Palais de justice rime avec... |
Le palais de justice de Nantes est une erreur urbanistique : il
dresse un obstacle massif entre le centre historique et le nouveau quartier de
la création. C’est un désastre immobilier : la
multiplication des dysfonctionnements et des malfaçons a imposé d’énormes
travaux de réfection. Est-ce au moins une réussite architecturale ?
Certains le disent (mais ils sont souvent payés pour cela). Tel que je le vois,
deux caractères surtout distinguent son architecture de celle d’un
hypermarché : la couleur noire et l’immense parvis incliné.
...Galerie Atlantis ! |
Le noir ne lui va pas si bien : il vieillit mal. Le
palais de justice, aujourd’hui, arbore un gris pisseux. Reste le parvis.
L’hypermarché cherche à donner au chaland le sentiment qu’il est
bienvenu : les parkings viennent battre ses flancs et l’on y accède de
plain-pied. Le palais de justice cherche à donner au justiciable le sentiment
de son insignifiance : le parvis doit être gravi tel un Golgotha.
Derrière le grillage, on pose une grille |
Ce n’était pas encore suffisant pour dissuader le public. Le
ministère de la justice est en train de dénaturer le parvis en le fermant par
une grille. Hors des heures ouvrables, c’est-à-dire les trois quarts du temps,
celle-ci restera close. Le visiteur qui a vu le palais de Jean Nouvel vanté
dans les guides touristiques ne risquera plus de perdre son temps à venir le
regarder de plus près.
Il est vrai que le palais de justice a toujours vécu sous le signe de la grille et du grillage... |
c'est sûr qu'un blockhaus n'aurait pas nécessité de grilles. L'emplacement non déterminé par l'architecte, l'a contraint à se soumettre aux règles des crues décennales, ce qui implique un niveau imposé.
RépondreSupprimerL'architecture consiste à répondre à une commande, dont les émetteurs sont en l’occurrence le ministère de la justice dont vous ne connaissez pas le cahier des charges, mais aussi les contraintes des services de l'urbanisme, de la sécurité.
Sans oublier les contraintes budgétaires généralement mal évaluées qui donnent lieu à des dépassements dont Nouvel s'est expliqué à propos de la Philharmonie.
Les goûts et les couleurs d'accord, le monde est plus complexe que vous ne semblez le croire?
Demandons à D.Martineau adjoint à l'inculture de Nantes et à Jean Blaise directeur du cirque culturel pour bobos à coup de millions d'euros de demander à Zoer et Velvet de le rependre pour 15 K€ comme le Maillé-Brézé ?
RépondreSupprimer@fb
RépondreSupprimerDes contraintes budgétaires généralement mal évaluées qui donnent lieu à des dépassements...
Cela pourrait figurer en marge de mes relevés de comptes, corrigés par un maître sévère. De fait, mes contraintes budgétaires sont généralement bien évaluées, mais mes revenus ne suivent pas ! Et des agios sanctionnent mes découverts. Normal quoi. Je rêve parfois d'être un micro-état, une mairie-sur-pattes, et pouvoir dépenser indéfiniment à crédit, sans avoir de compte à rendre à personne. Pouvoir créer un nouvel impôt, de nouvelles taxes, pour financer ma légèreté, mes folies. Mais non : mes meubles refusent de payer, mes assiettes également. Les couteaux, je n'ose même pas leur demander...
@Jobarde Rollande : je n'ai pas dit que tout était de la faute de Jean Nouvel. Un tel ratage nécessite de s'y mettre à plusieurs.
RépondreSupprimerAujourd'hui Lundi 18/04, une fin d'après-midi ensoleillé...
RépondreSupprimerN'est-il pas joli le quai de la Fosse débarrassé de la bouse grise flottante ? Considération purement esthétique, pas antimilitariste.
Mettons-nous à rêver d'un quai Mitterand également plus dépouillé...
