09 novembre 2016

Lobbying pour NDDL (39) : L’anti-trumpisme primaire au service du projet d’aéroport

L'Institut d'études avancées dirigé par M. Supiot est
agréablement logé par les contribuables dans le nouveau
quartier Marcel-Saupin
M. Alain Supiot est professeur au Collège de France et président de l’Institut d’études avancées, un machin destiné à recevoir à Nantes des intellectuels « bien pensants » et financé par les contribuables (sa construction a déjà coûté 16 millions d’euros). Il a accueilli en résidence, par exemple, le professeur Massimo Amato, père spirituel de la SoNantes, qui elle-même est en train de nous coûter très cher – mais c’est une autre histoire.

M. Supiot, qu’on a connu beaucoup plus à gauche, a publié sur le site du Figaro une tribune sur « le grand délitement de la démocratie ». Et franchement, c’est n’importe quoi. Voici ce qu’on y lit :

« Pressé de dire s'il reconnaîtrait l'éventuelle victoire de sa concurrente Hillary Clinton, M. Donald Trump a répondu “J’accepterai sans réserve les résultats de cette élection présidentielle — si je gagne”. (…) Les Européens auraient tort de moquer cette déclaration d'apparence bouffonne, car elle témoigne d'un délitement de la démocratie dont nul pays n'est exempt. »

Hélas, la bouffonnerie est du côté du digne professeur. En effet, trois hypothèses se présentent :
a) il ne comprend pas l’anglais ;
b) il n’a pas écouté la déclaration du candidat et a seulement lu dans le New York Times une phrase coupée de son contexte ;
c) il bidonne délibérément en se disant que ses lecteurs n’iront pas vérifier ses propos.

Car voici exactement ce qu’a déclaré Donald Trump le 20 octobre :
« I will totally accept the results of this great and historic presidential election ‑ if I win. Of course, I would accept a clear election result but I would also reserve my right to contest or file a legal challenge in the case of a questionable result. Right ? And always I will follow and abide by all the rules and traditions of all of the many candidates who have come before me, always. »

Ce qui signifie à peu près :
« J’accepterai sans réserve les résultats de cette magnifique et historique élection présidentielle – si je gagne. Bien entendu, j’accepterais le résultat s’il est clair, mais je réserve aussi mon droit de le contester ou de l’attaquer en justice s’il est douteux. D’accord ? Et toujours je suivrai et je me conformerai aux règles et traditions des nombreux candidats qui se sont présentés avant moi, toujours. »

Donald Trump est un homme de spectacle, animateur d’émissions de télévision. La première phrase de ce passage est une accroche pour mettre le public en appétit. Elle ne signifie ABSOLUMENT PAS que Donald Trump prévoyait de contester le résultat en toute hypothèse s’il ne gagnait pas. Au contraire, il dit expressément qu’il acceptera un résultat clair… et qu’il contestera un résultat douteux, ce qui est la moindre des choses, non ? Toutes les démocraties, y compris en France et aux États-Unis, prévoient des recours contre les irrégularités électorales. Le candidat démocrate Al Gore y a eu recours en 2000. M. Trump a simplement refusé de se lier les mains par avance comme on l’y invitait. Rien de plus normal.

Volontaire ou involontaire, ce bidonnage est pour M. Supiot le prétexte d’un rapprochement acrobatique avec les débats autour de Notre-Dame-des-Landes. Je passe sur les détails : inutile de décortiquer une comparaison dont l’un des termes est si clairement faussé.

Cependant, une remarque s’impose.

M. Supiot écrit : « le Président de la République a, au terme d'années d'atermoiements, solennellement annoncé en février 2016 que la question serait tranchée par un référendum local. A sa surprise probablement, à celle sûrement d'une classe médiatique ayant unanimement soutenu les adversaires du projet, ce dernier fut approuvé par 55% des électeurs du département concerné. » Apparemment, il lui a échappé que le scrutin du 26 juin n’était pas le « référendum local » annoncé par le président de la République. C'était une « consultation locale », type de scrutin nouveau concocté en vitesse par Manuel Valls.

