Le Grand débat sur la Loire n’a ramené que 25 propositions.
Le conseil de Nantes Métropole a essayé de faire mieux : rebondissant sur
ces 25 propositions, il a pris 30 engagements. Il est vrai qu’une bonne partie
d’entre eux paraissent assez virtuels ; on y trouve six études et trois
inventaires. D’autres se situent dans un avenir indéterminé. Et quelques-uns
paraissent légèrement téléphonés. Le doublement du pont Anne de Bretagne ne
porte que le numéro 20, mais vient
en premier dans les préoccupations de la métropole. Il est cité en tête par Johanna Rolland dans son éditorial du dernier Nantes Passion : « nous
allons engager les études pour le doublement du pont Anne de Bretagne ».
Doubler le pont Anne de Bretagne ? Le conseil
de développement de Nantes Métropole en discutait déjà bien avant le débat. « Des
études vont être menées pour approfondir l’option d’un tunnel entre Chantenay
et Rezé et le doublement du Pont Anne de Bretagne », écrivait
Thierry Violland, manitou de l’urbanisme nantais, du temps où il aspirait à
devenir maire de Rezé. Trois ans après, l’histoire est un éternel
recommencement. Le Grand débat serait-il un prétexte pour couvrir des décisions
hasardeuses ? En tout cas, le béton fait toujours saliver.
Mais avant le béton, c’est sûr, il va falloir des études. Et
de l’imagination. Car ce n’est pas l’insuffisance du pont qui pose problème
aujourd’hui, c’est celle du quai de la Fosse, chroniquement embouteillé.
Prétend-on doubler le nombre de véhicules injectés dans la circulation à la
sortie du pont ? Va-t-on construire un échangeur autoroutier place du
Commandant L’Herminier ? Ou même, horresco referens, par-dessus le Mémorial de l'abolition de l'esclavage ?
Au Sud, il ne servirait à rien de doubler le pont sans doubler aussi le boulevard Léon-Bureau qui le prolonge. Grignoter l’esplanade
des Chantiers passe encore, mais un peu plus loin le boulevard compte deux rétrécissements
d’une largeur identique à celle du pont actuel, une petite vingtaine de mètres.
Va-t-on rogner les hangars des Machines de l’île ou bien le parking
Effia ? Le bâtiment de La Fabrique ou bien celui d’Atlanbois ? À moins
de doubler le boulevard dans le sens de la hauteur moyennant dix-huit mois de
chantier ruineux ? En tout état de cause, accroître la circulation sur le
boulevard Léon-Bureau signifierait isoler un peu plus les Chantiers et les
Machines de l’île de la partie est de l’île de Nantes.
Certes, la construction d’un nouveau CHU à la place du MIN
rend à peu près inéluctable un scénario de ce genre. La décision tirée de son
chapeau par Jean-Marc Ayrault sera revenue à saccager une partie du
travail antérieur d’aménagement de l’île de Nantes. La portion
d’autoroute à créer dans le prolongement du boulevard Léon-Bureau
portera-t-elle un jour le nom de l’ancien maire ? Ce ne serait que
justice : la responsabilité du désastre serait ainsi établie pour la postérité.
Nantes, son île, le plan de Chemetov, le prix d'urbanisme de Laurent Théry, la SAMOA, et les différents acteurs qui se sont succédés pour concevoir l'aménagement de ce capital foncier que représente l'île de Nantes se heurte à la décision d'implanter l'hôpital sur le site du MIN. Décision aux conséquences lourdes en terme d'accès à l'équipement.
RépondreSupprimerLes problèmes que vous recensez ont été soulevés en leur temps et le directeur du MIN a été limogé, par les élus aux ordres, pour résistance et déviance.
"Gouverner, c'est prévoir", un mantra qui n'opère pas sur les cerveaux des techniciens et des élus qui décident sans mesurer l'impact, sauf en données chiffrées à l'époque des études avec des projections au doigt mouillé. Il faut faire cadrer la décision avec la faisabilité à tout prix.
Et voilà le résultat : doubler le pont Anne de Bretagne, les tenants du folklore vont nous ressortir le pont transbordeur comme solution d'avenir. Mais, comme vous le démontrez le nœud du problème se situe dans les accès au franchissement de la Loire.
La solution pourrait être d'implanter le futur hôpital sur le site de NDDL et de le mutualisé avec Rennes. L'empilement des erreurs fascine les élus.
