l’ampleur, devenant une sorte de concours Lépine américain, avec une orientation davantage high-tech.

La Maker Faire est une manifestation commerciale. Y être présent n’a rien de spécialement honorifique : c'est payant. Son succès lui vaut d’avoir de nombreux parrains et exposants comme Google, Microsoft, Dremel, Makeblock, Qualcomm, etc. Des bricoleurs désireux de commercialiser leurs inventions s’y montrent aussi. En marge de la Maker Faire, la conférence MakerCon (on comprend pourquoi MM. Orefice et Delarozière ne l’appellent pas par son nom) est destinée aux professionnels : fournisseurs de machines et logiciels, aspirants créateurs d'entreprise, etc.

Pourquoi Les Machines de l’île auraient-elles voulu être présentes à la Maker Faire et à la MakerCon ? Elles ne sont pas le produit d’un bricolage et n’ont rien à vendre aux bricoleurs américains. Les Machines de l’île, non. Mais MM. Orefice et Delarozière, peut-être. Car ils ne sont pas seulement les concepteurs des Machines de l’île, ils sont aussi les animateurs de deux structures de droit privé qui vendent leurs prestations : Manaus pour l’un, La Machine pour l’autre. Et justement, voici comment le programme officiel de la Maker Faire les présentait 


L’objectif commercial de François Delarozière était encore mieux explicité dans la présentation des Machines de l’île par les organisateurs : « L’atelier de la société La Machine dirigée par F. Delaroziere est le cœur des Machines. L'entreprise exporte ses spectacles dans le monde entier. » 

MM. Delarozière et Orefice auront quand même dû compacter leur argumentaire puisque leur intervention à la MakerCon était calée, en même temps que trois autres, dans un créneau d'un quart d'heure, entre 17h45 et 18h00 !

Que des entreprises nantaises cherchent à vendre leurs prestations à travers le monde, on ne peut que les en féliciter. Sous une réserve quand même : que les dépenses liées à la manifestation aient été supportées par les entreprises elles-mêmes, Manaus et La Machine, et non par Les Machines de l’île, dont les déficits sont couverts par les contribuables nantais.

28 septembre 2015

Il n’y aura pas de Nanteswagen

Volkswagen a truqué ses chiffres de pollution. Quand ses voitures devaient passer des tests, un logiciel optimisait leur fonctionnement pour réduire les émissions de CO2. Cela revient au fond à pousser à bout la démarche d’optimisation automatique des automobiles : en cas de verglas, on active l’antipatinage, si la nuit tombe, on allume les phares, quand la voiture passe un test… eh ! bien on fait en sorte de réussir le test.

La serre "volante" arrive au Bouffay
en septembre 2013
Mais c’est très mal, on est bien d’accord. Le trucage prouve la perversité du capitalisme international, car il est inenvisageable dans le secteur public et les collectivités locales. Ce n’est pas à Nantes qu’on stabiliserait les impôts juste avant les élections et qu’on les augmenterait deux fois plus vite après, « en conditions normales de circulation ». Ou qu’on présenterait des chiffres de fréquentation touristique estivale bidonnés. Ou qu’on illustrerait les vertus écolos de la ville en baladant à travers l’Europe une serre « volante » transportée en réalité par de gros semi-remorques bien polluants. Etc.

La valeur du groupe Volkswagen a diminué de 15 milliards de dollars d’un coup (le capitalisme international a peut-être une forme de morale, après tout). On n’ose penser à la diminution de la valeur de la ville de Nantes si par malheur une seule des trois hypothèses ci-dessus (entre autres) se réalisait…

17 septembre 2015

Lobbying pour NDDL (15) : saturé, Nantes Atlantique progresse encore

À force de rencontrer des chiffres officiels bidonnés, évidemment, on finit par devenir méfiant. Tiens, par exemple, les chiffres sur le trafic de l’aéroport de Nantes Atlantique cet été. Selon un communiqué du groupe Vinci, l’aéroport a vu passer 473.498 passagers en juillet et 501.399 en août. Un record, +10,2 % par rapport à juillet 2014, +7,5 % par rapport à août 2014.

Pourquoi pas ? Mais on se souvient de ce que la presse locale annonçait l’an dernier sur la foi des dires du même groupe Vinci : « Nantes Atlantique est saturé avec quatre ans d’avance ». « Saturé : qui ne peut contenir plus », dit mon dictionnaire. Entre l’annonce de la saturation en 2014 et l’annonce de la progression en 2015, l’une des deux était fausse. Je ne sais pas laquelle, mais ce constat m’incite à prendre avec un grain de sel ce que dit Vinci.