Comme son nom l’indique, cette consultation était consultative et non décisionnelle ainsi que l’aurait été un référendum. Pour un juriste, la différence est capitale. M. Supiot est juriste. Ce professeur au Collège de France parle doctement d'un sujet dont il avoue ignorer un pan essentiel !

8 commentaires:


  1. La couverture de l'élection présidentielle nord américaine, en France, a été tout sauf neutre. Investis d'une mission sacrée - sauver le monde du péril nazi - les journalistes et les "intellectuels" ont fait du Trump : caricatures, attaques ad hominem, citations tronquées. Et ils ont perdus. Faut dire que pour faire du Trump, vaut mieux être Trump. L'hyperbole véridique est un art qui nécessite une longue pratique, une arrogance presque naïve (celle que confère la richesse), un débraillé intellectuel parfois comique, et, pourquoi ne pas le dire, une réelle liberté d'esprit - que les détracteurs du milliardaire lui jalousent... Trump aurait aussi bien pu être un pro aéroport, s'il avait possédé un paquet d'actions Vinci, qu'un contre, s'il avait acquis un ranch à Notre-Dame-des-Landes, la semaine dernière !
    Bon, derrière le gros bonhomme, c'est bien sûr Marine Le Pen qui est visée, chez nous. Et sans doute ses résultats, en 2017, seront impactés par la tournure de la présidence américaine. Nos journalistes et nos "intellectuels" brûlent déjà des cierges, dans l'espoir qu'éclatent de nombreuses émeutes raciales outre-atlantique, que les marchés s'effondrent, que Poutine dégoupille une bombinette...

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  2. C'est tout juste pitoyable de mettre en exergue la carte de visite "Alain Supiot est un juriste français, professeur au Collège de France depuis 2012" pour livrer un tel pastis imbuvable.

    Le status "de chercheur prof au collège de France" n'empêche nullement d'avoir un avis personnel sur un sujet donné, mais les compétences supposées ne prédispose en rien à avoir autorité comme "expert" sur celui-ci.

    Mettre dans le même panier les propos tronqués de Donald Trump, le traité de Lisbonne, la loi El Khomry, la Grèce et Notre-Dame des Landes, relève pour le moins d'un grand écart qui viserait à monter les dénis de démocratie.

    Outre le fait qu'à mon sens un déni ne peut provenir que du "pouvoir en place" et non des citoyens qui sont censés l'incarner, ça me fait beaucoup penser au projet de constitution européenne de Giscard où les articles sur la concurrence "libre et non faussée" côtoyaient la déclaration relative à la centrale nucléaire d’Ignalina en Lituanie.

    Quant à dupliquer la victoire de Trump en France, l'edito d'Hervé Kempf donnes des sueurs froides : https://reporterre.net/La-faillite-de-la-classe-dirigeante

    "Nous sommes coincés entre des politiciens d’extrême-droite à la Trump et une classe dirigeante corrompue et autoritaire. Si la France et l’Europe veulent ne pas connaître le sort de cette Amérique qui sombre, il est urgent de changer de cap : en finir avec les politiques néo-libérales, réduire les inégalités, orienter l’économie vers une écologie créatrice d’emplois."

    Je n'en ai pas vu l'amorce d'un début de commencement.

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  3. @nonyme précédent,

    Euh là pour le coup, l'article de Reporterre n'explique rien, n'analyse rien bref aucun intérêt...

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  4. Désolé, le kit pré-mâché, pré-digéré près à consommer n'était pas prêt en cette veille de week-end prolongé.
    Par contre, je serais curieux de lire votre analyse personnelle, probablement truffées d'arguments pertinents, surement plus que votre commentaire lapidaire qui lui n'en présente pas la moindre once.