Le second pont (si c'est bien la solution retenue), serait conçu pour les vélos, piétons et une de tramway ou busway.
RépondreSupprimerUne autre solution probablement plus efficace à long terme et plus qualitative serait une démolition reconstruction, mais le coût politique serait probablement trop important (plus efficace à long terme car catastrophique pour la circulation automobile: de nombreux usagers abandonneraient la voiture pour les transports en commun ou le vélo, voir l'exemple du Pont Mathilde à Rouen)
Quant à dire que les techniciens et élus ont un cerveau défaillant, c'est assez insultant et surtout montre une méconnaissance de leur travail (et pourtant je ne suis certainement pas fan des quelques leaders politiques en place et de leurs décisions, méthodes et projets).
Le pont Anne de Bretagne tel qu'il existe comporte déjà un trottoir de chaque côté et une piste cyclable dans chaque sens. De toute façon, le problème n'est pas le pont lui-même. On se braque sur le pont, parce que construire un pont, c'est relativement facile, ça donne l'occasion de couler du béton, d'attribuer des marchés et de couper un ruban le jour de l'inauguration. Mais on n'aura rien résolu tant qu'on ne saura pas comment injecter plus de trafic sur le quai de la Fosse et tant qu'on n'aura pas déterminé quels bâtiments sacrifier boulevard Léon-Bureau. Le cerveau des techniciens et des élus n'est pas défaillant ? C'est donc qu'ils pensent que le cerveau du public l'est, pour accepter sans broncher des explications vaseuses.
RépondreSupprimerEn tout cas des solutions favorisant davantage de trafic sont aussi défaillantes: plus de place pour l'automobile induit plus de trafic automobile (oui c'est un peu tautologique) et les infrastructures sont rapidement saturées à nouveau.
RépondreSupprimerCe qui ne veut pas dire qu'il ne faut jamais investir dans le réseau routier, même pour augmenter sa capacité, mais qu'une logique basée sur l'augmentation permanente des capacités du réseau est vouée à l'échec.
Pour ce qui est de généraliser la défaillance du cerveau des techniciens et des élus, je persiste, c'est insultant, et c'est méconnaître l'organisation du pouvoir local et ses logiques.
@nonyme précédent,
RépondreSupprimerL'organisation du pouvoir local et de ses logiques... Parlons-en !
Décrivez-nous, je vous prie, la cohérence et la rationalité du personnel municipal imaginant un doublement du pont Anne B sans se soucier du quai de la Fosse et de la rue Léon Bureau. Ne serait-ce pas un problème d'organisation ?
OLS
"Une logique basée sur l'augmentation permanente des capacités du réseau est vouée à l'échec", certes, mais elle est la conséquence directe d'une logique basée sur l'augmentation permanente de la population de la métropole... La grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf éclate, on le sait depuis La Fontaine ; comment ça se passe pour une ville (effondrement, amok...) ? Là, c'est John Brunner qui nous prévient : Tous à Zanzibar !
RépondreSupprimerUne politique rationnelle ç'est un mythe mais passons (les ZUP sont peut être ce qui s'en est le plus rapproché)...
RépondreSupprimerJe ne dis pas que le doublement de ce pont est une brillante idée (peut être), mais qu'il n'est pas destiné à une augmentation de la circulation automobile.
Ce n'est donc pas pertinent de jeter la pierre à une municipalité qui n'aurait pas réfléchi aux débouchés du pont, voilà mon seul propos.
Même en cas de croissance de la population (pas si forte dans l'agglo quoi qu'on dise) mais surtout des emplois (là par contre c'est majeur), on ne peut pas réduire la congestion en augmentant sans fin la capacité du réseau (c'est le modèle de la ville américaine, qui bien sur ne connaît pas les rush hour...). Par contre réduire le nombre de véhicules ça fonctionne bien!
Le problème de base reste l'aménagement de l'île de Nantes et surtout cette idée farfelue d'aller y implanter un CHU à sa pointe ! Et surtout découvrir après coup qu'il n'y a aucune infrastructure capable d'absorber le trafic que va générer cette implantation (route, parking, bus, tram).
RépondreSupprimerJe suis bien d'accord avec vous sur la défaillance du cerveau de nos élus (et grand technicien) ! Il suffit simplement de regarder sur Google Maps pour s'apercevoir que doubler le pont Anne de Bretagne ne va faire qu'augmenter le problème si on ne traite pas en amont et aval le flux ... Ce qui semble techniquement impossible sauf supprimer les trottoirs et rogner sur les machines !
