Le
sujet, c’est les zadistes, pas l’aéroport. L’aéroport, les politiques ne connaissent pas, ou
seulement de nom. Témoin ce que disait hier Christophe Clergeau, chef de file
des candidats socialistes à l’élection régionale du mois prochain :
l’aéroport « ne doit pas être placé au cœur des élections régionales. […]
Tout ramener à NDDL, c’est priver les citoyens du débat auquel ils ont droit
sur l’avenir de leur région, et sur l’orientation de ses politiques
publiques ».
L’élément
de langage transparaît clairement : surtout, ne parlons pas de NDDL. De
quoi parler alors ? De « l’état de droit » ! Cette
expression très langue-de-bois est omniprésente. « l’État de Droit
pourrait bientôt être enfin de retour à Notre Dame des Landes », déclare
ainsi Bruno Retailleau, homologue de Christophe Clergeau côté droite. « La
France est un État de droit, il est inacceptable et inimaginable qu'une
minorité d'individus ultra-violents puisse empêcher l'application des décisions
de justice et aller contre l'intérêt général », assurait Manuel Valls
avant-hier à l’Assemblée nationale.
(À
vrai dire, si l’État n’est pas capable de rétablir cet « état de
droit » quand cinquante gens du voyage bloquent une portion
d’autoroute, on est curieux de savoir comment il se débrouillerait face à des
bataillons de zadistes embusqués sur des centaines d’hectares.)
Sur
son site web, alors que la campagne électorale bat son plein, Christophe
Clergeau n’a plus mentionné Notre-Dame-des-Landes depuis plus de quatre mois –
et c’était déjà pour dire qu’il ne
fallait pas en parler.
Tous
ces responsables politiques ont en main des sondages d’opinion. S’ils ne
parlent pas du projet d’aéroport, c’est que le public n’en veut pas. Se
déclarer en faveur du projet d’aéroport pourrait leur coûter cher
électoralement. Naïvement, Christophe
Clergeau le confirme « en creux », assurant que les dirigeants
d’EELV sont venus à NDDL avant hier « pour se refaire à bon compte une
santé politique » ‑ autrement dit, être contre l’aéroport, ça rapporte
des voix.
En
revanche, comme les électeurs n’aiment pas trop les fauteurs de trouble, être
contre les zadistes, c’est porteur. C’est à présent le leitmotiv des
politiques, à droite comme à gauche, toute leur communication tourne autour de « l’état de droit ». L’aéroport n’est plus qu’un accessoire de
l’anti-zadisme. On l’aura en prime de la dézadification. Comme si le moyen le
plus efficace de se débarrasser des zadistes n’était pas de renoncer au projet
d’aéroport !
"la dézadification" Un vocabulaire qui nous rappelle les heures les plus sombres de notre histoire contemporaine...
RépondreSupprimerVous parlez de sondages d'opinion mais je n'en ai pas vu beaucoup sur la question et les médias locaux ne semblent pas très pressés de demander aux Nantais et plus largement aux habitants de la Loire-Atlantique ce qu'ils en pensent. Un référendum local serait d'ailleurs le bienvenu.
RépondreSupprimerQuant au départ des Zadistes, je pense que l'abandon du projet ne mettra pas forcément fin à leur présence car, alors, se posera la question des terres.
Je rappelle que depuis le milieu des années 70, le Département a acheté plus d'un millier d'hectares aux agriculteurs sans DUP, sans que ceux-ci aient une épée dans les reins pour signer. Cela s'est fait de gré à gré avec la possibilité de rester dans les lieux avec à la clé un fermage plus que symbolique et cela a duré pour certains près de 30 ans...
Ce qui est amusant, c'est que certains parmi les premiers vendeurs sont ceux qui protestent le plus aujourd'hui... En cas d'abandon du projet, ils pourraient peut-être faire une opération très juteuse...
Les sondages n'ont pas été publiés, mais les listes candidates aux élections de décembre en ont évidemment fait réaliser.
RépondreSupprimerVous avez raison de soulever la question foncière. Les agriculteurs ne sont pas seuls en cause : il serait bien étonnant que certaines personnes bien informées n'aient pas acheté des terrains bien placés en prévision de la construction de l'aéroport, dans l'idée de construire un jour de jolis lotissements pour les gens qui y travailleront ! Evidemment, si le projet ne se fait pas, leurs plans (et leurs plus-values) seront réduits à néant !
Le sondage de Retailleau était un sondage d'opinion destiné à son électorat ; sauf que son électorat est contre le projet http://www.media-web.fr/notre-dame-des-landes-bruno-retailleau-ou-l-arroseur-arrose-78-79-1961.html
RépondreSupprimerQuant aux opérations immobilières, le Sud Loire serait au contraire concerné par la moins value : départ de Nantes Atlantique (et donc des emplois) + construction de lotissements = offres supérieures à la demande = chute du foncier.
Sans compter la hausse de la délinquance, des incivilités : pas sûr du tout que la compagnie des cas soc' soient meilleures que la présence des avions...