On a déjà signalé
ici le projet de deux Nantais, l’un journaliste et l’autre hacktiviste :
créer une plateforme en ligne anonyme et sécurisée où des citoyens détenant des
informations sensibles pourraient les communiquer à des journalistes sans
mettre en danger leur vie privée ou professionnelle.
Mais comment financer ce projet ? Les deux créateurs de
GoLeaks ne pouvaient évidemment pas solliciter les pouvoirs publics, qui ont toutes les raisons de voir ce projet d’un mauvais œil : si l’on ne peut plus gouverner entre soi…
Romain et Datapulte ont donc opté pour un
financement participatif sur Kickstater (d'où provient l'extrait d'écran ci-contre). Et depuis ce matin, c’est chose
faite : le financement a abouti, 133 contributeurs lui ont apporté 6.445
euros en soixante jours. Pas le Pérou, bien sûr, mais suffisant car les deux porteurs
du projet sont bénévoles.
Les lanceurs d'alerte ne sont-ils pas d'ores et déjà associés à des "théoriciens du complot" afin de les décridibiliser ?
RépondreSupprimerJe souhaite de l'audace et du cran à ces jeunes gens courageux !
OLS
cette sympathique entreprise va tourner court avant de commencer, une fois que les opposants à NDDL auront saturé la plate-forme, il ne faudra pas s'attendre à des révélations. La PQR y trouvera une source de sujets qu'elle traitera sous couvert d'anonymat. La Lettre à Lulu aura le choix entre le déguisement en lanceur d'alerte et la po-politique locale. La Méforme d'une Ville pourra exercer ses talents d'analyste financier et de décomptage ou décryptage des fonctionnements. N'est pas Edward Snowden qui veut, les régionaux de l'étape taupes de la Région dénonceront les turpitudes de la Présidence. Le scénario le pire arrivera lorsque Sciences Com et Audencia ouvriront des formations de lanceurs d'alerte, la boucle sera alors bouclée et les frissons laisseront place à la torpeur retrouvée d'une province commerçante qui aspire à la discrétion et au consensus mou.
RépondreSupprimer@Leblanchet
RépondreSupprimer"les frissons laisseront place à la torpeur retrouvée d'une province commerçante qui aspire à la discrétion et au consensus mou"
Mouais... Pour faire naitre des cinglés comme Verne ou Demy, il en faut un peu plus. De la sécession envers la Neustrie à la reconquête sur les Vikings, des guerres de religion à NDDL, en passant par la Révolution et les grèves ouvrières, Nantes est un peu plus que ça. Disons que Nantes ne se limite pas à ses marchands. Ou à sa CCI. Même si, à défaut d'être endormie, elle s'est faite enfumée ses dernières années.
En France, hormis Paris et Marseille, quelle ville française a de toute façon une réputation à fort tempérament ? Une ville comme Lyon, par exemple, pourtant riche en Histoire et géographiquement bien placée n'évoque pas grand chose dans l'imaginaire. En tout cas le mien... Lugdunum, les Canuts, les frères Lumière, les bouchons tout ça, ok, mais j'ai toujours été étonné du peu d'impact de cette ville millionnaire. Plutôt joli en plus (malgré la misère de la Tête d'or, quelle pitié ce parc pour une ville aussi grande).
A la limite, Toulouse que je connais pourtant moins que Rennes, Bordeaux, Lyon m'évoque plus une identité propre et donc une vivacité plus forte que ces dernières (ne parlons pas de sa spécialisation récente dans le djihad).
Je veux bien qu'on critique la municipalité mais pas la ville, non mais !
RépondreSupprimer"réputation à fort tempérament"... associez-vous Nantes à Paris et Marseille ?
Vous parlez là d'une ville que vous aimez, la votre, et je trouve ça très bien ; mais n'étant pas natif de Nantes - y habitant cependant depuis un quart de siècle - je me permettrai de nuancer... Je trouve la ville plutôt agréable à vivre, mais extrêmement consensuelle. Votre sympathique plaidoirie a un petit air d'office du tourisme (affectif), lorsque vous sous-entendez une continuité historique multiséculaire (de tous temps, les nantais blabla...).
