31 août 2012

Une rondelle qui fait du chemin

Le logo du Voyage à Nantes, on le disait ici, a l’air d’une de ces rondelles qu’on achète chez Metro par lots de mille pour les soldes et les liquidations. Sa version visible ici et là au long de la ligne rose n’a pas seulement été détournée pour rappeler que Nantes est en Bretagne (plus d’un visiteur a sincèrement cru à un clin d’œil des organisateurs)

on la retrouve dans la publicité de La Redoute :
ou celle de Darty :
ou encore celle du journal Les Échos :


Ce qui prouve assurément l’impact énorme du Voyage à Nantes...

30 août 2012

Carton à moitié vide ou à moitié plein ?

Dans un premier bilan de la saison touristique, Presse Océan évoquait hier « le carton du Voyage à Nantes ». Carton jaune ? Carton rouge ? Le quotidien ne le précise pas, mais peut-être n’est-ce ni l’un ni l’autre puisqu’il parle d’un « beau score ».

Les chiffres qu’il livre n’ont pourtant rien de stellaire. On a déjà parlé ici des visites liées au Voyage à Nantes. Par ailleurs, indique Presse Océan, « le Carrousel des Mondes Marins annonce 88.719 visites ». Puisque 19.297 de ces visites ont eu lieu au cours de la première semaine, le nombre moyen de visiteurs serait donc tombé à 13.884 pour chacune des cinq semaines suivantes (- 28 %) !

On aurait compté 289.565 visiteurs pour la cour et les remparts du Château et 33.896 pour le musée et l’exposition du même. À titre de comparaison, on en avait enregistré respective- ment 1.085.981 et 188.679 pour toute l’année 2010, selon le bilan officiel de l’Agence de Développement et de Réservation Touristiques de Loire-Atlantique. Le musée aurait ainsi reçu en deux mois d'été à peine plus d'un sixième des visites d’une année quelconque. Y a-t-il vraiment là de quoi crier victoire ?

29 août 2012

Le transfert du CHU, c’est comme si c’était fait

Le transfert du CHU sur l’île de Nantes est l’un des projets déterminants pour l’avenir de Nantes, écrivait Jean-Marc Ayrault dans son message de vœux, le 3 janvier dernier.

Cette idée capitale ne lui est pourtant venue que dix-neuf ans après son élection à la mairie de Nantes. Elle ne figurait même pas dans ses 200 propositions pour les élections municipales de 2008 et n’est apparue que des semaines plus tard. Les communicants de la mairie seraient bien en peine de l’introduire dans leur reconstruction légendaire de l’histoire de la ville depuis 1989. On s’interroge sur cette illumination soudaine : Jean-Marc Ayrault avait eu le temps de réfléchir à la question puisqu’il était depuis des années président du conseil d’administration du CHU (sur son site web, l’établissement le mentionne encore comme son président du conseil de surveillance). Qu’importe, le transfert est devenu une priorité.

En quatre ans, cette priorité n’a pas avancé d’un pouce malgré diverses péripéties. En décembre dernier, interrogé par Ouest France, Jean-Marc Ayrault avait « tiré la sonnette d’alarme ». « Le désengagement de l'État en matière de santé publique serait irresponsable », affirmait-il. Geler le projet serait « un choix à courte vue ».

Ce serait aussi mettre le CHU dans une bien mauvaise situation. « On a besoin de ce projet dans dix ans, dans vingt ce sera trop tard », assurait en janvier dernier le professeur Gilles Potel, président de la commission médicale d'établissement, dont les propos ont été rapportés par Frédéric Brenon dans 20 Minutes. « Et le problème, c'est qu'il n'y a pas d'autre projet. Si on nous dit non, il faudra tout recommencer à zéro. Des années de préparation perdues. Oui, ça nous préoccupe. »

On peut s’étonner que le président du conseil d’administration ait laissé son équipe travailler pendant des années sur une hypothèse unique, soumise à un accord de l’État tout à fait incertain. Mais ce n’est pas grave, puisque maintenant, l’État, c’est lui. Et comme il ne va évidemment pas persister dans un « choix à courte vue » et obliger le CHU à « tout recommencer à zéro », il est étrange que, depuis trois mois et demi qu’il dirige le gouvernement, il n’ait pas trouvé une minute pour confirmer le prochain transfert.

