On ne devrait jamais quitter Nantes. À peine a-t-on a le dos
tourné que des complots s’ourdissent, que des manants chuchotent, que des
plumitifs se rebiffent. Témoin la mésaventure dont Jean Blaise a été victime le
5 novembre : Presse Océan lui a décerné un « carton
rouge » en dix-sept lignes sur une seule colonne. Il y était accusé de
« faire quelques infidélités à la cité des ducs de Bretagne »
car il travaille pour Le Havre dont il veut faire « la star de l’année
2017 » à l’occasion de son 500e anniversaire.
Il fallait laver l’affront. Dès le mardi suivant paraissait
dans Presse Océan une sorte de droit de réponse en dix-neuf lignes. Le
grand homme avait « tenu à préciser son propos » en ces
termes : « Je n’ai jamais dit que Le Havre serait la star de
l’année 2017 en France mais la star de l’événement que je prépare pour
2017 ». Pour qui s’intéresserait à ce débat quasi homérique, il
suffit de se reporter à l’article de Paris Normandie cité par Presse
Océan le 5 novembre. « L’objectif est que Le Havre soit la star
de l’année 2017 », y déclarait Jean Blaise – un point c’est tout.
Cet acte de contrition n’était pas suffisant : le 21
novembre, en guise de pénitence et d’hommage, Presse Océan a dû déposer
une double page aux pieds de Jean Blaise. Ce dernier y déploie à sa guise deux
de ses talents principaux, l’autosatisfaction et la langue de bois. Et cela dès
la première question : « Quel bilan tirez-vous du Voyage à Nantes
l’été dernier ? ». Réponse : « J’avais très peur.
Nous avions des travaux partout dans la ville. Malgré cela, le tourisme a
progressé. La taxe de séjour a encore augmenté : 6,8 % en juillet,
2,8 % en août. »
Le présent blog a plusieurs fois dénoncé les
bilans bidonnés du Voyage à Nantes. On ne va pas louper cette nouvelle
occasion. Car Jean Blaise omet de rappeler qu’en 2016 Nantes Métropole a
fortement augmenté le montant de la taxe de séjour ‑ de 104,5 % pour les
hôtels quatre étoiles, de 53 % pour les trois étoiles, etc. Pire :
depuis le 1er août, Airbnb prélève une taxe de séjour pour le compte
de la ville. Cette taxe de séjour qui a « encore augmenté »
dénote donc une fréquentation en baisse.
Emmanuel Vautier, auteur de l’interview, ne l’ignorait sûrement
pas. Il a préféré éviter le détail qui fâche. Mais il s’est quand même offert
une petite insolence. Comme Jean Blaise évoque la rémunération de son travail
au Havre, une note de bas de page complète : « Montant
non-communiqué ».
Retrouvez la série
« Lèse-Blaise » :
Le problème n'est pas tant Jean Blaise lui-même qui fait son job.
RépondreSupprimerLe problème vient surtout de ceux qui financent le VAN les yeux fermés : le ministère de la culture, les collectivités (mairie de Nantes en tête).
Que le VAN s'exporte, ça peut être vécu comme une très bonne chose.
Mais les sous, eux, ne sont pas importés.
De plus, le Carrousel des mondes marins fait de moins en moins d'entrée ; à cela deux raisons : le prix exorbitant pour un tour de 2min30, le très mauvais accueil du personnel (le chef en tête) quand il fait payer l'entrée à une de mes filles pour me dire ensuite qu'elle est trop petite pour aller sur son personnage favori !
Ou comment Les Machines de l'Ile sont devenues une attraction purement touristique au détriment de la mise en valeur de la culture et du savoir faire nantais.
Que la culture ne soit pas rentable est une chose mais quand elle est un gouffre financier depuis des années, il faut sérieusement se remettre en question !
Et visiblement, le trucage des chiffres semble la solution retenue par les élus pour justifier l'injustifiable : il serait temps que la chambre régionale des comptes siffle la fin de la récréation.
A ce rythme, les contribuables vont finir par en avoir ras le bol d'autant plus qu'un autre appareil menace les finances et la santé des nantais : le déploiement accéléré du compteur Linky dans la Cité des Ducs, compteur que Caen et dorénavant Paris ont notamment refusé en raison des dangers pour les consommateurs.
