Quatrième contribution au Grand débat
Pour que la Loire existe, pour qu’elle nous inspire, il ne
suffit pas qu’elle soit un élément de décor. Il nous faut des usages liés à la
Loire. Mieux : il nous faut des rites. Il faut qu’elle irrigue notre vie.
D’abord, le baptême : innombrables sont les religions
et les sectes pratiquant un rite d’accueil des nouveaux-nés (ou des
nouveaux-renés, pour les convertis) par aspersion ou par immersion. Nantes
pourrait mettre à leur disposition un lieu au contact de la Loire, d’où l’eau
proviendrait directement. Bon, soyons réaliste, une petite filtration serait
probablement utile pour les bébés au système immunitaire balbutiant. Veolia ou
Eurofins ne sponsoriseraient-ils pas volontiers ce genre d’équipement ?
Ensuite, les obsèques : à défaut des bûchers de
crémation et des ghâts
façon Bénarès naguère proposés ici, on pourrait aménager un lieu dédié à la
dispersion dans le fleuve des cendres de ses défunts. Là aussi, soyons
réaliste : compte tenu des vents dominants, si l’on ne veut pas sniffer
mémé, il vaudrait mieux que la Jetée du souvenir se trouve côté CRAPA et non
côté hangar à bananes. Un site d’élimination, où les gangsters jetteraient
leurs traîtres après leur avoir coulé les pieds dans le ciment, aurait un intérêt
esthétique certain (qu’on songe au canal de Suez dans OSS 117 : Le
Caire nid d’espion) mais les obstacles juridiques paraissent difficilement
surmontables.
Entre les deux, la vie : on
a déjà évoqué dans ce blog, et même plus
d’une fois, les cadenas d’amour. Un peu partout dans le monde, les édiles
des villes fluviales déplorent de les voir envahir leurs ponts. Régulièrement,
ils s’en débarrassent discrètement. On en rencontre déjà quelques-uns à Nantes,
accrochés à la passerelle des Victimes de la Terreur nantaise*. Le site des Chantiers
ne manque pas de place pour tendre des filins où des milliers d’amants
pourraient boucler leurs sentiments à jamais avant de jeter la clé dans la
Loire et de dîner en amoureux sur le Nantilus ou au 1. Ces cadenas-là ne seraient pas des gêneurs, ils seraient protégés,
choyés, sollicités. Avec un peu de volontarisme, on pourrait faire du Quai de
l’éternel amour une attraction touristique mondiale.
Et puis, le mariage : les Salons
Loire aménagés dans le palais régional une fois la Bretagne réunifiée
seraient bien sûr un cadre privilégié. Sans attendre, Nantes pourrait instaurer
un rite des photos de mariage en bord de Loire. Facile : on créerait un
concours de la meilleure photo, désignée chaque année par les votes des
internautes. Chaque jeune couple inciterait tous ses amis à voter pour
lui : un buzz formidable pour pas cher ! On pourrait étendre le
concept : concours de la meilleure photo de classe sur fond de Loire,
concours du meilleur selfie sur fond de Loire…
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* La passerelle métallique qui passe sous le pont Anne de
Bretagne, près du lieu des « baignades républicaines » et autres
« déportations verticales », c'est-à-dire les noyades de prisonniers
ordonnées par Jean-Baptiste Carrier en 1794.
ici le féminin et le masculin se rencontrent. Le Loir se jette dans la Loire. Est ce que la semence du loir endort? Le loir comme chacun sait hiberne environ sept mois par an.
RépondreSupprimerDu petit Loir à la capricieuse Loire, une histoire dérive le long des quais que vous imaginez amoureux. Vous prenez des risques en proposant des idées de ce type dans une ville à court bouillon. Le tourisme de mariage a connu ses heures de gloire asiatique à Tours, alors le Château des Ducs pourrait devenir un havre pour un coeur plus grand que Bretagne.
Je n'avais pas songé aux mariages chinois de Tours, mais vous avez raison, ils montrent peut-être la voie d'un commerce prospère ! Dommage qu'Anne de Bretagne se soit mariée à Langeais et non à Nantes...
RépondreSupprimerQuant à Loir/Loire, je prévois une cinquième contribution au grand débat destinée à renouveler ce binôme.
Heu... Non, M. Leblanchet, le Loir ne se jette pas dans la Loire (enfin, pas directement) mais dans la Sarthe qui elle se jette dans la Maine qui, à son tour se jette dans la Loire (ouf !).
RépondreSupprimerEt avec ça, d'aucuns prétendent que la Maine n'aurait pas de source, son eau n'étant que le résultat d'un apport de rivières confluentes...
Certains prétendent même que la Maine n'existe pas et que ce nom est une déformation de "Mayenne" ! Et ça me convient : pour nous Nantais, la "vraie" Maine est celle qui vient des Herbiers et rejoint la Sèvre à Saint-Fiacre.
RépondreSupprimerTout à fait Sven, je savais ça (Maine/Mayenne) mais je n'ai pas voulu alourdir mon précédent commentaire !
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