16 octobre 2014

Tout voyage au bout de la nuit doit bien commencer par un premier pas


Les finances publiques sont mal en point, les collectivités locales sont invitées à faire des économies. C’est le moment que choisit la ville de Nantes pour commander à un conseil extérieur une « Mission d’animation d’un diagnostic partagé sur les nuits nantaises » qui pourrait coûter jusqu’à 40.000 euros.

Avec un manque de clarté approprié au sujet, elle explique qu’elle « souhaite mobiliser un prestataire pour permettre le croisement des regards sur les nuits nantaises afin de constituer une grille de lecture partagée et la mettre en débat avec les acteurs ». On imagine le futur animateur du diagnostic partagé à la manière d’un Jacquouille découvrant l’électricité dans Les Visiteurs : « Jour ! Heuuu ! Nuit ! Heuuu ! » L’une de ses missions sera « d’interroger des points de vue absents », ce qui risque d’être très éclairant. Il devra aussi établir une représentation graphique facilitant « une lecture dynamique des nuits à Nantes », comme si la rubrique faits divers de la PQR n'en donnait pas chaque jour une lecture déjà trop dynamique…

« La vie nocturne n’est pas une question nouvelle pour la Ville » admet cependant le cahier des charges. Pas nouvelle en effet puisqu’elle date du premier jour de la Genèse : « Dieu nomma la lumière jour et nomma les ténèbres nuit ». Mais il faut croire qu’en un quart de siècle, l’équipe de Jean-Marc Ayrault n’avait pas pris la juste mesure de l’obscurité nantaise. Le programme électoral de Johanna Rolland a prévu la création d’un Conseil de la nuit. Pas de conseil sans commissions. La commission « Nuits de Chine, nuits câlines, nuits d'amouuuuur » ne manquera pas de candidats, mais on en cherche aussi pour les commissions « Nuit sans lune », « Nuit des morts vivants », etc. Les démons de minuit vont devoir numéroter leurs abattis.

12 commentaires:

  1. Rollande Jobarde16 octobre 2014 à 19:12

    Les enjeux de la nuit analysés par un conseil extérieur. Une agence spécialisée qui devra permettre la régulation d'une offre nocturne adaptée aux étudiants, aux parents d'enfants en bas-âge, aux actifs, aux retraités, aux seniors et aux handicapés. Il faut donc édicter des règles pour que la nuit soit fun, apaisée, festive et silencieuse avec de l'alcool mais avec modération. La nuit ne tombera plus sur Nantes comme un couvre-feu braver par les seuls adeptes du binge-drinking. Les noctambules ne seront plus les héros de leurs journées, mais des citoyens guidés par le phare métropolitain.
    Ce sera formidable, formidable comme du Stromae

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  2. Les équipes changent, les utopies restent !...

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  3. Pipotage classique : un copain d'un ponte municipal place une idée, aussi délirante soit elle, puis on rédige un appel d'offres à partir de l'idée et non l'inverse... Si ce n'est pas le cas ici, c'est bien imité.

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  4. Commission de la nuit…
    Sans doute à venir normalisation et surveillance…
    Décidément les pouvoirs en place ne supportent pas que quelque chose se passe sans leur contrôle.
    Espérons que les lieux nocturnes ne rentreront pas dans le moule.

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  5. A en juger par le flou concernant l'objet de l'appel d'offre, la société qui va l'emporter a déjà été sélectionnée. Comme souvent, on publie un appel pour rester dans le cadre de la loi qui exige, si je ne m'abuse, une mise en concurrence lors des marchés publics. Une "société" va fournir au commanditaire le "diagnostique" attendu, qui plaidera en faveur d'une meilleur coordination, d'une écoute réciproque plus féconde, etc. etc. Le tout rédigé dans la langue de bois idoine...
    Vous pouvez continuer à ne pas dormir sur vos deux oreilles, cher Zac, on continuera à beugler, à gerber, et à se foutre sur la gueule, dans notre bonne ville la nuit - à faire la fête, quoi !
    C'est bien connu, et depuis Clémenceau, en France (à Nantes), quand on veut enterrer un problème, on crée une commission !

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  6. Comme disait à juste titre un barman, si on veut dormir, on ne vient pas habiter dans le centre ville !
    ça l'est encore plus depuis la piétionnisation des rues !
    Beaucoup plus de piétons et donc de fêtards !

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  7. Paradoxalement, le centre ville devient plus bruyant la nuit que le jour. Tandis que les chauffeurs disparaissent, les teufeurs se multiplient.

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  8. Tout le monde ne "vient" pas habiter dans le centre ville ; certaines personnes y habitaient déjà bien avant l'arrivée massive des bars (des bars de nuit notamment). Votre barman philosophe défend simplement son bout de gras. On ne peut pas reprocher à ceux qui habitent le centre de gêner la bonne marche des débits de boisson !
    Le réel problème, c'est le comportement des ivrognes et les nuisances qu'ils engendrent, jusqu'au petit jour le week-end. Avec, bien sûr, la complicité de la mairie qui ne veut pas froisser une partie de son électorat (les "jeunes"). Les tapages nocturnes; les troubles à l'ordre publics, les violences, sont bien plus tolérés qu'un dépassement de 5 petites minutes, lorsqu'on est garé dans le centre ville le jour.

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  9. Ah, vous savez ce que je fais la nuit, moi ? Je vous en donne le mille : je dors !! On m'a toujours dit que la nuit est faite pour dormir, alors je dors, je pieute, je roupille, je ronfle...

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  10. C'est la sagesse même. Cela dit, vous avez quand même envoyé votre commentaire à 23 h 24.

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  11. Merci Sven mais c'était l'exception qui confirme ma règle de dormeur de nuit !!

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  12. Si vous aviez poussé un peu plus loin l'investigation tout cela est la poursuite de l'élection de maires de nuit pendant la campagne puis de la nomination d'un élu à la nuit...

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