21 juillet 2025

Le Voyage à Nantes 2025 : de plus en plus de mal à bien faire semblant

Le Voyage à Nantes 2025 consacre la couverture de son livret estival à Antipodos, d’Ivan Argote. On y voit un personnage aux pieds retournés gravir la colonne Louis XVI surmontée par… rien. Louis XVI a disparu « grâce à un jeu de miroirs [qui] reflète le ciel environnant ». Seule une petite nuance dans le bleu du ciel témoigne du stratagème.

Une légende en caractères minuscules, au dos, avoue : « d’après esquisse ». L’installation réelle est plus modeste, et même franchement ratée. Elle a pourtant dû coûter une fortune, vu le matériel mis en œuvre. Le boîtage réfléchissant censé donner « l’illusion de disparition » de Louis XVI est parfaitement visible, même sur un ciel uniformément bleu, tandis que le personnage « défiant toute logique gravitationnelle » est maintenu à la colonne par un double cerclage métallique bien costaud.


Cerise sur le gâteau, le photomontage du Voyage à Nantes montre le personnage 60 % plus grand qu’il n’est en réalité, et fixé plus haut sur la colonne. Pas grave ? Non, sauf que cela illustre une fois de plus un certain j’m’en-fichisme du Voyage à Nantes : c’est toujours bien assez bon comme ça. On a acheté un concept irréalisable, on fait comme si la promesse était tenue. Et après tout, puisqu’une bonne partie de la presse veut bien se contenter de reprendre le communiqué officiel…


L’étrangeté, thème du Voyage à Nantes 2025, n’est pas tant dans Antipodos que dans l’évaporation marketing du Voyage à Nantes. Sa mission initiale était de faire de Nantes une destination touristique internationale. Que pensera l'éventuel visiteur étranger de « l’illusion de disparition de la sculpture de Louis XVI » ? Rien, puisqu’il n’a jamais vu ce qui est censé avoir disparu. Antipodos se résume pour lui à une statue grossièrement fixée à une colonne surmontée d’un tronçon de colonne duodécagonale réfléchissante. Bof.

On comprend que Sophie Lévy, nouvelle directrice du Voyage à Nantes, tienne à le faire savoir : l’édition estivale 2025 « a été conçue par Jean Blaise et les équipes projets ».

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/le-voyage-a-nantes-devenu-simple-balade-dans-nantes-letrange-retraite/

Le Voyage à Nantes devenu simple balade dans Nantes : l’étrange retraité

17 juillet 2025

La culture, handicap de la nature à Nantes ?

 Le texte ci-dessous reprend un commentaire apporté au billet "Fini la culture, la nature c'est maintenant". Merci à son auteur, VertCocu, pour sa mise en perspective de la vocation « verte » de Nantes.

Il ne faut pas blâmer Johanna Rolland des manquements de Jean-Marc Ayrault.

Même du haut de mon adolescence, à la fin du siècle dernier, je remarquais que Nantes accordait au « vert » une place plus importante qu'ailleurs. Particulièrement en comparaison de ses « sœurs » Rennes et Bordeaux – et même de sa « cousine » Angers, qui a pourtant récupéré tout ce qui tourne autour de l'horticulture officielle au détriment de Nantes. Et triche avec son Lac de Maine.

Par « vert », j'entends un tilleul isolé et des carrés d'herbes de ci, de là. Pas forcément les parcs et squares, même si dans ces catégories, Nantes est tout à fait remarquable également.