25 août 2012

VAN : l’heure des (règlements de) comptes

Ici et là, certains se hasardent à écrire que Le Voyage à Nantes serait un succès parce que 1,7 million de visites ont été dénombrées. Le chiffre paraît gros. Il se dégonfle dès qu’on note que « visites » ne signifie pas « visiteurs ». Chaque visiteur a pu être compté pour un grand nombre de visites (la ligne rose comptait plus de quarante stations). Petit jeu de société entre Nantais : combien vaux-tu de visites à toi seul ? Dix ? Vingt ? Cent ? On sait que, place du Bouffay par exemple, a été considéré comme visiteur le passant qui levait les yeux vers le monte-charge, en prenait une photo ou jetait un coup d’œil au panneau explicatif. À ce compte-là, les 107.000 visites enregistrées paraissent lourdement sous-évaluées !

Rue de la Juiverie le 20 juillet
à 18h00 : le long de la ligne rose,
un verre à moitié plein ou à
moitié vide ?
C’est à espérer, d’ailleurs : comme l’opération estivale, VAN et Estuaire confondus, a coûté officiellement plus de 16 millions d’euros (et en réalité beaucoup plus compte tenu de toutes les dépenses effectuées à d’autres titres, en particulier pour le Carrousel et pour Le Nid de la tour Bretagne), chacune des 1.700.000 visites aurait été subventionnée par les contribuables à hauteur de presque 10 euros. Dix euros le regard à L’Ultime déménagement, cela paraît cher payé quand même !

D’autant plus que rien ne permet de distinguer les visites de Nantais* des visites de touristes. Or Le Voyage à Nantes n’était pas destiné à distraire les populations locales mais à attirer dans la ville des visiteurs extérieurs qui y dépenseraient leur bon argent.

Sur ce plan, Jean Blaise lui-même se garde de cocoricos excessifs. Il se borne pour l'instant à noyer le poisson avec de vagues considérations du genre « Interrogez donc les commerçants le long de la ligne rose ». Ce n’est pas trop rassurant, car il dispose certainement d’indications objectives : chiffre d’affaires des hôteliers et des restaurateurs nantais, nombre de visiteurs accueillis par l’Office du tourisme, nombre d’entrées au musée du Château des ducs de Bretagne… La différence entre les scores de 2011 et de 2012 devrait donner une assez bonne idée de l’impact réel du Voyage à Nantes.
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* Pour atteindre les 1.700.000 visites, il suffirait que chaque habitant de l’agglomération ait fait trois visites à l’une ou l’autre des attractions du VAN.

16 août 2012

Le Carrousel ouvert à et par tous les vents


« En cas de fortes pluies ou de vents soufflant à plus de 50 km/h, le Carrousel ferme », annonce le site web des Machines de l’île, qui précise : « les décisions de fermeture à la mi-journée ou pour deux heures seront anticipées en fonction des prévisions météo et de l’évolution de la situation ». Cela paraît sage en raison de sa prise au vent.

Mais comme pour les dessertes de l’Éléphant, les indications du site ne sont pas toujours fiables. Ce 15 août, les rafales à 55 km/h annoncées par Météo France n’ont nullement empêché le manège des mondes marins de tourner.

On en vient à regretter qu’il soit surmontée par une vigie et non par une éolienne. Alimenté par le souffle atlantique, il aurait été beaucoup plus écolo.

15 août 2012

L’ultime renflouement

Ouvert sur une pendaison équine, le Voyage à Nantes s'achève sur un naufrage végétal : l’île flottante de Fabrice Hyber a coulé (voir la vidéo de Cedric Blondeel/Presse Océan). La cause serait, quelle surprise, un trou dans la coque d’un de ses cinq bateaux. L’œuvre du canal Saint-Félix aurait été victime d’un saboteur nageur, dans la plus belle tradition des films de guerre et du Rainbow Warrior. Le Voyage à Nantes, qui a déjà bouclé son enquête, dénonce « un acte de vandalisme tout à fait intentionnel avec volonté de nuire ». On imagine d’ailleurs mal un acte de vandalisme par inadvertance avec volonté de bien faire…

