29 décembre 2024

Nantes Métropole complice du flou artistico-comptable de l’École des Beaux-arts

 La Chambre régionale des comptes avait consacré un rapport très critique à l’École des beaux-arts de Nantes-Saint-Nazaire (EBANSN) en 2019. Revenue à la charge cette année, elle constate dans un « audit flash » qu’il y a encore beaucoup à redire. Cas emblématique : l’école versait à son personnel une « prime de service public » irrégulière. Quand son conseil d’administration l’a su, en octobre 2019, il a aussitôt décidé… de continuer. Avant de se défiler dare-dare en février 2024 quand le nouveau contrôle a été ouvert !


Le montant versé irrégulièrement dépasse 800 000 euros. Mais il y a plus cher : incapable de supporter le coût de construction de ses nouveaux locaux de Nantes et Saint-Nazaire, l’école a refilé le bébé aux collectivités locales. Nantes Métropole s’est engagée à rembourser 17 millions d’euros. Allons, allons, il n’a pas été nécessaire de torturer sauvagement les élus métropolitains pour obtenir leur accord : c’est l’EBANSN qui a été auditée, mais les critiques s’adressent tout autant à la Métropole !

Le président de l’EBANSN est un élu de la Ville de Nantes, son adjoint à la culture. Sera-t-il mis sur la touche comme son prédécesseur David Martineau en 2019 ? On parierait plutôt que Johanna Rolland va regarder ailleurs pour éviter de chercher des crosses au Parti communiste.

Voir article complet dans Nantes Plus :

https://nantesplus.org/lecole-des-beaux-arts/

L’École des Beaux-arts se fait flasher, Nantes Métropole aussi

08 décembre 2024

Jean Blaise retraité : acompte sur critiques à venir

Jean Blaise part en retraite à la fin du mois. C’était un personnage important de ce blog puisqu’il est au moins cité dans 166 des 1 131 articles parus ici depuis 2008, soit près de 7 %. Une dizaine d’entre eux lui sont même consacrés. Si les louanges officielles ne vous suffisent pas, vous pourrez vous référer par exemple à cette série parue en 2014 :

1. C’est le requiem pour Jean Blaise
2. Jean Blaise, culturel ou politique ?
3. Se réchauffer à la flamme des Allumées
4. Fin de cycle
5. Il y a quelque chose de pourri au royaume de Jean-Marc
6. Aveu tardif

2014, c’était la fin de sa période flamboyante. C'était aussi l'élection municipale. Une déclaration de Johanna Rolland a fait croire qu'elle allait changer de politique culturelle, et des langues ont commencé à se délier. Puis Jean Blaise a sauvé sa place et les langues se sont reliées et ralliées. Puis la routine s’est installée. On est entré davantage dans le registre du comique de répétition.

Jean Blaise a toujours été, comme on dit, un « bon client », jamais avare d’affirmations péremptoires, de prétentions acrobatiques et de vérités alternatives. Le plus étonnant n’est pas qu’il soit tant critiqué ici ; c’est qu’il le soit si peu ailleurs.

Flagornerie ? Pas forcément. Pour les éloges, il suffisait de citer. Dès l’époque d’Estuaire, Jean Blaise n’a pas lésiné sur l’autopromotion. Pour les critiques, il n’aurait pas été nécessaire de gratter beaucoup. En particulier lors de la présentation de résultats faux, improbables ou invérifiables, éventuellement retouchés a posteriori en fonction des besoins ultérieurs, comme en 2012. Pour qu’un échec soit reconnu, il fallait qu’il soit patent, et même ainsi Jean Blaise trouvait éventuellement des boucs émissaires, comme Hécate en 2017.

La bonne presse

La presse a su modérer ses commentaires après la parution en 2011 d’un rapport de la Chambre régionale des comptes qui aurait pu lui coûter sa carrière. Il lui est néanmoins arrivé de le critiquer, par exemple à propos de son travail au Havre pour le compte d’Édouard Philippe à un moment où il aurait plutôt dû préparer la réouverture du musée d’arts, ou à propos de l’échec du Voyage en Hiver. Frap, dans Presse Océan, lui a consacré un certain nombre de caricatures vachardes et bien senties.


Et si l’irrégulomadaire satirique nantais La Lettre à Lulu se montre discret (les moteurs de recherche ne repèrent dans ses pages qu’une douzaine de mentions, anodines pour la plupart, en plus de vingt ans et 129 numéros), le média autonome Contre-Attaque a émis quelques critiques virulentes, tandis que le site d’investigation Mediacités publiait plusieurs enquêtes fouillées qui ont dû faire tousser du côté de la rue Crucy, par exemple à propos des résultats financiers de la SPL Le Voyage à Nantes.