Revenons à la fréquentation de cet été. Vinci a compté 473.498 passagers en juillet mais les statistiques officielles de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) n'en signalent que 464.664, soit un écart de 8.834 personnes, ou 1,9 %. Entre le chiffre de Vinci et celui de l’État, l’un des deux est faux. Je ne sais pas lequel, mais etc.

En lecteur attentif, vous avez remarqué que je ne dis rien des chiffres du mois d’août. Et pour cause. La DREAL devait publier ses statistiques mensuelles du mois d’août le 8 septembre. Elle l’a fait pour toutes ses rubriques… sauf pour le trafic de passagers à Nantes Atlantique. La prochaine mise à jour aura lieu le 7 octobre. L’eau aura coulé sous les ponts aériens : qui songera alors à revenir sur les chiffres de l’été ? L’abstention de la DREAL ne prouve rien, mais elle favorise de noirs soupçons à propos d’un dossier déjà pas franchement clair.

Vinci souligne que la progression enregistrée d'une année sur l'autre en juillet par Nantes Atlantique représente, avec plus de 10 %, « la plus haute croissance des dix premiers aéroports français ». On comprend ce cocorico. Mais quand le trafic a baissé, en mai, et stagné, en juin, Vinci ne s’en est pas vanté. Revenons aux statistiques officielles. Sur les sept premiers mois de l’année, indique la direction générale de l’aviation civile (DGAC), le nombre de passagers n’a progressé que de 4 % à Nantes Atlantique, soit beaucoup moins qu’à Beauvais, Bâle-Mulhouse et Bordeaux. 


À propos de saturation
« Le pont n’est pas saturé », assure Philippe Grosvalet à propos du pont de Saint-Nazaire dans un entretien avec Stéphane Le Hesran (Presse Océan du 17 septembre). « Il y a des bouchons quelques jours par an, comme sur les autoroutes. Double-t-on pour autant les voies d’autoroutes ? » Inutile donc de construire un nouveau pont.                     
Se pourrait-il qu’il s’agisse du même Philippe Grosvalet que celui qui en 2012 relayait sur son blog une pétition « anticipant la saturation de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique » pour réclamer la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes ?

16 septembre 2015

Des Nantais prolixes avec GO Leaks ?

Nantes est une ville en pointe dans le numérique… mais elle le doit surtout à des initiatives privées. Les institutionnels tentent de ramener la couverture à eux. Mais ils ne la ramèneront pas trop avec GO Leaks, le Wikileaks à la nantaise (GO signifie « Grand Ouest »).

Cette plate-forme de leaks (révélations anonymes de secrets concernant un large public) est présentée par le magazine Fragil dans un entretien avec un hacker nantais, Datapulte, recueilli par Pierre-Adrien Roux. Normal : l’un des inspirateurs de GO Leaks est Romain Ledroit, rédacteur en chef de Fragil.

GO Leaks sera « un espace web sur lequel des citoyens, des sources, vont déposer des documents de manière anonyme en direction de journalistes ». L’objectif est de protéger les sources des journalistes : sur GO Leaks, un « lanceur d’alerte » pourra faire « fuiter » des informations sensibles sans perdre son emploi. Sur quel sujet ? « L’exemple phare, c’est Notre-Dame-des-Landes », dit Datapulte. « C’est typiquement le genre de sujets où on aimerait avoir des infos. » Autre exemple : « le Voyage à Nantes qui reste extrêmement discret sur ses financements et ses dépenses ».

Notre-Dame-des-Landes, Le Voyage à Nantes : deux dossiers dont les promoteurs, pourtant, communiquent énormément. Les créateurs de GO Leaks auraient-ils des raisons de penser que cette communication n’est pas toujours franche et loyale ?

14 septembre 2015

Bilan du Voyage à Nantes 2015 : des chiffres à la Debombourg

Les bilans du Voyage à Nantes ne déçoivent jamais. « Cet été, le Voyage à Nantes a enregistré 2.056.000 passages sur les sites jalonnant la ligne verte, soit 66.745 passages de plus que l’an dernier », trompette le site web de la ville de Nantes. Le nombre de « passants » aurait donc augmenté de près de 3,4 %.

C’est ça un succès ? La plupart des sites touristiques bretons évoquent des fréquentations en hausse
de 5 à 10 %. Le Puy du Fou, qui dénombre des billets vendus et non de simples passants comptés par des « médiateurs », annonce 12 % de visiteurs de plus qu’en 2014. De quoi avons-nous l’air avec nos 3,4 % ?