L'épiphanie nantaise a eu lieu en 2006 quand Nicolas Hulot a fait un chantage écolo aux politiques, qui ont bien remarqué que cela plaisait aux citoyens. Jean-Marc Ayrault s'est rendu compte qu'artificialiser le moindre bout de pelouse pour faire plaisir à la CCI n'était peut-être pas si sage. Et il mettra beaucoup d'énergie, comme à son habitude, pour faire de Nantes la « capitale verte de l'Europe » en 2013.
Au temps de la Green Capital
Depuis, la municipalité est vigilante sur la question, sans malheureusement être innovante. Elle avait pris beaucoup trop de retard et n'est sauvée que par sa géographie de cours d'eau. Mais on peut tout de même regretter que, dans le sillage du tramway, même si l'écologie n'était pas forcémenten ligne de mire, Nantes ne soit pas devenue, toute proportion gardée, l'équivalent de Copenhague. Ou à défaut Strasbourg.

Elle a préféré se prendre pour Bilbao. Ce qui est d'autant plus imbécile que Jean-Marc Ayrault avait pourtant été mandaté par le Parti socialiste pour accompagner la disparition du caractère industriel de Nantes. Prendre le contre-pied en reincorporant du "naturel" n'était pas inimaginable dans les années 90.

À la décharge du Maugeois, Nantes est aussi la ville qui a comblé ses cours d'eau. Sous la pression de sa soi-disante élite, appâtée, comme tout bon chien de Pavlov, par la manne financière de l'Etat pour les travaux. On aura connu une quasi-répétition autour d'un aéroport.

"Fausse bonne idée : uriner sur les plantes
ne les fait pas pousser", rue Châteaubriand

Mais comme il est systématiquement impossible de dédouaner le professeur d'allemand (là encore, illusion d'une autre époque, déjà dans les années 80, les Allemands ne juraient que par l'anglais et délaissaient le français), on se souvient que dans les années 90, il y avait encore possibilité de décombler quelque peu. Volonté et idées citoyennes ne manquaient pas. L'argent sans doute. Mais on pourrait être curieux de savoir combien cela aurait réellement coûté au regard de l'argent jeté par les fenêtres dans le culturel qui, comme le disait un Nantais fameux « est à la Culture ce que le naturel est à la Nature, une pâle copie ».

Tenez. Apparemment, le dernier Royal de luxe, proposé dans ce qui ressemble à une certaine indifférence sorti d'une campagne d'affichage, ne ferait pas l'unanimité d'après la presse locale. (Lu aux devantures des tabacs.) Les temps changent. Comme toujours. Mais bien tard.

08 juillet 2025

Grande vague et petite bise au château de Nantes

Hoku… hoku… hoku n’hésitation, il faut aller voir l’exposition Hokusai au château des ducs de Bretagne (jusqu’au 7 septembre). Oh ! pas tant pour La Grande Vague (tout le monde l’a déjà vue mille fois et l’on en connaît dans le monde plus de cent tirages originaux) que pour la présentation d’ensemble de l’œuvre du génial artiste nippon.


Le musée du château n’a pas fait dans l’excès de zèle. Toute l’exposition provient d’un même petit musée japonais. Il n’a pas tenu à y superposer ses propres réalisations comme il l’avait fait avec Chevaliers. Il n’épuise pas le visiteur avec une accumulation de centaines d’œuvres comme l’avait fait le Grand Palais à Paris en 2014. Il n’a pas eu recours à un accrochage savamment compliqué : les estampes sont alignées comme à la parade au rez-de-chaussée, les dernières œuvres réalisées à Obuse sont groupées à l’étage, etc. C’est très bien ainsi. 

Il n’y a presque rien en trop. Juste quelques commentaires hasardeux sur le caractère prophétique de La Grande Vague (« Faut-il lire autre chose dans cette image ? » Et pourquoi pas dans toutes les autres, alors ?). Mais il y a quelque chose en pas assez. Hokusai est aussi un maître des estampes érotiques. Elles ont beaucoup fait pour sa réputation dans la France de la fin du 19e siècle. Ne les cherchez pas au château de Nantes.

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/hokusai-au-chateau-des-ducs-de-bretagne-la-vague-sans-le-vagin/

Hokusai au château des ducs de Bretagne : la vague sans le vagin


Illustration : ChatGPT Image