Si par "fort tempérament" vous voulez dire "volonté d'indépendance", ce trait est souvent la conséquence de la géographie, d'un climat rude, de l'isolement (gens des montagnes, des îles, des campagnes aujourd'hui), de la proximité d'avec une puissance conquérante. Et il me semble que ce trait permet de caractériser des territoires, des provinces, des peuples, plutôt que des villes. Les bretons, les vendéens, les corses, les basques, les alsaciens, etc. Une identité forte, qui ne craint pas de s'affirmer, jusque dans l'exclusion des autres. Un côté "tête de cochon", voire "sale con"...
Pire : si la ville de Nantes a bonne réputation, et il semblerait qu'elle l'est, ce pourrait justement être la conséquence de son absence de tempérament. Séduisante, racoleuse même, consensuelle, bobo, etc.
Si par "fort tempérament" vous voulez dire "tendance à la contestation sociale", les dernières grandes grèves ont généralement été la conséquence de fermetures d'usines - l'ultime combat d'ouvriers qui se savaient rejetés dans les "poubelles de l'histoire". Pas tant un désir de révolution qu'un (dés)espoir de continuité.
Verne, "cinglé" ? Un peu, oui, comme il a été nantais, un peu seulement. Et gentiment. Lautréamont et Rimbaud lui sont presque contemporains, moins prolixes mais autrement plus dévastateurs... Demy, "cinglé" ? Oui encore, un tout petit peu, la version réveillon familial de la folie... Tandis qu'il tournait son "Peau d'âne", Pasolini nous avait offert son "Médée"... On peut laisser traîner les productions des (rares) figures artistiques estampillées nantaises dans la chambre des enfants sans risquer le procès ! Les attractions des Machines peuvent revendiquer cette filiation, pour en revenir à l'idée de continuité historique...
Mais je vous ai peut-être mal compris ; il semblerait en fait que vous situiez Nantes quelque part entre le "consensus mou" et le "fort tempérament". Pour ma par, je déplacerai le curseur très proche du "consensus mou", mais très éloigné pourtant de la "discrétion" !
@anonyme, il faut entendre "discrétion" dans le sens : droit, pouvoir qu’on a de décider; ce qu’on gage ou ce qu’on joue, sans le déterminer précisément, et qu’on laisse à la volonté soit de celui qui gagne, soit de celui qui perd.
RépondreSupprimer@Leblanchet (si je comprends bien)
RépondreSupprimerMais je ne me fais pas comprendre non plus...
Bien sûr que non, je ne classe pas Nantes au niveau de Paris ou Marseille. Je la situe justement comme la plupart des grandes villes françaises. Ni plus, ni moins.
Je pensais aussi que les "cinglés" ou mon "non, mais !" suffisait à définir le chauvinisme assumé de mon commentaire. En réaction au votre qui, je me permets, fleure un peu le sarcasme aigri. J'ai d'ailleurs passé sur le dénigrement facile de l'initiative décrite dans l'article. On va dire que je n'ai pas cherché la condescendance que je ressens dans votre réponse.
Vous vivez à Nantes depuis les 25 dernières années ? C'est toujours plus que moi, soit dit en passant. Je confirme que j'y suis né mais si les conclusions hâtives sont dans la nature des commentaires du net, on peut aussi éviter de s'y fourvoyer, je suis capable de voir ailleurs, par l'expérience, des éléments qui lui manquent.
Désolé pour vous si vous y êtes dans sa période la plus consensuelle. Évidemment, je peux fantasmer le passé (par les souvenirs de mes parents, aussi, qui ne sont pas nantais d'origine) mais la connaissance de l'Histoire n'est pas accessoire. Je pourrais détailler, notamment sur l'opportunisme nantais, un peu catine racoleuse sur les bords, mais certainement pas amorphe. Prête à renier un territoire, plusieurs fois. Avec l'illustration présente de l'administration PdL, marche-pied pour le GO, permettant à la ville de dominer ses voisines, au moins aussi consensuelles, Rennes et Angers (face à Vannes, on va pas remonter à la Haute-Antiquité, d'autant qu'il n'y a pas vraiment de sources) ce qui n'a jamais été évident jusqu'à récemment. Au contraire, Nantes l'a toujours assez mal vécu. Mais ce serait certainement du blabla.
