29 octobre 2014

Nantes et la Loire (5) : 25 ans de perdus pour le grand débat

La Loire en crue, 24 mai 2013
L’ouverture du débat « La Loire et nous » est un événement à marquer d’une pierre blanche. Quels que soient ses résultats, il signale au moins que Nantes a désormais à sa tête une responsable concernée par la question. « L’histoire de Nantes et son agglomération est intimement liée à celle de la Loire et de l’estuaire », souligne Johanna Rolland sur le site web de Nantes Métropole. « La Loire porte, j’en suis convaincue, une part de notre avenir. »

Ce blog avait à sa petite échelle lancé le débat il y a des années avec un post intitulé « La crue et la cuite » (ah ! ah ! ah !). « La Loire devrait être l’atout numéro un du Hangar à bananes », y notait-on. « C’est au contraire sa hantise depuis que quelques poivrots y ont piqué une tête. On a dressé des barrières, ménagé un no man’s land entre le promeneur et l’eau. » Entretemps les barrières ont gagné du terrain : on en a ourlé tout le quai de la Fosse.

Quand Jean-Marc Ayrault est arrivé à la mairie de Nantes en 1989, un grand dessein tout trouvé s'offrait à lui : réconcilier la ville et le fleuve grâce à l’aménagement de l’île de Nantes. Le projet Chemetoff prévoyait d’ailleurs la création d’un port de plaisance. Il est vite passé à la trappe. Pour l’ancien maire de Nantes, apparemment, la Loire n’était que source d'ennuis et prétexte à construire des ponts. Ayrault n’était pas ayraquatique. Avec ce « premier grand débat citoyen », comme dit la ville de Nantes, soulignant ainsi le caractère mineur des précédents, Johanna Rolland tue symboliquement le père-maire. La pierre blanche est une sorte de pierre tombale.

Les articles précédents de la série « Nantes et la Loire » :

4 commentaires:

  1. La musique qui accompagne ce type de réflexion est basée sur des rengaines connus : «Rendre les berges accessibles », « les intégrer dans l’organisation urbaine », « retourner la ville vers son fleuve », « remettre le fleuve au cœur de la ville », des formules énoncées par les urbanistes en « vogue » à Lyon, Bordeaux, Paris et bien entendu Nantes, pour un résultat identique à savoir l’aménagement d’une promenade entre la ville et le fleuve.
    Nantes va mobiliser ses géographes en mal de reconnaissance, universitaires dépassés depuis la fin de leurs études par un monde qui s’est développé sans eux. Vous remarquerez le vocabulaire riche en re- ou ré, préfixe marquant un retour en arrière ou une nouvelle action au choix, utilisé pour désigner le rattachement du fleuve à la ville : réconcilier (la ville et le fleuve), se réapproprier ou reconquérir (les berges), renouer, rétablir, retrouver, retisser ou recoudre (les liens)… Ce vocabulaire récurrent s’emploie pour les bords d’eau, parce qu’il s’agit de renouer des liens perdus, non pas avec les chantiers navals, mais avec un fait géographique et de rétablir une relation physique qui est à l’origine du développement de la ville, participe de son identité et l’inscrit dans un territoire. A Nantes le commerce maritime du plus noble au plus sordide.
    Orléans redécouvre la Loire, Nantes aussi, ce phénomène a commencé à Baltimore et Boston dans les années 60 pour se poursuivre à Londres, Liverpool, Rotterdam, Amsterdam, Anvers, Gênes, Bilbao et Barcelone. Il est temps de s’y mettre.
    Votre optimisme risque d’être douché par les contraintes budgétaires, ce type de projet ne pourra se concrétiser que si la métropole gère son fonctionnement avec une rigueur qui imposera des restrictions d’emplois redondants pour plus d’efficacité, sinon le projet sera emporté par les flots. Gare aux dérives entre la SNCF et le fleuve.

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  2. Très juste, votre remarque sur les re- et les ré- ! Comme d'ailleurs ce que vous dites du déjà-vu et du retard de Nantes par rapport à bien d'autres villes d'estuaire.
    C'est vrai, les bonnes idées ventuellement apportées par les Nantais passeront à la moulinette de l'Auran et autres comités de technocrates patentés, et risquent fort ne pas y survivre. N'empêche, de temps en temps, une idée géniale apparaît par miracle, alors, espérons.

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  3. je me permets de retranscrire le commentaire que j'ai fait sur la page facebook de "grand débat"

    Claude Francheteau a écrit sur le journal de Nantes, La Loire et Nous.
    12:26
    Après lecture des engagements du " grand débat" il n'est nulle part question de celui de respecter la parole des citoyens consultés! Il me semble évident que les consultations n'auront pas la même teneur si ceux que l'on questionne auront la certitude de voir leur parole respectée. Toutes les apparences du débat démocratique sont ici réunies sauf l'essence même de la démocratie: les citoyens décident. En effet , à qui appartient la décision finale?

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  4. Merci. Le débat de façade, pur instrument de communication, a été l'une des plaies de l'ère Ayrault -- une période pendant laquelle la démocratie locale aura fait un sérieux pas en arrière. A-t-on changé d'ère ? On ne tardera pas à le savoir !
    Cela dit, est-il si judicieux de toujours écouter le public ? Tout spécialiste de l'innovation vous dira que le public invente rarement, il n'imagine que dans les limites de ce qu'il connaît déjà. Et de citer le cas fameux du Walkman de Sony : personne ne voulait de cet engin sans précédent, qui a pourtant été un succès immense. Donc, si JR a une idée géniale, qu'elle l'applique !

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