28 juin 2024

À trop gonfler la subvention des Machines de l’île, Nantes Métropole pourrait faire éclater le contrat de DSP

Ce vendredi, suite du conseil métropolitain commencé hier. À l’ordre du jour figure une délibération n° 42 consacrée aux Machines de l’île. Sujet : « Tarifs 2024 ‑ Avenant n° 16 ». Derrière ce titre qui ne mange pas de pain figure une augmentation considérable de la « contribution forfaitaire de fonctionnement » versée par Nantes Métropole aux Machines de l’île.

Les Machines sont gérées par la SPL Le Voyage à Nantes dans le cadre d’un contrat de délégation de service public (DSP) signé en 2011. Dans une DSP, le délégataire exploite l’affaire à ses risques et périls. Il peut juste bénéficier de subventions en contrepartie des contraintes de service public imposées par la collectivité dans le contrat de DSP.


Depuis 2011, pas moins de quinze avenants ont déjà modifié la convention initiale de DSP. Plusieurs portent sur les contributions versées par Nantes Métropole. En 2023, l’avenant n° 13 fixait la «  contribution globale annuelle » à 1 946 161 euros TTC « conformément à l'évolution prévue au contrat ». Ce qui représente quand même près de 3 euros par billet vendu pour l’une des trois attractions des Machines.

Sujétions pas substantielles

Cette fois, Nantes Métropole entend porter sa contribution pour 2024 à 3 130 353 euros TTC. Soit une augmentation soudaine de 1 184 192 euros (+ 60,85 %). Il n’est évidemment pas question d’une « évolution prévue au contrat » ! Mais il s’agit, affirme benoîtement Nantes Métropole, « de compenser les sujétions de service public imposées au délégataire sans pour autant atténuer le risque lié à l’exploitation du service ».

En quoi lesdites sujétions ont-elles augmenté de plus de 60 % d’une année sur l’autre ? En rien du tout. De toute évidence, Nantes Métropole se précipite au secours de l’un de ses satellites en difficulté financière, à cause des déficits chroniques des Machines de l'île. Mais la collectivité insiste : son avenant est « conclu sur le fondement de l'article R3135-7 du code de la commande publique qui autorise des modifications, quel qu’en soit le montant, lorsqu’elles ne sont pas substantielles ». À ce jeu de ceinture et bretelles, Nantes Métropole en fait trop.

Les gros sabots du légalisme

Le sujet n’est pas anodin : en cas de modifications « substantielles », pas question d’un simple avenant : il faut conclure un nouveau contrat (et pour cela, en principe, remettre en concurrence la DSP).

Nantes Métropole fait semblant de ne raisonner qu’en montants absolus : la loi dit : « quel qu’en soit le montant » ! Mais l’article R3135-7 du code de la commande publique considère expressément comme substantielle une condition qui « modifie l'équilibre économique de la concession en faveur du concessionnaire d'une manière qui n'était pas prévue dans le contrat de concession initial ». Que ce soit en lui imposant 60 % de « sujétions de service public » en plus ou en lui versant 60 % de subvention en plus, il est difficile de dire qu’on n’est pas dans ce cas.

Les formules rituelles de Nantes Métropole cherchent à donner l’illusion que la loi est respectée. Suffiront-elles à tromper la vigilance du préfet ?

18 juin 2024

Le 18 juin des Machines de l’île

Le 18 juin n’est pas seulement l’anniversaire du jour de 1940 où le général de Gaulle n’a pas dit « la France a perdu une bataille, la France n’a pas perdu la guerre » (même si beaucoup disent l’avoir entendu) et du jour de 1815 où le général Cambronne n’a pas dit « la Garde meurt mais ne se rend pas » (même si on peut le lire sur le socle de sa statue en plein centre de Nantes). C’est aussi l’anniversaire du jour de 2004 où Jean-Marc Ayrault a fait prendre au conseil de Nantes Métropole une décision qu’il aurait mieux fait de ne pas prendre.

