31 mai 2024

Nantes Métropole et la SAMOA sont vraiment tête-en-l’air

Eh bien non, boucher le souterrain du boulevard Léon-Bureau ne coûtera pas 35,6 millions d’euros à la Samoa mais seulement 355.917 euros. On est presque déçu de la modestie relative de cette somme dans une métropole qui envisage de dépenser plus de 80 millions d’euros pour déménager mille Roms et qui aurait été prête à s’offrir un Arbre aux Hérons si son coût n’avait dérapé au-delà de 52 millions d’euros…

Pourquoi cette erreur ? A priori, parce que quelqu’un, à la Société d’aménagement de la métropole Nantes Saint-Nazaire (SAMOA) présidée par Johanna Rolland, s’est emmêlé les pinceaux. La somme erronée figurait non pas une mais deux fois dans le Journal officiel de l’Union européenne. Autrement dit, personne ne s’était soucié de relire cette annonce légale.

Quand nous avons révélé sa bourde, la SAMOA a publié un rectificatif. Et elle en a apparemment profité pour faire un brin de ménage : elle a aussi publié un rectificatif pour un autre marché, annoncé à 209 millions d’euros dans le JOUE alors qu’il se montait à 20,9 millions ! En avril déjà, deux des six avis publiés par la SAMOA avaient dû être rectifiés…

Bien entendu, ce ne sont que des fautes de frappe. Oublier l’existence d’un tunnel est autrement plus grave. D’autant plus que le fait n’est pas unique. On se rappelle que Nantes Métropole avait promis le maintien de la circulation automobile sur le pont Anne-de-Bretagne pendant les travaux, et qu’il a fallu la couper quand même. Explication officielle : on s’est aperçu tardivement qu’il y avait des canalisations à refaire sous le boulevard Léon-Bureau, au voisinage du fameux souterrain, donc.

En revanche, Nantes Métropole et la SAMOA n’ont pas oublié qu’il y a des arbres sur le boulevard Léon-Bureau. Ils vont être coupés encore plus sûrement que le pont. Lequel sera orné de quelques plates-bandes, à titre de compensation.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/samoa/

L’île de Nantes, terre d’élection des fautes de frappe à plusieurs millions d’euros

28 mai 2024

Pont Anne-de-Bretagne (4) : A-t-on trouvé une mine d’or sous le boulevard Léon-Bureau ?

Dirait-on pas un polar de série B, cette histoire de souterrain sous le boulevard Léon-Bureau ? Chapitre I : Où l’on découvre soudain un vieux souterrain oublié sur le futur passage du tramway. Chapitre II : Où l’on nomme d’urgence, à prix d’or, un constructeur pour détruire le souterrain. On attend avec impatience les épisodes suivants :

Chapitre III : Où l’on apprend si le souterrain servait à infiltrer des agitateurs gauchistes dans les chantiers navals ou bien à exfiltrer des cadres séquestrés en temps de grève.
Chapitre IV : Où l’on explore le souterrain à la recherche de cadavres, de trésors et/ou de documents secrets.
Chapitre V : Où l’on explique pourquoi c’est la Samoa qui se charge des travaux et pas la Semitan, maître d’œuvre du chantier du tram.
Chapitre VI : Où l’on révèle en quoi boucher un souterrain dérangerait l’activité de Stéréolux davantage que la construction du tramway.
Chapitre VII : Où l’on refait le calcul pour expliquer que démolir un souterrain d’une vingtaine de mètres peut coûter 35 million d’euros.

Etc.

Concernant le chapitre VII ci-dessus, le site spécialisé WikiSara indique que la construction d’un tunnel à deux voies de 21 m de diamètre coûte entre 35 et 50 millions d’euros au kilomètre. Ici, la destruction d’un souterrain beaucoup plus modeste coûte 35 millions d’euros pour une vingtaine de mètres, soit dans les cinquante fois plus. Cela paraît si incroyable que voici, pour en témoigner, ce qu’indique TED, supplément au J.O. de l’Union européenne :


Dans un secteur étudié et réétudié depuis des années en vue d’y créer deux nouvelles lignes de tramway, découvrir subitement un énorme chantier supplémentaire est plutôt effarant. Heureusement, la Samoa a su trouver une solution. Pour un coût modique, tous comptes faits.

