Le nouveau directeur de l’information et de la relation au
citoyen de Nantes Métropole, Xavier Crouan, entend « passer du dire au
faire », assurait Presse Océan mardi dernier. Il ne se fait
donc aucune illusion sur le travail de ses prédécesseurs !
Mais il se fait quand même des illusions sur ses collègues.
Il loue « l’efficacité » de Jean Blaise : celui-ci aurait
su « se mettre en phase avec une société qui veut vivre sur l’espace
public et profiter de l’événement ». Or pour se mettre en phase avec
une telle société, il suffit d’obtenir le budget, puis de régaler gratuitement.
Au vu de l’étiquette « événement », le public comprend qu’il
va pouvoir « profiter », pas la peine de le lui dire deux
fois. La « relation au citoyen » est plus facile quand on le
régale à l’œil.
Cependant, en fait d’efficacité, le « panem et
circenses » de Jean Blaise est très en retrait sur celui des empereurs
romains. La ligne verte a quand même moins de gueule qu’un combat de
gladiateurs au Colisée. Là où il montre une grande efficacité, en revanche – et
le professionnel qu’est Xavier Crouan ne tardera pas à s’en apercevoir ‑ c’est
dans l’auto-promotion. Passer du faire au dire. De dossier de presse en
communiqué, à force de proclamer ses propres mérites et de ressasser l’unique
vrai succès de sa carrière, celui des premières Allumées dans les années 1990, il a fini par se
composer une réputation que Tibère ou Domitien pourraient envier.
Xavier Crouan devrait cependant se méfier. La prochaine
grande opération dont Jean Blaise devrait se mêler en tant que général en chef
du tourisme nantais, est la réouverture du musée des beaux-arts, ou si l’on
préfère l’ouverture du musée d’arts. Or les musées, il n’y croit plus. « L’art
en intérieur va disparaître un jour de toute façon », déclarait-il
à Médiapart voici quelques mois,
Peut-être faut-il y voir un reste d’amertume après le
relatif échec de l’exposition inaugurale du MuCem de Marseille, Présentée
vivante, dont il était l’un des commissaires, en 2013*. Mais s’il ne croit plus
aux musées, comment pourrait-il bien gérer l’ouverture de celui de
Nantes ? Vu l’importance capitale de l’événement, Johanna Rolland devrait
sans doute veiller à ce que son exploitation touristique soit assurée par
quelqu’un de plus convaincu.
____________
* En compagnie de Joy Sorman. Comme le monde est
petit ! C’est aussi Joy Sorman qui a interviewé Jean Blaise pour
Médiapart. Avec la férocité investigatrice qu’on imagine.
N.B. Merci à E.L. pour le lien vers la vidéo de Médiapart. Merci à A.L.P. pour ses conseils orthographiques.
petite remarque :notre nouveau musée aura pour nom musée d'arts ( avec un s) .
RépondreSupprimerEt je vous invite à aller voir la prochaine expo à l'Atelier rue de Chateaubriand qui est intitulée : du musée des beaux-arts au musée d'arts, une histoire, deux artistes ( Régis Perry et Luca Gilli). Vernissage mercredi prochain. Cordialement .Alain Le Provost
il fallait lire Régis Perray bien sûr.
RépondreSupprimerMerci pour la correction, que j'introduis, et pour le conseil.
RépondreSupprimeret si voulez être parfait, pas de majuscules à arts comme à musée.
RépondreSupprimerbonne journée.alp
ça se discute ! S'il s'agit d'un nom propre, il convient de mettre une capitale au moins à "Musée" -- et même d'écrire le nom comme le souhaite son titulaire, or la page Facebook officielle du Musée des Beaux-Arts de Nantes (sic) écrit tantôt Musée d'arts, tantôt musée d'arts et tantôt... musée d'Arts !
RépondreSupprimerMais comme je ne recule devant aucun sacrifice pour être agréable à mes lecteurs, je me range à votre suggestion, dont je vous remercie.
A la date des dernières expositions d'envergure, le bâtiment est qualifié de "Musée des Beaux-Arts de Nantes" dont Henri-Claude Cousseau était le conservateur.
RépondreSupprimerOn doit à Monsieur Cousseau "l'Avant-Garde Russe (1905-1925)" (30 janvier 1993) ou "Nantes et le Surréalisme, Le Rêve d'une ville" (décembre 1994).
Pour la postérité, on pourra retenir l'influence considérable et prémonitoire de M. Blaise qui a dû surement inspirer au moins une exposition conséquente :
- en 1991 les Allumés invitent Saint Petersbourg,
- en 1993 exposition sur l'Avant-Garde Russe.
On ne mesure pas encore pleinement la richesse de l'apport de ce précurseur contemporain sur l'art.
On pourrait éventuellement regretter la pauvreté de l'offre culturelle actuelle, dont l'ancien cours puissant a été détourné vers des canaux stagnants, mais ça ne serait que pure jalousie d'un parcours exemplaire.
Ah ! ah ! belle tentative pour attribuer quand même une influence artistique à Jean Blaise. Hélas, je doute que les Allumées de 1991 aient pu inspirer l'exposition de 1993 sur l'Avant-garde russe. A l'instar de Kandinsky, né à Moscou et élevé à Odessa, et de Malevitch, né à Kiev et installé à Moscou, ce mouvement s'est surtout développé très au sud de la capitale des tsars.
