On aurait cru qu’à 19h00
la rue Clemenceau aurait été noire de monde. Eh ! bien, pas du tout :
un gros millier de personnes seulement attendaient l’ouverture officielle du
musée d’arts de Nantes ce vendredi. Même si un contingent de chapeaux à plumes
avait parcouru les lieux en avance sur le bas-peuple, et si quelques centaines
de retardataires ont préféré éviter la presse des premières minutes, ce n’était
pas la ruée des foules.
Vêtue d’une robe en mousseline
bleue outremer d’un minimalisme à faire bouillir de jalousie les chauffeurs de
la TAN, Johanna Rolland a prononcé un discours de circonstance. La Ville a
veillé à ce que les travaux de rénovation profitent aux entreprises locales,
a-t-elle assuré sans trop insister sur le fait que la conception avait été
confiée à un cabinet anglais et l’ensemble du chantier à une filiale du groupe
Bouygues. Et l’on a pu entrer.
Et alors ? Et
alors ? Eh ! bien, soulagement : le patio est toujours là,
inondé de lumière, et puis le double escalier monumental, et les grandes
galeries du premier étage. On ne dira pas que c’était mieux avant :
c’était pareil. Certes, les accrochages ont été remaniés, c’est la règle du jeu
et un peu de changement ne fait pas de mal, on se dit juste que c’est beaucoup
d’argent et beaucoup d’air brassés pour pas grand chose. L’essentiel étant
quand même que l’essentiel demeure, jusqu’à l’autruche empaillée de
Maurizio Cattelan, la tête dans le parquet, c’est décalé, ça fait rire les
enfants et ça ne les traumatise pas comme le gorille de Fremiet, très bien.
Côté Cube, en revanche,
ça ne rigole pas. Par ce temps de bêtises plates qui court, au milieu des
stupidités normales qui nous encombrent, il est réjouissant, ne fût-ce que par
diversion, de rencontrer au moins une bêtise échevelée, une stupidité
gigantesque. Mais comme il faut traiter la question avec tout le sérieux qui
convient, on se donnera le temps de la réflexion pour y revenir plus tard.