Pardon mais, si, Jean Blaise fait partie du problème. S'il faisait son job aussi bien qu'il le dit, bien sûr, on pourrait s'en réjouir. Mais ça n'est pas le cas. Le trucage des chiffres n'est pas un choix des élus, c'est d'abord le choix du VAN, les élus qui font semblant de ne pas s'en rendre compte n'étant que des complices. Et ça date du temps de Jean-Marc Ayrault. Pour faire de Nantes une destination touristique, il a créé la Cité des congrès. Comme ça n'a pas bien marché, il a créé les Machines de l'île. Comme ça n'a pas bien marché, il a créé le VAN. Et à chaque fois, c'est plus d'argent public gaspillé pour un résultat qui n'est pas du tout à la hauteur.
RépondreSupprimer"La culture coûte trop cher ? Essayez l'inculture", dit un slogan idiot. Ce n'est pas la culture qui coûte trop cher, c'est l'armée des parasites qui s'en prévalent. La culture à la nantaise est une sorte de vache sacrée, qui se couche en travers de votre chemin en se sachant intouchable. C'est aussi une sorte de veau d'or, toujours debout, dont certains se nourrissent grassement. Ce n'est pas la culture qui coûte trop cher, c'est le trop cher qui se déguise en culture, les budgets municipaux libellés "culture" quand ils financent les déficits d'exploitation d'un manège. La culture à Nantes est une histoire de budget. Alors qu'elle devrait être une histoire de création et d'interprétation, et ça, ça n'appartient qu'aux artistes eux-mêmes. Jean-Marc Ayrault a placé Nantes sur de bien mauvais rails.
Morceaux de choix :
RépondreSupprimerhttp://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/0211442875780-jean-blaise-nous-voulons-impliquer-les-artistes-dans-lamenagement-de-la-ville-2040355.php
Le contorsionnisme poussé à son paroxisme :
"Comment allez-vous faire évoluer Le Voyage à Nantes ?
Désormais, notre ambition est d'introduire des artistes vivants dans la transformation même de la ville, dans son aménagement. Nous voulons aller vers des oeuvres durables, pérennes, pour qu'un jour on vienne à Nantes pour son art contemporain. La prochaine grande étape sera l'ouverture du musée des Beaux-arts. Ce sera la star de l'édition 2017. Mais nous conserverons l'événement annuel pour garder l'excitation, le buzz..."
Paradoxalement n'a-t-il pas prophétisé la fermeture inéluctable des musées?
Et donc Nantes sera un jour une destination d'art contemporain, ce qui n'est pas le cas actuellement, malgré quelques millions déjà dilapidés dans cette quête sans fin qui ressemble au tonneau des Danaïdes.
Il y a quelques mois, je suis ponctuellement intervenu au "machin" dans le cadre de mon travail, non-artistik dois-je le préciser. Suis-je un peu parano, mais jamais au grand jamais et en 25 ans d'activité, je n'avais rencontré un responsable technique respirant autant de suffisance et doté d'un tel complexe de supériorité... Je n'ose imaginer le ressentiment éprouvé en présence des Jean Blaise, Oréfice ou Delarozière. L'on doit en effet se sentir comme un intouchable, hors caste...
RépondreSupprimerC'est de l'actualité brûlante 18:23 ce jour sur OF et le mensonge continue...
RépondreSupprimerNantes. Le tourisme estival progresse dans la métropole
http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-le-tourisme-estival-progresse-dans-la-metropole-4628042
Il y a un mystère dans ces chiffres : 521.489 "nuitées marchandes" représenteraient bel et bien une augmentation de 4,9 % du nombre de nuitées par rapport à 2015. Mais comment se fait-il alors que la taxe hôtelière n'ait pas augmenté d'au moins 30 ou 40 % puisque son montant a été très fortement relevé d'une année sur l'autre ?
RépondreSupprimerUne partie de l'explication pourrait tenir à Airbnb, qui collecte la taxe de séjour depuis le 1er août. C'est-à-dire que d'un seul coup, les hébergements "marchands" ont augmenté de quelque chose comme 2.000 lits -- tandis que les hébergements "non marchands" ont diminué d'autant. Je note que l'article de Ouest France proclame l'augmentation des "nuitées marchandes" mais ne dit rien de l'évolution des "nuitées non marchandes" !
