Il n’y a pas de quoi en faire tout un plat ? N’empêche
que si ce genre de chose arrivait au Mémorial de l’abolition de l’esclavage, à
vingt mètres de là, les secours seraient aussitôt alertés. C’est même spécifié
dans le cahier des clauses techniques particulières du récent appel d’offres
pour le nettoyage du Mémorial. Il y a deux poids et deux mesures.
Et puis, à propos de Mémorial, les Nantais se rappelleront
une petite histoire qui date de 1998. Cette année-là, une étudiante des
Beaux-arts avait installé sur le quai de la Fosse, pour commémorer le
cent-cinquantième anniversaire du décret d’abolition de l’esclavage, une statue
représentant un esclave se libérant de ses chaînes. Quelques jours plus tard,
cette statue avait été jetée à terre. S’était alors développé autour des débris
tout un discours de repentance indignée : Nantes ne veut pas regarder en
face son passé esclavagiste, etc.
Un discours totalement fabriqué, une indignation totalement
artificielle : l’outrage n’a jamais été revendiqué. Son auteur connaissait-il
la signification de la statue, pas évidente à première vue, surtout dans l’obscurité ?
Nul n’en sait rien : il est resté inconnu. C'était peut-être un simple pochard de passage. Deux ou trois coups de pied ont pu suffire pour venir à bout de cette œuvre fragile,
exercice scolaire réalisé avec les moyens du bord (un jetis de ciment sur un
treillis de fil de fer). Quant au « passé qui ne passe pas », on
le sait, il n’a jamais été tu. Même si certains ont fini par le croire, à
force de se l’entendre répéter.
La statue brisée est aujourd’hui exposée au château des ducs
de Bretagne. Le vandale inconnu lui a finalement rendu un fier service. Les
intempéries l'auraient ruinée depuis longtemps si elle était restée exposée sur le quai de la Fosse.
L’un des deux outrages a été monté en épingle, l’autre ne l’a
pas été. Nantes ne veut pas regarder en face son passé breton.
Vous avez entièrement raison, il faut regarder la réalité en face: c’est du passé ! Aujourd’hui, Nantes a une identité qui dépasse largement le champ breton.
RépondreSupprimerD’ailleurs l’universalisme des noms donnés aux ponts nantais le prouve : Willy Brandt, Victor-Schoelcher, le Général Audibert. Anne de Bretagne qui enjambe la Loire est aussi un joli symbole d’élargissement.
Je n'ai pas dit que c'était du passé... mais je sais que vous savez que je ne l'ai pas dit ! J'ai seulement noté que, entre deux passés, il y en a un que la municipalité monte en épingle et un autre, plus significatif pourtant, qu'elle préfère ne pas voir !
RépondreSupprimerIl me semble que le panneau herminé « Pont Anne de Bretagne » présent coté quai de la Fosse ne l’est pas (ou ne l’est plus) côté sud du pont. Peut-être pour signifier que quand la Loire est franchie, nous ne sommes plus sur les rives de l’ancienne Bretagne ?
RépondreSupprimerPour abonder les propos de Sven, il est tout de même assez croquignole de constater que sur les panneaux indiquant l'entrée en Loire Atlantique, il est spécifié : "Bienvenue en Bretagne historique" !
RépondreSupprimerLa mémoire est à variation panoramique !...
@lucm.reze
RépondreSupprimerDonc Vannes, Brest ou Rennes ne peuvent prétendre à l'universel ?
Depuis le jour où la Bretagne a été créée, Nantes dépasse le champ breton.
Depuis que la question de la survie de la Bretagne est posée, ses défenseurs regardent au-delà de la France, sachant que c'est l'ouverture sur le monde qui lui permettra de s'en sortir.
Un petit bout de terre, une langue mourante. Personne ne croit qu'une Bretagne autarcique a un avenir.
Il n'y a que les opposants qui se recroquevillent sur leurs schémas.
Quant à la rive sud de la Loire... L'estuaire ne formait frontière qu'avant la conquête romaine. Le pays de Retz et le vignoble n'ont jamais cherché à se séparer du nord. C'est voir les choses fonctionnant sur un schéma encore une fois éculé : la frontière naturelle. Allez dire à un Basque que les Pyrénées sont une frontière.
Quid de la statue d'Alain Barbetorte du musée Dobrée ? Pourtant symbole d'une Bretagne ouverte sur le monde de son époque: l'Angleterre et la France ; promouvant la culture romane, s'ouvrant aux autres pour ne pas disparaître. Sans cet homme, Nantes n'aurait sans doute pas briller aussi fort. Il faut pourtant chercher les hommages fait à ce grand homme dans la ville.
@Sven
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas l'histoire de cette statue sauvée des eaux et réalise ne plus fréquenter les musées de ma ville, du moins ceux en activité !
Affirmation de votre part : le passé breton nantais serait plus significatif que son passé négrier. Les deux semblent tout aussi importants. Avec une vue satellite regroupant la maison d'Anne et le lotissement de l'île Saulzaie, apparaît la nécessité d'un traitement identique !
La ville ne souhaite pas retourner son passé breton, dites-vous, vous avez raison et en particulier le récent (fin du XIXème et première moitié du XXème). Ah, cette foutue genèse nationaliste en forme de boulet ou de casseroles ! Le droit à "l'oubli" est certes légitime mais les nantais doivent pouvoir identifier prophètes, zélotes, dogmes et liturgie afin de savoir où l'on souhaite les guider !? Voilà ce à quoi je m'emploie, avec parfois de la mauvaise foi.
PS : bientôt un post qui déchire sur le musée Dobrée ?