Encore faut-il aussi ne pas lire l'Histoire par le petit bout de la lorgnette contemporaine.
Êtes-vous si sûr que les ouvriers nantais des grandes grèves avaient conscience qu'ils allaient disparaître ? Que c'était acté comme on le fait partout depuis quelques années ? Par exemple, en 68, avant d'être récupéré et trahi par les petits bourgeois étudiants, faisant leur petit trafic de pavés à Paris, moins risqué que l'Abyssinie, les ouvriers nantais et de France ne visaient certes pas le Grand Soir mais des accommodements raisonnés. Le consensus demandant une force de caractère pas plus aisée que la rébellion autodestructrice. La conscience ouvrière était faite et avait profité de l'ambition réussie de l'Education nationale. Et c'est sans doute parce qu'ils n'étaient pas prêts de disparaître que le grand patronat et l'Etat se sont affairés à le faire, avec l'immigration bon marché ou le déclassement de l'apprentissage, entre autres.
Verne, un peu nantais ? Je connais ses diatribes sur Nantes. Il a été enterré à Amiens mais s'il était né là-bas, aurait-il été Jules Verne ? Quant à sa cinglerie, j'avoue ne pas être au fait des modes et politiques éditoriales de l'époque, mais au regard de la postérité, il semblait être bien seul dans son domaine. Bien qu'arbitraire, on en a fait le re-père de la SF (le pendant pessimiste de ce courant arrive plus tard, Verne évoluera lui-même dans ce sens d'ailleurs) . Peut-être fallait-il un esprit original, prêt à prendre des risques éditoriaux, non ? C'est sûr, c'est moins romantique que l'appel du large vécu... Vous ne pourrez pas lui retirer qu'il a au moins essayé.
RépondreSupprimerTout comme pour la cinglerie d'un Demy. Ce membre de la Nouvelle Vague avait peut-être bien le style le plus suicidaire comparé à ses acolytes.
Sans entrer dans des comparaisons de qualités (surtout sans avoir jamais lu Lautréamont), je ne comprends pas vos comparaisons en terme de valeurs. Je lie des artistes à une ville. Qu'en est-il pour vos exemples ? Plus, deux poètes contre un romancier... Nous ne sommes effectivement pas sur la même longueur d'onde.
Je comprends de vos allusions qu'il y aurait d'un côté, des provocateurs, des originaux ou des ambitieux artistiques, et de l'autre, des artisans chez qui rien ne dépasse. Pour Verne, vous vous en doutez mais soyez conscient que Demy est une figure unique du cinéma mondial... hein... mondial. Les goûts et les couleurs, c'est autre chose mais si vous n'êtes pas plus déprimé et ému devant "les Parapluies de Cherbourg" que devant "Médée", on va parler de sensibilité. J'aime beaucoup Pasolini mais lui reproche son didactisme et son intellectualisme qui répondait d'ailleurs aux attentes de son époque et de son public. Des clients pour ce type d'oeuvre, il y en avait avant lui. Depuis l'époque moderne, une réelle demande du type "provocateur" ou "rebelle". "Choquer le bourgeois" est depuis longtemps une part de marché, il ne faudrait pas non plus trop idéaliser cette attitude. Baudelaire a été censuré mais pas non plus ostracisé. Hugo a beaucoup mis en scène son exil. Alors quand arrive Rimbaud... Mais j'admets que son empreinte sur bien des collégiens passionnés est indéniable. (;-))
Abélard, tiens un autre Nantais, lui, s'est fait castrer à une autre époque.
Vos exemples n'entrent pas dans la chambre des enfants. En quoi est-ce un argument d'autorité ? Quand bien même, Verne y a fait entrer son plus célèbre personnage : un terroriste anticolonialiste hindou. Et le père de Peau d'âne veut se mettre dans le lit du sien. On fait mieux pour les biens-pensants et leurs conforts, non ?
