
Nantes et déconnantes : Comment la capitale historique de la Bretagne est en train de gâcher ses meilleurs atouts. Un regard non conformiste - voire franchement satirique - sur Nantes en ce début du 21ème siècle. Reproduction autorisée sous réserve de citation de la source, avec lien actif vers l'URL, pour chaque article cité.
26 juin 2010
Carrousel : grands mots et petit bras
En réalité, pour un équipement touristique « structurant » implanté en plein centre d’une métropole, 500.000 visiteurs, c’est peu. C’est le niveau de fréquentation, par exemple, du zoo de Beauval, entre Tours et Vierzon, et de celui d’Amnéville, en Moselle, ou de parcs d’attraction secondaires comme Saint-Paul, dans l’Oise, Nigloland, dans l’Aube, ou Walibi, dans la région lyonnaise.
Pour rester en Bretagne, Océanopolis, à Brest (même pas la moitié de l’agglomération nantaise en nombre d’habitants) tangente les 500.000 visiteurs annuels, le safari-parc de Port-Saint-Père a dépassé 300.000 visiteurs l’an dernier et le Végétarium de La Gacilly accueille environ 150.000 personnes par an. Faire trois fois mieux que La Gacilly, est-ce si glorieux ?
Si l’on compare avec les équipements phares d’autres grandes villes, un objectif de 500.000 visiteurs est presque minable. Le Futuroscope de Poitiers dépasse 1.200.000 entrées et l’Aquarium de La Rochelle 850.000. Puisque les Machines sont un peu notre Guggenheim à nous, on les mesurera aussi au musée de Bilbao – une ville sans autre intérêt touristique et bien moins accessible que Nantes – et à ses 1.200.000 visiteurs annuels.
En définitive, les Machines ne témoignent pas d’une ambition démesurée, mais tout le contraire : malgré leurs grands mots, elles jouent petit bras. La danseuse de la municipalité nantaise a l’entrechat mollasson.
20 juin 2010
Carrousel : 3 ans de retard, 3,6 millions d'euros de dérapage
Il coûtera 10 millions d’euros, ce qui fait tiquer l’opposition municipale, bien sûr. La construction du Carrousel est actée depuis 2007, lui répond la majorité (décision en 2007, réalisation en 2012, pas de quoi se vanter…).
C’est vrai, la communauté urbaine avait voté la réalisation du Carrousel en octobre 2007. Mais le coût annoncé était alors de 6,4 millions d’euros : plus de 56 % de dérapage en moins de trois ans, avant même la pose de la première pierre, sans débat ni début d'explication, qui dit mieux ? Si chaque année de retard doit coûter plus d'un million d'euros, vivement qu'il soit fini !
Du mou dans la hausse
Anachronobus
Vingt-trois ans après la fermeture des chantiers navals, vingt et un ans après l'arrivée de Jean-Marc Ayrault à la mairie de Nantes, huit ans après le début des travaux d'aménagement de l'île, sept ans après la création de la SAMOA, près de six ans après la création de la ZAC Ile de Nantes, trois ans après l'ouverture des Machines de l'île censées être un aménagement touristique "structurant"... il était bien temps en effet de songer aux transports en commun.
On admire le sens de l'anticipation des édiles nantais, car les travaux devraient ainsi être achevés à temps pour les élections municipales de 2014. Et l'essentiel est sans doute là !
19 juin 2010
Révision des 150 km pour l’éléphant
« Nous avions pensé ne pas l’arrêter cette année en juin comme cela avait été le cas l'an passé », tente d’expliquer Pierre Orefice dans un communiqué officiel publié sur le site web des Machines. Dire qu’on avait pensé ne pas arrêter pour dire finalement qu’on arrête : à en juger par cette formulation alambiquée, les choses vont mal sous les Nefs, dont le patron nous avait habitués à des communiqués de victoire plus étincelants.
Au passage, Pierre Orefice s’embrouille les pinceaux. L’an passé, l’éléphant n’a pas été arrêté en juin mais du 27 au 30 avril. (Notons au passage que si quatre jours avaient suffi à la « révision générale » de 2009, la même « révision générale » en réclame huit en 2010 : ça n’est pas trop bon signe.)
Fâché avec les dates, Pierre Orefice ne s’entend guère mieux avec les chiffres. « Après 525 tours depuis le début de l'année 2010, un certain nombre de signes nous impose de refaire un arrêt technique », écrit-il. Un « tour » est un parcours où l’on revient à son point de départ. Or l’éléphant fonctionne par « demi tours », des nefs à la grue et de la grue aux nefs. Et d’après son calendrier officiel, quand Pierre Orefice parle de « 525 tours », il faut en réalité comprendre « 525 trajets », dans un sens ou dans l’autre.
Ce nombre impair étonne : comme l’animal est toujours rentré au bercail, où est donc passé le demi tour manquant ?
Dernier détail cruel : 525 trajets de l’éléphant représentent quelque chose comme 150 km sur le terrain.
12 juin 2010
État de délabrement
Et voici que dans la liste des bâtiments en voie de cession par l’État figure l’ancienne école d’architecture de Nantes. Le ministère du budget la présente ainsi : « Locaux délabrés de 1973 voués à la démolition, proche des transports en commun. »
C'est donc quasi officiel : l’État des années 1970 était un piètre bâtisseur, au point de mettre sous les yeux des futurs architectes l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire. Reste à savoir s'il se débrouille mieux aujourd'hui. Quand on songe au palais de justice, le doute est permis.