Mais ce n’est pas tout. Les 2.056.000 passages, indique Nantes Métropole, ont été comptabilisés par 36 médiateurs sur 54 sites. Bravo aux médiateurs qui ont réussi à décompter des passants sur des sites où ils ne se trouvaient pas !

Et ce n’est encore pas tout. Si Le Voyage à Nantes a enregistré cette année « 66.745 passages de plus que l’an dernier », c’est donc qu’on avait compté l’an dernier 1.989.255 passages (2.056.000 – 66.745), n’est-ce pas ? Eh ! bien pas du tout. Le bilan officiel du Voyage à Nantes de l’an dernier publié le 4 septembre 2014 faisait état de 2.101.800 visites. Au lieu de gagner 66.745 passages, on en aurait en réalité perdu 45.800 !

Et attendez, ce n’est pas fini ! Le bilan de l’an dernier, toujours lui, précise que les 2.101.800 visites de l’an dernier ont été comptabilisées sur 33 sites. C’est-à-dire 21 sites de moins que cette année. Évidemment : comme une bonne partie des visiteurs suivent la ligne verte, plus on place de points de comptage, meilleurs sont les résultats. Le touriste discipliné qui parcourt la totalité de la ligne a été compté pour 33 passages l’an dernier et pour 54 cette année. Il faut croire que ça n’a pas suffi puisque le total est inférieur cette année : le nombre moyen de passages par site se serait effondré, de 63.691 à 38.074 ! Du moins à en croire les chiffres fournis par le Voyage à Nantes lui-même ; heureusement, ils n’ont jamais été très crédibles.

13 septembre 2015

Les trois mystères pékinois du cheval-dragon : (9) migrant de Calais

Partira, partira pas ? Jean Blaise déclarait que le cheval-dragon de La Machine repartait dans quelques jours pour la Chine et François Delarozière qu’il resterait à Nantes au moins un an. Lequel des deux parlait sans savoir ? Jean Blaise, manifestement. Normal, puisque le directeur du Voyage à Nantes est un outsider à l’égard de Long Ma. La mécanique a été construite par La Machine, association de droit privé dont Le Voyage à Nantes est un simple client.

La scène nationale Le Channel vient d’annoncer que Long Ma allait migrer vers Calais du 23 au 26 juin 2016. Serait-ce donc que la Chine n’est pas pressée de le récupérer ? Ce ne serait pas très poli, s’agissant d’un cadeau diplomatique.

30 août 2015

Les trois mystères pékinois du cheval-dragon : (8) chinoiseries nantaises

Derrière le cheval-dragon, il y avait un loup. Voire plusieurs. C’est maintenant quasi-officiel. En principe, Long-Ma était revenu à Nantes pour la pose d’un palanquin et la formation d’ingénieurs chinois chargés de le manipuler (oui, des ingénieurs : voilà une machine dont l’exploitation ludique va coûter cher). Il devait ensuite repartir pour la Chine.

Son premier départ, l’an dernier, s’était fait sous l’œil des caméras. Après l’énorme succès de ses sorties sur le site des Chantiers, on en attendait au moins autant cette année, une belle cérémonie d’adieu pour son embarquement. On risque d’attendre longtemps.

Car tout à coup, Long-Ma ne repart plus. « Long Ma reste à Nantes », déclarait François Delarozière à Presse Océan le 25 août. Ridiculisant au passage Jean Blaise, qui la veille affirmait à France 3 : « il repart dans quelques jours ». Curieux cafouillage ! Car un tel voyage se prépare à l’avance. On a pu lire dans le supplément spécial d’Ouest France combien le voyage de Pékin à Nantes via Tianjin, Busan et Zeebrugge avait été compliqué. Le retour ne devait pas être plus simple. Inutile d’attendre le dernier moment en espérant trouver pour le cheval-dragon un billet pas cher sur Lastminute.com.

Alors quoi ? La Chine n’en veut-elle plus, de cette machine ? Ou bien la France refuserait-elle de la livrer pour quelque raison diplomatique ? Derrière Delarozière, il y a un mystère, derrière le cheval, y a-t-il un Mistral ? En tout cas, le storytelling ne tombe pas raccord avec la réalité : ça fait désordre.