Monsieur Nouvel "n'est que concepteur" selon lui, la réalisation ayant été confiée à une filiale de Bouygues qui a salopé le boulot. Et pourtant les PPP (partenariat privé public) n'étaient pas encore à la mode!
RépondreSupprimerMais il semblerait que la conception elle-même soit entachée de quelques vices qui tendent à rendre le bâtiment impropre à sa fonction. Tel que le principe de la terrasse haute qui devait donner une sympathique vue sur la Loire et des jardins hauts permettant l'éclairage zénithal des salles du rez-de-chaussée. Mais celà rend le toit "flottant" et met à rude épreuve les éléments d'étanchéité.
J'ai visité en son temps le chantier, les finitions n'étaient pas à la hauteur. Nous aurions refusé ces travaux sur d'autres opérations.
Si la branlette intellectuelle concentrée ne rebute pas, il y a un charmant livret pour la postérité ici : http://www.apij.justice.fr/APIJ_WEB/FR/PAGE_Plaq_jud.awp?A20
Quand la "bouse grise flottante" prend le large, je verse une larme. Je m'imagine souvent, en passant, prendre le contrôle du navire, pour balancer quelques bombinettes sur les autres bouses de la zone, autrement plus voyantes. Rien de tel pour égayer mon trajet ! C'est pas bien, je sais, mais c'est pas grave, je sais pas comment ça marche, ce truc là...
RépondreSupprimer@nonyme précédent,
RépondreSupprimerJe sous-entendais d'identiques divagations en déclarant "mettons-nous à rêver d'un quai Mitterand plus dépouillé..." La méthode suggérée est, tout de même, fort différente de la vôtre... Mais commençons par débaptiser ce foutu quai, un nom pareil n'invite pas à la poésie ! Les nantais nés aujourd'hui ont de la chance : de fortes probabilités d'assister dans une cinquantaine d'années (voire moins) à la destruction de ce Nouvel édifice surtout si fondations ou structures portantes sont à l'avenant de la déco' extérieure !
Point de vue aberrant et inapproprié, parait-il, pour un nantais amoureux d'sa ville : le point de vue sur le quai d'en face, celui de la Fosse donc, a franchement été enlaidi par le mémorial. Et là, envisager autre chose que la pérennité des verres polis devient intenable, je l'ai appris à mes dépends.
RépondreSupprimerJe défendrai bien la dénomination Fosse, pour ma part. D'abord, du fait de sa profondeur historique (plus de 5 siècles), ensuite, parce que sa profondeur physique est ce qui rendait la navigation possible : Fosse dit le mouvement du fleuve et de ses navires. On peut y voir un peu de poésie, une vieille invitation au voyage... Mais bien d'accord avec vous : le Mémorial est d'une grande laideur, en plus d'être franchement insupportable, du fait de la culpabilité collective d'origine qu'il institue ("salauds d'esclavagistes nantais que nous sommes !"). A quoi je réponds mentalement, en passant : "Cher JMA, si vous saviez, sauf votre respect, à quel point je vous emm..., vous et vos postures hypocrites ! Partagez donc votre pouvoir, et l'argent qui va avec, et peut-être, alors, que je partagerai votre bonne mauvaise conscience..." C'est pas bien à nouveau, je sais, mais c'est pas grave, je paie quand même des impôts qui auront financé ce truc-là...
Le mauvais goût ou l'enlaidissement d'un site seraient-ils le prix à payer pour une repentance aboutie, une contrition réussie ?
RépondreSupprimerPourrait-on, au moins, placer des panneaux solaires sur les verres polis en surface du quai ? Ils sont inclinés à environ 45° et orientés plein sud, parfaits pour un amortissement comptable du Mémorial...
RépondreSupprimerLa laideur est très certainement un facteur de réussite, en matière de repentance ! Il ne faudrait tout de même pas qu'on puisse y prendre du plaisir... De ce point de vue, les bords de Loire pourront bientôt être intégré au dispositif : une vaste zone de singularités architecturales pour se charger de toute la culpabilité du monde, avec option luttes sociales & bastons (il faut souffrir dans sa chair, de préférence filmé par les copains).