Voyez-vous, je vois au moins autant de force dans les sous-entendus sous un vernis de conformisme que ceux qui clament leur décalage (assurément, Pasolini et Rimbaud ont largement été à la hauteur de leurs ambitions). Sinon, j'aurais sans doute cité Breton et Vaché ?
Sur les territoires, d'accord. Mais une ville est forcément liée à un territoire, même si notre époque brouille cela. Et particulièrement la politique et communication municipale nantaise qui se veut hors-sol. Tout du moins, anti-géographique par sa définition et appropriation de la Loire.
RépondreSupprimerJe noterais tout de même que mêler la Vendée à vos exemples me semble bien embrouiller aussi les choses. Les problématiques identitaires vendéennes sont tout à fait remarquables, mais aujourd'hui, semble assez bien s’accommoder d'être banlieue nantaise. Tout au plus, on entend encore des revendications folkloriques comme le Mayennais envers Rennes ou le Charentais envers Bordeaux.
Bref.
D'autant que je n'ai aucun mal à partager votre sentiment sur le manque de discrétion et le racolage récent de Nantes (je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle s'est trop laissé influencer par ceux qu'elle a accueillis ces 25 dernières années). Raison pour laquelle je suis un fidèle de ce blog où je ressens, au contraire des critiques qui lui sont faites, une vraie affection pour la ville. Elle a mal tourné mais rappeler qu'il n'en a pas toujours été ainsi est une façon comme une autre de ne pas la condamner.
Et pour en revenir à ma comparaison d'esprit et d'identité urbaine, ce que vous, peut-être, mettez dans la catégorie "agréable à vivre", ses parcs, jardins et espaces verts, pourraient être son nouveau potentiel unique en France à l'heure de repenser la ville. Si ce potentiel est peut-être dû surtout aux aléas de sa construction, force est de constater qu'aujourd'hui, les décideurs ont un vélo de retard sur Copenhague. Malgré leur nouveau slogan de com' "ville aux cent jardins". Un refus de NDDL pourrait être une prise de conscience ? On peut l'espérer. Lyon, encore, n'a pas vécu son nouveau stade dans la douleur (sur la ligne TGV Lyon-Turin, j'ignore le sentiment des habitants) mais à succomber aux Lumières du foot. Il se trouve que le conflit économico-social le plus retentissant en France se passe à 20kms de Nantes. Il n'y a pas que des Nantais mais bon... Voilà, voilà pour la ville au tempérament mou que vous vivez.
Une fois n'est pas coutume, un bon point pour JMA : son refus de l'Euro. Et pourtant, j'adore le foot (enfin, surtout picoler en regardant du foot, avec des supporters-touristes aussi, un bon souvenir de 98). Tiens... "Jeu à la Nantaise". On entend ce genre d'expression sur le foot d'autres villes françaises ? Non. Ok, le passé encore. Mais à une époque où l'Assemblée fait des lois pour plaire au PSG qatari, ce sont des Nantais qui font des propositions aux élus afin que les supporters aient une place en CA. S'ils n'écrivent pas des chants de haute volée artistique, au moins ne sont-ils pas des hooligans. Mais c'est sans doute la recherche du consensus mou.
J'ignorais pour Abélard ; il semblerait qu'un théologien émasculé, ce soit moins vendeur pour la com. d'une ville qu'un cinéaste top-kitsch ! Mais bon, Le Pallet ce n'est pas tout à fait Nantes (merci Wikipédia...). Et il faudrait faire la part des choses : le hasard de la naissance n'implique pas une adhésion passionnée. Julien Gracq, né à Saint-Florent-le-Vieil, est plus nantais qu'une Claude Cahun exfiltrée. D'accord pour Verne : son goût pour les voyages est certainement lié à l'activité de la ville. Mea culpa ! Pas d'accord pour Jacques Vaché : il est né à Lorient et s'il n'était mort accidentellement à Nantes, il serait certainement monté à Paris avec ses boulettes. Breton a loué Nantes, mais que reste-t-il de cette ville-là ? Et ce pour quoi il l'a aimé ? Dédiée aux bobos et au touristes, Nantes est devenu la ville où rien qui vaille la peine ne pourra jamais plus arriver. J'exagère, je sais... Mais voilà : un certain discours ambiant fini par faire haïr ce que l'on devrait pourtant apprécier. Il serait peut-être temps de déménager. Les goûts et les couleurs... pastel du cinéaste top-kitsch... burp !
