Les Allumées réunissaient cinq atouts :
- Une communication massive. Les municipalités d’avant Jean-Marc Ayrault étaient bien plus modérées sur les dépenses de propagande. Le battage effectué autour des Allumées était à l’époque un phénomène nouveau. Il a d’autant plus marqué les esprits.
- Un concept fort. Inviter les artistes d’une ville portuaire étrangère réveillait en Nantes la nostalgie d’une destinée maritime et coloniale. Ce n’est pas un hasard si l’idée de Cargo 92, expédition culturelle vers l’Amérique du Sud, a germé à cette époque-là.
- Royal de Luxe. La troupe était alors dans ses années créatives. La Véritable histoire de France et la naissance du Géant datent de cette époque. L’insertion de ces spectacles saisissants dans leur programmation a donné aux Allumées un côté spectaculaire.
- Des lieux originaux. Les concerts ou les expositions dans des usines désaffectées étaient un vieux fantasme de la culture underground des années 1970. Un peu partout, à l'époque, des artistes s’étaient emparés de bâtiments industriels décatis. L’Usine, la Rote Fabrik et la Coupole suisses avaient acquis une notoriété européenne. Mais à Nantes, vingt ans après, c'était encore une nouveauté. La génération du baby-boom nantaise avait l’impression d’entrer enfin, à quarante ans passés, dans la modernité.
- L’élitisme social. Les Allumées, qui duraient toute la nuit, ont apporté une teinture culturelle aux beuveries au Bouffay jusqu’à pas d’heure. C’était l’inverse d’une manifestation populaire. L’ouvrier qui pointe à l’usine au petit matin ne fait pas la fête jusqu'à l'aube. Le droit de faire la grasse matinée donnait le sentiment d’appartenir à une élite privilégiée.
Jean Blaise était probablement conscient de l’usure prévisible du concept. Il n'avait prévu que six éditions : on comparera avec les deux décennies de La Folle Journée ! Fidel Castro lui a finalement rendu un fier service en provoquant l’annulation de la dernière édition, qui aurait dû être consacrée à La Havane. Jean Blaise, d’ailleurs, l’avait un peu cherché en tentant maladroitement de ménager la chèvre post-stalinienne et le chou post-soviétique.
L’explosion en vol de la dernière des Allumées a parachevé la légende dorée du festival et de son créateur. Allez donc trouver de nos jours un seul portrait de Jean Blaise qui n’évoque pas immédiatement Les Allumées. La semaine dernière encore, tiens, le Festival d’Avignon Bilbao le présentait ainsi : « El artista y director de eventos especiales Jean Blaise ha sido el creador del Festival des Allumés ». Cruel rappel : malgré les énormes moyens mis à sa disposition par Jean-Marc Ayrault, le fait d’armes essentiel de Jean Blaise date d’il y a presque un quart de siècle !
Sven, c'est Pascale Chiron!
RépondreSupprimer"“On s’ennuie”, bâillent les écolos. Si le PS et l’UMP s’accordent pour pointer une “fin de cycle”, Pascale Chiron, candidate EE-LV à la mairie est plus directe : “Si je suis élue maire, je convoque Jean Blaise dans mon bureau.”"
Yen a vraiment marre des sales réacs de droite qui font que critiquer notre bonne ville:
http://www.lesinrocks.com/2014/03/10/actualite/special-municipales-nantes-la-nuit-elle-morte-11486797/
Jaloux, VertCocu ? Serait-ce là l'origine de votre pseudo ?
RépondreSupprimerComme VertCocu, je ne résiste pas à la tentation de citer les Inrocks (il a fourni le lien deux commentaires au-dessus) :
RépondreSupprimerCitant Pascale Chiron : “La culture est devenue institutionnelle. Tout est compartimenté dans les maisons de quartier, les salles publiques… .
Citant un directeur de galerie: “Jean Blaise monopolise toutes les situations culturelles et empêche toute proposition alternative d’exister. Non seulement la ville ne génère pas de nouveaux artistes mais les rares qui émergent, elle ne sait pas les garder”.
Citant une intervenante rennaise : “Nantes a une vision touristique de la culture en choisissant de miser sur un ou deux projets. C’est très efficace pour la communication de la ville, ils attirent beaucoup de monde. Mais ça n’entretient pas l’art au quotidien.”
Sur le HAB : “Une visite des lieux laisse l’assoiffé pantois. Après avoir marché au milieu de rien, un gros bloc carré s’impose sur les bords de la Loire. En s’approchant, on distingue une dizaine de vitrines et autant de bars à thème...” - “Ces bars ont tous une identité en carton”, commente un musicos. “Ça attire [...] un peu le même public que celui qui fait ses courses au centre commercial.”
Ouille ! Ça pique ! Et heureusement que ce sont les Inrocks qui le disent...
@Sven
RépondreSupprimerJ'avoue que le sourire et le regard pétillant de Chiron ne gâtent rien à l'idée de lui en glisser une dans l'urne. Je marrête là, je suis déjà un ethno-régionaliste crypto-fasciste réac et aigri, pas besoin d'y ajouter beauf phallocrate!
Alors que je suis un romantique, je sais déjà que je serais cocu le soir du 23 et le 30 sur la plage, à essayer de l'oublier.
@Jean-Marc
Lire aussi les autres articles de Mathilde Carton.
http://www.lesinrocks.com/2014/03/03/actualite/special-municipales-les-10-trucs-savoir-sur-lelection-nantaise-11484380/
http://www.lesinrocks.com/2014/03/05/actualite/special-municipales-la-culture-nantes-par-ceux-qui-la-font-11485407/
Ainsi que ses autres papiers sur Rennes, Bordeaux, Toulouse. Des villes qui me semblent un peu "cousines".