30 janvier 2015

Arbre aux hérons ou Arbre aux pigeons ?

Depuis le début 2012, deux fois par an, Pierre Orefice relance une campagne en faveur de l’Arbre aux Hérons, comme si elle était à chaque fois nouvelle. C’est reparti. Une fois de plus, le patron des Machines a vanté les beautés du projet à Emmanuel Vautier et Stéphane Pajot (Presse Océan du 24 janvier 2015).

Bien que fâché avec les maths, il n’hésite pas à brandir des montants à sept chiffres.  « La bonne santé financière des Machines de l’île doit leur permettre de contribuer au financement de l’Arbre aux Hérons, via un emprunt, à hauteur de 8 millions d’euros », assure-t-il. Dit comme ça, ça fait gestionnaire sérieux et responsable. En réalité, on hésite sur le juste qualificatif. Douce illusion ? Prestidigitation comptable ? Foutage de gueule ?

Les Machines n’envisagent pas mieux que de « contribuer » au financement de l’équipement qu’elles voudraient construire pour elles-mêmes. Le contribuable paierait le reste ; il est habitué, il a déjà financé la Galerie, l’Éléphant et le Carrousel. Mais Les Machines dépendent de la société publique locale Le Voyage à Nantes, dont les actionnaires sont les collectivités locales. Et celles-ci seraient, très classiquement, invitées à garantir un éventuel emprunt. La prétendue contribution des Machines ne reviendrait donc qu’à endetter davantage le contribuable.

Et si Les Machines sont en « bonne santé financière », pourquoi leur faudrait-il emprunter ? Parce que leur « bonne santé » est celle d’un malade en soins palliatifs. Leur exploitation devait à l’origine « tendre vers l’équilibre » à partir de 2009. Mais Nantes Métropole a finalement dû cracher au bassinet pour les montants suivants :
  • 2009 : 434.000 euros
  • 2010 : 549.000 euros
  • 2011 : 1,1 million d’euros
  • 2012 : 1,2 million d’euros
  • 2013 : 1,2 million d’euros
La fréquentation a augmenté. Le prix du billet est passé de 6 à 8 euros (en attendant 8,50 dans quelques jours), soit bien plus que l’inflation. Les collectivités locales font bénéficier Les Machines de services gratuits considérables (à commencer par l’occupation d’un vaste terrain de grande valeur en centre-ville, qui leur permet au passage d’exploiter un bar très rentable). L’éducation nationale est venue à la rescousse avec de nombreuses sorties de classe. Rien n’y a fait : Les Machines ont coûté 4,5 millions d’euros en cinq ans aux contribuables de Nantes Métropole, soit quelque 2,40 euro de subvention par billet vendu !

Les Machines auront-elles enfin pu se passer de perfusion en 2014 ? Toutes choses égales d’ailleurs, il aurait fallu vendre 150.000 billets supplémentaires au tarif plein. Il ne s’en est vendu que 71.139, tous tarifs confondus. Sauf mesures d’économie drastiques par ailleurs, Les Machines sont restées un tonneau des Danaïdes pour le contribuable nantais.

Et c’est ce bon gestionnaire qui voudrait à présent que la collectivité rajoute au pot des dizaines de millions d’euros pour lui offrir un nouveau joujou, dont rien ne dit qu’il serait moins déficitaire ? Tout compte fait, on optera plutôt pour « foutage de gueule ».

26 janvier 2015

Bilan du Voyage à Nantes 2014 : (6) l’heure des comptes sonnera-t-elle enfin le 6 février 2015 ?

La délégation de service public (DSP) par laquelle Nantes Métropole a confié sa politique touristique au Voyage à Nantes venait à expiration le 31 décembre dernier. Pour faire les choses dans l’ordre et le calme, le conseil communautaire de Nantes Métropole avait pris soin de régler la question dès sa séance du 27 juin 2014. Par 81 voix pour et 16 abstentions – et zéro voix contre – il avait décidé qu'une nouvelle DSP serait accordée au Voyage à Nantes.

Seul le contenu de la convention de délégation était remis à une prochaine séance. Depuis lors, le conseil communautaire s’est réuni deux fois, le 17 octobre et le 15 décembre. Et il n’a pas examiné ce texte. Le 15 décembre, pourtant, la date butoir du 31 décembre approchait : on s’est contenté de renvoyer la question à plus tard. La convention censée prendre fin au 31 décembre a été prorogée jusqu'au 28 février.

Tout baignait, pourtant. Un rapport présenté par Fabrice Roussel au conseil du 27 juin avait dit tout le bien que Nantes Métropole pensait du Voyage à Nantes : ce dernier a attiré une foule de touristes à Nantes, « par conséquent, les retombées économiques directes pour le territoire sont également exponentielles (52,3 M€ à l’été 2013, soit +12,8 M€ par rapport à l’été 2011) ».

Hélas, dans l’intervalle, l’AURAN, une émanation de Nantes Métropole pourtant, a révélé le pot aux roses : le Voyage à Nantes a bidonné ses chiffres. Les retombées économiques réelles de 2013 n’ont pas dépassé une quarantaine de millions d’euros. Soit à peu près la même chose qu’en 2011 malgré les dépenses et les cocoricos !