27 mai 2024

Quand Johanna Rolland filoute la chambre régionale des comptes

 L’Institut d’études avancées (IEA) de Nantes a fait l’objet en 2021 d’un rapport très critique de la chambre régionale des comptes. Le site Médiacités a consacré des articles très détaillés au triste état de l'IEA. Voir notamment Malgré les promesses de renouveau, l’IEA de Nantes encore embourbé dans sa crise (mediacites.fr).

L’une des recommandations de la Chambre était la suppression du Fonds de dotation Promouvoir l’accueil de savants étrangers, créé par l’IEA pour solliciter des mécènes qui financeraient le séjour à Nantes de chercheurs en sciences humaines étrangers – un bidule quasi inefficace et éventuellement nuisible.

Disciplinée, Johanna Rolland, présidente du conseil d’administration de l’IEA promet aussitôt que ce sera fait au plus vite. Puis, en janvier 2022, le conseil d’administration annonce dissoudre son fonds de dotation.


Et apparemment n’en fait rien : la semaine dernière paraît enfin au Journal officiel, avec plus de deux ans de retard, l’annonce de la dissolution du fonds. Non sans une petite filouterie au passage. Le Fonds a été créé pour soutenir la recherche scientifique. Mais l’avis de dissolution prétend que son objet est la défense des droits des immigrés ! Ce qui permet peut-être de réorienter vers des destinataires choisis le peu d’argent qui reste en caisse !

Bah, à guère plus de 7 000 euros, ça ne va pas loin. Nantes Métropole sait concocter des mystères autrement plus chers, à plusieurs dizaines de millions d’euros. À suivre…

 

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/preside-par-johanna-rolland-linstitut-detudes-avancees-iea-peine-a-retrouver-le-droit-chemin/

Présidé par Johanna Rolland, l’Institut d’études avancées (IEA) peine à retrouver le droit chemin

01 mai 2024

Mémoires de Jean-Marc Ayrault : non, la page ne sera pas entièrement blanche

Les éditions de l’Observatoire publieront en 2025 les mémoires de Jean-Marc Ayrault. Ce n’est pas une blague ‑ du moins l’information vient-elle d’une source sérieuse, le cahier économie du Figaro*. Dix ans après son calamiteux passage à l’Hôtel Matignon, des lecteurs s’intéresseraient donc encore à l’ancien maire de Nantes ?

À ce jour, la littérature concernant Jean-Marc Ayrault est des plus limitées. Côté éloges, il y a deux livres d’Alain Besson, publiés localement chez Coiffard en 2004 et 2012, et celui de Jean-Marie Biette, paru en 2012 aux éditions de l’Archipel ; côté critiques, mon propre Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes, modeste autoédition en ligne de 2012.

Jean-Marc Ayrault sur le mur de Royal de Luxe en 2011
Personne, hormis sa fille Élise, ne semble avoir pris la peine de dresser le bilan de son œuvre gouvernementale. Philippe Guibert, qui fut son communicant comme patron du Service d’information du gouvernement, vient de publier un livre sur « le déclin du chef politique en France »**. Dans cet ouvrage, intéressant par ailleurs, il ne trouve rien à dire sur l’ancien Premier ministre. Parce qu’il n’a pas contribué au déclin ou parce qu’il n’était pas un chef de toute façon ? Hollande, au moins, est présent, quoique « un peu ridicule ».

Ayrault n’a rien à raconter, pourrait croire un citoyen distrait. Pourtant, si l’on anticipe le sommaire de son livre, on s’aperçoit qu’il n’est pas vide :