Pour l'authentique chrétien, bien sûr, le repentir ne peut être qu'individuel, sincère, discret ; tandis que pour le chrétien-démocrate, celui qui fait carrière en politique, c'est un bon support pour une stratégie marketing.
C'est vrai que les plaques de verre seraient parfaites reconverties en panneaux solaires. Mais n'allez pas donner de telles idées à la mairie, ils pourraient en recouvrir tous les immeubles du quai, pour tenter de récupérer leurs alliés verts ! Un nouveau nom pour le quai : le quai du Développement Durable ?
Ce qui donnerait, twitté : #manif - RDV au QDD pour ... ACAB !
Ne soyons pas totalement négatifs à propos des propositions d'aménagement de la ville. Saluons d'ores et déjà la promesse, qui n'est certes par définition qu'une promesse, celle de Madame Johanna Rolland nous assurant le retour imminent de la statue la Délivrance à sa place initiale, il y a un peu moins d'un siècle...
RépondreSupprimer... face aux tables du mémorial de 14-18 !
SupprimerAppel à érudits !
RépondreSupprimerLa statue installée aux pieds des marches de la FNAC, place du commerce, ne serait pas Henri le Navigateur mais Fernand de Magellan !?
Wikipedia ou l'inscription au piédestal de l'oeuvre nous mentiraient ? Car ma modeste source documentaire achetée, ce matin même, place Viarme [statues figuratives de Nantes Claude Khan 1989 Ouest Éditions, Centre de recherche Histoire Contemporaine] raconte une toute autre histoire...
Est-il possible que l'on ne puisse jamais connaître la vérité ? Recherches, vérifications, recoupements ont été infructueux sur le www. Appel aux bonnes âmes pour leurs éventuelles connaissances en la matière, merci...
Merci pour cette intéressante énigme, mais je pense qu'on peut la résoudre aisément.
RépondreSupprimerLa statue de la place du Commerce est conforme au portrait "canonique" d'Henri le Navigateur, tel qu'il est représenté aussi sur le Monument des découvreurs de Belém, avec la moustache tombante mais aussi un col et un chapeau caractéristiques.
Magellan, lui, est toujours représenté barbu et le plus souvent coiffé d'un petit chapeau à bords relevés. Si Claude Kahn évoque Magellan, c'est certainement un lapsus.
Vous avez parfaitement raison Sven. En 1986, date de l'installation de la statue place du commerce, nous portions tous des épaulettes et point de barbe de hipsters, voilà l'énigme résolue, merci !
RépondreSupprimerNéanmoins cette représentation, dernière évoquée dans l'ouvrage de C. Kahn, provoque un certain trouble, et ne relève plus du lapsus mais de la grosse fatigue, je le cite :
"... palais de la Bourse, se trouve une statue en pierre de 3,60 m de haut représentant Magellan. Certains prétendent à tort, semble-t-il, qu'il s'agit d'Henri le Navigateur [...] Sa présence résulte d'un échange. À l'exposition universelle de 1900 à Paris [...] puis l'exposition "Nantes et les Amériques" en 1982 au Champ de Mars. Paris réclame ses statues [...] La ville de Nantes mène alors des négociations auprès des Monuments de France et demande en échange non seulement le dépôt, pour son musée des Beaux-arts, d'une toile de Sisley, "le printemps pluvieux", qui orne aujourd'hui les nouvelles salles d'art moderne, mais encore celui de différentes statues. Les réserves du Palais de Tokyo sont alors ouvertes aux nantais. Ceux-ci recherchent des monuments marquant la vocation maritime de leur ville et leur choix se porte sur une statue étiquetée par les Monuments de France de Magellan" (sic)
Presse-Océan et le Journal de Pigafetta ne révèlent pas plus d'informations sur le sujet...
RépondreSupprimerEn effet, il ne s'agit clairement pas d'un lapsus ! La vraie énigme telle que je la vois n'est pas "qui la statue représente-t-elle ?" mais "comment a-t-on pu y voir Magellan ?"
