- Déjà, la démarche est originale, car la nature du projet n’entre dans aucune des catégories qui font le plus souvent l’objet de financements participatifs. Chez le leader français Ulule, le podium est occupé par les catégories Film et vidéo, Musique, Solidaire & citoyen. L’Arbre aux hérons relèverait des Autres projets, catégorie fourre-tout qui ne vient qu’en quinzième et dernière position.
- C’est aussi une démarche ambitieuse. D'abord parce que les Autres projets d'Ulule sont de loin la catégorie où les projets échouent le plus souvent : le taux de succès ne dépasse pas 37 % contre 70 % pour les projets de films, de musique et de BD. Ensuite parce que l’Arbre aux hérons coûterait 35 millions d’euros. Créé en 2010, Ulule a recueilli à ce jour 28.560.974 euros pour financer 7.934 projets. L’Arbre aux hérons à lui seul réclamerait donc plus que la totalité des sommes récoltées depuis l’origine par Ulule.
- C’est enfin une démarche citoyenne car l’Arbre aux hérons appartiendrait aux Machines de l’île, qui elles-mêmes appartiennent à la société Le Voyage à Nantes, qui elle-même appartient principalement à Nantes Métropole c’est-à-dire à nous autres citoyens ‑ nous autres citoyens, sur qui François Delarozière et Pierre Orefice comptaient jusqu’à présent pour financer leur création via nos impôts. Tout contribuable ne peut qu’être reconnaissant à la Jeune Chambre économique de vouloir le débarrasser de son fardeau fiscal.
« Le projet de l'Arbre aux hérons donnera un rayonnement national et international important pour la ville de Nantes », écrit la JCE sur sa page Facebook ad hoc. « A l'image du musée Guggenhein qui a permis à la ville de Bilbao d'accélérer son développement. » Désolé, mais la place est déjà prise : le « rayonnement national et international » est déjà assuré par le Grand éléphant et la Galerie des machines. En tout cas, c’est officiellement pour cela que Nantes Métropole a décidé leur création en 2004, sur la proposition de Jean-MarcAyrault, qui se référait explicitement au Guggenheim. Avec l’Arbre aux hérons, donc, Nantes ferait deux fois mieux que Bilbao, ce qui ne fait que souligner davantage l’ambition de la JCE.
Celle-ci, comme son E l’indique, pense économie. « S’attacher à ce que cela coûte sans penser à ce que cela peut rapporter serait une erreur », déclarait l’un de ses responsables à Ouest France à propos de l’Arbre. Et réciproquement, est-on tenté de dire ! Mais puisque les membres de la JCE sont des acteurs actifs de l’économie et non de doux rêveurs, ils ont bien entendu établi un compte d’exploitation prévisionnel de l’Arbre aux hérons. Et là, sincèrement, on demande à voir.
Bilbao a quand même un petit avantage sur Les Machines : pas de pannes, pas de vulnérabilité aux intempéries |