RépondreSupprimerEn regardant d'ancienne vues de la ville (gravures et photographies), on se dit quand même que Nantes a dû être terriblement belle... Mais c'était avant les comblements. Bien avant son "réveil". Et on se dit qu'aujourd'hui, elle est juste parfaite pour accueillir l'université d'été du PS.
Tout cela nous éloigne de la plateforme de lanceurs alertes, désolé... (mais pourquoi faut-il qu'ils soient tous barbus, ces nantais ?)
Merci à tous pour ces beaux échanges qui posent de vraies questions. Merci VertCocu de reconnaître mon affection pour Nantes. Ce que je critique dans mon blog n'est pas Nantes, surtout pas dans sa globalité, mais les traitements qu'on lui inflige (et donc, oui, les auteurs de ces traitements, qui s'insurgent donc : me critiquer, c'est critiquer Nantes...).
RépondreSupprimerAnonyme : je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites que Julien Gracq est plus nantais que Claude Cahun. Gracq lui-même a souligné que Nantes lui échappait, qu'elle était pour lui une ville "presque davantage imaginée que connue". J'espère revenir, un jour, longuement, sur Gracq et Nantes.
@Anonyme
RépondreSupprimerPour le déménagement, attendez au moins le résultat du référendum sur NDDL. L'annulation du projet changerait pas mal de choses (le Canard enchaîné m'a revigoré) et laisserait place à des alternatives à la place de la planification pour 30 ans prévue.
Dans le cas contraire, je trouvais aux Nantais certaines excuses (j'ai moi-même perdu mon pucelage électoral avec JMA...), mais s'ils approuvent le nouvel aéroport, leur cas est désespéré dans la soumission naïve.
@Anonyme
RépondreSupprimerAvant de déménager, attendez tout de même la décision finale sur NDDL. En cas d'annulation, Nantes pourrait redevenir excitante. Elle aura bien besoin de ses habitants qui ont gardé leur esprit critique.
(et si Demy est kitsch, ce qui se discute, il est surtout tragique derrière le pastel, et il ne faut pas être manchot pour y arriver, mais si vous êtes vraiment allergique, visionnez au moins "Le sabotier du Val de Loire", témoignage, pour le coup, pleinement conscient de la disparition d'une catégorie sociale, ça aide à remettre en perspective ses oeuvres suivantes)
(et bonne continuation à l'initiative des barbus, les démocrates bien sûr)
@VertCocu.
RépondreSupprimerAbélard, bien sûr, mais rien n'est fait pour que Nantes revendique cette figure à son profit, comme elle a su le faire pour Jules Verne.
Un ancien Président de l'Université a tenté de faire accepter ce nom pour l'Université de Nantes... sans succès pourtant le choix était légitime, Abélard n'a-t-il pas posé les bases de l'Université!. Ce même Président déplorait que lors de colloque sur Abélard les spécialistes réunis à Nantes étaient rarement français. On préfère l'historiette romantique avec Héloïse que la grivoiserie et les chansons à boire d'Abélard, personnage qui placerait Nantes dans un registre qui gênerait la bienséance. Nantes n'a-t-elle pas ré-ouvert son Université qu'en 1962, voir l'histoire de l'Université Nantaise. Abélard représente aussi l'intellgence et la l'ouverture culturelle, Héloïse est la première femme à suivre l'enseignement d'Abélard à Paris. Les choix revendiqués par la ville sont bien à l'image d'une ville dont la tranquillité masque une grande violence. Mais c'est une autre histoire liée à l'alcoolisme en particulier. Savez-vous que Nantes était la ville qui avait l'honneur d'avoir le rapport habitant/débit de boisson le plus élevé de France?