Si les murs volent place
du Bouffay, les bateaux
en font autant canal
Saint-Félix
En tout état de cause, l’œuvre n’était pas née sous une bonne étoile. D’après le VAN lui-même, elle aurait été inspirée à Fabrice Hyber par les masses de déchets flottant dans le Pacifique. Ses embarcations étaient « usées, presque épaves ». Du presque au tout à fait, il n’y avait que la largeur d’un petit trou. Elle était d’ailleurs une simple réédition des « Bateaux-arbres » installés à Cordemais pour Estuaire 2007 et qui avaient connu à peu près le même sort. Perseverare diabolicum !

On s’étonne quand même qu’un seul trou ait suffi à faire sombrer cinq esquifs d’un coup. Cette île posée sur une eau quasi dormante n’était pas plus sûre que le Titanic. Il faut croire qu’on ne sait plus construire de bateaux à Nantes. Et lire dans le programme officiel du Voyage à Nantes que cette œuvre serait le « possible havre d’une humanité future » incite évidemment au plus noir pessimisme.

14 août 2012

L’Éléphant, version courte


« Le Grand Eléphant fait le lien entre le Carrousel des Mondes Marins, et les Nefs », assure le site web des Machines de l’île. Mais il précise aussi : « Le Voyage à Nantes ne peut garantir l’exhaustivité et la véracité des informations présentes sur le Site ». C’est prudent, car ce « lien » fait par la machine peut être virtuel, quelquefois.

La passerelle d’avion qui servait à renouveler la cargaison de passagers côté grue jaune avant l’ouverture du Carrousel a prudemment été conservée derrière les bureaux des Chantiers. Elle peut encore servir, à l’occasion, comme ces jours-ci. Les passagers sont alors privés de Carrousel et leur parcours jusqu’aux Nefs est réduit de moitié. Le prix du billet l’est-il aussi ? (Même pas !)

12 août 2012

Rue de la chute : les Nantais l’ont-ils échappé belle ?

Dans « Rue de la chute » il y a « rue », mais ça n’est pas du théâtre de rue pour autant. C’est ça qui a coincé à Paris.

Dans le cadre du festival Paris, quartier d’été, le spectacle de Royal de Luxe devait être joué dans la cour d’honneur des Invalides du 3 au 11 août. Quatre jours avant la première représentation, il a été délocalisé vers la plus prolétarienne Pelouse de Reuilly. « Les commissions de sécurité des pompiers et de la préfecture ne nous ont pas donné un avis favorable », expliquait Patrice Martinet, directeur du festival, cité par Le Parisien.  Loin de s’insurger, il ajoutait : « et on le comprend ». En effet, le plancher et de nombreux éléments du décor n’étaient pas ignifugés. Tirer des feux d’artifice dans cet espace restreint pouvait être dangereux.

Avec 62 m de large et 108 m de long, pourtant, la cour des Invalides est plus grande que celle du château des Ducs de Bretagne, où Rue de la chute a été visible fin juin. Le monument de Louis XIV serait-il plus inflammable que celui de  François II ? Ou la vie des Nantais moins précieuse que celle des Parisiens ? En tout cas, heureusement que Royal de Luxe ne nous a pas rejoué l’explosion de la tour des Espagnols !

11 août 2012

Le Voyage à Tulle : la ligne rose-au-poing ne séduit pas

Le Voyage à Nantes ne marche peut-être pas très fort au regard des sommes investies par la collectivité, mais il y a pire ailleurs.

La ville de Tulle a voulu profiter de l’arrivée de son ancien maire à l'Elysée pour organiser un parcours intitulé « Dans les pas d'un président ». Il permet aux touristes de découvrir les endroits favoris de François Hollande. La première visite guidée avait dû être annulée faute de participants. À la deuxième tentative, mercredi dernier, deux (2) vacanciers se sont présentés, entourés d’une meute de journalistes. Ironie du sort, tous deux venaient de Loire-Atlantique !

Le quotidien local, La Montagne, n’a pas fait dans la langue de bois en rapportant l’opinion de l’un d’eux en fin de visite : « Je suis un peu déçu quand même ». C'était bien la peine de s'en aller en plein VAN !