Que va-t-il se passer à présent ? Une hypothèse : on ne va plus parler de Long-Ma pendant un bout de temps. Mais tout à coup, miracle ! Une fois le cheval-dragon oublié sortira de l’atelier de La Machine une autre mécanique merveilleuse : le Minotaure. Puisqu’il est terminé depuis longtemps, à en croire ce que disait François Delarozière l’an dernier, on aurait bien aimé voir parader ensemble ces deux machines achetées l’une par un mécène chinois, l’autre par la communauté urbaine de Toulouse. Mais on parie que ce sera tantôt l’une, tantôt l’autre ?

25 août 2015

Favet Neptunus Elephanti


Tel devait être le cas hier. Météo France avait annoncé des rafales à plus de 50 km/h tout l’après-midi à Nantes. En réalité, elles ont même dépassé 80 km/h en milieu de journée.
 

Le département tout entier était en alerte orange. Sagement, la ville de Nantes a fermé ses jardins publics. Et Les Machines ont affiché l’avertissement ci-dessous :
« En raison des conditions météorologiques, les voyages en Éléphant sont annulés jusqu'à 17 h 15. » Pourquoi 17 h 15 alors que la station météorologique de Nantes Atlantique a encore enregistré des rafales à plus de 70 km/h au-delà de 18 h 00 ? Aucune explication n’a été donnée à cette levée précoce de l’interdiction. Mais on peut dire qu’elle est tombée pile pour France 3, venu effectuer un tournage sur les lieux en fin d’après-midi. Le hasard fait bien la com’ !

17 août 2015

La fontaine de la place Royale est bien gardée

L’estuaire de la Loire est bien gardé, révélait Ouest France ce matin. La statue de la Loire ne l’est pas moins. Un barbu monté la chatouiller en haut de la fontaine de la place Royale cet après-midi a déclenché l’intervention d’un équipage de la BAC. Avec gilets pare-balles : sait-on jamais ce que l’individu cachait dans son boxer ?

Les badauds s'arrêtaient. S’agissait-il d’un animateur stipendié par Le Voyage à Nantes pour mettre en valeur un lieu intéressant de la ville ? Si l’on met des sièges en l’air place du Bouffay, pourquoi pas des barbus place Royale ?

Mais non, ce n'était pas un comparse : redescendu de lui-même juste avant l’intervention de la grande échelle des pompiers, l’incivil baigneur est reparti menotté. « Ça rigole pas à Nantes », notait une estivante. « Si c'est comme ça avec les blagueurs, qu’est-ce que ça doit être avec les délinquants ! »


12 août 2015

Les Machines de l’île n’ont pas vu passer leur 3 millionième visiteur

Le « X millionième visiteur », figure imposée des équipements touristiques, permet de booster la fréquentation (avant) et d’émettre des communiqués de victoire (après). Les Machines de l’île avaient ainsi fêté avec force cadeaux et compliments leur millionième visiteur, le 5 mars 2011, puis leur deux millionième visiteur, le 22 juin 2013. À quand le trois millionième ?

Les Machines de l’île, à en croire leurs chiffres officiels ou semi-officiels, ont réalisé les scores suivants (petit rappel : elles parlent toujours de « visiteurs » alors qu’il s’agit en réalité du nombre de billets vendus) :
2007
194.037
2008
243.509
2009
261.540
2010
283.211
2011
306.379
2012
505.244
2013
521.032
2014
592.171

Soit un total général de 2.907.123 billets vendus de l’origine à fin 2014*. Il n’en manquait donc que 92.877 pour parvenir au cap fatidique. D’après les statistiques de fréquentation antérieures, celui-ci aurait dû être franchi au printemps. Or, à ce jour, Les Machines n’ont pas annoncé de trois millionième visiteur !

L’heureux élu est-il passé si vite qu’elles ne l’ont même pas vu ? Si elles l'ont vu, pourquoi se sont-elles privées d'une si bonne occasion de communiquer ? Pour éviter qu'un trois millionième tardif ne révèle une fréquentation en baisse ? Il est vrai qu'un trou d'air aurait fait mauvais genre à un moment où Pierre Orefice et François Delarozière lançaient une Nième tentative en faveur de leur projet d’Arbre aux hérons…

Pas toujours foule (cette photo date de l'après-midi du 6 mai, un mercredi pourtant)
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* La progression continue de ces scores est une illusion d'optique. Comme l'année 2007 ne comportait qu'un semestre, la fréquentation a en réalité baissé en 2008. De même, le Carrousel des mondes marins ayant ouvert ses portes à la mi-juillet 2012, la fréquentation de 2013, sa première année complète, était en recul.