Allez Sven, faîtes tourner les sujets ! Suis accroc à la Méforme...
@Vertcocu
Afin de poursuivre vos propos sur le peurunvan ou les autres orthographes, sachez que je ne me réjouis absolument pas d'une énième querelle linguistique chez les bretonnants. Querelle paraissant importante, bien que je sois mal placé pour en juger ou en parler. Cela va malheureusement décourager les plus sincères, les bénévoles voire les éditeurs d'ouvrages. F.Broudic contre le reste du monde, deux orthographes pour une langue minoritaire, qu'en pensez-vous ?
J'avance une hypothèse gratuite et plus générale sur le sujet, en utilisant votre vocabulaire : "l'idéologie" régionaliste est probablement ce qui a contribué à ce que les locuteurs abandonnent peu à peu le breton par incompréhension, par rejet des idenditaires et universitaires.
OLS
Merci, OLS, pour vos appréciations aimables. En ce qui concerne le passé breton de Nantes, le résumer à l'engagement dans la collaboration de quelques centaines de nationalistes pendant environ une décennie du milieu du 20ème siècle ne serait quand même bien réducteur. D'autant plus que ce n'est pas ce volet-là que JMA et son entourage s'échinent à gommer, bien au contraire !
RépondreSupprimerLa question de la langue n'est pas simple, mais c'est évidemment un enjeu identitaire. Les tentatives d'unification de la langue bretonne au 20ème siècle font écho à ce qui s'est fait au 19ème siècle dans des pays comme la Roumanie ou la Finlande qui se sont pratiquement inventé des langues nationales. Et Israël s'est construit avec une langue qui n'était pas celle de ses pionniers.
A propos du musée Dobrée, j'ai déjà pas mal écrit :
Dobrée part du mauvais pied (1) : Le conservateur miracle ? � http://lameformeduneville.blogspot.fr/2012/03/dobree-part-du-mauvais-pied-1-le.html
Dobrée part du mauvais pied (2) : La glorieuse incertitude du sport � http://lameformeduneville.blogspot.fr/2012/03/dobree-part-du-mauvais-pied-2-la.html
Dobrée part du mauvais pied (3) : Ces budgets-là nous dépassent, feignons de les organiser � http://lameformeduneville.blogspot.fr/2012/03/dobree-part-du-mauvais-pied-3-ces.html
Dobrée emblématique et exemplaire � http://lameformeduneville.blogspot.fr/2012/07/dobree-emblematique-et-exemplaire.html
Schadenfreudobrée � http://lameformeduneville.blogspot.fr/2012/07/schadenfreudobree.html
Musée Dobrée : une sorte de chef d’œuvre du couac � http://lameformeduneville.blogspot.fr/2012/10/musee-dobree-une-sorte-de-chef-duvre-du.html
Le récent arrêt ne fait que confirmer ce qui a précédé. Je ne pense pas y revenir pour le moment. La seule nouveauté est que le département se soit entêté à maintenir sa position en appel, contre toute logique : encore du temps et de l'argent perdus. Ce dossier aura vraiment été calamiteux et stupidement mené dans tous ses aspects.
@OLS
RépondreSupprimer"Ah, cette foutue genèse nationaliste en forme de boulet ou de casseroles ! Le droit à "l'oubli" est certes légitime mais les nantais doivent pouvoir identifier prophètes, zélotes, dogmes et liturgie afin de savoir où l'on souhaite les guider !?"
Le mouvement breton issu du romantisme jusqu'à la Libération a essaimé de nouvelles traditions et en a préservé d'autres.
Parmi tout ce foisonnement de culture, les quelques tentatives fascisantes d'un nouvel état monolingue ne doivent même pas trouver une majorité d'héritier chez les abrutis d'Adsav.
S'il y a eu des moments d'enfer sur terre à cette époque, ce n'était pas à cause du nationalisme breton.
Désolé d'être pragmatique et de trouver plus inquiétant un nationalisme allemand nourri de ses génies ou français de ses mythes qu'un nationalisme breton qui doit remonter jusqu'au roi Arthur pour trouver un bout de prestige.
Le gars qui voudrait convaincre qui que ce soit que la civilisation bretonne est dans le top 3 des civilisations mondiales, ne vous inquiétez pas, il ne convaincra personne. Pas la peine de vous rendre malade.
Non seulement la rééducation est totalitaire mais elle ne marche pas.
Vous voulez calmer les ardeurs d'un ado nationaliste ? Ne ramenez pas Hemon (mort en exil) sur le tapis, il vous parlera de l'abbé Grégoire (au Panthéon).
Non, rappelez-lui que la bombarde vient du Moyen-Orient.
""l'idéologie" régionaliste est probablement ce qui a contribué à ce que les locuteurs abandonnent peu à peu le breton par incompréhension, par rejet des idenditaires et universitaires."
Phénomène réel mais tellement marginal comparé au rôle de l'Education Nationale que le seul intérêt de soulever cette question avant celle du rôle de l'administration centrale est encore une façon d'orienter le problème.
"F.Broudic contre le reste du monde, deux orthographes pour une langue minoritaire, qu'en pensez-vous ?"
Comme le dis Sven, je dirais d'aller demander à des Finlandais, Roumains et Israëliens.
Je ne sais pas qui est ce Broudic. Mais tant que les linguistes se disputeront sur le meilleur breton à enseigner, ça voudra dire que la langue ne sera pas morte.
Mais puisque vous avez l'air de vous y connaître en linguistique bretonne, vous ne trouvez pas de sources prouvant ce que vous avancez sur le breton de Batz ?