Le bilan réel de Jean Blaise reste à écrire : Son action a-t-elle comme annoncé inscrit Nantes sur la carte culturelle internationale ? Que reste-t-il réellement des Allumées ? À quel point les « œuvres pérennes » du Voyage à Nantes ont-elle enrichi la ville ? Que va-t-on faire des Humans de Breuning ? Les opérations estivales ont-elles créé une attente dans le public ? Le déficit financier de 2023 est-il un accident passager ? Les Machines de l’île peuvent-elles se relancer sans Arbre aux Hérons ? La « promotion culinaire » façon VAN s’adresse-t-elle au bon public ? La justice risque-t-elle de débusquer d’autres Station Nuage ? Etc. Sophie Lévy n'a probablement accepté la succession que sous bénéfice d’inventaire.

Voir biographie résumée dans Nantes Plus :

ttps://nantesplus.org/bluff-et-blaise-sont-dans-un-bateau-derniers-coups-de-rames-avant-la-retraite/

Bluff et Blaise sont dans un bateau : derniers coups de rame avant la retraite

05 décembre 2024

La Tour Bretagne mérite-t-elle tant de respect ?


À Singapour, l’an dernier, on a déconstruit la tour AXA – 235 mètres de haut, cinquante-deux étages construits en 1986 – pour pouvoir réutiliser le terrain. Rien de tel à Nantes, où le Groupe Giboire vient de présenter un projet de transformation de la plus modeste Tour Bretagne – 144 mètres de haut.

« Sa forme d’origine sera conservée dans le respect de son histoire et son esprit », promet l’un de ses architectes. Il ferait beau voir qu’une tour fût transformée au point de ne pas conserver sa forme d’origine, celle d'une tour ! Quant à son histoire et son esprit, en revanche, faut-il vraiment respecter ceux d’un immeuble aussi fertile en problèmes, de l’échec financier initial à la découverte d’amiante en passant par une flopée de suicides ?

Mais n’anticipons pas : le Groupe Giboire n’a pas toujours tenu ses promesses à Nantes. Qu’en attendre cette fois-ci ? Il compte commencer par construire un nouveau bâtiment à la place du parking privé et de la rampe d’accès de la place Bretagne, afin d’y installer un hôtel. Là, plus question de conserver la forme d’origine et de respecter l’histoire et l’esprit (ni la lourde réglementation d’un immeuble de grande hauteur). La Tour elle-même viendra ensuite. Parviendra-t-on à récupérer le premier étage comme Elon Musk le fait avec ses fusées ? D’ici-là, il passera beaucoup d’eau sous les ponts de l’Arche-Sèche !

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/la-tour-bretagne-encore-dans-les-nuages/

La Tour Bretagne encore dans les nuages

01 décembre 2024

La culture, c’est comme la confiture : trop sucré, ça écœure

 « L’action se passe dans les Pays de la Loire, c’est-à-dire nulle part. »
Sven Jelure, d’après Alfred Jarry, Ubu Roi

Parmi les critiques les plus véhéments de la réduction des subventions régionales aux activités culturelles, il y en a qui, voici deux ans, reprochaient à la Région une subvention de 200.000 euros attribuée à Puy du Fou Films pour Vaincre ou mourir. Ah ! Parce que ce n’était pas de la culture, Vaincre ou mourir, bien qu’il fût tourné par de vrais acteurs et de vrais techniciens, et projeté dans de vrais cinémas devant de vrais spectateurs ? Tout le monde ne peut pas en dire autant parmi les dizaines de films soutenus chaque année par la Région !

Mmmm… y aurait-il un peu d’esprit partisan dans ce deux poids deux mesures ? Ça n’aurait rien d’étonnant : dès leurs débuts, les Pays de la Loire ont fait de la culture un instrument politique. Cette région artificielle a constamment tenté de s’acheter une identité à l’aide d’opérations culturelles, à commencer par le désastreux Fontevraud Centre Culturel de l’Ouest.

Certains acteurs culturels parviennent à se faire subventionner tout à la fois par une commune, par un département, par la région, par l’État (DRAC) et par un nombre quelconque d’institutions spécialisées, avec à la clé, à chaque fois, des sollicitations, des dépôts de dossier, des votes en comité restreint et en session plénière, des procès-verbaux, des contrôles de légalité et des signatures de conventions qui n’oublient pas d’exiger des remerciements publics à chacun des donateurs. Le seul qu’on ne remercie jamais, c’est le contribuable, bien que ces générosités acheminées via de multiples apparatchiks proviennent intégralement de sa poche.

La crise actuelle devrait être l’occasion de s’interroger sur la logique absurde du système subventionnel, coûteux en temps, en énergie et en argent, et suspect de financer l’entregent (voire le copinage) plus que le talent et le travail. Pour la culture, la région est davantage un problème qu’une solution.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/tempete-sur-la-culture-dans-les-pays-de-la-loire-le-cocotier-secoue/

Tempête sur la culture dans les Pays de la Loire : le cocotier secoué