17 octobre 2015

Miroir d’eau z’alouettes : (1) tremper un orteil dans la com’

La communication de Nantes Métropole fonctionne mieux que la tuyauterie du miroir d’eau. L’inauguration de celui-ci, le 5 septembre, a attiré un vaste public sensibilisé par une campagne de relations publiques exécutée avec plus d’efficacité que les travaux eux-mêmes. Une campagne qui n’a pas reculé devant les poncifs, du genre « le miroir d’eau évoque la Loire qui coulait à cet endroit ». Miracle ! on peut marcher sur les eaux avec cette Loire de 2 cm de profondeur sans courant ni marées ! En voilà une affaire : vu la pluviométrie nantaise, des flaques de ce genre, on en dispose au moins cinquante jours par an, et dans toute la ville encore !

Ce nouveau miroir, en jouira-t-on même cinquante jours par an ? Pour l’instant, il est à sec plus souvent qu’à son tour. On dirait bien qu’il a été inauguré avec précipitation, avant qu’il ne soit vraiment terminé, histoire de pouvoir dire que les délais ont été tenus et, surtout, d’épater le peuple souverain. À attendre davantage, on risquait le ridicule : à quoi bon ouvrir une pataugeoire en novembre ? Déjà qu’on avait raté la saison touristique…

L’inauguration a donc été un succès. Mais le jeu en valait-il la chandelle ? Le miroir d’eau nous a coûté 3,3 millions d’euros :
Vu des remparts du château, le miroir d'eau n'a rien de très
remarquable. Il faut beaucoup d'imagination pour y voir une
évocation de la Loire.
la moitié d’une piscine olympique. Tout ça pour ça ? L’essentiel de la facture est sous la dalle avec une cathédrale souterraine, des pompes, des ordinateurs et 1.300 mètres de canalisations – ce qui laisse présager un coût de fonctionnement pas négligeable. En surface, en revanche, le résultat fait un peu riquiqui.

Au fond, le bassin rond de l’ancien square Élisa-Mercœur, moitié moins grand, était à peine moins spectaculaire – et si l’on veut du grand, on a ce qu’il faut avec les bassins du Tripode, 3.500 m² à eux deux contre 1.300 pour le miroir d’eau. Même les reflets du château sont un peu ratés à cause du dallage en losange qui trouble les images. Mais Nantes Métropole se contemple dans son miroir magique comme la reine marâtre des frères Grimm :
‑ Miroir d’eau, dis-moi que je suis la plus belle !
et le miroir de répondre par la voix de la direction de la communication :
‑ En cherchant à la ronde dans le vaste monde, on ne trouve pas plus belle que toi. 
 Quel talent !

5 commentaires:

  1. Neila Bedjaoui chef de projet pour NM déclarait en septembre 2014 dans PO :
    "Le miroir d'eau sera très différent de celui de Bordeaux, il sera trois fois plus petit et il disposera d'un éclairage particulier"

    Pour le coup, nous pauvres administrés aurions pu consentir une rallonge budgétaire pour un service communication plus convaincant...

    Et comme vous le suggeriez @Sven, au regard des précipitations nantaises, il suffira durant cette période automnale de ne plus ramasser les feuilles mortes et ainsi la ville aura le plus grand miroir d'eau !

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  2. "le 5 septembre, a attiré un vaste public sensibilisé". Vaste est un grand mot ! a peine 1000 personnes sont venues admirer les 2 marionnettes et "déguster" 1 petit lu et quelques bonbons pour les enfants lors de cette inauguration ! Remarque cela aura permis à Johanna Rolland de nous ressortir une 10ème fois le même discours sur la Loire et Nantes ...

    Pour y passer relativement souvent (pour faire quelques photos) je suis bien d'accord avec vous : le dallage en losange n'est pas du plus bel effet pour refléter le château. Et que dire des 12 jets d'eau qui s'illumine le soir (quand ils fonctionnent). Bref c'est encore les passants et les quelques touristes qui le résume le mieux : c'est très petit et moche et ça vaut pas celui de Bordeaux !

    @f

    Quelques autres constats. En 1 mois 1/2 les jets sont déjà de travers et la moitié des brumisateurs se sont transformés en jet d'eau (quand ils fonctionnent). J'ai aussi remarqué cette semaine qu'un nouvel éclairage public avait été installé tout autour du bassin et qu'une caméra (factice ?) surveille désormais nos 3.3 millions d'euros d'impôts locaux d'investissement.

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  3. Le plus amusant quand même reste que pour résoudre les bugs du miroir d'eau Nantes Nécropole à demande que les problèmes soient désormais réglés depuis Barcelone !

    http://www.ouest-france.fr/miroir-deau-pourquoi-il-multiplie-les-bugs-3761925

    @f

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  4. Nous avons bien une idée des frais de fonctionnement : ils sont évoqués dans un article du Moniteur du 7 septembre (mis à jour le 29/09) et toujours accessible sur leur site :
    http://www.lemoniteur.fr/article/les-dessous-du-miroir-d-eau-de-nantes-29797673
    soit un coût de fonctionnement estimé de 30000 à 90000 euros par an (et avec tous les bugs nous serons sans doute plus près des 90000 !).
    La facture se monte elle à 2,7 millions d’euros HT (hors honoraires de maîtrise d'oeuvre néanmoins).
    Pour y passer souvent aussi, ce qui est le plus frappant est cette étendue de granit gris, minérale et assez tristounette il faut le dire. Les allées larges et toutes aussi grises ne sont pas plus réjouissantes pour l'oeil. Et encore il fait beau : attendons novembre...

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  5. C'est comme dab l'argent du contriuable... Un gaspillage monstre et en plus c moche par la couleur et l'esthétique... 😣

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