RépondreSupprimer"Statue de Magellan étiquettée aux Monuments de France..." L'énigme est ici, en effet. Mais à la décharge de cette noble institution, n'accusons pas sans preuve...
RépondreSupprimerComme dans toute enquête, nous devrions vérifier l'alibi de la Barbe mais sur des milliers d'années ! Je propose une première piste : la barbe postiche des pharaons [Elle était portée au menton et attachée derrière les oreilles. WIKI]. Un petit rigolo dans les réserves du Palais de Tokyo, un étudiant en Égypte Antique en mal de fantastique aurat modifié une figuration trompant ponctuellement des spécialistes ? Mais rendons hommage, aux conservateurs nantais, ayant rétabli la vérité !
Les archives municipales seraient-elles accessibles ? Si le nom de Magellan apparaît sur tel ou tel document lors de la consultation, je postule de suite pour un poste de maître de conférences, j'ai toutes mes chances...
Fernand de Magellan ou Henri le Navigateur ? Au-delà de cette grande question il faudrait s'en poser une autre : pourquoi cette belle statue est-elle à pareille position en cette place d'où elle ne peut contempler nulle étendue maritime, pas même un bout de Loire ? Aux beaux jours, le bistrot à côté étend ses parasols assoiffés jusque sous le menton du personnage en pierre qui en devient, ô scandale, parfaitement invisible, flottant en solitaire sur une marée de toile comme une nef antique égarée sans sextant sur quelque vaste océan... Première urgence : déplaçons la statue en un endroit plus dégagé, ensuite, on y verra plus clair !!
RépondreSupprimerUne autre solution serait de décombler la Loire !
RépondreSupprimerCela dit, le scandale est relatif puisque Henri le Navigateur n'a jamais navigué.
Si c'est bien Henri le Navigateur, le déplacer certes, mais pas trop proche du mémorial de l'esclave, ça lui rappellerait des souvenirs.
RépondreSupprimer@Captain Nemo,
RépondreSupprimerÀ l'instar de Paul Rotach et André Burgaudeau, réclamons à notre tour, non pas le rapatriement d'une statue à son emplacement d'origine, mais le déménagement d'une autre quelque part dans la ville... Les services municipaux concernés vont être rapidement submergés si tous les administrés sont aussi exigeants !
Pour me faire des amis régionalistes, je propose de percher la Duchesse Anne (l'exemplaire en bronze ndlr) au sommet de la colonne de la Liberté, place Foch. C'est une substitution, me direz-vous...
@Sven Jelure
RépondreSupprimerCertes, Henri le Navigateur n'a jamais navigué. Mais installé... que dis-je... perché sur les falaises du cap Saint-Vincent, il avait une vue imprenable sur l'océan. Cela doit manquer à sa reproduction !
Imaginons de déplacer sa statue au bord du pont de la duchesse Anne, sur un support ad'hoc, en aval, à l'image du Zouave du Pont de l'Alma à Paris. Ca aurait une autre gueule et ça attirerait le touriste. En cas de crue, Henri aurait la gentillesse de nous en donner l'importance selon que, oui ou non, ses pieds seraient mouillés...
Bonne idée ! J'avais proposé de placer sur le pont Anne de Bretagne une statue de tirailleur sénégalais (http://lameformeduneville.blogspot.com/2010/12/le-tirailleur-senegalais-du-pont-anne.html) mais utiliser ce que nous avons déjà simplifierait les choses.
RépondreSupprimer@Sven Jelure
RépondreSupprimerJe n'avais pas eu connaissance de votre suggestion de statue de tirailleur sénégalais. Mais adoptons un consensus et construisons des supports de chaque côté du pont : un sur l'aval pour Henri le Navigateur, l'autre sur l'amont pour le tirailleur sénégalais (dès qu'on aura le budget !) ! Et vite, car comme vous dites, la droite est en embuscade ! :-)