04 août 2012

Cycliste à Nantes : (5) courte mais pas bonne

La rue Cassini détient probablement le record de la piste cyclable la plus courte de Nantes – quelque chose comme deux mètres de long. Et peut-être aussi de la plus dangereuse. Le stationnement automobile se fait à gauche par rapport au sens de circulation. Les conducteurs quittant leur place ne voient donc pas les cyclistes qui pourraient arriver à contresens. D’autant plus qu’ils doivent être attentifs aux automobilistes qui arriveraient dans leur dos. Quant à ces derniers, en abordant ce quartier commerçant, ils sont souvent distraits par la quête d’une place pour se garer et/ou par la présence de voitures en stationnement à cheval sur le trottoir et/ou par des piétons indisciplinés et/ou par le comportement du conducteur voisin puisque les deux files d'attente au feu de la rue Copernic se réduisent à une voie de circulation passé le carrefour. Caveat cyclistor.

02 août 2012

Tout est bien à Nantes pour Le Figarault

« C’est beau, les noces entre le nouveau pouvoir et Le Figaro », ricane Isabelle Barré à la une du Canard Enchaîné d’hier, notant que depuis l’éviction d’Étienne Mougeotte, le 11 juillet, le quotidien ne trouve que des qualités à François Hollande et à Jean-Marc Ayrault. « Les affaires continuent, et celles de Dassault, qui a bien besoin des commandes de l’État, aussi », glisse la journaliste au passage à propos du propriétaire du journal.

Son recensement des flatteries adressées par Le Figaro au chef du gouvernement n’est pourtant pas complet. Il oublie le dithyrambe un peu laborieux consacré par Valérie Duponchelle au Voyage à Nantes – « une incroyable ‘odyssée de l’art’ »  –  samedi dernier.

Quoique… l’Académie française décrit une « odyssée » comme un « voyage semé d'embûches, de péripéties, de rebondissements ». Et dans l’œuvre d’Homère, le parcours qui ramène le héros à Ithaque via Charybde et Scylla (on simplifie, évidemment) commence par le massacre des Troyens et s'achève par celui des prétendants… La ligne rose vire carrément rouge sang.

Une claire allusion aux flèches que tire Ulysse à la fin de son Voyage

01 août 2012

Du recyclage de La Maison dans la Loire

La Maison dans la Loire de Jean-Luc Courcoult, installée au bord du fleuve face à Couëron dans le cadre d’Estuaire, a un air de déjà vu. Non parce qu’elle a été précédée par la Floating House de Paulette Phillips sur le Saint-Laurent en 2002*. Non parce qu’elle est une reproduction de la Maison du port bien réelle de Lavau. Mais surtout parce qu’on l’a déjà beaucoup vue lors d’Estuaire 2007. On s’en souvient, elle avait été engloutie par le fleuve au bout de quelques jours.

L’image était forte. Jean Blaise et Jean-Luc Courcoult auraient dû en être conscients : après s’être ainsi illustrée, La Maison dans la Loire ferait forcément réchauffé. Telle qu’elle est présentée aujourd’hui, c’est même du réchauffé tiède.

Pour allumer les imaginations après 2007, et aussi après les inondations catastrophiques provoquées par l’ouragan Xynthia en 2010, il aurait fallu mieux que ce gros cube lourdement posé sur un lit de vase. Certes, le paysage est joli, mais cette néo-friche artistique contribuerait plutôt à le dégrader. On se demande comment s’en débarrasser.

Mais pas d’inquiétude : l’œuvre est officiellement parrainée par Veolia Environnement, qui justement gère à deux pas de là le centre de valorisation des déchets Arc-en-Ciel.
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* Xavier Boussion et Dominique Bloyet lui ont consacré un article dans Presse Océan en janvier 2008. Jean-Luc Courcoult jure qu’il ignorait son existence, bien que la Floating House, immortalisée par une vidéo, ait été montrée lors de nombreuses manifestations artistiques au Canada et en Europe, en particulier au Festival de Turin et à la galerie Danielle Arnaud de Londres, ainsi que dans différents catalogues et publications.