RépondreSupprimerL'Avant-garde est bien représentée au Musée russe de Saint-Pétersbourg, mais elle ne représente qu'une petite partie de ses collections (et AMHA, coincée entre les merveilles de l'impressionisme russe et les créations étonnantes du réalisme soviétique, elle y fait assez pâle figure).
Quand à la ville même, elle n'évoque assurément pas l'Avant-garde !
Donc non, non, non, c'est bien essayé mais je ne vous suis pas dans cette attribution.
Et vous avez bien raison, cette chronologie montre surtout l'anéantissement progressif et la banalisation de l'offre culturelle nantaise par le tandem Ayrault/Blaise.
RépondreSupprimerL'analogie entre "l'arme politique" de l'Avant-Garde Russe et celle des "blaiseries" est elle patente.
"Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine..." , ça c'était avant!
Dommage que les Machines n'aient pas su revendiquer l'inspiration de l'oeuvre de Pierre Roy, surréaliste malgré lui, mais réellement apparenté à Jules Verne.
""Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine..." , ça c'était avant!"
RépondreSupprimerÇa vaut aussi, dans une certaine mesure, pour Paris.
@Sven
Un article prévu sur le CHU ?
Nantes accumule vraiment les projets sentant le désastre. Malheureusement, même pas sûr que le plus important de tous suffise à rendre un esprit critique à la majorité des habitants.
@VertCocu, non, je n'ai rien de prévu sur le CHU (j'en ai un peu parlé à propos du projet de doublement du pont Anne de Bretagne, qui serait le premier signe visible de l'absurdité du choix imposé par JMA). Il y aurait sûrement beaucoup à dire, vous avez probablement raison d'y voir le désastre "le plus important de tous", mais je n'ai hélas pas le temps de me pencher sur un sujet aussi complexe. Je ne pourrais que paraphraser ce que d'autres ont déjà dit.
RépondreSupprimer@Sven
RépondreSupprimerJe ne crois pas avoir toujours lu des billets toujours remplis d'infos inédites sur votre blog ! Notamment sur NDDL. Mais je reconnais que vous faites effectivement l'effort de porter des propos originaux (parfois via certaines grandes circonvolutions).
Mais c'est tout à votre honneur de reconnaître que le sujet vous semble trop complexe. J'avoue d'ailleurs que si j'ai posé cette requête, c'est que j'attendais une synthèse de votre part pour me faciliter la vie (et briller en société dans le rôle du mauvais esprit).
Quoi qu'il en soit, vous n'y échapperez pas. C'est en tout cas tout le mal que je souhaite à votre blog. De durer. C'est tellement énorme que vous devrez aborder le sujet d'une façon ou d'une autre. Peut-être parlerez-vous du choix des lampadaires ?
Mais je n'ai jamais prétendu apporter des informations inédites ! Au contraire, je fais dans le commentaire -- même s'il m'arrive d'utiliser des informations oubliées ou inaperçues. Ainsi ai-je parlé quelquefois du CHU : voir http://lameformeduneville.blogspot.fr/2012/08/le-transfert-du-chu-cest-comme-si.html ou
RépondreSupprimerhttp://lameformeduneville.blogspot.fr/2016/01/nantes-et-la-loire-14-le-doublement.html, par exemple.
Sans aucun doute, ce n'est pas assez. Oui, le transfert du CHU est une affaire énorme, et lourde d'intérêts financiers, et ramifiée puisqu'il faudrait aussi parler du transfert du MIN et de la réutilisation des terrains actuels du CHU, qui valent des dizaines de millions d'euros, des centaines peut-être. J'espère que quelqu'un se lancera dans un travail d'enquête -- pourquoi pas vous ? -- mais je n'ai pas le temps de m'attaquer à un tel morceau. Et puis, je n'ai pas envie de finir dans la Loire un parpaing attaché à chaque pied.
A propos de Musée ou musée, voici ce qu dit le catalogue de l'exposition " de Dufy à Chaissac", présentée au musée des Beaux-Arts de Nantes du 27 octobre 2000 au 31 janvier 2001 :
RépondreSupprimer" Vous avez donné un abri magnifique aux richesses que vous possédez : prenez garde que vous ayez par cela même un engagement d'augmenter encore vos collections.
Par cet aimable avertissement, le directeur des Beaux-Arts, Henry Roujon, représentant le ministre de l'instruction publique, Georges Leygues, inaugurait le nouveau musée des Beaux-Arts, rue du Lycée, le 19 avril 1900."
Difficile de ne pas marquer le coup, un centenaire ça se commémore. Mais on ne sent pas un enthousiasme débordant, par exemple dans l'Avant-Propos qui est sobrement signé "Le maire de la Ville de Nantes".
La lecture des remerciements laisse aussi dubitatif :
"Vincent Rousseau, conservateur des collections d'art moderne, remercie Claude Allemand-Cosneau, conservateur en chef, directeur par intérim, pour ses conseils et encouragements."
Par intérim, O tempora, o mores !
Oh, à Nantes, depuis vingt ans, les conservateurs de musée sont tous plus ou moins intérimaires.
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