23 avril 2025

Johanna s’inquiète plus des dettes payées jadis par les Haïtiens que des dettes à payer demain par les Nantais

Commémorer, deux siècles après, la dette d'un pays étranger éteinte depuis longtemps : idée bizarre s’il en est. Johanna Rolland l’a eue cependant. Elle s’est associée à Pierre Hurmic et Jean-François Fountaine, maires de Bordeaux et de La Rochelle pour publier dans Le Monde une tribune sur l’ordonnance du 17 avril 1825 par laquelle Charles X a « concédé » à Haïti son indépendance.

La date cloche. Au 17 avril 1825, Haïti s’était libéré de facto depuis plus de trente ans et de jure depuis plus de vingt ans avec sa déclaration solennelle d'indépendance du 1er janvier 1804 ! Accessoirement, l’expédition Leclerc envoyée en 1801 par Napoléon pour reprendre le contrôle de la colonie avait été un échec sanglant. Alors, pourquoi cette ordonnance à retardement ? Parce que, Johanna Rolland semble l’ignorer, Haïti la demandait. Non pour obtenir son indépendance mais pour que celle-ci soit reconnue en droit international.


Ses dirigeants y tenaient tant qu’ils avaient proposé en 1814, en 1821 et en 1824, de verser une indemnité au profit des colons dépossédés. Ils avaient proposé spontanément 80 millions de francs et en avaient accepté 100. Charles X avait réclamé 150 millions payables en cinq fois (« sous la menace militaire », affirme la tribune municipale... alors que la France était bien incapable de faire en 1825, dix ans après Waterloo, ce qu’elle avait été incapable de faire en 1801). Les trois maires évoquent donc « le versement d’une somme de 150 millions de francs or ». Comme s’ils ignoraient – on a peine à le croire – que, après un premier paiement de 30 millions, Haïti a obtenu que le solde de la dette soit ramené de 120 à 60 millions payables sur trente-neuf années sans intérêt.

Selon le New York Times, recopié sans discussion par Johanna Rolland, la valeur actuelle des versements faits par Haïti à la France en l’espace de soixante-dix ans est de 525 millions d’euros, soit environ 350 euros par habitant, pour une population moyenne de 1,5 million d’habitants  à l’époque. Est-ce peu ou beaucoup ? À l’évidence, c’était trop pour un pays ravagé par les guerres civiles. Reste que la dette de Nantes Métropole dépassait 1 061 millions d’euros à fin 2023, soit 1 550 euros par habitant (ce qui, il est vrai, n’est pas grand-chose à côté des 49 120 euros par tête de notre dette nationale).

Voir article complet sur Nantes Plus :

https://nantesplus.org/haiti/

La mémoire haïtienne de Johanna Rolland a des lacunes

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