"À Paris, la baisse du chiffre d’affaires hébergement va de -28% sur le marché Milieu de Gamme jusqu’à -42% sur la catégorie Luxe et Palace. Le climat d’insécurité continue de peser lourdement."
RépondreSupprimer"Après l’attentat du 14 Juillet à Nice, on anticipait le même type de phénomène sur la Côte d’Azur. Les RevPAR en retrait de -9% (Super-économique) à -19%(Milieu de Gamme)."
"Dans ce climat délétère, la Province et les Littoraux en particulier auront réalisé une belle saison estivale et, à fin Août, un exercice 2016 positif. Toutes les catégories sont en progression depuis le début de l’année, la catégorie Luxe voit même son RevPAR progresser de 12%."
http://www.veilleinfotourisme.fr/medias/fichier/08-globalfrance-aout-2016-3_1475219219507-pdf
C'est petit de pavoiser sur des prétendues progressions locales aux raisons obscures alors que celles des baisses sont elles dramatiquement connues.
OK, la culture nous coûte cher, essayons donc de l'ignorer, au choix la culture ou son coût ? L'une ou l'autre ? Telle est l'interrogation d'un contribuable nantais...
RépondreSupprimerJe ne peux que paraphraser ce que j'ai répondu à un Anonyme précédent : on a du "coûte cher" mais est-ce de la culture ? Un parc d'attraction et des animations touristiques sont-elles de la culture ? J'en doute. D'autant plus que le "coûte cher" labellisé "culture" comprend aussi les salaires, frais de représentation et autres coûts d'une solide équipe d'apparatchiks...
RépondreSupprimerVous avez parfaitement raison, je me suis fourvoyé en reprenant le terme "culture" quand il n'est question que du manège...
RépondreSupprimerTout comme vous, je voulais reprendre, mais en le modifiant ce slogan idiot qui apparaissait sur le muret extérieur, bd Égalité, de feu-Trempolino devenu depuis Stereolux au cul de l'éléphant ! "Miossec et son nouvel album Mammifères font étape à Stereolux ce jeudi 24 novembre". Beurk ! À l'instar de notre Dominique A, la culture ne coûte pô chère à ce sombre personnage, parti également quelques temps à Bruxelles payer moins d'impôts lors de ses pics de ventes.
En cette période de succès moindre pour ce chanteur, du moins ne nécessitant pas d'exil fiscale, pouvez-vous nous calculer, s'il vous plaît, le ratio prix du billet/subvention au Block Aus à bus ce soir ?
@un contribuable nantais reconnaissant
La "culture" nantaise est à géométrie très variable. Soit "faut que ça crache du cash." (quartier de la création) soit faut que ça claque du cash (VAN, MAchines, Royal...).
RépondreSupprimerLulu 82-83 - décembre 2013
http://www.lalettrealulu.com/General-Cluster-Le-quartier-met-la-creation-sous-blister_a2408.html
"Pour ma part, j'ai eu l'opportunité d'être président d'une association nantaise ( Trempolino ) et pour avoir saisi les évolutions de l'intérieur, je me suis pas senti de partager cet enthousiasme général."
http://www.irma.asso.fr/Jean-Michel-Lucas-Doc-Kasimir
juin 2013
"Nantes a beaucoup investi dans cet espace de « L'île de Nantes » où se développe le « quartier de la création », sous la forme d'un « cluster » consacré à l'économie créative. Une telle dynamique semble emporter tout sur son passage en particulier les associations - telles Trempolino - qui ont bénéficié de nouveaux locaux adaptés à leurs activités dans le même quartier. Si bien qu'au printemps 2013, l'interrogation est inévitable : faut-il que ces associations revoient leurs finalités et leurs pratiques artistiques et culturelles pour apporter leur contribution à l'économie créative du cluster nantais ? Ou faut-il demeurer à distance du projet « Quartiers(s) de la création » malgré la proximité géographique ? Pour quelles « bonnes » « raisons ? Pour quelles valeurs ?
En tant qu'ancien président de Trempolino, que je sais toujours attachée aux valeurs humanistes, j'ai estimé nécessaire de contribuer à la discussion. Ainsi ai-je rassemblé ce que j'avais observé par bribes en considérant qu'il fallait, certes, évoluer mais qu'il demeurait essentiel de vérifier si les « changements » allaient dans le « bon » sens. En l'occurrence, autant le dire d'entrée, j'ai considéré que le cluster nantais était parti dans le « mauvais » sens.
