Le Voyage à Nantes me fait penser à mon couteau suisse. Il fait à peu près tout. Et rien mieux qu’à peu près.
Le château des ducs de Bretagne, c’est la lame principale. Son fil est un peu gauchi, mais elle fait son boulot. C’est surtout elle que j’utilise. Des fois, je me dis qu’un Opinel ferait mieux l’affaire.
Le musée des Beaux-arts, c’est la scie. Utile, sauf qu’elle est coincée et je ne sais pas quand je parviendrai à la débloquer. Pareil pour la lime, qui peut représenter le musée Dobrée.
Les Machines de l’île, c’est le tire-bouchon : visible et pas très efficace. Après trois ou quatre ans d’utilisation, il est un peu émoussé, légèrement tordu. Je m’obstine à m’en servir, car je refuse d'admettre qu’il est à bout, en y mettant plus d'effort que je n'obtiens de résultat : il faudra finir le travail au Screwpull®.
Le Mémorial à l’abolition de l'esclavage, c’est le poinçon. Je me crois obligé de l'exhiber, mais chaque fois je me pique le doigt. Je ne l'utilise jamais autrement. Il est bien plus dangereux qu'utile.
Estuaire, c’est le vistemboir. Tout bon couteau suisse comporte un vistemboir, un truc compliqué dont personne ne sait que faire ; certains disent que c’est un cure-pipe, d’autres un ôte-hameçon, d’autres un indicateur météorologique. Je le montre à tous mes visiteurs, qui font mine de le considérer avec intérêt.
Le Lieu unique, c'est la loupe. Avec elle, la grenouille paraît aussi grosse que le bœuf.
Il y a encore trois ou quatre accessoires mineurs, un cure-dents, une pincette, des bricoles…
En plus, cet engin improbable est lourd et me déforme les poches. Il n'empêche que les Suisses en vendent à tour de bras. Le Voyage à Nantes a ses chances.
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