« Etes-vous
favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la
commune de Notre-Dame-des-Landes ? » Telle est la question que le
gouvernement veut poser aux électeurs de Loire-Atlantique.
Entre
l’annonce d’un référendum local par François Hollande le 11 février et la publication
ce dimanche d’un décret convoquant les électeurs le 26 juin, il s’est
écoulé 73 jours. Ça, c’est autre chose que la déchéance de nationalité !
Mais
justement, n’est-il pas étrange qu’un gouvernement qui patauge sur tant de
sujets majeurs montre une telle efficacité sur un sujet aussi mineur –
nationalement parlant – que le transfert d’un aéroport géré par une société
privée ? N’est-il pas disproportionné que le premier ministre, dans une
période aussi difficile, se soit personnellement investi pour bricoler un nouveau type de
consultation électorale non prévu par la Constitution, puis organiser
d’urgence, pas dans six mois ou dans un an mais là, tout de suite, une
consultation départementale sur un projet qui traîne déjà depuis des
décennies ?
Il y a dans cette hâte, ces efforts et cette détermination quelque chose de pas normal. On emploie un marteau pour écraser une mouche. De minimis non curat praetor, affirme un vieil adage juridique. Si tant de hauts personnages se préoccupent tant de Notre-Dame-des-Landes, c'est que le problème soulevé ne doit pas être si minimis que ça, il ne porte pas uniquement sur la localisation de l'aéroport. Derrière Notre-Dame-des-Landes, il y a un loup. Quel loup ? C'est cela qui est inquiétant.
Il y a dans cette hâte, ces efforts et cette détermination quelque chose de pas normal. On emploie un marteau pour écraser une mouche. De minimis non curat praetor, affirme un vieil adage juridique. Si tant de hauts personnages se préoccupent tant de Notre-Dame-des-Landes, c'est que le problème soulevé ne doit pas être si minimis que ça, il ne porte pas uniquement sur la localisation de l'aéroport. Derrière Notre-Dame-des-Landes, il y a un loup. Quel loup ? C'est cela qui est inquiétant.
Le dossier NDDL du point de vue du transport aérien n'est qu'un leurre, le véritable enjeu est celui de l'aménagement urbain du sud-ouest de Nantes (en incluant en plus celui de l'île de Nantes avec le déplacement du CHU, etc). Vinci n'est donc pas le seul bétonneur impliqué: de nombreux acteurs de l'immobilier sont également partie prenante. Mais ça explique l'intérêt au niveau local. Pour le premier ministre, il me semble que c'est surtout par besoin d'affirmer son autorité (par un penchant naturel, exacerbé par sa position, ainsi que par les aiguillons locaux à la Retailleau).
RépondreSupprimerSans aucun doute, il doit y avoir quelque chose comme ça. Et en prime le doublement du pont de Cheviré légitimé par une augmentation du trafic dû aux salariés de l'aéroport qui continueront à habiter en Sud-Loire mais surtout aux entreprises de logistique qui comptent là où elles sont, ce qui occasionnerait une circulation supplémentaire de camions entre NDDL et les environs de Nantes Atlantique. Que cela aiguise les appétits locaux, ça se comprend. Mais de là à mobiliser le sommet de l'Etat ?
RépondreSupprimerCe sont ceux qui voteront "Non" qui sont des loups, selon Alain Mustière. "Le gouvernement donne l’occasion aux habitants de dire quel avenir ils veulent pour leur territoire : un avenir ouvert sur le monde, construit sur la base de décisions démocratiques et juridiques ou un avenir de repli sur soi, de décroissance et de violence."
RépondreSupprimerLa rhétorique haineuse, celle déployée contre les opposant au Traité européen en 2005, reprend du service. Il n'y a de loup que du côté des opposants au projet. Les "pour" sont des démocrates respectueux du droit, les seuls gens biens. Qu'on se le dise !
On se demande pourquoi on organise un référendum avec des loups. Il faudrait, en toute logique, ne trouver dans les bureaux de vote que des bulletins portant la mention "Oui", puisque le "Oui" est le seul vote démocratique, et que cette consultation est la preuve de la démocratie.
Précision : la rhétorique est infamante, plutôt que vaguement haineuse, parce qu'elle vise les personnes, et qu'elle vise à les salir.
RépondreSupprimerMerci de me donner l'occasion de préciser que par un "loup", je veux dire "quelque chose de pas clair", au sens où Martine Aubrey disait "quand c'et flou, il y a un loup". Je ne songeais évidemment pas à un Lupus lupus tout poilu !
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord avec votre analyse : les partisans de l'aéroport ont en partie renoncé à défendre leur projet au nom d'arguments rationnels pour adopter plutôt une rhétorique de "camp du bien" contre le "camp du mal". Ce qui peut être habile (à défaut d'être digne) dans l'optique de bipolarisation imposée par un référendum.
RépondreSupprimerBien sûr, pour le loup type lever-un-loup ; je m'étais permis de rebondir vers le loup type tout-poilu-méchant.
Habile, peut-être, mais utilisé tellement souvent... Et pas tout à fait une surprise, les arguments rationnels sont plutôt du côté des contre(s). Ainsi que la connaissance du dossier. Et la mobilisation également. Si les sondages sur la zone sélectionnée sont favorables aux pro(s), la mobilisation n'est pas acquise. Réorienter le débat (société-ouverte versus primates-technophobes) pourrait produire plus de mobilisation du côté des contre(s) vexés, les rendre plus connaisseurs, plus militants. Et le débat argumenté est justement tout ce que les pro(s) veulent éviter.
On verra !
ça me parait juste. Surtout le "on verra" ! A propos des sondages, je suis dubitatif. Non seulement la marge d'erreur est élevée sur des échantillons de 300 personnes, mais comme vous dite, le degré de mobilisation fera la différence. Et le niveau d'ensoleillement du 26 juin...
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