La Chambre régionale des comptes vient de publier ses Observations définitives concernant la gestion de l’association CRDC-le Lieu Unique pour la période 2005-2009. Si l'approche est indulgente et le langage policé, la gestion de Jean Blaise n’en sort pas indemne !
La CRC note ainsi que le nombre de places offertes aux spectateurs par saison n’a représenté en moyenne que 91 % du contrat d’objectif signé avec l’État, et même 75 % seulement en 2009. En 2008/2009, l’activité a connu « un net décrochage ». Le nombre d’abonnés est tombé à 2.400, contre un engagement de 3.000 dans le contrat d’objectif.
Quant aux deux premières éditions de la biennale Estuaire, elles ont été des désastres financiers. Au total, il a manqué 1,635 million d’euros. Près de quatre fois le déficit que la mairie de Nantes reprochait si sévèrement au Comité des fêtes ! Or le Lieu Unique n’est pas comparable à une entreprise commerciale, dont les recettes sont toujours aléatoires : son financement est assuré à 80 % par des subventions publiques. Chaque spectateur ne paie qu’une mince partie du coût réel de son billet. Et Estuaire a été abondamment financé par les collectivités locales (4,5 millions d’euros en 2007, 4,6 millions en 2009). Quand on est sûr de l’essentiel de ses recettes, un déficit est synonyme de mauvaise gestion.
Certains artistes mieux traités que d'autres
Pour redresser la barre, l’organisation aurait pu se serrer la ceinture ? En fait, note la Chambre, les frais de fonctionnement d’Estuaire ont progressé de 24 % d’une biennale à l’autre. CRDC-le Lieu Unique a plutôt cherché à rétablir ses comptes au détriment des artistes : « les charges artistiques ont diminué de 23 % sur la période, principalement sous l’influence de la forte diminution des dépenses liées aux achats de spectacles (- 47 %) », souligne la CRC.
Cependant, les artistes n’ont pas tous été mis à la portion congrue : selon la CRC, les œuvres pérennes d’Estuaire ont coûté 1,234 million d’euros en 2007 et 2,009 millions d’euros en 2009. Soit, pour six œuvres pérennes en 2007 et huit en 2009, plus de 230.000 euros l’unité en moyenne. On peut s’amuser à essayer de deviner le prix de revient du balancier de Trentemoult ou du tuyau en plastique rouge d’Indre.
La Chambre régionale des comptes ne prend évidemment pas position sur la qualité artistique des œuvres. Elle ne s’engage même pas trop avant sur le terrain de la fréquentation d’Estuaire. Elle se contente de dire, avec la modération qui sied à sa mission (« les chiffres de fréquentation des biennales ne peuvent qu’imparfaitement permettre d’évaluer le résultat de la manifestation ») que les chiffres avancés par les organisateurs sont sujets à caution.
Une mention particulière pour la maison "coulée" de JL Courcoult qui figure au programme des oeuvres pérennes. Peut-on imaginer Estuaire sans une telle "oeuvre" ?
RépondreSupprimerIl me semble qu'Estuaire a eu malgré tout assez de sens du ridicule pour ne pas inscrire ce gag parmi ses oeuvres pérennes. Cela dit, on n'a quand même pas fini d'en entendre parler puisque le procès engagé (aux frais du contribuable, pour le moment) risque de durer longtemps.
RépondreSupprimerêtes-vous certain que le mur façon Diego Riviera remplacera la Maison coulée? Car il faut satisfaire les célébrités nantaises qui se doivent de figurer durablement parmi les oeuvres pérennes.
RépondreSupprimerCe sera donc le mur qui figurera comme oeuvre pérenne d'Estuaire? La Maison coulée, le canard et le projet de Fabrice Hybert ont disparu, mais qui se souvient du sous-marin d'Alexandre Ponomarev annoncé en 2007 et perdu corps et biens... Estuaire cimetière des projets fluviaux
La maison sera de retour pour "Le Voyage à Nantes" dixit JL Courcoult in Presse Océan du 16 juillet.
RépondreSupprimerVous qui invoquiez le sens du ridicule...
Perseverare diabolicum. Mais puisque la Villa Déchets est de retour, pourquoi pas la Villa Débâcle ? On verra si la maison Courcoult devient le monstre du Loch Blaise.
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