Ce président avait pourtant eu une excellente idée ! Si je serais bien incapable de discuter scolastique et de la valeur de sa pensée, j'ai au moins compris qu'il a beaucoup secoué à l'époque, le personnage est fascinant. "L'historiette" avec Héloïse (et des liens avec le Pallet) m'a cependant permis de m'ouvrir à la richesse de sa destinée. Là encore, l'essentiel de son travail n'est pas lié directement à Nantes (et il n'a pas particulièrement apprécié son expérience à Redon) mais au regard de la récupération de Verne comme vous le notez, Nantes est bien bête de ne pas faire de même avec lui. Sans doute faut-il aller chercher dans le dédain français pour tout ce qui précède la Renaissance(le regretté Jacques Le Goff n'a pas pu tout révolutionner malheureusement) ? N'est-ce pas Sven qui avait proposé dans un article le nom de "François II" ? Ce serait pourtant tout aussi valable.
RépondreSupprimerJ'ignorais pour la statistique. J'en avais lu une sur la cirrhose du foie qui rattache indéniablement Nantes à la Bretagne. Là-dessus, certains avancent des explications psycho-sociales intéressantes sur le sentiment de déclassement culturel. L'alcoolisme étant fortement lié à la dépression, d'autres avancent aussi le climat et pour les plus originaux, la radioactivité du massif armoricain et son sillon de Bretagne (mais ça ne colle sans doute pas avec l'Auvergne, la Corse ou le contre-exemple des Flandres). La part ouvrière nantaise est plus sûrement l'explication. Il y a eu une époque, peut-être toujours d'actualité, où Nantes avait le nombre d'arrêtés contre l'ivresse publique le plus élevés. Je n'irais pas critiquer cela, bien au contraire, l'alcoolisme est un fléau et la promotion "festive" n'arrange pas forcément les choses. Mais dans le fond, je vois dans le rapport habitant/débit de boisson un peu de positif. Si cela doit jouer sur les quantités, au moins, celles-ci sont partagées. Ca peut provoquer évidemment des violences (sans parler de la consommation de drogue dure qui a explosé, comme partout), mais permet d'éviter l'extrême isolement qui va de pair avec l'alcoolisme (et comparé aux prix des pays voisins, la picole de supermarché est favorisée en France). J'avais plutôt l'impression que les bars avaient tendance à fermer (au contraire des agences bancaires). Il faut dire que je vais rarement au Hangar à bananes.
Ce qui est malheureux, c'est que Nantes ne consomme pas local. Il y a bien le muscadet (et encore, je doute que les néo-nantais et les plus jeunes soutiennent le marché) mais à part ça... Allez donc trouver une pompe à cidre alors que le 44 en produit beaucoup ! Pas le meilleur, certes, mais quand même... quand j'en trouve c'est de l'ignoble Strongbow anglais ou du plus correct Magners irlandais. Dommage. Et je suis loin d'être convaincu par les nouvelles bières locales qui, amha, ont le vent en poupe grâce à une habile distribution plutôt que pour leurs qualités gustatives (ce qui ne m'empêche pas de les encourager de temps à autre).
Pour l'anecdote, il y a une bonne dizaine d'années avant que je ne m'ouvre au vaste monde, un ami languedocien m'avait étonné par son étonnement sur la consommation d'alcool dans les rues nantaises, n'y voyant pour ma part rien de plus normal. Nantes n'est assurément pas la cité radieuse comme beaucoup de Nantais la voient (sans parler du chauvinisme gratuit qui m'exaspère et que je ne connaissais pas, être chauvin pour la défendre ou face à un Rennais ou un Vendéen ou un supporter du PSG, ok, mais l'arrogance basée sur les couvs de l'Express ou du Point...). Sa fuite en avant dans l'expansion à tout prix n'arrange peut-être pas les choses.
(oulah... désolé pour les tartines...)