  1. Comment je suis arrivé au Parti socialiste via l’extrême-gauche de Poperen
  2. Comment j’ai recentré Saint-Herblain sur une énorme zone commerciale qui aspire les forces vives du commerce nantais
  3. Comment j’ai fait de Nantes le n° 1 des palmarès des meilleures villes à mon arrivée, puis le n° 2, puis le n° 3, puis le n° X
  4. Comment j’ai été condamné à six mois de prison avec sursis pour favoritisme (mais c’était pour la bonne cause d'un financement politique)
  5. Comment j’ai fait de Nantes la Mecque de la culture avec les Allumées et Royal de Luxe (du temps où il produisait quelque chose)
  6. Comment Trafics et Fin de Siècle, destinés à élargir le succès des Allumées, ont laissé plus de dettes que de souvenirs
  7. Comment j’ai fait de Nantes une « métropole touristique internationale » avec Les Machines de l’île
  8. Comment j’ai mis la politique touristique de Nantes entre les mains d’un Jean Blaise dont la gestion venait d’être critiquée par la Chambre régionale des comptes
  9. Comment j’ai fait la fortune de MM. Delarozière et Orefice (sans leur réclamer de droits sur l’image de leur éléphant)
  10. Comment j’ai construit l’Arbre aux Hérons à partir de la branche prototype de 2007
  11. Comment j’ai imposé aux Nantais de pratiquer la repentance en tant que descendants de négriers avec un Mémorial massif mais fragile quand même
  12. Comment j’ai fait de Nantes la Green Capital de l’Europe grâce à un trait de peinture verte et à un gag répétitif
  13. Comment j’ai fait du Combi Volkswagen (12 l aux 100) le véhicule emblématique de Nantes
  14. Comment j’ai relancé le Carnaval de Nantes pour concurrencer Rio, Venise et Dunkerque
  15. Comment le musée d’arts, « grand projet » de mon quatrième mandat a demandé deux fois plus d’argent et trois fois plus de temps que prévu
  16. Comment j’ai construit un nouvel aéroport international à Notre-Dame-des-Landes, profitant de ma nomination comme Premier ministre pour réaliser l’Ayraultport
  17. Comment j’ai peuplé les trottoirs nantais de tout un tas de bidules
  18. Comment j’ai lutté contre la délinquance en refusant la téléprotection
  19. Comment en tant que président du groupe socialiste de l’Assemblée nationale je me suis montré un orateur redoutable
  20. Comment j’ai voulu éradiquer Colbert au point de contredire le musée de Nantes
  21. Comment j’ai si bien enraciné ma circonscription électorale dans le socialisme qu’elle a été perdue par Karine Daniel en un rien de temps
  22. Comment j’ai raté l’aménagement de l’île de Nantes après avoir prétendu en faire un « centre urbain à dimension internationale »
  23. Comment j’ai imposé la transformation d’un bâtiment industriel en école des beaux-arts, et qu’importe si c’est plus cher et malcommode
  24. Comment j’ai sauvé l’Hôtel de la Duchesse Anne, face au château des ducs de Bretagne
  25. Comment j’ai soutenu la construction de la Villa Déchets, « symbole du développement durable »
  26. Comment j’ai reconstruit les salons Mauduit vingt ans après l’avoir annoncé
  27. Comment j’ai fait construire un palais de justice par Dominique Perrault. Ou bien était-ce quelqu’un d’autre ?
  28. Comment j’ai choisi d’implanter un CHU au plus mauvais endroit possible (enfin, presque)
  29. Comment j’ai, en tant que Premier ministre, dirigé un gouvernement homogène et cohérent
  30. Comment j’ai secondé un président de la République charismatique et déterminé
  31. Comment, de toute ma carrière politique, je n’ai commis qu’une seule erreur
  32. Comment j’ai remis la diplomatie française au centre du jeu international
  33. Comment je ne suis devenu ni président de l’Assemblée nationale ni membre du Conseil constitutionnel
  34. Comment ma Fondation pour la mémoire de l’esclavage reste pratiquement au point mort sept ans après l’annonce de sa création

Et ce n’est sûrement pas tout ! Bien des Nantais auront sûrement d’autres épisodes glorieux à rappeler. Reste à voir si les lecteurs se précipiteront. La concurrence sera rude : selon la même source, les mémoires d’Anne Hidalgo, maire de Paris, doivent aussi paraître en 2025 chez le même éditeur. En voilà un qui a le goût du risque commercial.

* Claudia Cohen, « Le livre politique, un passage obligé à la veille des élections mais sans garantie de succès », Le Figaro, 18 avril 2024

** Philippe Guibert, Gulliver enchaîné – le déclin du chef politique en France, Paris, Éditions du Cerf, 2024.