Le texte qui suit détaille cette critique qui vaut probablement pour de nombreuses autres politiques d'économie créative, en France ou ailleurs. A ce titre, elle peut aider des acteurs qui estiment, comme moi, que l'enjeu premier d'une politique culturelle reste de « faire humanité ensemble », bien au delà de l'ambition de fabriquer encore plus de produits (culturels) à vendre."
Jean Blaise, pas encore retraité, mais déjà célébré par une plume consensuelle :
RépondreSupprimer"Lire sa biographie de son vivant doit vous donner l’impression d’être mort, ou d’être une starlette, ce qui n’est guère plus rassurant dans notre époque de gloire instantanée, voire lyophilisée. What else ?"
"Rassurons-nous (et rassurons-le), Jean Blaise est bien vivant. Son biographe, certes, ne l’enterre pas. L’homme qui a allumé les nuits nantaises à la fin du XXe siècle ne se fait pas allumer dans une collection qui se veut positive, dirigé par le fondateur des éditions Autrement : raconter « la démarche singulière d’individus (…) engagés dans des expériences originales, qui renouvellent et réinventent la société… »"
http://etatsetempiresdelalune.blogspot.fr/2015/05/what-else.html
Evidemment, comme dans tous les happy end, il a fallu faire l'impasse sur les côtés obscurs :
"Le livre passe un peu vite sur la dimension de stratégie politique conduite par Ayrault, la fabrication ex nihilo d’une vitrine « d’exception culturelle » nantaise pour attirer les cadres supérieurs parisiens en mal de douceur de vivre provinciale… Stratégie de communication au demeurant parfaitement réussie, qui enferme un peu Nantes dans un beau mensonge-vrai, mais qui lui a donné l’aura fragile dont elle jouit aujourd’hui avec un certain bonheur."
En tant que vieux con moi-même, j'ai vécu les Allumées en live. Les premières étaient géniales dans la mesure où "l'organisation" perdait tout contrôle et ça se barrait en live complet, beuverie généralisée mais gentille et bizarrement sans incident. Je n'ose imaginer ce que ça donnerait maintenant.
Sans parler des occupations illégales des lieux "insolites" qui se sont poursuivies bien après la fin des manifestations.
Dès la troisième ça a pris un côté déjà vu et il me semble avoir lâché l'affaire. Et le reste de la saga du "réenchanteur" c'est comparable à l'après Histoire de France du Royal de Courcoult : dès que le fric a coulé à flots, ça n'a plus eu la même saveur.
Je vous rejoins tout à fait. Il est stupéfiant et consternant de constater combien les jeunes créatifs deviennent aisément des ronds-de-cuir contents d'eux dès qu'un premier succès leur a assuré une sinécure à vie.
RépondreSupprimerAvec l'espérance de durée de vie en constante augmentation, il est normal de chercher de nouvelles occupations pour nos "seniors".
RépondreSupprimerAux multiples domaines de compétence du "réenchanteur de ville", on va pouvoir bientôt ajouter le climat.
En effet, P.O. titre "Nantes métropole. La culture au secours du climat, La filière événementielle de l'agglomération nantaise a un rôle à jouer contre le réchauffement climatique."
"« Nous progressons sur le sujet, il y a un meilleur partage des bonnes pratiques entre les organisateurs, note Nicolas Boespflug, chargé de mission développement durable à Nantes Métropole. Nous regardons, par exemple, comment améliorer : l'achat groupé de vaisselle compostable, de prévisions météorologiques... ». La filière événementielle a un autre rôle important à jouer : « Sensibiliser le grand public grâce à trois ingrédients : l'information (avec des quiz...), l'émotion et l'expérimentation »."
L'événementiel, l'information, l'émotion, l'expérimentation, le ludique, c'est l'exact contenu de la politique culturelle nantaise et la marque de fabrique du VAN.
Il suffit de tirer encore un peu sur les lacets pour embrasser le domaine du "développement durable" aux ambitions stratosphériques.
Ce n'est donc pas demain la veille que Jean Blaise va quitter le devant de la scène.