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  5. @Anonyme10 novembre 2016 à 13:22
    Un peu quand même... bien que ce soit plus facile après la bataille.
    Mais c'est un peu court, c'est vrai.
    Il n'y a pas de remise en cause frontale de la démocratie représentative, par exemple.
    Rien qu'aux US, on constate encore une fois que la majorité des suffrages n'a pas donné la majorité des grands électeurs.
    Bien que je sois plutôt content que le clan Clinton se soit pris une claque... avec Hillary, on savait plus ou moins à quoi s'attendre en politique internationale et c'était effrayant... avec Trump, ce qui fait peur, c'est l'inconnu, surtout en politique intérieure d'ailleurs, mais ça, c'est moins notre problème; à l'extérieur, son discours était plutôt positif pour la stabilité du monde -on est quand même à mi-chemin de Moscou et de Washington- mais c'est un bateleur de foire, il faudra surtout surveillé son cabinet et le Congrès pour en avoir le coeur net... et le nombre de promesses qu'il ne tiendra pas risque de laisser la démocratie américaine encore plus mal en point (quoi qu'on peut espérer quelque chose de la dépression journalistique, surtout s'il ne se révèle pas catastrophique et soit plus Berlusconi que Mussolini).. qui croire quand le candidat antisystème se révélera aussi menteur que les autres ?
    Ils en sont encore à un système électoral reposant sur le cheval.
    Nous, en Europe, on a quand même évolué du censitaire à l'universel direct (quasi) mais nous sommes élevés avec le sentiment que c'est indépassable. C'est d'autant plus prégnant dans une France centralisatrice jusqu'à la pathologie (fameuse réforme régionale, et encore, on échappe à la disparition des départements... grâce aux élus qui s'accrochent à leurs sièges ! un peu comme la ZAD devenue zone humide grâce au projet).
    La démocratie représentative n'est pas à complètement jeter mais elle arrive indéniablement à bout de courses. Il est temps de l'enrichir d'autres outils de démocratie directe. Au moins, ça se tente. Sinon, on se retrouve avec un Trump (et je suis persuadé que la majorité de ceux qui ont voté pour lui ne l'aime pas beaucoup plus que les autres... bon, je ne connais pas les US non plus mais il a fait moins de voix que Romney) et chez nous, Le Pen et Mélenchon (même constat chez leurs partisans).
    On a quand même beaucoup de risques d'avoir un Juppé, Hollande bis en puissance, et les deux sus-nommés en opposants majeurs. Ça ne fait pas rêver.
    Rien que de remplacer le Sénat par une Chambre de citoyens tirés au sort peut redonner un peu d'espoir en la Démocratie. Et je n'ai jamais rencontré personne qui soit contre, une fois dépassé le complexe d'infériorité technique, en rappelant le système des jurés, du service militaire, de compensations financières pour les tirés au sort, du fait que cette Chambre est considérée comme inutile par beaucoup etc. Et ça, de quelques bords que ce soit. Mais je ne fréquente pas d'élus -ou de membres de familles d'élus, faut dire- sauf dans des conseils municipaux de bleds, et déjà, rien qu'à ce niveau, un fossé se creuse très vite dans l'esprit critique... la nature humaine...

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  6. @nonyme précédent,

    Vous vous méprenez, je ne cherche pas de confrontation et mon propos laconique ne respirait aucunement du mépris à votre endroit. Votre commentaire précédent, que j'ai lu attentivement, renvoyait un lien me paraîssant peu pertinent, c'est tout !

    A l'instar du papier de Reporterre, mon analyse perso ne présente à coup sûr, aucun intérêt, je m'abstiendrai donc ... Je le répète, ce n'est pas avec ce genre d'article que l'on peut se forger une opinion ou étayer une analyse et ainsi briller dans les salons...

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  7. Briller dans les salons, la belle affaire.

    Le lien me parait approprié dans la mesure où il parle de la disqualification de Bernie Sanders (l'écolo de service) par les "démocrates" (la gauche élitiste, vertueuse et bien pensante de Wall Street).

    Toute analogie avec une situation identique en France ne serait que pure coïncidence.

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  8. Associer Trump à l'opposition à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, même indirectement, est tout de même assez stupide. Compte tenu du fait que la fortune du monsieur provient en grande partie de l'immobilier (hôtels compris), et considérant son projet keynésien de relance de l'économie par les infrastructures, Trump aurait probablement été favorable au projet. Pour bien remplir les hôtels (par le tourisme, les congrès), il faut faire venir des touristes, des congressistes. Et un aéroport, c'est de plus une bonne grosse infrastructure.
    M. Supiot aurait pu affirmer : "Le nouveau président des USA aurait lui aussi approuvé le futur aéroport ; il aurait voté OUI !" Et voilà qui aurait été un nouvel argument béton.

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