Cette décision du 18 juin 2004 était la création des Machines de l’île. Tout citoyen nantais un tant soit peu conformiste se doit de penser du bien des Machines de l’île. Mais le citoyen un tant soit peu objectif voit bien que les promesses d’il y a vingt ans n'ont pas été tenues.

Le modèle expressément visé par Jean-Marc Ayrault était le musée Guggenheim de Bilbao. Personne ne prétendra que Les Machines ont apporté à Nantes un prestige comparable. Ni même une fréquentation comparable. La plupart des machines annoncées le 18 juin 2004 n’ont pas vu le jour, sans doute parce qu’elles étaient aussi irréalisables que la dernière d’entre elles, l’Arbre aux Hérons.

Un cabinet spécialisé avait pourtant prévenu : sur neuf projets présentés, celui des Machines était le moins bon. Mais selon un autre cabinet spécialisé on pouvait « raisonnablement tabler sur un équilibre d’exploitation » dès la première année. Cet équilibre, on le sait, n’a jamais été atteint. Sans parler des investissements, supportés en direct par Nantes Métropole.

Et pas dans les meilleures conditions : le conseil du 18 juin a aussi décidé de réserver ses commandes à Fançois Delarozière et Pierre Orefice, sans publicité ni mise en concurrence. Il aurait fallu beaucoup de vertu pour serrer les prix...

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/nantes-metropole-preferera-sans-doute-ne-pas-feter-le-vingtieme-anniversaire-du-18-juin-2004/

Nantes Métropole préférera sans doute ne pas fêter le vingtième anniversaire du 18 juin 2004

17 juin 2024

Johanna Rolland et le verbiage à Nantes

Non sans une petite erreur au passage, Johanna Rolland cite André Breton dans le supplément local du Point du 13 juin. Oui, André Breton a parlé de Nantes, « peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine ». Encore cette tarte à la crème bientôt centenaire ! On note quand même le « peut-être », qui relativise l’enthousiasme de l’écrivain.

Mais  la maire de Nantes a-t-elle seulement lu la suite de la phrase, ce qui arrive à l’écrivain et qui « en vaut la peine » ? La voici : « …le temps de traverser Nantes en automobile et de voir cette femme, une ouvrière, je crois, qu’accompagnait un homme, et qui a levé les yeux : j’aurais dû m’arrêter. » Alors qu’elle cite André Breton « pour parler de la culture à Nantes », le chef à plumes surréaliste semble plutôt sur le registre de la dragounette !

Et quand elle multiplie les restrictions de circulation, Johanna Rolland censure quasiment les écrivains-automobilistes d’aujourd’hui !

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/le-breton-quadore-johanna-rolland/

Le Breton qu’adore Johanna Rolland


(Diego Rivera, Leon Trotsky et André Breton, photo Flickr, licence CC BY-SA 2.0)

15 juin 2024

Le vrai problème des Machines de l’île – et donc du Voyage à Nantes

Le Voyage à Nantes a perdu près d’un million d’euros en 2023. Dès février 2023, Fabrice Roussel, président, et Jean Blaise, directeur général, s’attendaient à un déficit de 730 000 euros. Autrement dit, ils ont laissé le trou se creuser davantage au cours de l'année, et pas qu’un peu.

Le principal problème, ce sont Les Machines de l’île. « Les Machines ont longtemps été la machine à cash du Voyage à Nantes », se défend Pierre Orefice dans Ouest-France. En réalité, le prétendu « cash » provenait des subventions de Nantes Métropole, car l'exploitation des Machines de l'île n'a jamais été dans le vert.

La situation s’est aggravée ces dernières années. Ce n’est ni un problème de fréquentation, ni un problème de prix des billets. D’après leurs projections financières pour la période 2017-2025, établies en accord avec Nantes Métropole, les Machines devaient compter 94 salariés (équivalents temps plein) en 2022. En réalité, elles en comptaient 119,95, soit 27,6 % de plus que prévu. Qu’il y ait sureffectif ou que les besoins aient été mal calculés, la gestion est en cause.

Voir article complet sur Nantes Plus

https://nantesplus.org/le-voyage-a-nantes/

Un déficit qui devient chronique pour Le Voyage à Nantes