Depuis lors, Jean Blaise, patron du Voyage à Nantes, fait profil bas. Mais on ne peut remettre la question indéfiniment : il faudra bien se prononcer lors du conseil communautaire du 6 février. Si l’opposition municipale montre la moindre pugnacité, la séance pourrait être cocasse.

En effet, une DSP suppose normalement une mise en concurrence – formalité que le Voyage à Nantes n’avait sans doute pas très envie d’affronter. Les articles L.1411-12 et L.1411-19 du code général des collectivités territoriales permettent heureusement d’y échapper. C’est ce que prévoyait le rapport adopté le 27 juin. Mais, on vient de le voir, le conseil communautaire s’est prononcé sur la foi de chiffres faux – ce que Fabrice Roussel s’est gardé de souligner en proposant de proroger la DSP jusqu’à fin février.

La question est même plus délicate que cela. La loi pose une condition : pour éviter la mise en concurrence, il faut que le service soit « confié à un établissement public ou à une société publique locale sur lesquels la personne publique exerce un contrôle comparable à celui qu'elle exerce sur ses propres services ». Or Nantes Métropole ne peut prétendre qu'elle contrôle Le Voyage à Nantes comme ses propres services puisqu'il a été capable de lui raconter des carabistouilles ! La légalité même d’une décision prise en vertu de l’article L.1411-12 serait donc incertaine.

Alors, Nantes Métropole tentera-t-elle ou non de faire passer le dossier en l’état ? Encore une dizaine de jours de suspense…
Retrouvez les précédents épisodes :

24 janvier 2015

Les Machines de l’île ont refait une partie de leur retard en 2014

À l’approche de Noël, Les Machines de l’île avaient organisé une belle séance de dédicace du dernier livre de Stéphane Pajot dans leur librairie. Presse Océan publie aujourd’hui un dossier aimable sur Les Machines de l’île signé Stéphane Pajot et Emmanuel Vautier. Pure coïncidence bien sûr : Nantes est une petite ville.

Les deux journalistes n’ont pas trop torturé Pierre Orefice. « Nous avons frôlé les 600 000 visiteurs », déclare-t-il, affichant 592 171 billets vendus au compteur. Comme d’habitude, le patron des Machines de l’île fait semblant de confondre « visiteurs » et nombre de billets vendus. On se souvient qu'il faut un billet pour chaque attraction des Machines de l’île et que certains visiteurs en visitent plus d’une. Les 592 171 billets vendus doivent représenter en réalité autour de 300 000 visiteurs individuels.

Avec 13,7 % de billets vendus en plus, Les Machines ont connu une vraie progression par rapport à 2013. Comme d’ailleurs la plupart des sites touristiques des environs. Le Puy du Fou, par exemple, a enregistré près de 10 % d’entrées supplémentaires ; avec 1 912 000 entrées, il domine toujours les Machines de la tête et des épaules.

Cependant, les 592 171 billets vendus n’ont rien d’extraordinaire dans l’absolu. Il aurait fallu en vendre environ 630 000 pour rester sur le rythme de 2012, année d’ouverture du Carrousel des mondes marins. Pierre Orefice avait lui même annoncé à plusieurs reprises son intention de vendre 600 000 billets dès 2013. Cet objectif n’a donc toujours pas été atteint en 2014, même si cette année est moins mauvaise que la précédente. Et la progression globale sur l’année a été bien inférieure à celle de l’été, soit 24 % selon le bilan officiel du Voyage à Nantes (si ce rythme avait été maintenu toute l’année, Les Machines auraient vendu 646 000 billets).

« Nous n’avions pas de nouveautés à présenter cette année », déclare Pierre Orefice pour mieux mettre en valeur le relatif succès des Machines. Il a la mémoire courte : « je pense que l’arrivée de la fourmi a boosté le visitorat », déclarait-il à Frédéric Brenon, de 20 Minutes, à la mi-décembre. Les années passent – sept ans et demi déjà –, Les Machines rament toujours. Mais ça ira peut-être mieux en 2015 avec une vraie nouveauté : le doublement de la surface du bar !

17 janvier 2015

Carré Feydeau : Proudreed manque d’R

En s’affichant sur les façades des boutiques vides du Carré Feydeau, Proudreed avait fait erreur sur sa propre adresse électronique, transformée en « www.proudeed.com ». Aujourd’hui, Presse Océan annonce que « Poudreed délègue la commercialisation du Carré Feydeau ». Quand ça veut pas, ça veut pas.

05 janvier 2015

Lobbying pour NDDL (14) : éloge du vieux

On disait que François Hollande cherchait à amadouer les écologistes en songeant à l’élection présidentielle de 2017. S’ils présentent un candidat, selon toute probabilité, c’est fichu pour lui. Mais s’ils acceptent de se rallier à lui dès le premier tour, qui sait ?…

On disait ça. Mais c’était avant. Avant ce matin. Sur France Inter, tout à l’heure, le président de la République a pris position en faveur du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes : « Quand les recours seront épuisés, le projet sera lancé ».

Quant aux avantages de l’aéroport, François Hollande n’en a cité qu’un : « Ce projet est lancé depuis des années ». Depuis des décennies, même, aurait-il pu dire. Mais pourquoi un vieux projet serait-il nécessairement un bon projet ? Le président normal pilote-t-il les yeux braqués sur le rétroviseur ? Reste-t-il convaincu qu’il faut une piste d’atterrissage pour le Concorde dans l’Ouest ?