La Loi impose à tout fonds de dotation de publier ses
comptes au Journal officiel dans les six mois suivant la fin
de son exercice. L’Arbre aux Hérons aurait
dû publier les comptes de son exercice 2019 avant le 1er juillet. À
ce jour, il ne l’a pas fait. Mais il a quand même publié quelque chose.
Le Journal officiel du 4 juillet annonce
que le « Fonds de dotation Arbre aux Hérons » devient le « Fonds
de dotation Arbre aux Hérons et Jardin Extraordinaire ». L’inflation du
nom et du périmètre a été validée par le conseil métropolitain du 4 octobre 2019, puis par le
conseil d’administration du Fonds le 19 décembre. Le Fonds avait alors trois
mois pour déclarer la modification de ses statuts à la préfecture de Loire-Atlantique. Il lui en
a fallu six.
Le changement peut répondre à deux
hypothèses à la fois opposées et convergentes :
1) Si par bonheur le Fonds de dotation de l’Arbre aux
Hérons croulait sous des dons supérieurs aux besoins de la construction, autant
que le Jardin Extraordinaire, c’est-à-dire Nantes Métropole, profite de cette
manne.
2) Si par malheur la réalisation de l’Arbre aux Hérons
devait être abandonnée, autant que le Jardin Extraordinaire, c’est-à-dire
Nantes Métropole, profite de l’argent qui resterait en caisse.
Le conseil métropolitain évoquait « un
projet global : l’Arbre aux Hérons dans le Jardin Extraordinaire ». Le
Jardin n’était donc pas envisageable sans l’Arbre, et réciproquement. Mais dans
les nouveaux statuts du Fonds, le global est devenu une juxtaposition. Il
s’agit juste de « participer au financement de l'"Arbre aux
Hérons" et du jardin extraordinaire ». Il n’y aura pas d’Arbre sans
Jardin, mais il peut très bien y avoir un Jardin sans Arbre...
Le mutisme de Kickstarter
Les choses pourraient
s’aggraver. Une modification des statuts n’est opposable aux tiers qu’à partir
de sa publication. Ici, donc, à partir du 4 juillet. Les mécènes du Fonds
qui ont signé avant cette date pourraient demander à récupérer leurs billes,
faisant valoir qu’ils se sont engagés sur autre chose. Ils se dégageraient du même
coup d’un projet devenu beaucoup moins consensuel à Nantes depuis que les
écolos n’en veulent plus.
À la trentaine d’entreprises concernées s’ajoutent
les 5 511 contributeurs de Kickstarter. En découvrant le
changement des statuts, plus d’un aura l’impression de s’être fait empapaouter.
Mais personne
ne les a avertis jusqu’à présent, pas plus le Fonds que le créateur
officiel du projet, Bruno Hug de Larauze. Qui, d’après les règles de
Kickstarter devrait les rembourser si le projet initial n’était pas réalisé.
Kickstarter va-t-il intervenir pour défendre ses ouailles ? Même à dos de
héron, c’est encore loin l’Amérique.