-f
@nonyme pro-projet municipal
RépondreSupprimerVous n'avez pas répondu à mon interrogation. Expliquez-nous la logique qui a présidé au projet d'un doublement du pont Anne B ?
À part renforcer-fluidifier le trafic suite aux nouveaux aménagements insulaires en place ou à venir, je n'y vois aucun intérêt ! Si ce n'est de gagner de la surface sur la Loire ! Une passerelle à touristes ? Un parking à ciel ouvert ? De futures pêcheries au carrelet ? Un poste pour répendre les cendres des défunts ? Un aqueduc ?
OLS
Eh bien on est vite catégorisé "pro projet municipal", surtout après avoir précisé le contraire...
RépondreSupprimerJe ne crois pas être redevable d'aucune explication, mais allons: le pont serait là pour faire passer un ligne de transports en commun en site propre, tramway ou busway (ce que je me tue à expliquer depuis mon premier commentaire).
Je ne sais pas si c'est une bonne idée surtout que l'on parle du pont avant de développer une stratégie à l'échelle de l'agglo.
Si l'on veut faire un réseau de tramway maillé (ce qui semble envisagé mais ce n'est pas clair), avec une seconde ligne de tramway nord/sud, alors un nouveau pont est nécessaire. Il ne faut pas aller chercher plus loin...
En effet, je vous ai taxé de pro-municipal justement parce que vous avez prétendu le contraire. Vous n'êtes, bien sûr, redevable d'aucune explication...
SupprimerOLS
S'il ne s'agit que de créer une ligne de transports en commun, il n'est pas nécessaire de doubler le pont, il suffit de l'élargir (mais peut-être ne faut-il pas prendre mathématiquement le verbe "doubler" ?). Et quel que soit l'usage visé, le problème reste celui des aboutissements, côté quai de la Fosse d'une part, côté boulevard Léon-Bureau de l'autre.
RépondreSupprimerVous soulignez à juste titre l'idée du réseau de tramway maillé. C'est l'occasion de rappeler que Jean-Marc Ayrault, lors de la campagne municipale de 2008, annonçait le raccordement des lignes de tramway 1 et 2 avant 2014 (voir http://lameformeduneville.blogspot.fr/2011/10/demain-on-interconnectera-gratuit.html). Tout en donnant l'impression de réfléchir beaucoup, parce qu'il lui fallait beaucoup de temps pour trancher, Jean-Marc Ayrault a toujours agi au petit-bonheur-la-chance ; on espère quand même que l'improvisation n'est pas inscrite à jamais dans la culture municipale.
Il ne serait apparement pas possible techniquement d'élargir le pont pour y mettre un tramway d'où la solution d'un second pont...
RépondreSupprimerA moins d'une véritable démolition, le nouvel ouvrage ne devrait pas être d'un intérêt autre que fonctionnel, peu de chance que ce soit très esthétique ( et donc pas très valorisant pour les élus)...
Le nouveau pont serait situé à l'ouest du premier et pour ce qui est des débouchés: sur l'île le tramway passerait à travers le parc des chantiers (quid de l'éléphant?), au nord ça ne devrait pas faciliter la circulation au niveau du carrefour mais l'espace est là.
Pour l'interconnexion L1-L2 au nord, je me demande bien pourquoi le projet n'a jamais abouti. Nantes Métropole a touché des subventions, une première extension a été réalisée, et plus rien. Je soupçonne 2 raisons: des prévisions très basses de fréquentations en rapport du coût et/ou une inclinaison à Nantes Métropole et à la Tan à privilégier un réseau centralisé contre l'investissement dans les lignes de rocade (ce qui est pourtant le gros point faible du réseau).
Surpris de lire ce projet quand cette semaine les travaux ont commencé sur le boulevard en question. En attendant ? Les recommencera-t-on au doublement du pont? Comme autour du miroir d'eau/Duchesse Anne , les infrastructures transformées il y a quelques années et refaites integralement quelques années plus tard. N'y a-t-il donc aucun visée sur le long terme ?
RépondreSupprimerSerait-ce une nouvelle définition ou une variante de la destruction créatrice ? Et l'on peut se demander quels métiers oeuvreront afin de réaliser accès et aboutis lors du doublement de ce pont ?
RépondreSupprimerOLS